« Non. » Souffla-t-il à sa question.

Mettre au courant Jeffrey de ce qu’il prévoyait ? Il n’en était pas question, pas à un seul instant. Parce que dès lors qu’il amorcerait sa campagne vers la mort, son meilleur ami, celui qu’il considérait comme son frère, le verrait résolument autrement. Son regard avait déjà changé avec le temps et l’expérience de l’extérieur, mais il n’était pas question de lui donner davantage.

« C’est Jeffrey qui m’a demandé de faire tout ça. » Lui avoua-t-il. Lui avait hésité à partir, voir ailleurs si l’herbe était plus verte. Son ami l’avait convaincu qu’il y avait autre chose pour lui, ici. Que ses capacités seraient pour le moins utiles, pour une fois. Qu’il pourrait se déchaîner, faire montre de toute l’horreur dont il était capable d’ordinaire : « Mais je ne l’impliquerais pas là-dedans. »

S’il venait à le perdre, il n’y aurait plus aucun repère pour lui. Aucun équilibre pour contrebalancer sa folie. Un contre-poids pour le ramener à la raison. Louve l’estimait assez pour ne pas avoir envie qu’il soit une autre victime sur la longue liste des victimes. Surtout si en le perdant, Kareem partait à vau-l’eau ensuite.

« Parce que s’il se fait attraper, je ne veux pas qu’il puisse savoir quoi que ce soit qui le mettrait davantage en danger. » Appuya-t-il fermement. Il se montrait faussement raisonnable, ou au moins en donnait-il l’impression. La vérité était plus égoïste encore : Kareem ne pouvait pas survivre mentalement sans lui. « Je ne veux pas qu’on puisse lui mettre une cible dans le dos. » Avoua-t-il.

Et il y en aurait une dans le dos d’Ashley ou d’Elena, dès lorsqu’ils entameraient cette vendetta. Au moins, Louve n’avait pas peur de l’entamer, elle ne faiblirait pas, disait-elle. Sauf que lorsqu’elle admit trouver ça agréable de le savoir à ses côtés, et lorsqu’elle noua ses doigts aux siens en lui prenant la main, Kareem se sentit se raidir. Son souffle s’échappa, il se bloqua quand ses doigts s’imprimèrent dans ceux de l’amérindienne. La gorge nouée, il releva les yeux vers elle un bref instant en essayant de comprendre.

Et il comprit… Louve était perdue. Louve était désespérée. Louve n’avait plus ses repères. Il ne pouvait qu’imaginer sa douleur. Ne pas l’encourager.

« Ce jeu-là ne me plait pas. » Avoua Kareem ensuite. Il relâcha la main de la jeune femme, pour lui rendre sa liberté. « Je n’achève pas un animal blessé, surtout quand il n’a pas donné tout ce qu’il pouvait dans ce combat. » Elle n’avait pas dit son dernier mot, il en avait conscience. Ça n’était qu’un passage à vide, un moment de faiblesse. La partie n’était plus intéressante si elle renonçait. « Tu mérites mieux que ça, Louve. »

Elle méritait mieux que lui, en vérité. Et ça, Kareem le savait.

J'comprends. fit-elle en hochant la tête concernant Jeffrey, tout en pensant à remercier l'homme pour avoir convaincu Kareem de rester alors que lui n'avait aucune attache ici. Tu le protège avant de te protéger, c'est tout à ton honneur.

Un silence s'était fait avant qu'il ne retire sa main de la sienne, lui faisant lever les yeux vers lui. Ce jeu ne lui plaisait pas, disait-il en annonçant au final, qu'elle méritait mieux que ça. Avait-elle réellement mérité qui que ce soit un jour ? Elle en doutait. Encore moins maintenant que son coeur s'était endurci et qu'elle ne motivait sa vie que par la vengeance. Mais qu'importait. Un jour, tu m'as dis d'essayer de lâcher prise, tu te rappelles? J't'ai pris pour un dingue et je t'ai annoncé direct que je savais pas faire ça.

Un fin sourire s'était dessiné sur ses lèvres en y repensant, caché dans l'ombre de la lune avant de rajouter. T'avais raison sur un point. J'ai besoin de lâcher prise, de penser à autre chose sinon je vais me noyer avant d'atteindre mon but.

Elle n'avait pas essayé de reprendre sa main dans la sienne, se contentant seulement de tourner le visage vers lui pour capter son regard sans le quitter des yeux. J'aurai jamais pensé dire ça un jour, mais à l'heure actuelle, t'es le seul qui me fait oublier toute cette douleur, au moins quelques secondes. Soit quand on s'engueule, soit le reste du temps quand tu parles tellement que tu m'empêche de penser. T'y arrives, et je pense pas te le dire une seconde fois un jour dans ma vie. J'ai juste besoin que tu m'apprenne à oublier au moins une fois.

Elle s'était même surprise à se retrouver si sincère sur ses émotions cachées. Sans avait-il raison, elle était bien trop blessée pour tenter de montrer sa fierté mal placée. Ou alors avait-elle simplement besoin de vider son sac, et le simple fait d'énoncer à voix haute ce qu'elle pensait en cet instant précis lui arracha un poids des épaules. Son visage s'était rapproché du sien en achevant sa phrase, venant juste capturer ses lèvres une brève seconde, profitant de la douceur de l'instant avant de se reculer pour ne pas le mettre mal à l'aise. Je serai pas aussi lucide sur ma vie tous les soirs. fit-elle remarquer en parlant de cette mise à nu de sa personne, se relevant de son perchoir. J'te force à rien. Et si c'est ta décision on en reste là, et on se contentera de plus jamais en parler.

Mais ça ne l'empêcha pas pour autant de faire glisser discrètement la bretelle de son débardeur sur sa peau nue dans un geste purement anodin avant de tourner une dernière fois le regard vers lui. J'vais fumer une dernière cigarette avant de rentrer. annonça t-elle en allumant cette dernière avant de changer radicalement de sujet. Sinon après il m'en restera plus assez pour demain.

Elle ne serait pas aussi lucide sur sa vie tous les soirs.

Kareem la fixa d’un bout à l’autre, captant ce regard qui cherchait à le fuir. Les aveux soufflés à mi-voix, qui ne le touchaient pas de la manière dont elle pouvait l’espérer. Il entendait cependant, et il comprenait. Mais ses yeux étaient obnubilés par ses lèvres, et par la bretelle qui glissa le long de son épaule. Ça n’avait aucun sens… C’était en tout cas ce qu’il se dit, en écoutant d’une part le discours qu’elle lui tenait, et en l’observant d’autre part s’offrir de la plus naïve des manières. A croire que la gazelle acceptait l’idée de se faire dévorer par son prédateur.

Que devait-il lui dire, maintenant ? Lui parlait de cigarettes ne lui disait rien, aussi lâcha-t-il la bride à ses pensées, laissant de côté les quelques dernières considérations qu’il avait pour elle. N’était-ce pas ce qu’elle désirait ? Ce qu’elle lui demandait sans vraiment le dire ouvertement ? Après tout, il lui faisait oublier sa douleur ! Lui ! C’était sans doute le plus fou dans l’histoire : que lui soit capable de susciter autre chose chez une personne que de la haine, de la souffrance, du mépris,… Alors, assis à côté d’elle, Kareem prit juste une profonde inspiration.

Il ne se sacrifiait pas, ça n’était pas ainsi entre eux. Et il ne le faisait pas pour se satisfaire égoïstement, ou par pitié pour cette femme. Louve lui faisait ressentir bien des choses, mais la pitié n’en faisait absolument pas partie. Lorsqu’elle se mit à fuir à nouveau son regard, Kareem déposa une main ferme sous son menton, l’attrapa, et déposa ses lèvres sur celle de l’amérindienne. Il n’eut besoin de rien d’autres pour prendre les devants, sans la lâcher alors que le baiser qu’il lui prenait était désormais dévorant. Il parvint à la faire légèrement reculer, se baisser, la ramenant sur les coudes pour se mettre au-dessus d’elle :

« Je ne pourrais jamais t’offrir ce que Jasper t’a donné. » Lui souffla-t-il tout contre ses lèvres. « Je ne pourrais jamais être qui que ce soit pour toi, ou pour Jolan. »

Elle devait impérativement le comprendre. Sa bouche s’aventura sur sa joue, longeant l’os de sa mâchoire avant de fondre dans son cou. Il huma son parfum avant de remonter à son oreille qu’il mordilla délicatement :

« Tu ne devras pas t’attacher à moi, Louve. Parce que je ne suis pas voué à être quelqu’un de bien. Je ne suis bien pour personne. Et je n’aime personne à part moi-même. » Sans exception. « Ce qui se passera maintenant n’aura jamais rien à voir avec qui je suis vraiment. »

En se redressant, il se cala plus justement sur elle, faisant poser son poids sur son coude déposé au sol. Son autre main se posa sur la joue de Carmen avec une douceur inexplicable pour lui :

« Tu comprends, n’est-ce pas ? » Demanda-t-il enfin.

La cigarette resta figée entre ses doigts, alors qu'il venait poser avec force ses lèvres contre les siennes, la ramenant à cette sensation d'être figée dans le temps qui avait cette tendance à lui faire un bien fou. Bien rapidement, le chaste baiser qu'elle lui avait donné un peu plus tôt devint passionnel, dévorant. Lâchant sa cigarette alors qu'une de ses mains remontait le long de sa nuque pour se perdre dans ses cheveux juste avant qu'il ne la fasse basculer, prenant place au dessus d'elle. Sa langue vint titiller la sienne alors que la tête lui tournait agréablement, ses ongles s'agrippant à son haut comme un noyé en pleine tempête à son salut, avant que sa voix ne la ramène à la réalité. Ses lèvres contre les siennes, elle l'écouta lui dire des vérités qu'elle connaissait déjà, fermant les yeux en mêlant son souffle au sien.

Je le sais. murmura t-elle d'une voix assurée, peinant à sortir de cette passion nouvelle entre eux deux. Je sais que les choses sont différentes, et jamais je ne te demanderai d'être là pour Jolan. lui promit-elle dans un murmure, rouvrant les yeux à contrecoeur pour qu'il s'assure de sa sincérité, ses yeux en amandes rivés dans les siens. Jasper lui avait offert quelque chose de différent. De plus doux peut-être, plus simple à vivre en comparaison. Jolan n'avait eu qu'un seul père, et n'en aurait jamais d'autre. C'aurait été mal la connaître que d'imaginer l'inverse d'ailleurs. Mais si il avait besoin d'être rassuré sur ce point et que les choses soient claires entre eux, elle préférait que ce soit maintenant, frissonnant malgré elle en sentant ses lèvres effleurer son cou, alors que son coeur s'emballait sous la découverte de ces nouvelles sensations qu'elle pensait avoir oublié. Je tomberai pas amoureuse, t'en fais pas. Lui glissa t-elle avec un bref clin d'oeil pour détendre l'atmosphère, lui offrant même un sourire complice. Elle n'était pas sûre qu'ils puissent un jour être attachés, sans doute trop détruits de chaque côté pour y parvenir à nouveau. Mais pour cette nuit, ce serait une parenthèse d'oubli dont ils avaient cruellement besoin. Elle estimait ne pas avoir à répondre avant de sentir sa main effleurer sa joue avec une infinie douceur, lui faisant à nouveau relever les yeux alors qu'il lui demandait si elle comprenait. Elle ne prit même pas la peine de répondre, relevant le visage pour venir à nouveau joindre ses lèvres aux siennes en scellant une promesse muette, reprenant le baiser là ou ils l'avaient laissé bien trop tôt à son goût avant de se rappeler ou ils étaient précisément. Attends, attends. murmura t-elle à son oreille avant de venir en mordiller le lobe par pure provocation, collant son corps au sien pour l'inciter à se relever. Pas ici. fit-elle remarquer à contre coeur bien qu'ils étaient relativement avancés pour ne pas avoir envie de se stopper en si bon chemin.

Pas avec les guetteurs du rez de chaussée qui pourraient profiter du spectacle par exemple. Ou même si ces connards des camps d'en face se mettaient au voyeurisme... Sans lui laisser le temps de réagir, prenant sa main dans la sienne pour l'aider à se relever, il ne leur fallût que quelques minutes à peine pour rejoindre le hall prenant tout de même le temps de se cacher comme deux adolescents de la vue d'Isha et Quinn qui rejoignaient leur chambre avec Jolan dans les bras. D'un geste ample de la main, l'amérindienne ouvrit enfin la porte de sa chambre pour la refermer aussi sec derrière eux, poussant le brun dos contre cette dernière pour revenir l'embrasser avec passion, collant son corps au sien. Elle se moquait bien qu'il la prenne pour une folle furieuse à passer de la reine des glaces à un brasier ardent en une nuit. Ils avaient besoin de reprendre là ou ils s'en étaient arrêtés un peu plus tôt, et il ne lui fallût que quelques secondes pour que ses armes ne glissent rapidement au sol devenues désormais bien trop encombrantes. Mordant sa lèvre avec douceur alors que ses mains glissaient contre son corps, en découvrant petit à petit les parcelles sous un nouveau jour, sentant son rythme cardiaque s’accélérer délicieusement alors que ses lèvres effleuraient son cou pour venir l'embrasser, ses doigts déboutonnant lentement les premiers boutons de sa chemise sans réellement lui demander son accord.

Qu’est-ce qui le retenait désormais, hein ? Elle le savait. Elle avait compris l’idée, elle ne tomberait pas de haut quand elle redécouvrirait à quel point il pouvait être un pauvre type perdu dans sa tête. Il y avait toujours eu quelque chose de casser en lui, mais les brèches étaient désormais devenues coupantes. Alors, en suivant Louve, en la fixant d’un regard brulant jusqu’à sa chambre, Kareem était presque sûr que cette nuit aurait des conséquences. Il n’eut même pas le temps de passer la porte pour saisir qu’elle était probablement aussi dérangée que lui, bien qu’il détenait tout de même la palme du plus gros fêlé de la planète. Ses mains s’agrippèrent fermement à ses hanches lorsqu’elle le tira à elle pour reprendre le baiser où ils l’avaient laissé.

Il n’aurait pas été dérangé par l’idée de vivre ces ébats en pleine nature. Il se moquait, à dire vrai, que quelqu’un puisse le voir. Il n’éprouvait aucune jalousie, ni aucun plaisir particulier à être regardé, mais il ne faisait pas encore de Louve son exclusivité. Cependant, ses mains dirent exactement le contraire lorsqu’il s’agrippa à sa taille avec fermeté. Dès qu’elle détacha le dernier bouton pour afficher son torse zébré par les cicatrices et sculpté par l’apocalypse, lui remonta ses jambes jusqu’à sa taille en la soulevant fermement. Une de ses mains passa sous ses fesses pour lui donner un appui, et il la conduisit jusqu’à son lit pour reprendre sa place.

Kareem se doutait, cependant, que la lutte serait rude pour obtenir le dessus. Il la domina de sa hauteur et de son poids pour garder l’ascendant le temps qu’il le voudrait. Se saisissant d’un de ses poignets, il le remonta habilement au-dessus d’elle pour l’immobiliser, et l’empêcher de le toucher. Juste avant, il prit le temps de se défaire complètement de sa chemise, se moquant complètement qu’elle puisse voir les marques proéminentes dans son dos. Il n’y pensait plus. L’émirien était trop obnubilé par le corps qu’il avait sous les yeux, et qu’il découvrit en l’effeuillant en douceur. Sa main libre s’aventura bon gré mal gré sur ce qu’il pouvait toucher. Il la défit de son haut, et sans une once de pitié, lui retira son bas.

Louve aurait pu être faible dans cette tenue, mais alors qu’il se redressait pour se décharger de ses propres vêtements, la scrutant de sa hauteur, Kareem ne l’avait jamais trouvé aussi forte. Il détailla la large cicatrice qui recouvrait son ventre, les plaies diverses qu’elle possédait. Comme une œuvre qu’il découvrait pour la première fois, et qu’il s’amusait à admirer en essayant de la comprendre. Tant pis si elle patientait. Tant pis si elle fulminait en attendant davantage de lui. Elle était à la merci de son regard contemplatif, qui tentait de lire à travers les marques sur son corps. Et sa respiration jusqu’ici pressée se fit soudainement plus calme et maitrisée.

Il n’eut besoin de rien de plus, à genou sur les bords du lit, pour attraper Louve par la taille et la remonter sur le matelas. Là, il fit mine de revenir chercher ses lèvres avant de bifurquer sur sa gorge à sa poitrine. Sans la défaire de ce qui la retenait, il descendit lentement, sinueusement, ses baisers et sa langue le long de la courbe légère de ses seins, puis le creux de son ventre musclé. A la marge de ses hanches, le brun fit glisser le vêtement recouvrant son intimité. Ses joues mal rasées effleurèrent l’intérieur de ses cuisses. Suspendant son amante à l’orée de cet acte défendu par bien des livres sacrés, il ne s’y pencha que lorsque le souffle et les mains de la jeune femme l’y encouragea fermement. Et le reste, il prêta l’oreille à un plaisir que bien trop peu prenait le temps de connaître.

Il lui avait a peine laissé le temps d'en découvrir d'avantage qu'en l'espace d'un instant, elle se sentit quitter le sol pour rejoindre le matelas, lui la dominant de toute sa taille sans lui laisser la possibilité de revenir sur lui, ses mains rapidement entravés par les siennes alors qu'elle lui lançait un regard a la fois courroucé et joueur. Pour la première fois depuis longtemps, elle ne pensait a rien d'autre que la scène qui se déroulait entre eux, et malgré ses vaines tentatives de se défaire de ses chaînes humaines, elle dut rapidement abandonnée, littéralement offerte à son regard qui s'attardait sur les cicatrices de son ventre. Elle tenta bien de se défaire de cette vue sans grand succès, alors qu'elle relevait les hanches pour l'aider à la débarrasser de son jean qui devenait a son tour bien trop gênant pour la suite de leur danse, alors qu'il la relevait un peu plus sur le matelas et qu'elle profitait de cet instant bref pour venir embrasser son cou, le mordant brièvement en pensant récupérer ses lèvres, sans grand succès.

Un soupir contrarié lui échappa, mourrant rapidement dans sa gorge lorsque ses lèvres effleurerent son corps mis à nu, contrôlant encore comme elle le pouvait sa respiration devenue sifflant quand il se joua de sa patience, son souffle brûlant l'une de ses zones les plus secrètes jusqu'à ce qu'elle ne craque, l'invitant à jouer avec elle en glissant ses mains le long de ses cheveux. Il lui sembla un instant que son souffle se coupa a ce contact si intime, rejetant la tête vers l'arrière alors que ses reins se creuserent sous le plaisir qui l'inonda, un gémissement incontrôlé s'échappant de sa gorge rapidement suivi d'un plus prononcé qu'elle ne put contrôler, ses doigts s'aggrippant a ses cheveux alors que son corps lui échappait totalement.

Tant pis pour ceux du ranch qui l'entendraient, ils etaient trop loin dans son esprit alors que son corps se retrouvait parcouru de tremblements infimes, conquérant en cherchant un souffle qu'elle ne trouvait plus, le plaisir manquant de la conquérir beaucoup trop vite au vu de la situation. Se mordant la lèvre pour s'empêcher de partir maintenant, la Navajo lacha pourtant un gémissement plus prononcé que les autres , son ventre se creusant a la recherche d'un souffle qu'elle venait de perdre totalement.

Tremblante et encore frémissante sous ce premier plaisir, elle ne prit pourtant pas le temps de s'attarder, profitant de la position de faiblesse de Kareem pour le forcer à se retrouver sur le dos, venant s'installer à cheval sur lui en un rien de temps, une lueur presque sauvage dans le regard. C'était a son tour de jouer désormais... Effleurant ses lèvres en venant bloquer ses poignets pour l'empêcher d'avoir une quelconque idée, ses lèvres vinrent mordre son cou puis descendre le long de son torse, ses mains glissant le long de ses hanches en découvrant ce corps, retirant le dernier vêtement qu'il possédait avant de laisser ses mains caresser la zone la plus intime du brun avec une lenteur des plus calculées, se plaisant de voir ce supplice qu'elle avait desormais décidé de lui imposer en guise de douce vengeance.

Lentement, ses lèvres vinrent prendre le relai, jouant avec lui le plus délicatement possible tandis que ses mains récupéraient les siennes pour l'empêcher de bouger , s'amusant de cette douce torture qu'elle lui infligeant en le sentant se crisper par instant, mêlant sensualité et envie a la fois. Si il pensait être maître dans l'art de la patience, elle saurait s'en faire la reine pour le battre a son propre jeu. Ce ne fut qu'une fois quelle fut assurée qu'il était au bord du supplice qu'elle se décida a stopper ses gestes, sans pour autant changer de place, revenant lentement jusqu'à son visage pour finalement mordiller le lobe de son oreille, un sourire mutin affichés sur ses lèvres, s'amusant a frôler son corps du sien sans pour autant les unir.

Elle comptait l’avoir sous son joug. Son cœur rata un battement lorsqu’elle renversa la vapeur. Durant quelques minutes, Kareem crut pouvoir imposer son rythme, ses envies, ses désirs, à celle qui tremblait sous ses baisers ciblés. Mais Louve fut plus surprenante que ça encore, et dès lors qu’elle le chevaucha, il se sut compromis par la dextérité de ses mouvements. Elle se concentrait sur lui, sur l’endroit qui répondrait forcément à ses caresses. Sur ce qui faisait de lui un homme digne de lui donner du plaisir, de lui faire oublier la douleur de son quotidien. Son esprit n’était plus focalisé sur l’éventualité d’une erreur, loin de là. Désormais embrumé par l’envie coupable qui lui retournait le crâne, il se tendit contre elle alors qu’elle le torturait comme il l’avait fait juste avant.

« Tu vas le payer, Louve. » Grogna-t-il dans sa langue natale.

Un sourire carnassier prit place sur ses lèvres. Elle le chevauchait toujours, alors il se redressa pour lui tenir tête. Il n’eut aucun mal à se tenir à elle, en mêlant ses doigts à ses longs cheveux bouclés. Tirant légèrement dessus, il para son cou de ses baisers. Ils glissèrent jusqu’à son dos pour suivre la courbe de sa colonne jusqu’à la chute de ses reins qu’il saisit avec fermeté. Son autre main attrapa sa cuisse, remontant jusqu’à sa taille, et il la plaça pour pouvoir les unir comme il le désirait. Elle ne lutta pas pour jouer encore, sans doute consciente que le bras de fer était désormais à égalité. Mais bonne âme, Kareem lui laissa le rythme qu’elle désirait prendre pour commencer.

Même assis sous elle, l’homme faisait sa taille, et il ne manqua pas de planter son regard sombre dans celui de l’amérindienne. Il la découvrait aussi sensible à ses caresses qu’il le supposait sous son armure de guerrière. L’amazone restait une combattante valeureuse, et dans ce genre de corps à corps, elle se voulait aussi conquérante. Pour autant, lui se permit de la surprendre : Elle tressaillit à ses caresses, sur les zones sensibles sous sa carapace, il joua du rythme qu’elle tentait de maintenir sur lui et la priva de ses baisers pour la faire languir.

Combien de temps lui laissa-t-il la main ? Il ne compta pas vraiment les secondes, trop pris dans cette danse sulfureuse qu’il devinait sensuelle. Pour autant, il passa sa main dans son dos et la fit basculer en arrière. Là, la tête de Carmen partit légèrement en arrière, et il la déposa avec maitrise sur le dos pour se placer sur elle. Ses longs cheveux noirs se dispersèrent tout autour d’elle, en une auréole ombrageuse qui mettait en valeur ses pupilles dans lesquels il devina l’orage et le tourment. Dès lors, Kareem y mit de la lenteur, s’ancrant dans ses yeux pour ne plus la lâcher un seul instant. Dans une douceur qu’on ne devinait pas chez lui, il remonta doucement la cuisse de la jeune femme jusqu’à sa taille et se glissa entre ses jambes à nouveau.

Et dès cet instant, il lui fit l’amour. Pour la première fois depuis longtemps, l’homme brusque qu’il était pris soin d’une autre comme s’il s’agissait d’une chose précieuse. Le prétendant se transforma en amant attentif à son œillade brulante, à ses souffles, à ses gémissements retenus. Jusqu’au bout de cette fois, il se le promit à lui-même : il lui ferait l’amour comme s’il n’y avait plus que ses soupirs qui comptaient.