Ela observait l’assemblée distraitement. Il se passait quelque chose d’important, elle le savait. Mais elle n’arrivait pas à se reconnecter au moment présent. Evelyn avait tenté de la ramener à elle, mais l’israélienne l’avait regardé sans vraiment comprendre ce qu’elle lui demandait. Elle n’avait même pas cherché à sauver les apparences, elle n’avait simplement … pas répondu à sa question. A peine étaient-elles arrivées, qu’elle vit la petite brune s’échapper en direction de Donovan. Ela avisa le militaire, sans émotion aucune. Hantée. Ela ne prend pas position ce soir, elle finit par s’adosser au mur, le Stetson de Merl entre ses mains, contre son cœur. Elle détourne le regard pour observer et se rendre compte de qui est là, de ce qu’il se passe.

C’est mauvais pour le Sénateur Chambers. C’est mauvais pour Donovan, pour qui elle a beaucoup de respect, en qui elle a confiance. C’est mauvais pour les habitants du Fort qui continuent à se bousiller de l’intérieur. Mais l’épouse de l’ambassadeur d’Israël n’était pas vraiment en état pour intervenir, prendre position, inviter à la raison. Elle resta silencieuse, à deux mètres d’elle ; June Phelbs faisait de même. Ela posa brièvement son regard sur elle, avec ce regard toujours aussi dépourvu de vie. Jusqu’à ce qu’elle se reconcentre comme elle le pouvait sur ce qu’il était en train de se passer. Et qu’elle ne croise le regard inquiet de Merl, debout à quelques mètres d’elle.

Tout va bien, ne t’en fais pas. Elle aimerait pouvoir le lui dire, le rassurer d’un sourire. Mais elle n’en a pas vraiment la force. Elle est fatiguée. Et cela se voyait. Autant Ela savait inspirer élégance et dignité, autant aujourd’hui elle paraissait fragile dans la chemise de Merl, beaucoup trop grande pour elle. Il l’invita à les rejoindre, mais sa place lui convenait ; en retrait, silencieuse. Doucement, elle fit non de la tête et força un sourire qui ne monta pas plus haut que les commissures de ses lèvres. Elle s’appuya un peu plus contre le mur alors que Merl prenait l’enfant de Clayton sur son dos, pour lui dégager la vue. Le Stetson de Merl entre ses mains la connectait un peu à ce qu’il se passait, à l’agitation ambiante. L’empêchant de se perdre dans le chagrin qui l’engloutissait ce matin encore. Ce qu’il se passait était important, elle le savait. Elle devait être là. Peu importe comment.

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Stan se détourna d'Armand pour rejoindre Casey et sa sœur un peu plus loin. Le jeune homme n'avait fait que lui répéter ce que lui-même clamait depuis plus de deux mois déjà. Qu'est-ce qui avait changé depuis tout ce temps ? Pas grand chose, si ce n'était que la pression sur Chambers s'était accentuée et que leur discours était peut-être plus légitime que jamais. Encore que. Des gens de tous les horizons semblaient en tout cas le penser et s'étaient réunis dans le salon de la grand-mère.

- Tu crois que c'est la bonne ? Angel venait à son tour d'entrer dans la maison et avait soufflé à l'oreille de Stanley. Le quinquagénaire haussa un sourcil à l'intention du militaire. Ce dernier était un de ceux qui avaient tempéré les ardeurs du fougueux qu'il était. S'il n'avait été question que de lui, il aurait secoué le système depuis longtemps déjà. Mais cet Angel, comme quelques autres, l'avaient raisonné. Stan haussa une épaule. Au fond de lui, il l'espérait. Car tout cela avait vraiment trop duré !

Ce fut peu après que Donovan fit son entrée, ce qui imposa un sacré froid dans l'assemblée. Côté militaire en tout cas et Stanley, qui murmurait à ce moment là quelques mots à sa copine, se tut instantanément, soutenant le regard du tatoué aussi longtemps qu'il le maintint sur lui. S'il avait été l'instigateur de cette petite sauterie, le garçon n'aurait pas hésité à le foutre à la porte, tout connement. Car pour lui Donnie n'avait aucun intérêt à faire changer les choses et détrôner Chambers. Pas s'il espérait maintenir son poste, auquel il s'accrochait avec orgueil...

Il ne dit rien toutefois. Il laisserait causer les autres d'abord. Pour la simple et bonne raison que tous ceux qui le fréquentaient – de près comme de loin – connaissaient déjà sa position. Et Armand prit d'ailleurs la parole, un peu hésitant. Les fesses calées contre la table de la salle à manger qui avait été collé au mur, les bras croisés, le militaire coula son regard sur June quand elle se positionna en avocat du diable. Ses questions étaient néanmoins pertinentes. Est-ce que ces quatre jeunes avaient réellement pensé à tout ça ? Et tous les autres dans cette pièce ?

- On n'veut pas d'un parvenu déjà ! S'empressa de déclarer un type lambda dans l'assemblée. Il reçut quelques hochement de têtes approbateurs. Stanley avait des propositions de réponses pour la rousse. Il avait un avis tranché, qu'il avait déjà revendiqué. Mais il ne prendrait pas la parole avant de connaître la position des autres gens regroupés aujourd'hui. S'ils osaient la formuler.

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