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Re: Valse noire, ketchup et brocolis
Sam 28 Juil 2018 - 8:52
Hope était aux anges, brandissant fièrement les deux dessins qu’elle remporterait bientôt dans le sanctuaire de Barbara sous le regard de sa mère. Ashley esquissa un sourire, l’innocence et la naïveté des enfants leur permettaient de voir dans la moindre petite chose un immense bonheur, un miracle parfois. Eux, les adultes, ne savaient plus faire ça à moins de trouver une bonne bouteille sans doute. La blonde n’en oubliait pas que malgré tout, le monde restait sombre et qu’il aurait forcément raison de l’innocence de sa gamine un jour, mais pas ce soir.
Emmanuel en revanche de son côté semblait perdu dans ses pensées qu’elle devinait lourdes à l’air sur son visage. C’était une autre chose qui était plutôt amusante, il n’était pas bien plus jeune qu’elle, Ashley avait même l’impression qu’ils étaient du même âge mais comme avant le début de l’épidémie, rencontrer et discuter avec des personnes de son âge lui avait donné l’impression d’être cette petite vieille. La maternité l’avait changée, radicalement, effaçant les principales marques de l’adolescente rebelle qu’elle était au profit de l’image d’une fille-mère qui tentait de joindre les deux bouts et d’élever sa fille pour le mieux. La fin du monde n’avait pas tant changé cela. Ashley avait vieilli, elle ne se sentait plus l’âme d’une jeune femme pas encore trentenaire, même si elle ne se sentait pas non plus vieille comme … sa mère. Un sourire triste traversa son visage l’espace d’un instant au souvenir de Lola qui la disputait quand elle la traitait de mamie.
La réponse du brun à sa question lui arracha un sourire, étouffant même un petit éclat de rire. Hope ne semblait pas avoir relevé la fin de la réponse, trop occupée à regarder ses dessins en somnolant à côté de sa mère. Sauvée.« Moi ? Tu veux dire avant ou après l’arrivée de … » Un regard en coin vers la blondinette et Ashley reprit.« Je sortais, je faisais la fête jusqu’à pas d’heure, je buvais sans doute beaucoup trop, entre autres et puis … après tout ça, pour moi, un moment de détente c’était regarder un Disney ou lire un conte avec Hope. » Avec un chocolat chaud préparé par Lola, sa mère, qui s’invita encore une fois dans son esprit.« On a toujours besoin de ces échappatoires, sans doute même plus qu’avant … » Sentant que la blondinette commençait à s’endormir, Ashley l’installa plus confortablement en enlevant son gilet pour le lui poser sur les épaules, un regard empli de tout l’amour qu’elle éprouvait pour sa fille, inconditionnel, éternel, infini. A voix basse, elle reprit alors.« T’imagines pas comme les soirées trop arrosées avec de la musique trop fortes me manquent … » confessa-t-elle avec un bref éclat de rire pour ne pas réveiller la gamine qui s’était plus ou moins endormie, les dessins à la main.« Mais … j’ai ses histoires maintenant pour penser à autre chose que … tout ça. » Sa main droite désigna la pièce pour désigner plus généralement le monde qui les entourait.
Son regard clair se reposa sur le tableau qu’il travaillait avant qu’Hope ne l’interrompe. D’un signe de la tête, la jeune mère le désigna avant de reprendre, toujours sur le même ton, bas, comme un secret.« Du coup, comment ça se fait que t’arrives pas à dormir et que tu sois là à dessiner ? » Elle ne le connaissait que vaguement, mais assez pour s’inquiéter de son état, c’était sans doute son rôle aussi. S’assurer que les habitants du ranch allaient bien.
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Re: Valse noire, ketchup et brocolis
Dim 29 Juil 2018 - 14:31
Alors comme ça, Ashley avait été un oiseau de nuit, elle aussi. Le temps d’un instant, cette révélation m’avait surpris. C’est bête, mais je suis bien forcé d’avouer que comme j’ai toujours su qu’Ashley avait une petite fille, je ne l’ai jamais véritablement vue comme une jeune femme, mais directement comme une maman. Par conséquent, j’avais privé ma conception personnelle d’Ashley de toute existence fantasque avant la naissance de son enfant, et c’est maintenant que je m’en rendais compte. Remarque, j’avais toujours fais cela avec toutes les mères que j’avais rencontré, résumant finalement leur existence à leur dévotion maternelle plutôt qu’à leur vie d’individus et de femmes avant tout. Je suis sans doute un peu goujat sur ce point-là. Mais les paroles d’Ashley m’ont quand même arraché quelques sourires. Heureusement, finalement, qu’elle n’avait pas été une maman toute sa vie. Je ne connaissais pas les véritables circonstances de l’arrivée de Hope, qui était venue au monde alors qu’Ashley n’était qu’une adolescente. Avait-elle été désirée, sa famille avait-elle accepté cette grossesse, l’avait-elle soutenue ? Ashley avait-elle-même une famille solide et soudée ? Jon était-il vraiment le père biologique de Hope ? J’étais loin de connaître toute l’histoire, mais poser des questions si personnelles pour assouvir ma curiosité n’était pas dans mes habitudes. Elle m’en parlerait peut-être un jour.
« J’ai pas d’explications concrètes, tu sais. Si j’en avais, j’aurai pu trouver une solution et remédier efficacement au problème. Disons que parfois, quand je ferme les yeux, mes pensées s’entrechoquent. Je réentends certaines paroles. Je revois certaines images. Des trucs qui m’ont fait du mal, tu vois. Et ça repasse non-stop dans ma tête, je peux plus m’arrêter de cogiter, ça m’agace et m’épuise, mais je peux pas m’arrêter. Pour que ça se calme un peu, je suis obligé de me lever, et de dessiner. Si tu veux c’est un peu comme si j’invitais mes démons à m’affronter en face à face, ma feuille c’est l’arène, et j’arrive avec mes crayons pour seule arme. Et je me bats, je me bats. Là aujourd’hui ça allait à peu près, mais souvent je suis en sueur et j’ai plus de souffle quand je termine. Mais au moins mes pensées sont vaincues, parce qu’exposées, et moi j’en peux plus, du coup de trouve le sommeil plus facilement.»
Je ne sais pas si c’était l’heure tardive ou le regard doux d’Ashley qui m’avait permis de m’exprimer de la sorte, mais une chose était certaine, c’était bien la première fois depuis longtemps que je me confiais comme cela à quelqu’un. Pour autant, je ne suis pas certain que ça m’avait fait du bien. Si je ne parlais plus de ce genre de problèmes, c’est parce que beaucoup m’avait pris pour un fou dans le passé, ne comprenant pas la dimension libératrice et thérapeutique qu’avait le dessin et l’art en général pour moi. En somme, je n’attendais pas d’elle qu’elle me comprenne, simplement qu’elle ne me fasse pas passer pour le timbré que je ne suis pas.
« J’ai pas d’explications concrètes, tu sais. Si j’en avais, j’aurai pu trouver une solution et remédier efficacement au problème. Disons que parfois, quand je ferme les yeux, mes pensées s’entrechoquent. Je réentends certaines paroles. Je revois certaines images. Des trucs qui m’ont fait du mal, tu vois. Et ça repasse non-stop dans ma tête, je peux plus m’arrêter de cogiter, ça m’agace et m’épuise, mais je peux pas m’arrêter. Pour que ça se calme un peu, je suis obligé de me lever, et de dessiner. Si tu veux c’est un peu comme si j’invitais mes démons à m’affronter en face à face, ma feuille c’est l’arène, et j’arrive avec mes crayons pour seule arme. Et je me bats, je me bats. Là aujourd’hui ça allait à peu près, mais souvent je suis en sueur et j’ai plus de souffle quand je termine. Mais au moins mes pensées sont vaincues, parce qu’exposées, et moi j’en peux plus, du coup de trouve le sommeil plus facilement.»
Je ne sais pas si c’était l’heure tardive ou le regard doux d’Ashley qui m’avait permis de m’exprimer de la sorte, mais une chose était certaine, c’était bien la première fois depuis longtemps que je me confiais comme cela à quelqu’un. Pour autant, je ne suis pas certain que ça m’avait fait du bien. Si je ne parlais plus de ce genre de problèmes, c’est parce que beaucoup m’avait pris pour un fou dans le passé, ne comprenant pas la dimension libératrice et thérapeutique qu’avait le dessin et l’art en général pour moi. En somme, je n’attendais pas d’elle qu’elle me comprenne, simplement qu’elle ne me fasse pas passer pour le timbré que je ne suis pas.
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Re: Valse noire, ketchup et brocolis
Mer 1 Aoû 2018 - 19:19
Pas d’explication concrète ? C’était un peu dommage, parce que sans ça, Ash’ aurait pu tenter de l’aider, de l’écouter. Quoique la suite de ses mots lui apporta un brin d’éclaircissement, des souvenirs, du genre qui faisaient mal. Pour la suite de son discours, la blonde fronça les sourcils, peinant à le suivre. Ou plutôt, elle suivait, mais elle en venait à se dire que les artistes étaient vraiment d’un autre monde, comme Selene et comme Eli. Cette pensée invita un sourire sur ses lèvres, les retrouver était la meilleure surprise de l’année, son petit miracle personnel. Un de plus à la liste qui lui laissait croire qu’elle ne pouvait pas se laisser avoir par le marasme la nuit, en ce qui la concernait.« Wow … Je sais que les artistes sont des êtres à part mais … Là j’en suis à me demander si Finan t’a pas filé quelques substances à fumer. » plaisanta-t-elle à voix basse, un air amusé sur le visage, avant de jeter un coup d’œil à la forme endormie de sa fille.« Je comprends ce que tu veux dire, c’est une façon d’extérioriser tout ça en fait, peu importe ce que ça c’est au final. Quand j’étais ado, je savais juste gueuler sur mon père, sortir, boire et faire des conneries, c’était ma manière d’extérioriser. Peut-être que j’aurais dû être artiste. » Cela aurait été plus calme, mais en même temps si elle avait mené une vie différente, Hope ne serait peut-être pas là, et dans toutes ses erreurs, Ashley savait qu’elle avait pris les meilleures décisions, celles qui l’avait menée à tenir dans ses bras une magnifique fillette vive d’esprit, courageuse, et très bavarde.
S’assurant qu’elle dormait d’ailleurs plus profondément, la blonde reprit, un air presque secret traversant ses traits. Les yeux plissés, une moue curieuse déformant joliment ses lèvres.« Par contre … Ton histoire de finir en sueur et à bout de souffle … Y’a d’autres méthodes que la peinture pour atteindre le même état. » Et elle avait remarqué quelques regards échangés avec Serena, sans doute parce qu’Ash’ était curieuse comme un pot de chambre et qu’elle appréciait la mexicaine. Alors c’était purement par curiosité, elle espéra qu’il n’y verrait surtout aucune forme d’avances, elle avait passé l’âge de faire des avances comme ça. Et puis sa vie trouvait à peine un semblant de calme et de normalité, c’était clairement pas pour y ajouter une réputation de croqueuse d’hommes.
Quittant finalement sa casquette d’inspectrice Ashley, reine des curieuses, la blonde désigna le tableau de son index avant de reprendre.« Il y a d’autres tableaux ? Tu en fais quoi quand ils sont terminés ? » Certaines personnes écrivaient pour extérioriser, d’autres brûlaient les écrits pour les laisser toutes les pensées littéralement partir en fumée.
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