Plusieurs semaines étaient passées depuis que le groupe de survivants de Renton avait passé un accord avec ceux basés à Bainbridge. Entente encore relativement bancale et il était évident que la confiance n'était pas totalement gagnée, mais il n'y avait pas eu de réel accroc et, à force de discussions avec Amrani, ils en étaient arrivés à des échanges corrects. Jusqu'à présent cependant, ils s'était contentés de renforcer l'asservissement déjà présent sur les groupes que ''contrôlait'' déjà le camp de l'ancien homme d'affaires. Jusqu'à maintenant. Parce-que les choses étaient sur le point de changer. Quelques temps plus tôt, ils étaient tombés sur une famille qui, sous la menace, leur avait révélé l'emplacement d'un camp apparemment pas trop mal loti et où les survivants étaient relativement nombreux. Une aubaine pour Atkins et les siens qui étaient désormais entourés d'alliés conséquent ; restait plus qu'à prouver qu'ils ne se feraient pas tirer dans le dos à la première occasion.

Des jours de préparations, de discussions, d'accords, et il avait été convenu qu'ils aillent faire un tour à ce fameux ranch, rencontrer ses habitants et envisager une nouvelle ''entente'' plus conséquente que celles qu'ils avaient jusqu'alors maintenues. Tout avait été mis en place jusqu'au jour de leur départ où enfin il se retrouvait à la place passager du fourgon en compagnie de quelques uns des siens. Kyle était resté à la maison en compagnie de Neil, Will et Ansel, ce dernier s'étant vu assigner le rôle de gardien le temps de l'absence des deux dirigeants de la maisonnée. Mieux valait laisser chez eux des personnes de confiance pour s'assurer que ceux de l'île n'en profitent pas pour mettre leur baraque à feu, mais également pour leur propre sécurité parce-qu'autant le dire : le trentenaire se refusait à confronter le journaliste à un tel risque.

Ayant arrêté leur véhicule au beau milieu de la forêt, Zack en était descendu, zieutant les alentours tout en s'assurant que son Desert Eagle et son couteau étaient bien à sa ceinture, ainsi que son poing américain dans sa poche. « On y va » avait-il alors lancé en adressant un regard entendu aux siens, avant d'ajouter : « et je le répète : il n'y a pas lieu pour l'instant de se montrer menaçant. » Bien sûr, ils le savaient, mais ça ne coûtait rien de le répéter, encore. Après quelques minutes, le bois laissa enfin place à ce pour quoi ils étaient venus : un ranch, immense, probablement encore endormi. Ou pas. Quelques personnes semblaient faire une ronde non loin du bâtiment. Gardant les mains libres autour de lui pour ne marquer aucune menace, le blond avançait toujours, s'arrêtant finalement à une bonne quarantaine de mètres des individus lorsque ceux-ci remarquèrent leur présence. « Pas de tir à vue, nous venons discuter » avait-il lancé aux paysans d'en face d'une voix suffisamment forte pour se faire entendre, bien conscient qu'ils ne croiraient sans doute pas ses paroles ; lui-même ne se croirait pas à leur place.

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    Ne retenant pas un soupir las, je me passais une main sur le front, fermant un court instant les yeux avant de lever le nez vers le ciel. Comment pouvait-il faire déjà aussi chaud alors que le jour venait à peine de se lever ? Une chose était sûre : l'été serait aussi caniculaire que l'hiver avait été rude. Et nous n'aurions d'autre choix que de nous y préparer. Avec de la chance, la pluie fréquente de l’état de Washington nous permettrait de ne pas mourir de soif mais cela faisait bien longtemps que j'avais arrêté de croire en la chance ; si tant est que j'y avais déjà cru un jour. Tournant la tête vers Loana non loin de moi, j'inspirais légèrement.

« On pourra bientôt rentrer, la relève ne devrait pas tarder » avais-je lancé à la jeune femme en voyant Megan et Finan approcher, sans doute avaient-ils eux aussi terminé leur tour du périmètre.

    A dire vrai, je n'aspirais plus qu'à une chose : rentrer et me reposer. Rattraper un peu de ce sommeil tant convoité qui marquait mon visage de traits tirés et de cernes qui semblaient faire partie intégrante de mon expression désormais. Discuter avec Shawna avant qu'elle ne se lève, regarder Liam probablement encore endormi, puis me laisser porter moi-même par les bras de Morphée. C'était un plan plus qu'appréciable pour une nouvelle journée dans ce monde en ruine, mais il semblait qu'une nouvelle fois, le destin en ait décidé autrement.

    Au loin, des silhouettes se dessinaient. Pas suffisamment nombreuses pour être un danger réel pour les nôtres mais mieux valait ne pas se leurrer : chaque vivant extérieur au camp était un risque, et à une telle distance, difficile de savoir si nous les connaissions déjà. Les voyant s'arrêter, un homme s'adressa à nous, de manière apparemment pacifiste, mais ma méfiance était bien trop élevée pour que je baisse ma garde, ma main immédiatement crispée autour du manche de ma machette.

« Loana, préviens les autres, trouve Elena et Ashley » avais-je lancé à la brunette, lui adressant un regard lourd de sens. Peut-être que ce n'était rien, rien d'autre qu'un de mes nombreux mauvais pressentiments, mais mieux valait jouer la prudence.

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Ces nouveaux arrivants avaient semé le trouble dans leur routine, mais au moins ils respectaient les conditions qu'on leur avait fixé et c'était l'essentiel. Par ailleurs depuis leur arrivée, étrangement les choses avaient aussi changé, en plus des nouvelles têtes il y avait ce fait qu'ils doivent s'entre-aider, et l'entraide n'est guère le point fort de la rousse. Mais c'était ainsi, s'entraider pour posséder le plus grand nombre de choses matérielles. Ca lui convenait comme arrangement, sur le papier du moins, après dans la pratique tant que c'était équitable elle ne monterait pas au créneau.

Et ce matin, là, c'était particulier. La veille et l'avant veille ils s'étaient préparés. Une descente dans un lieu mis à l'abri par des survivants, un large groupe de ce qu'elle avait entendu dire. C'était intéressant et cela lui manquait presque de faire des petites descentes, histoire de.
La dernière avait finalement eu pour conclusion un Zack dans une bagnole avec une autre rousse, putain qu'elle la détestait cette pétasse qui pète plus haut que son cul d'aristo; et tout ça s'était terminé par une mise en réflexion, avant l'acceptation du marché. Et comme toujours l'ancienne barmaid avait été contre, mais forcée ou du moins résignée d'accepter ce deal. Et y'a pas à dire ça la faisait chier.

Sortant de la maison, prête, cheveux tirés en une queue de cheval serrée, armes blanche à la hanche droite, Glock dans le holster non loin du couteau, elle finissait de lacer ses pompes avant de monter dans le fourgon en compagnie du chauffeur, aka Aodhan, de Zack, Nate et l'autre brunasse de mes deux. Sur le chemin la rouquine ne pipa mot, la causette n'étant pas son genre... Alors elle se contenta de garder son calme, inspirant et expirant.
Quelques temps plus tard le fourgon se stoppant, elle ouvrit la porte coulissante et sortie de là, se retrouvant un peu au milieu de nulle part mais surtout face à un petit bois entouré de brume. Ca lui rappelait un livre qu'elle avait lu, un bouquin de Stephen King. Elle le relierait bien si elle parvenait à le trouer. Quittant brusquement ses pensées lorsqu'elle vit les autres avancer dans les bois, elle les suivit, les rattrapant rapidement et de plaça non loin de l'aîné.

Sortant du sous-bois pour déboucher sur une clairière tout aussi embrumée, elle plissa ses yeux, distinguant une sorte de corps de ferme, c'était donc ici. Ils n'avaient pas menti ces abrutis. Emboîtant le pas, elle continuait le chemin, le groupe se dirigeant avec assurance vers la bâtisse. Bâtisse qui... Ah tiens, bâtisse qui possédait un comité d'accueil. Putain qu'elle détestait avoir une arme braquée sur elle, sur eux. C'avait le don de l'agacer fort rapidement. Jettant un rapide coup d'oeil au petit groupe puis au leur, elle soupira et se décida alors à simplement les observer, observer les moindres faits et gestes, tandis que Zack, qui était doué dans le genre pour-parlé, transmettait ce qu'il désirait leur faire comprendre à cette bande de fermier armé comme des pingouins.

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Pas lieu de se montrer menaçant ? Il était marrant Zacky. Dans ce cas-là, il aurait dû coller un masque Mickey qui sourit sur la tronche de son pitbull, parce que suffisait de la regarder pour comprendre qu’elle n’était pas là pour vendre des cookies. Quand bien même, Victoria ne les achèterait pas. La rouquine était capable de remplacer le sucre par de l’arsenic et soutenir qu’elle aurait juré que c’était du sel. Bref. La mission était importante, la pigiste l’avait compris. Elle l’avait sans doute mieux compris que les autres, mais passons. Elle était équipée comme d’habitude. Flingue à la cuisse, piolet mousquetonné à un passant de sa ceinture, batte de baseball en main – on n’était jamais trop prudente. Dans sa botte bien sûr, son bonus habituel, en cas de coup dur !

Enfin, ils quittaient la lisière de la forêt. Les habitants de ce « ranch » qu’ils s’apprêtaient à visiter avaient eu la judicieuse idée de débroussailler un peu, sur quelques mètres, pour pouvoir voir venir les intrus. Comme quoi, ils n’étaient pas que cons. Dans leur bêtise de s’installer à un endroit où ils n’avaient aucune visibilité, ils avaient eu une lueur d’intelligence. Du genre… bah c’est mieux de voir les importuns arriver à 100 mètres qu’à 50. De vrais Einstein ! Quand Zack s’arrêta à une distance raisonnable des autochtones locaux, les yeux blasés de la trentenaire s’écarquillèrent un coup.

- Oh-ptain, marmonna-t-elle en se tournant immédiatement vers Nathan, il aurait pu nous dire qu’on v’nait à une IRL de Copain d’avant, elle murmurait pour ne pas déranger leur aîné qui jouait au patron ; dans cette position, sa chevelure noire masquait encore son visage de la vue des étrangers, t’vois la métisse là ? J’la connais… j’lui ai un peu cassé la gueule, mais c’te connasse a failli m’arracher un orteil ! D’où la fameuse cicatrise sur son pied droit, et l’aut’ gamine là… ell’m’dit un truc…

Mais quoi ?! Une autre de ses victimes ? Il y en avait eu tellement depuis le début de cette merde en barre que c’était difficile de savoir…

Spoiler:

Son regard brun allait et venait de son partenaire aux alentours. L'atmosphère était étouffant et la jeune femme n'avait de cesse de passer le revers de paume contre son front. Si le printemps était déjà chaud, qu'en serait-il du prochain été ? Peu importait, quels autres choix avaient-il de toute évidence ? Aucun, personne n'avait encore appris à maîtriser les caprices de Dame Nature et, en vérité, dans ce monde ci, les températures étaient le cadet de leurs soucis. Rien aux alentours sinon la brise dans les feuillages, quelques chants de grillons, le calme plat si on retirait le bruissement de leurs semelles dans l'herbe. Près d'un mois qu'il avait rejoint cette communauté, un mois à l'abri de l'extérieur à penser pour plus de neuf personnes. Ça ne la dérangeait pas à contrario de Finan qui avait eu bien plus de mal à s'intégrer en subissant aussi le départ de la blondinette à laquelle il était attaché. En songeant à elle, Meg sentit un pointe de regret chatouiller son cœur, puis entrouvrit les lèvres en capturant les silhouettes d'Axel et Loana quelques mètres plus loin.

- Tu t'sens mieux depuis quelques temps ? Elle espérait un oui, après tout jusqu'ici rien n'avait entaché leurs jours au Ranch. C'était paisible, similaire à ce qu'ils vivaient autrefois dans la ferme qu'ils avaient dû fuir. Déjà tu ne t'es pas tiré, je devrais prendre ça pour un oui. Plaisanta la métisse en lui offrant un sourire taquin.

Néanmoins, se rapprochant de Kennedy et de la brunette qui l'accompagnait pour la surveillance, quelque chose fit pulser son cœur sur des notes plus rapides. D'autres silhouettes, pas assez proches pour en dénoter les traits ni même être certaine qu'il ne s'agissait guère d'une menace, mais suffisamment coordonnées dans leurs gestes et pas pour comprendre qu'il ne s'agissait guère de rôdeurs. Reyns déglutit une première fois, cessant de marcher en retenant vaguement la manche de son ami avant de croiser son regard et d'activer le pas vers Axel dont Loana se séparait.

- Qu'est-ce qu'ils fichent ici ? Interrogea-t-elle – ne quémandant pourtant aucune réponse de la part du leader – à peine arriver à sa hauteur.

Ce n'était peut-être rien, peut-être des personnes n'ayant pour désir que de se joindre à eux, ayant trouvé leur abri par hasard... Pourtant la métisse en doutait, simplement car son expérience avec d'autres survivants – hormis ceux du Ranch – n'avaient guère été des plus agréables bien au contraire.

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Pas d'menace, blablabla. Ils n'étaient pas débiles, bien sûr qu'il fallait ouvrir la conversation avant toute chose, sans quoi quels effets auraient-ils à part passer pour des barbares ? A cette pensée, Nathan esquissa un vile petite sourire en fixant Morgan qui, pour le grand jour, était affublée de sa muselière – du moins l'espérait-il – et de son regard glacial. Terminant de vérifier ses armes – Matraque dans la manche comme d'accoutumé, couteau dans l'étui à sa ceinture, Smith entre la peau de ses reins et son jeans – Fuller avait quasiment mimé une révérence d'enfoiré à Vicky pour qu'elle le précède. La vue n'était pas terrible, s'il avait encore un peu de temps devant lui pour révasser, avant que la grande tige n'ouvre la conversation avec les pécores du coin déjà à se figer à quelques mètres devant eux, autant le faire sur le paysage n'ayant rien de végétal. Pourtant, quand Zack ouvrit la bouche, il se statufia à ses côtés tout comme les autres, entre Vick et la rouquine jusqu'à baisser légèrement le minois en direction des lèvres charnues de son ex. Ses mots l'invitèrent à arquer un sourcil et à dépeindre les faciès devant eux. Tien donc, comme ça Raven avait déjà eu le plaisir de ravaler la façade à une de ces nanas ? En dépeignant celle-ci, le journaliste se contenta de sourire avant de répondre.

- J'pige mieux pourquoi tu planques un jouet dans ta godasse. Murmura-t-il, sourire aux lèvres, en croisant rapidement le regard olivâtre de la pigiste. T'en planque ailleurs aussi uhm ? Petite connerie, pour détendre l'atmosphère, néanmoins et d'après ce qu'il savait, c'était davantage Morgan qui détenait une arme planquée entre les guibolles.

Chatouillant l'extrémité de la matraque - dans sa manche - du bout des doigts d'ailleurs, il captura l’œillade particulière de Cole et roula des yeux. Si l'impression d'être en voyage scolaire, chapeauté par des surveillants sans humour le prenait, c'était uniquement à cause d'elle et de l'air qu'elle tirait. On avait dit calme pas d'faire la gueule bordel aussi, juste pour l'emmerder, l'esquisse à ses lèvres s'élargit avant qu'il ne reporte son attention sur les donzelles évoquées par Vicky et le chef des cul-terreux déjà à parlementer.

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