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Behind closed doors [Victoria & Ornacia]
Sam 9 Juin 2018 - 19:09
ft. Victoria L. Raven
BEHIND CLOSED DOORS
Bien joué Miss Piltover, on fait quoi maintenant ?
Ces derniers temps, j'avais pris cette sale habitude de me parler à moi-même. Comme pour ne pas oublier les mots, leurs sens, la façon de les prononcer. Effrayée, je me disais parfois – un peu trop souvent même – que je n'aurais peut-être jamais l'occasion de discuter de nouveau avec un autre être humain. Depuis l'été dernier, mon dernier jour avec Kentucky, quand ces milliers de … trucs là, ces « morts pas morts » comme je disais sont arrivés. Depuis ce jour, je n'ai plus vu personnes. Il restait autour de moi uniquement ces restes d'anciennes femmes et d'anciens hommes, putréfiés et affamés, qui voyait en ma jugulaire leur repas d'un instant. Beurk, jamais je ne les laisserai me transformer en eux. J'avais beaucoup trop de prestance pour ça voyons !
De la prestance ? Ahaha, je n'avais pas perdu mon humour ! J'étais là, dans les rues des quartiers sud de Seattle, à la recherche vaine du moindre petit truc à me mettre sous la dent. Le tout, sous un soleil agréable, ce qui changeait de l'hiver fastidieux passé enfermée dans une cave, à boire du vin et attendre la fin.
Du vin … Je prendrais bien du vin oui.
Assommée par la faim, je montais avec effort les escaliers d'un de ses multiples immeubles à quelques étages qui attendaient là, aux bords des routes abandonnées, que quelques pillards y mettent tous leurs espoirs. La baie vitrée du hall d'entrée étant fracassée, je passai au travers du trou en faisant attention de ne pas me couper. Potiche que je suis, je serai bien capable de mourir d'une infection ! J'arrivais alors devant deux portes d'appartements, les plus hauts, quand la petite voix dans ma tête ressurgit :
Alors Miss Piltover, c'est bien d'être arrivée là, mais comment tu enfonces une porte ?
Effectivement, je ne savais pas faire ça. Dans ma main, le revolver de papa que je gardais toujours entre mes doigts m'apparut comme plus lourd. Tirer dans la poignée ? Ce serait une idée complètement conne on est d'accord ? Aucune réponse ? Ah oui, je suis toute seule. Bon, ça ferait une belle scène de film que d'ouvrir la porte en tirant dedans, mais je ne sais pas trop si c'était vraiment efficace. Et puis tirer un coup de feu, ça serait annoncer ma présence à tant de dangers, humains ou anciennement humains.
La faim gagnant sur mon instinct, je tirai dans la porte.
BIM.
Je crois que la balle ricocha, en tout cas il y eut comme des éclats, mais la porte resta définitivement close. « Abrutie », je lâchai, la voix rauque.
Je n'étais pas très douée en travaux manuels, certes, mais j'avais de la ressource et de la ténacité. Je me mis à fouiller couloirs et escaliers, tombant sur quelques appartements déjà pillés. Il ne restait rien à manger, que des paquets vides ou périmés. Je n'étais pas la première à être venue ici. Mais j'avais une idée en tête. Les dossiers médicaux. Tout le monde avait ça chez soi non ? Un carnet de santé, des papiers d'assurance vie, et …
« Bingo ! »
Je récupérai dans les affaires d'une vieille dame des radioscopies de son bassin. Merci madame pour vos soucis de santé, ceux-ci me sauvent ! Je remontai alors au dernier étage pour retrouver les deux portes closes, et commençai à crocheter la première avec la radio. Et cette fois-ci, cela fonctionnait ! J'ouvris grand la porte, euphorique de ma réussite, quand je sentis que la porte avait buté contre quelque chose. Ce quelque chose émit un râle que je reconnus entre mille. Un « mort pas port » ! Je voulu refermer la porte, mais le monstre avait intercalé sa main et saisit ma manche. Je me mis à hurler – évidemment – même si cela ne servait à rien. Je me jetai par terre et en arrière pour que tout mon poids face lâcher le « mort par mort , et dans un craquement immonde le bras de mon attaquant partit avec moi. Je me relevai rapidement mais pas adroitement, lorsque j'entendis la porte des escaliers dans mon dos s'ouvrir brusquement.
Soudain, je me rappelai de mon coup de feu et de ce qu'il pourrait attirer.
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Re: Behind closed doors [Victoria & Ornacia]
Sam 9 Juin 2018 - 20:26
-Booyah ! Désolé mon gars.
Victoria tapota l’épaule du cadavre appuyé contre la carrosserie d’une épave bouffée par la rouille. Il n’était pas « si » amoché, sans doute que ce type avait survécu un moment avant de mourir d’une infection à con. Et de « re-mourir » d’un gros swing de batte dans le crâne. C’était en tout cas ce que laissait supposer la blessure putréfiée à son flanc – on aurait dit une griffure d’ours – mais hé : elle n’était pas médecin légiste ! En tout cas, ce con avait un sac orange vif. Faute de goût certaine mais à l’intérieur, des putains de paquets entiers de cookies pépites de chocolat. Il était crevé en héros, ça lui donnerait presque envie de chanter l’hymne américain.
Mordant dans un premier biscuit – elle n’avait absolument pas l’intention de partager avec ses co-survivants – la pigiste reprit la route. Après toute l’agitation du mois précédent, la voici de nouveau sur les routes, à traquer d’autres camps de réfugiés au fil de ses expéditions. Elle s’était même inventé un slogan pour ces sorties d’exploration : les vivres, c’est bien ; les vivants, c’est mieux ! Certes, son deal avec les prostiputes du No man’s land tenait toujours mais la trentenaire aimait bien diversifier ses sources. Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, ce genre de connerie.
Elle terminait de dévorer son deuxième cookie quand un coup de feu retentit dans le lointain. Un seul. Sans doute un pauvre miséreux qui venait de se faire sauter le caisson. La vie était vraiment moche pour certaines personnes. Elle se remit nonchalamment en marche, tristement bredouille pendant de – trop – longues minutes. Victoria envisageait de retourner à sa voiture pour changer de quartier quand un hurlement retentit dans l’immeuble qu’elle dépassait. Oh-oh ! Une voix de gamine en plus. Qui disait cruche en détresse disait peut-être campement à débusquer !
Quatre à quatre, elle gravit les marches jusqu’au dernier étage de l’immeuble. Une donzelle était là, pas super dégourdie visiblement. Il y avait un bras de macchabée au sol et sans doute le propriétaire de ce membre en train de sortir de l’appartement mal refermé. Pas content le type, fallait le comprendre. La tâche de sang coagulé sur la porte laissait à deviner le scénario, mais la pigiste se fichait un peu de savoir comment la gosse s’était mise dans cette situation. Action d’abord, small talk ensuite !
Premier coup. Sa batte en aluminium broya la mâchoire du vorace. Deuxième coup. Sa boîte crânienne s’enfonça comme un melon trop mur. Troisième coup. La moitié du crâne s’écrasa jusqu’à rendre les traits du visage méconnaissable. La dépouille tomba lourdement pour répandre sa cervelle sur le sol crade. D’autres râles semblaient provenir de l’intérieur du logement, il y avait même une silhouette décharnée dans le couloir. Victoria s’empressa de refermer le panneau en bois pour se tourner vers la brunette, essoufflée par un effort si soudain.
-Bah alors, t’as perdu tes parents ? T’as b’soin qu’j’aille faire une annonce au micro , un sourire narquois ponctua sa pique,aller chouine pas, on va commencer par sortir d’ici, hein ?
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Re: Behind closed doors [Victoria & Ornacia]
Mer 13 Juin 2018 - 18:20
ft. Victoria L. Raven
BEHIND CLOSED DOORS
Cela faisait longtemps. Très longtemps, trop longtemps même, que je n'avais pas vu un être humain encore vivant. Depuis Kentucky. Depuis la horde de « morts pas morts ». Depuis que …
*Splatch*
Des morceaux d'os, de boyaux et de cerveaux volèrent au rythme des coups de battes intempestifs de l'humaine. Le tout explosait contre les murs dans d'affreux bruits attestant de la viscosité des projectiles. J'en eus presque la nausée, si j'avais pu ne serait-ce qu'une seconde penser à mes propres tripes. Mais pour une fois, je semblais dotée d'un instinct de survie. Je me plaquais contre le mur de droite – le seul qui n'était pas recouvert de « mort pas mort mais maintenant mort » - et analysai la situation. Une femme vivante. Dans le genre Lara Croft featuring Harley Quinn en noir et blanc. Batte de base-ball et air méchant. Dans les blockbusters hollywoodiens, il y avait toujours une femme forte dans ce genre. Mais celle-ci semblait bien réelle. A moins que je ne délirais ? Oh misère, c'était tellement possible ça !
Sans m'en rendre compte, j'avais braqué mon revolver droit devant moi, entre les restes du monstre et le corps rigide de ma sauveuse. Beaucoup de choses me venaient en tête à ce moment là, et je pris quelques secondes pour réfléchir.
Je n'étais pas la seule vivante encore de ce monde. C'était parfaitement logique et je n'avais que rarement douté de cela, mais maintenant c'était un fait sûr. Néanmoins, est-ce que cette personne était pleine de bonnes intentions, comme son action pouvait le laisser penser ? Ce monde me forçait à être dubitative. Les êtres humains étaient doués pour les coups de Trafalgar, et si cette femme avait survécu à ce monde, elle ne devait pas faire la fine bouche pour s'en sortir. J'avais l'arme à feu de papa, certes, et je pouvais peut-être même directement lui coller une balle dans le cœur pour régler tout ça.
Non.
Non.
Je baissais l'arme, de toute façon j'aurais sûrement pu me prendre un coup de batte avant même de comprendre quoi que ce soit. Cette femme m'avait sauvé la vie, et je devenais paranoïaque. J'entendis la porte claquer, ce qui me fis revenir à mes esprits. La femme parla. Sa voix était mélodieuse, ou alors c'était le fait de ne pas avoir entendu des paroles humaines autres que les miennes depuis des mois qui me faisait penser ça. Ces propos, en revanche, n'étaient pas des plus agréables. Elle cracha son sentiment de supériorité à ma face, et son langage quoique vulgaire voulait sûrement m'impressionner.
Retenir toute moue dégoûtée était difficile. Le lieu rempli de mort en putréfaction, la faim, les manières de cette femme … Tout me tordait l'estomac. Mais j'avais appris à garder ce masque de politesse, ce dos droit et cette voix chaleureuse en toute circonstance. Et même ici, après avoir fait un coucou de trop près à la mort, je gardais ces bonnes manières :
« Merci. Sans toi, je m'en serai bien mal sortie. Je .. Je ne chouine pas – c'est bien ça le mot que tu as choisi ? Mais merci de t'en inquiéter. »
Oh Ornacia, arrête de mettre tant de sarcasme dans ta voix ! Tu pourrais finir comme ce « mort pas mort » en moins de deux seconde si la survivante était de mauvaise humeur.
Bon, si elle m'avait sauvé c'était peut-être qu'elle avait au moins un cœur pour une jeune fille un peu maladroite. Alors je rebondis sur sa métaphore : « Une annonce au micro pour retrouver mes parents ? Si tu sais parler aux défunts, alors faisons cette annonce tout de suite. Cela me ferait chaud au cœur de leur parler. »
Des coups sourds retentirent alors contre la porte, comme une opportunité d'éviter un dialogue pouvant tourner au règlement de comptes. Je me tournai et fis un pas en arrière, braquant de nouveau mon arme, mais cette fois-ci face à la porte.
« Cet appartement est plein de monstres ; mais il y a sûrement aussi des vivres pouvant nous intéresser. »
Affronter des « morts pas morts » pour la première fois au lieu de les fuir m'effrayait, mais je ne voulais pas le montrer. Enfin, allez dire ça à mon pistolet qui tremblait comme une feuille dans mes mains aux doigts trop maigres.
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Re: Behind closed doors [Victoria & Ornacia]
Mer 13 Juin 2018 - 23:47
… ok. Alors. Victoria en avait déjà rencontré des survivants bizarres, originaux ou un peu allumés mais là… on tenait une championne. Genre, toutes catégories confondues. Ça devait être le combo du maintien parfait, de la voix chaleureuse et du discours un peu ampoulé qui détonnait complètement avec le reste. Elle ne s’inquiéta même pas de la petite dose de sarcasme, non, parce que la gamine relançait avec… une blague ? Est-ce que c’était une blague ? Merde, elle était perdue. Ce qui était sûr, c’était qu’entre les deux, il y avait un monde. D’une côté, la pigiste vulgos avec une batte en aluminium maculée de sang coagulé ; de l’autre… c’était quoi, une aristo qui avait perdu le chemin de son manoir ?
-Wow , avait simplement soufflé la trentenaire.
Par où commencer ? Heureusement – si on pouvait dire – les charognes à l’intérieur de l’appartement épargnèrent à sa cadette une série de questions trop franches. Un poil désobligeantes aussi. A la place, les yeux olivâtres de Victoria s’écarquillèrent devant sa proposition et… bah elle éclata de rire, tout bêtement. Quoi ?! Y’aurait quand même un sacré niveau de comique dans cette situation !
-T’es prête à crever pour une conserve, la midinette ? Un sourire narquois étira ses lèvres pulpeuses, elle désigna les mains tremblantes de la jeune femme,lâche ça, t’vas t’brûler les doigts et t’faire un bobo.
Sérieusement, c’était possible d’avoir autant les chocottes ? Ça faisait quand même un paquet de temps maintenant que les cadavres se relevaient pour bouffer les gens, c’était plus vraiment une nouveauté. Si elle était en vie, c’était bien qu’elle avait dû, à un moment, se faire pousser une minuscule paire de couilles, non ? Même une seule couille ? C’était pas envisageable d’être passée deux ans et demi entre les mailles du filet et se pisser dessus devant une poignée de morts. Ça devait vouloir dire une chose : on l’avait protégée – voire on la protégeait encore ! L’instinct de traqueuse de la pigiste s’éveilla. Elle toisa un instant son interlocutrice et reprit :
-Les vivres ça s’trouve toujours. L’important, c’est qu’tu restes en vie , elle désigna nonchalamment la brunette avec le bout rougi de sa batte,t’as l’air paumée… j’peux t’aider à rentrer chez toi sans t’faire bouffer s'tu veux , proposa-t-elle d’un air tout à fait naturel,ton camp est dans l’coin ?
Prêcher le faux pour avoir le vrai mais en fait : Victoria parierait que cette fille logeait quelque part. Si elle pouvait les approcher, se faire bien voir et gratter des informations… bingo ! Surtout maintenant qu’ils avaient le soutien des rois du pétrole là, ils devraient pouvoir faire plier n’importe quelle communauté. Raaaah ce qu’elle aimait son taff n’empêche.
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Re: Behind closed doors [Victoria & Ornacia]
Jeu 14 Juin 2018 - 0:43
ft. Victoria L. Raven
BEHIND CLOSED DOORS
Oulà ma grande, fais gaffe à tes arrières !
A vrai dire je ne savais même pas si mon for intérieur s'adressait à moi-même ou à la Katniss Everdeen plus vraie que nature qui me faisait face. Celle-ci, bien plus loquace que son apparence sauvage m'aurait laissé soupçonner, enquillait questions sur remarques puériles. Elle rirait même, comme si la situation était drôle. Décidément, elle remplissait son rôle de fille courageuse avec brio.
Et avec une batte.
Celle-ci se pointa d'ailleurs en ma direction, parallèlement à mon revolver, ce qui me donna l'envie de loucher. Il ne fallait pas que je fixe le bout de cette batte. Je remarquai juste une goutte de sang de putréfié créer quelques gouttes qui roulèrent le long du métal poli pour venir s'écraser en quelques gouttes muettes sur le sol. Je n'entendais que le bruissement des « morts pas morts » et mon sang battre à mes oreilles. La femme s'était tue. Ah, c'était donc signe qu'il fallait que je réponde.
« Crever … – ce langage m'arrachait la langue mais je ne faisais comme si de rien n'était – pour une conserve ? Et bien oui. C'est ça la vie maintenant non ? On veut se nourrir, on se bat contre ces choses, on mange, et c'est reparti. »
Prête à crever, non mais j'étais en plein rêve ! Cette expression me désolait. Prête à crever ? Comme si j'allais me lever un jour pour me dire : Coucou Ornie, aujourd’hui c'est le grand jour, fais bien ta toilette avant et tente de mourir dignement ! Personne n'est prêt à mourir. Ce serait vouloir se suicider qui s'en rapprocherait le plus, et encore, comment pourrait-on être pas à cela.
« Je ne suis pas prête à crever non. » Mon ton était dur. « Je suis prête à me battre pour survivre, c'est tout. Toi aussi, on dirait. »
Je ne me cachais pas intérieurement d'apprécier l'aura de confiance qui émanait de mon interlocutrice. Elle avait l'air si sûre d'elle, si coutumière d'évoluer ici. Mais en même temps, quelque chose semblait dénoter dans la figure de survivante solitaire et héroïque qu'il était facile de se faire en la regardant. Cette surprise de me voir désespérée – je l'avoue ! – pour une conserve. Ce corps, certes maigre mais pas décharné. Toutes ses questions. Qui était donc-elle ?
Une bribe de réponse me fut apportée par la questionneuse elle-même. Ses allusions à mes parents, un « chez moi », elle avait l'air de penser que j'avais un endroit où je vivais. Je fis directement le rapprochement avec le fait qu'elle ait elle aussi un « chez elle ». Alors, tout n'était pas perdu ? Y avait-il des structures préparées contre les « morts pas morts », avec un gouvernement stable, des règles, des sauveteurs ? L'utopie se dessinait plus vite que prévu, et mon cœur se mit à battre la chamade. L'espoir d'une conserve à manger s'était mué en espoir d'un endroit où vivre.
Quoique ... A en juger par les manières abruptes de la brune devant moi, il ne devait pas rester que des enfants de cœur. Mon image de société sécurisée se mua en une bande de racailles, bien moins accueillants. La proposition d'aide m’apparaissait tellement ambiguë. Je ne savais que penser de cette femme. Je savais simplement qu'elle donnait tout l'air d'être dans son univers, agile et forte, tandis qu'une brise suffirait à me faire choir.
« Mon chez moi est à San Francisco. Il ne reste plus rien d'ailleurs. Tout le monde est mort. Sauf moi. Alors oui, je me mets en danger pour une conserve. Mais non, je ne suis pas prête à crever. »
Mes yeux virèrent directement sur la batte. Maintenant que je lui ai avoué que je n'étais pas membre d'un groupe quelconque, quelle raison avait-elle de ne pas m'éclater le crâne à coup de barre métallisée ? Elle y gagnerait un revolver, les vivres de l'appartement crocheté par mes soins, ainsi que mon magnifique plaid que je gardais toujours dans mon sac. Ou alors je ne lui en laisse pas le temps et je lui tire une balle dans la face. A cette distance, je ne pouvais tout de même pas la rater non ?
Hm, c'est un défi à ta propre maladresse ?
Mais je ne voulais pas tuer celle qui avait sauvé ma peau quelques minutes auparavant. Si ce monde d'apocalypse n'avait pas réussi à m'ôter mes bonnes manières, il n'allait pas me priver non plus de mon humanité.
« Il y a beaucoup de … camps dans cette ville ? Les gens se sont organisés ? »
Poser des questions pouvait peut-être m'aider à gagner du temps et à faire marcher mes méninges sur comment me tirer de là en vie. Les « morts pas morts » m'apparaissaient alors moins dangereux que les humains, dans ce nouvel univers. D'ailleurs, ils ne veulent pas faire un peu de bruit là, ça occuperait miss Batte de base-ball ?!
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Re: Behind closed doors [Victoria & Ornacia]
Jeu 14 Juin 2018 - 13:28
Cette nénette, c’était un sacré bout quand même. Son discours ne manquait pas de faire ricaner un peu plus Victoria. Bon, au moins, elle n’était pas décidée à se faire manger, c’était une bonne chose ! Toutefois, elle précisait qu’elle n’avait plus de « chez elle » et ça… ça la rendait tout de suite moins attrayante. La pigiste fit claquer sa langue sur son palais en l’étudiant un peu plus. Est-ce qu’elle mentait ? Ses tremblements l’amenaient à penser que oui mais sa détermination à risquer sa peau pour potentiellement rien affirmait le contraire. La gamine était maigrichonne, pas bien brave, le genre qu’elle saurait dépouiller en un claquement de doigts. Tout en s’écartant un petit peu – que l’autre pointe maladroitement son flingue vers la porte de l’appartement si ça lui faisait plaisir tant que ça ne risquait pas de l’éborgner – la trentenaire répondit :
-T’viens d’débarquer, c’est ça ? Question purement rhétorique, alors elle enchaina,les gens s’démerdent. J’suppose. J’sais pas si y’a masse d'camps mais s’t’es perdue, y’a l’No man’s land pas si loin , elle tourna vaguement autour de la jeune fille, en arc-de-cercle, comme un oiseau de proie,j’t’y emmène si tu veux.
C’était de toute façon un endroit où elle comptait repasser tôt ou tard. Et puis, soyons sérieux : cette brunette n’avait aucune chance là-bas. Ce n’était ni plus ni moins qu’un squat de SDF, une véritable jungle. Pour y survivre, elle n’allait pas avoir d’autre choix que d’agrandir – ou de concurrencer – l’entreprise familiale des sœurs couscous. Pas un super destin, mais chuuuut. Ça, ce n’était pas le problème de Victoria qui pensait s’en sortir au pire, avec ses affaires les plus intéressantes ; au mieux, avec des informations sur le groupe dont elle ne voulait pas causer. San Francisco ? Elle n’y croyait qu’à moitié.
-C’t’un… refuge pour les vivants. Tout l’monde est bienv’nu, la seule condition c’est d’pas bouloter tes camarades. Mais t’pas l’air d’une cannibale, pas vrai ? Elle afficha l’un de ses grands sourires hypocrites mais si bien travaillés qu’ils faisaient des merveilles autrefois,t’as l’choix alors : j’te chap’ronne jusqu’au No man’s land ou… j’te r’garde t'battre pour survivre.
Autrement dit : elle ouvrirait la porte et la laisserait se démerder avec les charognes pour ses fameux vivres. On n’apprenait qu’à la dur hein ! Alors si la midinette bien élevée voulait arrêter de chier dans son froc, c’était maintenant. Dans le pire des scénarios, et bien… toutes ses affaires serviront la bonne cause : celle de la pigiste. Comme pour rappeler qu’ils étaient effectivement là, un choc violent contre le panneau qui les séparait des voraces indiqua que ces derniers s’impatientaient. Rien de tel pour lui fait expirer un éclat de rire et décrire un moulinet avec sa batte qui finit sagement posée contre son épaule.
-Décide toi vite, ça s’excitent là-d’dans !
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Re: Behind closed doors [Victoria & Ornacia]
Dim 24 Juin 2018 - 13:38
ft. Victoria L. Raven
BEHIND CLOSED DOORS
Les questions fusaient dans ma tête. C'était – et j'en suis presque sûre – le moyen que je trouvais pour affronter le stress environnant : essayer de comprendre. C'était d'ailleurs un objectif récurrent dans toute mon existence. J'avais toujours voulu tout comprendre, tout connaître, tout vérifier. Je me souvenais qu'à l'école, les cours de physique m'avaient passionnée, puisqu'ils expliquaient le pourquoi du comment de tout : pourquoi la Terre était ronde ? Pourquoi l'huile flottait au dessus de l'eau ? Pourquoi la lumière allait plus vite que le son ? … Toutes ces petites informations qui m'étaient chères.
Et actuellement, j'étais dans cet espèce de maelström d'interrogations plus ou moins essentielle sur ce qu'il se passait. Et la Harley Queen en face ne m'aidait pas des masses. Elle parlait, tournait, défiait du regard, avec une dextérité digne d'une méchante de film. Faisait-elle cela souvent ? Je veux dire, peut-être que je n'étais pas la première âme égarée à croiser son chemin ? Et donc, qu'était advenus les potentiels autres rencontres de … Comment s'appelait-elle d'ailleurs ?
Aucune idée de son nom, de son origine – même si j'avais une idée précise de son rang social humf – ni de ce qu'elle faisait ici et avec quelles autres individus. Elle me parla d'ailleurs d'un camp. Un No man's land. Un refuge disait-elle, mais peut-être également un piège. Un piège pour quoi, ne pouvait-elle pas me buter là maintenant tout de suite ? Avait-elle peur de moi ? Peut-être … Les commissures au coin de mes lèvres eurent envie de s'étirer en un sourire, comme envoûtés par une confiance en moi mal placée. « Miss Harley Queen, effrayée par une jeune affamée au revolver » en voilà une bonne théorie. Néanmoins, que valait la théorie de « elle t'emmène plus loin pour te dévorer elle et ses amis psychopathes » ? D'un coup, ses bras que j'avais remarqué fins mais pas cadavériques m'apparurent bien plus gros, plus dodus, plus nourris. Etais-je en face d'une cannibale ? Oh misère, c'était cela alors le secret de sa longévité ici ? Son désir de me garder loin des « morts pas morts » pour que je ne sois pas contaminée ? Car elle n'avait pas l'air d'une sauveteuse née, ni même très fervente des relations humaines. Elle m'avait demandé si j'avais un endroit où vivre, sûrement pour tous nous dévorer ! Et maintenant, elle ne me tue pas parce qu'elle voudrait que son repas se déplace tout seul jusqu'à ses amis.
L'enflure !
J'avais tout deviné, voilà ! Et en plus, la cannibale se jouait de moi. Son ultimatum était lancé : la suivre ou affronter les morts. Et pour un dilemme, c'en était un cornélien. Je ne savais trop que choisir. Si je suivais cette femme, elle pourrait alors m’amener à son gang et m'étriper comme elle le souhaiterait. Si j'affrontais les « morts pas morts » je … Mais bordel je ne sais même pas me battre contre un seul, alors qu'il y en avait sûrement plusieurs dedans ! Mais j'avais un pistolet, il serait peut-être temps de s'en servir correctement. Quoique si je suivais la cannibale, je pourrais toujours me sauver après en la menaçant de mon arme. Je devais estimer le plus dangereux : une vivante cannibale, ou des morts cannibales ?
« Te suivre ? Je ne suivrais pas une femme inconnue dont je ne connais même pas le nom. »
Mon ton était sec, décidé. Décidé ? Haha, je ne l'étais absolument pas, mais je me créais cette image prétendument confiante. Le moment était sûrement venu d'affronter enfin ces monstres, au lieu de chercher à les éviter. Je tapais contre la porte avec le pied, excitant encore plus les bestiaux à l’intérieur. Je lâchai un petit rire au passage, m'imaginant crier « Ménaaaage » comme dans les hôtels, quand les femmes de chambres tapent contre les portes avant d'entrer nettoyer. La peur me faisait sûrement vriller. Car oui, j'avais très peur.
Je reculais ensuite de quelques pas, pointant l'arme vers la porte tout en restant à une distance suffisante de celle ci … Et de mon interlocutrice.
« Si vous voulez bien ouvrir la porte, il est grand temps de faire du ménage là dedans ! » lui lançai-je alors. « Je vais montrer ce qu'une jeune femme désespérée est capable de faire. »
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