Le trajet l'avait détendu, ne serait-ce qu'un peu du moins, il allait rentrer chez lui. C'était plus un soulagement qu'une joie fallait-il qu'il le dise, le soulagement d'être en sécurité en compagnie des siens même s'il n'oubliait pas que certains Remnants s'étaient montrés dissidents. à croire que leur chef était incapable de tenir la corde d'elle même et qu'elle avait besoin que Zack lui tienne la main pour prendre des décisions. Quelle ironie pour un groupe qui se voulait puissant et important d'être presque contrôlé par le chef d'une petite faction de survivants. Il y a des gens qui sont taillés pour ça et d'autres non visiblement..

Le trajet se fit dans le calme, les mains sur le volant, Aodhan ne faisait que réfléchir puis les autres n'étaient pas très bavards de toute façon et lorsqu'enfin furent-ils à bon port, Zack dispensa ses ordres aux membres d'American Dream. Sans un mot, chose surprenante pour le professeur, il quitta le fourgon claquant la portière derrière lui et laissant les autres membres de son groupe. Il entra rapidement dans la maison, l'air y semblait glaciale comparé à l'extérieur. Passant rapidement devant la porte qui menait aux chambres où Neil et lui s'était installé pour court moment où la faction devait rester ici, il eut rapidement une pointe de tristesse intérieur qu'il chassa le plus rapidement possible. Il s'occuperait des affaires de son ancien collègue plus tard pour le moment il fallait simplement lui assurer une tombe correcte et des honneurs.

Continuant son chemin il récupéra rapidement toutes les troupes de la petite faction et les ramena en direction du jardin sans avoir pu les consoler s'ils étaient malheureux : de toute façon il ne savait pas gérer lui-même alors les autres. Victoria était déjà là, en train de creuser la terre pour enterrer le corps du bouclé. S'installant à gauche de Zack, il dévisagea la petite brune. Aodhan savait qu'elle appréciait Neil, leur complicité était une évidence et seuls les aveugles pouvaient louper celle-ci. Respirant un grand coup, il jeta un regard vers le grand blond. Il avait abattu Neil sans se poser de question quand celui-ci s'était fait mordre et bien qu'Aodhan savait qu'il n'avait pas eut le choix, il eut naturellement un questionnement qui lui vint : Et si ça avait été lui ? Est-ce qu'il aurait hésité ? Et si c'était Kyle ? C'était une question qui lui trottait dans la tête et qui y resterait encore pendant un long moment.

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Transmission:

Le véhicule n'adhérant pas toujours à la route sinueuse qu'ils avaient à parcourir, il n'était pas étonnant que les roues décollent parfois du sol, avant de retomber brusquement. Plus personne ne s'en préoccupait, les American Dream ramenaient eux-aussi, beaucoup de casseroles. La perte d'un des leurs les avaient assurément affaiblis, même s'ils pouvaient se vanter d'avoir assurément porté un coup qui laissera une blessure indélébile à Issaquah Ranch.

Ils étaient donc six à avoir été fait otage, suite à tout ce qu'il s'était passé ces trois derniers jours. Mais aucune des positions qu'occupaient les différents intervenants de cette histoire n'étaient à envier, les pertes étaient réelles, dans tous les camps. Jefferson en était la preuve vivante : Malgré la position incofortable dans laquelle il se trouvait, ses blessures et le sang séché qui avait coulé de son front ainsi que le sentiment d'insécurité qui ne le quittait pas, le geek ne se démontait pas, entièrement. " Bouge ... C'est mon coin. "marmonnait-t-il parfois,  sans vraiment savoir à qui il s'adressait, seulement conscient qu'on envahissait sa zone de confort.  Le rouquin avait réussi peu à peu assoupir, bien qu'également dérangé par sa conscience, sa voix intérieure qui n'était définitivement pas prête à l'apaiser.

La culpabilité du survivant, le canadien n'avait pas pu y échapper, suite à ce drame... Jeff n'avait pas voulu imposer sa présence et sa morosité à ses camarades, lui-même ne se reconnaissant plus, laconique, submergé par les idées noires et les remords. Il avait fermé les yeux, s'imaginant mentalement le visage de Caroline, pas parce qu'il ne voulait pas regarder tout ce qu'il avait en partie provoqué, de par ses actes, mais parce que c'était bel et bien la seule chose qu'il lui restait... Le mirage de cette vie, la douleur de se savoir vulnérable, incomplet...

Il n'avait pas émis d'objection quand vint le moment de sortir du véhicule, ou de suivre les procédures indiquées, particulièrement docile, les yeux braqués vers le sol, la main droite recouverte d'un bandage plus élaboré que le premier. A aucun moment il n'avait cherché à observer en détail son environnement, ses yeux n'avaient pas besoin de lui démontrer que fondamentalement, ça ne lui plaisait pas. Mais qu'est-ce qu'il pouvait bien y faire ? A la fois conscient de sa réalité, résigné, et paradoxalement fataliste d'accepter son destin, aussi impitoyable serait-t-il.

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Oh elle chialerait pas, Nathan la connaissait suffisamment pour être certain qu'aucune larme filerait ses billes olivâtres, au contraire, Vic devait voir ça comme.... Bha comme une finalité. Tout le monde crevait un jour, voilà tout. Néanmoins quand il l'entendit blaguer, il ne put s'empêcher de réprimer un rictus qui lui souleva le thorax et se fit la malle par son nez. Voilà comme il l'appréciait, comme il l'avait connu, néanmoins il savait parfaitement que la mort de son pote lui collait les boules. Au delà de ça, elle préféra garder le nom du propriétaire des phalanges l'ayant marquées pour elle.

- J'aime quand tu m'la tiens ouais. Rétorqua-t-il, un sourire fendant ses traits, en rebondissant sur sa connerie de braguette. Prochaine fois qu'il irait pisser il lui demanderait si ça la branchait de venir l'aider.

Soit, ce n'était pas le moment et bien que con, chiant et parfois pire que casse burnes, Fuller savait quand et où arrêter son manège. Il verrait plus tard.... Laissant glisser son regard sur elle qui emportait du bordel, ses yeux s'attardèrent un instant à sa chute de reins mais il secoua le minois puis s'en retourna rejoindre les autres à l'extérieur. Vic se mit rapidement à creuser, Ao venait de se placer avec d'autres autour de Zack.

Il allait pas aider l'prof ? Il avait peur d'avoir des gales au creux des paumes, ou c'était le poil dans sa main qui l'empêchait de filer un coup de main ? Ouais, le journaliste était légèrement infecte, la situation sans doute. Aussi la ferma-t-il, soupira et s'empara d'une pelle pour filer un coup de main à la pigiste après avoir jeté un œil à Morgan et son air impassible. Elle était heureuse d'être là bordel, comme si on la forçait à assister à une fête de merde où les invités n'étaient que des mioches insupportables à surveiller. Souriant discrètement pour lui seul, enfin Nathan fila son premier coup de pelle avant de regarder derrière lui pour balancer la terre, valait mieux pas défoncer le crâne d'un pote.

La tâche n'était pas évidente, l'odeur de la terre retournée n'était pas des plus agréables mais fallait le faire, c'était la moindre des choses que d'offrir à ce gars ce à quoi peu de monde avait encore droit dans cet univers de merde. Plantant la pelle dans le sol, il s'appuya dix secondes dessus, Zack s'était joint à eux pour façonner la sépulture, et un instant il fixa la dépouille sous le drap dans lequel on l'avait enveloppé à défaut de sac mortuaire. Il n'avait pas pu véritablement sympathiser avec Neil, s'était même plutôt foutu de lui pour sa pilosité et ses manières, néanmoins ce n'était pas un mauvais gars, certainement pas si Vic l'avait apprécié d'ailleurs. Ouais, il lui manquerait, ce mec laisserait un vide dans la baraque.....

Peu à peu la fosse prenait forme et bientôt viendrait le temps où il faudrait déposer le métis dedans. Nate fixa Zack, attendant simplement un regard pour l'aider. La grande tige avait visiblement achevé ce gars, ce n'était pas un geste évident et tandis qu'il y songeait, son regard sombre dévia vers Vic, puis Morgan...

- J'sais pas si j'serai capable d'faire c'que t'as fait. Lâchâ-t-il à l'attention du boss. Si Morgan ou Victoria se faisait bouffer la gueule, si Will se faisait arracher la gorge, Nathan n'était pas certain de pouvoir les achever.

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Debout dans le jardin, le blond ne disait rien, se contentant d'observer le corps du métis enveloppé dans un drap déjà trop sale pour deviner qu'il était jadis blanc. Est-ce que ce qu'ils avaient fait valait réellement la vie de l'un des leurs ? Non. Assurément pas. Mais ce qui était fait était désormais irréversible et, quoi qu'il en soit, tous savaient que chaque inspiration pouvait être la dernière dans ce nouveau monde. Pour autant, Zack ne parvenait pas à se rassurer que de cela. S'il ne verserait pas de larme, il n'en n'était pas moins en colère. Contre ces bouseux du ranch, contre les putrides, mais surtout contre lui-même. Une fois encore, il était arrivé trop tard pour l'un des siens et n'avait été apte à le protéger. Une fois de plus. Qui serait le prochain à y passer ? Morgan ? Kyle ? Aodhan ? Serrant les dents et les poings, il inspira bruyamment pour tâcher au mieux de ne pas se laisser prendre par ces pensées qui ne faisaient que nourrir toujours plus la rage bien tapie au fond de son être.

Jetant un bref coup d’œil à Aodhan qui venait se placer juste à sa gauche, l'ancien homme d'affaires reporta son attention sur Victoria et Nathan qui revenaient avec pelles et gants, il laissa le soin à la brune de commencer à creuser. Inutile de se confondre dans les larmes et les plaintes, l'expression qu'elle portait sur son visage suffisait : Neil était un ami pour elle. Même les plus insensibles avaient leurs failles et, bien souvent, les attachements aux autres étaient les plus grandes, les plus destructrices. Le blond lui-même était l'exemple même de cette faiblesse que pouvait amener l'attachement. Mais le moment n'était pas bien choisi pour penser à ces mois sombres qui avaient suivi la mort de son compagnon, et autant dire qu'il pourrait y replonger en un claquement de doigts alors autant s'épargner ces souvenirs et se concentrer sur le moment présent. Ce moment qu'ils devaient à Neil.

S'avançant alors à son tour, il avait déposé une main sur l'épaule de la pigiste. Un simple geste qui n'avait pas besoin de mots, simplement pour lui témoigner qu'ils étaient ensemble dans cette merde et que, malgré tout, les siens comptaient plus que quiconque. Prenant de son autre main une pelle, il se mit à son tour à creuser, ne se formalisant pas de la terre qui pouvait venir salir ses mains. Que pouvait bien représenter un peu de terre comparée à tout le sang qu'il avait déjà versé ?

Le silence était de mise et, peu à peu, le trou prenait forme, presque prêt à rendre à la terre leur compagnon d'infortune. S'arrêtant quelques secondes en soupirant, le trentenaire se passa le dos de la main sur le front, croisant le regard de Nathan. Et les mots qu'il lui adressa lui firent inspirer une nouvelle fois. « Il le fallait » avait-il simplement répondu d'un ton las qui contrastait avec cette pointe de peine dans ses prunelles claires, avant de se remettre à sa tâche. C'était presque ironique de se dire que c'était seulement devant la mort de l'un des leurs qu'ils parvenaient tous à ne pas se tirer dans les pattes mais c'était mieux ainsi, Zack ne tolérerait aucune gaminerie mal placée.

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Le trou prenait forme peu à peu. Alliée à Nathan, elle creusait à s’en faire brûler les muscles. En nage, la pigiste réalisait que ça faisait longtemps qu’elle n’avait enterré personne. Ni sa mère, ni son petit-ami n’avait eu cette chance. Elle avait abandonné leurs dépouilles à même le sol, avec celle de l’homme qui les avait tués et de sa fille. Il avait fallu que Latouffe meurt pour que Victoria se rende compte qu’il restait encore en elle un soupçon d’instinct grégaire.

La main de Zack la fit légèrement sursauter. La surprise et le contact. C’était marrant qu’il puisse exploser la cervelle d’une nénette à bout portant puis, une heure après, être aussi sensible à la perte d’un type qu’il n’appréciait pas vraiment. Le jeune homme avait été un crétin de participer à cette mission. Il était meilleur pour bouder dans son coin, trouver des biscuits en expédition et l’aider à emmerder Morgan. Les tueries, ça n’avait jamais été son dada. Sans mauvais jeu de mots.

Si on laissait la pigiste graver sa sépulture, elle écrirait « abruti » dessus. Au moins dans 1000 ans quand des archéologues retrouveraient son squelettes – parce que la civilisation aura été reconstruite bien sûr – ils sauront qu’ici gît un idiot. Elle ne rouvrit pas la bouche, observant la cavité continuer à s’agrandir, jusqu’à ce que son ex avoue qu’ils n’étaient pas certains d’avoir le même geste. Achever un mourant. Victoria souleva un sourcil et expira un ricanement étouffé.

- T’prends un flingue, t’enlèves la sécurité, tu tires, elle haussa les épaules et chassa de son front laiteux des mèches collées par la sueur, j’te montrerai quand tu s’ras grand.

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