Re: Let's bring some fuel for our people

La question et l'inquiétude de Stan était légitime mais j'avais déjà trouvé le moyen d'y répondre et je fis un geste ici de la main pour dissiper les doutes de mon coéquipier.

On s'garde le dernier pain de C4 pour le retour s'il faut encore disperser cette vermine.

Une odeur étrange parvint à mes narines et attira mon attention pour m'apercevoir que Stan était en train de mâcher un chewing-gum. Ça sentait étrangement le frais et... la menthe ? Je fus presque tentée de lui demander de m'en passer un mais ce genre de denrée était devenu tellement rare que je m'en abstins, peut-être que Stan en aurait plus besoin que moi, il y avait longtemps que nous n'avions plus de chewing-gum dans nos rations militaires, l'armée n'était pourtant pas avare de ce genre de choses avant la fin du monde. La réponse de Tanaka ne me satisfaisait pas et je retins un instant mon subalterne pour une réponse plus précise, il avait appris à donner des réponses claires.

Tanaka, combien de temps ?

... Trois minutes maximum, Cheffe.

J'préfère. Allez les filles, vous avez vos ordres alors on s'grouille. Tanaka, le C4. Stan, dans le Hum-Vee. Pressly, la zone d'attente.

Mes hommes me répondirent d'un "HOORAH" plus mesuré que celui à la base pour me signifier qu'ils étaient prêts à y aller. Les camions se mirent en route pour le parc que j'avais indiqué tandis que je sautais dans le Hum-Vee en me mettant cette fois à la Browning sur le toit. Je tapai sur le toit du Hum-Vee pour faire comprendre à Stan qu'il pouvait y aller et le véhicule militaire s'ébroua vers la ferme la plus proche abandonnée. Peu après avoir roulé, baladant l'arme automatique dans les alentours derrière ma petite protection blindée sur le toit, un tas de deux voitures avec une moto encastrée dans le pare-brise de l'une d'entre elles nous barra la route : c'était les compléments d'explosifs idéals. Stan s'arrêta et Tanaka sortit immédiatement avant d'attendre une dernière confirmation de ma part. Je lui levai mon pouce et l'américano-japonais partit encastrer le C4 dans une des voitures accidentées. Pour ma part, je continuai de surveiller les lieux, prête à ouvrir le feu à la moindre goule qui se pointerait et attaquer.

Pressly nous parla par radio et j'échangeai un hochement de tête avec Stan qui avait mis le nez dehors, son arme sortie. La voie était donc libre pour se replier vers la zone. Tanaka revint rapidement après avoir terminé d'armer la bombe. Tout en courant il m'échangea un double signe de la main et je compris qu'il avait mis un minuteur de deux minutes. Le stress grimpa d'un coup et je tapai plus fort pour faire comprendre à Stan l'urgence de la situation. Celui-ci dut comprendre car il écrasa l'accélérateur, le Hum-Vee partant dans un crissement de pneus peu discret. Je gardai mon sang-froid mais il allait sans dire que je m'attendais à n'importe quel moment à voir arriver un zack. D'ailleurs il y en eu un qui se mit en travers de notre route mais je ne m'en aperçus que tardivement, j'étais occupée à regarder en arrière. Stan ne ralentit même pas et le zack fut éjecté de la route, secouant le véhicule un instant mais notre chauffeur put garder le contrôle du HumVee. La zone d'attente à camions était proche.

Il y eut une énorme explosion dans notre dos, plusieurs centaines de mètres plus loin, je pus même voir un bout de déflagration en étant tournée vers l'arrière et une fumée s'éleva vers le ciel. Bougeant à 90 degrés, je remarquai du mouvement de l'autre côté du pont : le plan avait marché, les goules étaient attirés par le bruit de l'explosion, beaucoup plus fort que le bruit du moteur du HumVee. Juste à l'entrée du parc, Stan s'arrêta et l'on fut aussitôt rejoint par Pressly. Moi, je descendis prudemment du HumVee et je baissai légèrement la voix. Normalement, les goules ne seraient pas attirés par une conversation, le bruit de l'explosion et du brasier qui s'élevait était suffisamment attirant pour ces saloperies mais ce n'était pas une raison pour se mettre à parler bruyamment. En revanche, les grognements des goules se firent entendre.

Pressly, au rapport.

RAS, Cheffe. On a descendu deux goules en arrivant, personne n'a été mordu. Pour vous ?

Bien joué les gars. Tanaka a battu l'record du 100 mètres avant d'faire sauter l'C4. Stan a ensuite battu l'record de vitesse avec nos gros culs.

C'est un bon l'Tanaka et elle est géniale cette titine... On fait quoi maintenant ?

On attend qu'toute cette vermine passe et on s'engage.

Le moteur du Hum-Vee tournait et alors que l’asiatique venait de se ruer dans la voiture, Stanley pressa l’accélérateur sans ménagement. Le véhicule vrombit et les pneus chauffèrent un quart de seconde. Avant qu’ils ne filent à toute blinde loin d’ici ! Il serra les dents quand un rôdeur se mit en travers de sa route, empoigna davantage son volant, mais laissa son pied sur l’accélérateur. Rien à battre ! L’explosion derrière eux lui arracha toutefois un sursaut, et il jeta un coup d’œil rapide dans son rétro gauche, devinant une colonne de fumée au loin. Ils arrivaient tout juste au niveau du pont, où les rôdeurs au loin se mirent instantanément en mouvement. Le parc n’était alors qu’à quelques centaines de mètres et une minute plus tard, tout au plus, le jeune homme stoppa la voiture.

Il sortit de l’habitacle et réalisa seulement qu’il était en nage. Il passa une main dans ses cheveux coupés courts, et se retourna vers le pont et la route qu’ils avaient quittés. Il ne pouvait bien entendu pas les voir, par-delà la distance et les arbres, mais la rumeur des monstres parvenait jusqu’à eux. Une part de lui restait sur ses gardes. Le plus dur était passé, mais ils n’étaient pas encore complètement à l’abri.

- On devrait s’approcher un minimum pour suivre leur avancée, déclara-t-il tout en remâchant dans son chewing-gum. C’était qu’au cours des deux dernières minutes, il l’avait complètement oublié !

Il laissa Jane composer l’équipe. Inutile d’être dix, ainsi ils se dirigèrent à trois vers la sortie du parc. Faisant bien attention de rester à couvert et de ne pas émettre le moindre son. Ils étaient encore à une distance raisonnable, quand ils purent apercevoir le carrefour où ils avaient bifurqué. Pour l’instant, les morts n’étaient pas encore arrivés jusque-là… c’était qu’ils avaient deux bons kilomètres à parcourir sur le pont avant ça ! Et ce n’était pas un secret que ces créatures se déplaçaient sans agitation ! Ils purent se trouver un poste de guet sécurisé. Quelques minutes s’écoulèrent, avant que la marée de morts en mouvement ne soit dans leur champ de vision. L’instant de vérité. Ils se figèrent et retinrent leurs respirations pendant les prochaines minutes…

Il fallut presque un quart d’heure pour que la masse de mort-vivants commence à se dissiper progressivement, s’éloignant dans la direction opposée à leur position. Mais pour pouvoir ressortir les camions sans nécessairement attirer l’attention des retardataires vers eux, ils allaient devoir se montrer de nouveau patients… D’ici trente minutes, ils reprendraient la route, celle-ci se trouvant bel et bien dégagée et ils s’engageraient sur ce pont tant convoité. Avant de rejoindre Port Townsend, qu’ils attendraient seulement le lendemain !

Les monstres s'engagèrent à une lenteur exaspérante en direction de l'explosion que l'on venait de causer. Sur un geste de la main, je fis taire mes hommes et par signes, j'ordonnai à Pressly de s'assurer que les autres se taisent et ne fassent pas le moindre bruit. Tanaka et Stan se mirent à me suivre pendant que je me déplaçai prudemment jusqu'à la rive non loin de là. À l'abri des arbres, on put voir d'où nous étions, la progression des goules. Si la vitesse n'était clairement pas leur point fort -sérieusement, comment on a pu perdre face à des montres qui vont à 2 à l'heure ?- leurs râles et leurs grognements par dizaines firent suffisamment de bruit pour que tout le monde puisse les entendre. Tanaka, par prévenance, avait repris la paire de jumelles dans le HumVee, me les passant peu après. Nous n'avions même pas besoin de nous cacher sous les arbres, ces saloperies avaient une vision tellement mauvaise, surtout de loin qu'ils ne pouvait pas nous détecter depuis notre point d'observation. Je suivis leur progression vers le lieu de l'explosion à l'aide des jumelles, les dents ici serrées.

Ça allait beaucoup trop lentement pour moi, décidément ils ne se pressaient pas ces cons. Néanmoins, peu à peu, la horde qui se dressait devant nous se dissipa au loin. Comme par une ironie étrange, il y avait toujours quelques retardataires et certains zacks, traînant la patte et en arrière de la horde, tâchaient de rejoindre les leurs ou du moins le lieu où la fumée se dressait. L'heure de la journée avançait, il fallait sûrement devoir s'arrêter pour la nuit mais je voulais absolument rejoindre les environs de Port Ludlow avant notre halte pour la nuit, camper en plein milieu de rien ou de la route même avec des sentinelles, c'était le danger assuré, il fallait un endroit plus sécurisé.

Bon. J'pense qu'on peut s'engager maintenant, y a plus un seul de ces cons sur l'pont et j'les entend pas des masses. Par contre qu'est ce que ça schlingue un zack alors une horde... Ça veut au moins dire qu'ils pourrissent sur place.

Je fis battre le rappel pour tout le monde et quelques minutes plus tard, nos véhicules se remirent en route, l'on reprit la route et chacun reprit place à bord des camions et du HumVee comme précédemment. La prudence et la vigilance étaient de mise, aucun véhicule ne devait accélérer sans une bonne raison, au lieu de cela, on roulait presque au pas. On pouvait encore entendre des grognements en masse au loin pendant qu'ils se pressaient sûrement autour de la carcasse fumante. À l'entrée du pont, au moins, j'autorisai l'accélération maintenant que la partie la plus critique de notre passage était passé, nous devions maintenant mettre de la distance. Sur le pont, Stan accéléra mais le pont fit des bruits vraiment étranges à notre passage. Il ne grinçait pas, la houle du cours d'eau n'était pas violente, il n'y avait pas trop de vent... Peut-être que ce n'était que mon imagination... Le HumVee suivi des camions zigzaguèrent parmi les quelques rares carcasses de véhicules sur le pont et je crus voir un instant un bras bouffé jusqu'à l'os se lever dans le rétroviseur avant qu'une des roues massives du camion juste derrière ne le broie. Mis à part le bruit du moteur et celui de l'eau, c'était le silence.

Bon Stan. Maint'nant qu'ça c'est fait, on s'dirige vers Port Ludlow. J'veu qu'on s'trouve un coin peinard pour y passer la nuit. Dès d'main, on commence à siphonner tout ce qu'on peut en remontant jusqu'à Port Townsend. Si tout s'passe bien, en arrivant à Port Townsend on d'vrait avoir déjà rempli une partie des barils. J'ai comme l'intuition qu'ça va s'corser après Ludlow...