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Passing by

Ven 10 Aoû 2018 - 12:13

Début août 2018 ••

En coupant le contact, la jeune femme avait poussé un soupir. Il s’en était passée des choses depuis la dernière fois. Certaines qui lui avaient laissé des marques, comme son affrontement à mort avec Joy, d’autre qu’elle souhaitait garder sous silence. Ici, c’était un havre d’espoir. Comme un phare au milieu de cette nuit épaisse qui semblait s’obstiner à les envelopper. Les Euston ne savait rien du conflit auquel la prison allait très certainement participer, sinon les mises en garde formulées à plusieurs reprises par la musicienne. Qu’ils fassent attention, qu’ils n’invitent pas n’importe qui, qu’ils n’essayent pas de se battre s’ils étaient pris. Même si ce n’était pas valeureux, c’était ce qu’il fallait faire pour rester en vie. Deglan était peut-être difficilement supportable mais c’était quelqu’un de profondément bien. Selene se sentait un peu responsable de leur bien-être ; à lui et à Freya.

Laissant trainer ses yeux sur les remparts en bois, elle ouvrit la portière pour descendre de la voiture. Si ce n’était pas le cas, l’un des deux propriétaires allaient sans doute bientôt venir voir à qui appartenait le moteur qui avait brièvement ronronné sur leur propriété. Sur le coup, la jeune femme avait oublié sur le siège passager le foulard qu’elle pensait mettre pour dissimuler la blessure à son cou. Elle avait été parfaitement recousue – et d’ailleurs, Lisandro lui retirerait bientôt ses points – mais n’en était pas moins impressionnante. On ne pouvait que deviner que cette longue estafilade sur sa peau blanche n’était pas passée loin de l’égorger. A côté, la blessure sur son avant-bras, recousue aussi, était bénigne.

Dans le coffre de la Jeep, la musicienne récupéra toute une nouvelle caisse de matériel, ramenée spécialement pour les travaux des Euston. Même si elle venait principalement par courtoisie, un deal était un deal. L’entraide faisait les bons amis, c’était une nouvelle expression qui pouvait parfaitement prendre court à une époque comme celle-ci. Il y avait aussi tout un lot de sacs de tissu, comme ceux qu’avait demandé la rouquine lors de leur visite à trois. Selene n’avait pas pensé à les apporter depuis. Un sourire vint éclairer son visage en creusant ses fossettes, dès que l’un des deux complices vint à sa rencontre.

- Hey. J’apporte deux-trois trucs.
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Re: Passing by

Ven 10 Aoû 2018 - 18:54

Cinq heures trente-deux. Ça fait vingt-sept minutes que Deaglan tourne en rond dans son lit. Depuis quelques temps le quadragénaire fait de l’insomnie, pourquoi ? Pour une sale petite emmerdeuse, qui n'a pas dénié depuis plusieurs semaines lui donner de ses nouvelles. Est ce que ça la tuerait de passer ? Non. Et c'est pas pour autant qu'elle le fait. En fait, Deaglan est en colère contre elle, terriblement. Il préfère la colère que de penser qu'il lui est arrivé un malheur... ou pire.

Les yeux grands ouvert, il décide d'aller à sa salle. Dans le bâtiment où il y a l’accueil, il a aménagé les vingt mètres carrés en salle de sport. Une table de musculation, des altères, des bandages, des gants, deux chaises et une petite table sont installés, ainsi qu'un sac de boxe fixé au plafond. Dans sa jeunesse, pour maîtriser sa colère et sa haine envers son père, il s'était mis à la boxe. Là, de toute évidence, il en avait grand besoin pour se détendre, afin qu'il ne passe pas ses nerfs sur Freya. Pour lui, ça serait le pire si sa fille commençait à le détester. Il avait donc prit, presque deux jours à farfouiller dans Tacoma, à la recherche d'un magasin ou salle de sport, pour y ramener ce qu'il avait besoin dans cette salle.

Une fois dans son antre, il prit même pas la peine de mettre des bandages ou de gants de boxe, il se met a frapper dans le sac doucement. Quand il tape le sac, il essaye de se vider l'esprit, mais aujourd'hui c'est pire que tout. Il n'arrive pas à s'enlever de la tête qu'il est arrivé un grand malheur à sa princesse. Son cerveau bouillonne de pensées négatives et sans se rendre contre il frappe de plus en plus fort, jusqu'à ce que ses articulations fassent mal. Dans un accès de rage, il donne un coup violent dans le sac et va vers la petite table où une vasque est remplit d'eau pour se laver les mains.
- Elle va revenir, fait lui confiance.
Deaglan se retourne brusquement. C'est sa fille, elle est adossée sur le cadrant de la porte. Il ne lui répond pas, non seulement parce qu'il a le souffle court, mais aussi parce qu'il a peur d'exploser sa colère sur Freya.
- Elle est chef, elle a des responsabilités.
Le quadragénaire regarde sa montre, qui indique huit heures dix-sept.
- Je ferai mieux de me préparer. Il me faut de la nourriture pour deux jours, ainsi que les bouteilles et les deux bidons avec le tuyau. Il reste un dixième d'essence dans la voiture, je vais devoir marcher une fois dans le centre. Dit-il en changeant de conversation.
- Tout est près, il ne reste plus que tes armes et un ou deux vêtements à empaqueter.
Deaglan hoche la tête et va dans sa chambre.

La fenêtre ouverte, il entend un bruit de moteur. Freya a dû entendre aussi, car elle est devant la grande porte avec ses deux sabres, qu'elle a rénové elle même. Elle regarde à travers le tout petit trou percé pour voir qui va là. Elle lui fait signe de la tête que c'est bon. Ça doit être encore un des membres du groupe à l'emmerdeuse qui vient faire un échange ou autres. Freya ouvre la porte, sort et Deaglan frémit en entendant de sa fenêtre une voix. C'est pas n'importe quelle voix, c'est ça voix. Celle qu'il désir entendre depuis longtemps, mais qui en ce moment même ne veut écouter ses excuses à la con.


Freya entend Selene s'annoncer d'un « Hey ». Elle courre vers elle pour la serrer dans ses bras très fort, puis la repousse.
- Papa est en colère et... triste aussi. Ça faisait longtemps que je ne l'avais pas vu frapper dans un sac de boxe, pour décharger sa colère. J'espère que tu as de bonne excuses à nous donner. Dit-elle en la guidant dans le fort, puis refermer derrière elles. PAPA, C'EST SELENE ! Crie-elle.


L'ancien PDG frissonne à l’acclamation de sa fille. Bordel ! Il faut qu'il garde son calme. Il se penche à la fenêtre. En la voyant, il veut sauter par dessus cette foutu fenêtre qui les sépare, l'enlacer fort pour être sûr que c'est elle et qu'elle ne reparte plus. Pourtant, il y a cette rancune qui s'est formé autour de sa colère et rage. Il lui en veut tellement. c'est elle au moins de l'inquiétude et la tristesse qu'elle a donné?
- Si c'est pour du trocs ou autres, occupe toi de Selene. Je dois finir de me préparer.
Pas de bonjour, pas d'embrassade ou accueil joyeux et encore moins son petit surnom. A part les premières heures de leur rencontre, il ne l'avait plus appelé par son prénom.


Freya pose une main sur épaule de Selene et lui sourit.
- Ne t'inquiètes pas, il t'aime trop pour ne plus te parler. Vas le voir, mais en douceur. Pas... pas ta Selene, quoi ! Du moins essayes les premières minutes.
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Re: Passing by

Mar 14 Aoû 2018 - 11:48

Même si ce n’était pas trop son truc, elle commençait à s’habituer aux embrassades de Freya. Chaque fois, la musicienne avait l’impression de retrouver son âge véritable et d’oublier pour quelques secondes le poids de ses obligations. Ces engagements, qu’elle prenait paradoxalement de son plein gré. Elle ne comprit pas tout de suite pourquoi la rouquine précisait l’humeur de son père, jusqu’à ce qu’elle lui parle d’excuses à donner. La froideur du concerné en s’apercevant de sa présence confirma ses soupçons, ce qui lui soutira un petit rictus blasé. Ça c’était la meilleure ! L’intention de l’étudiante était louable, en lui donnant des conseils pour arrondir les angles avec son géniteur, sauf qu’il y avait bien longtemps que Selene avait cessé d’être une petite fille sage ; surtout pour faire plaisir aux autres.

- J’étais pas « douce » même avec mon père, appuya-t-elle tout en se laissant entrainer, j’vais pas commencer maintenant parce que le tien fait du boudin.

Non-mais-oh. Deaglan avait le double de son âge pourtant, il devait bien comprendre que les enfants n’en étaient plus et qu’il ne pouvait pas surprotéger la planète entière. Était-ce du machisme ? Du paternalisme ? Un peu des deux ? La pianiste ne l’expliquerait pas autrement et surtout : elle ne céderait pas à la pression, même si ça partait d’une affection sincère. Eli n’avait pas su la brider par amour, l’ancien PDG n’avait aucune chance de réussir de son côté. Pénétrant dans le bâtiment où se trouvait le quadragénaire, la brunette fit exactement le contraire de ce que lui avait suggéré Freya. Sale habitude qui datait de son adolescence.

- Salut l’grand-père ! Qu’est-ce qui te rend bougon ? C’est la ménopause ?!

Elle n’était pas peu fière de sa petite blague. Bras croisés devant son aîné une fois qu’elle l’eut trouvé, elle le dévisagea de ses yeux glaciers sans baisser son regard brillant d’impertinence. Hors de question qu’elle le caresse dans le sens du poil : c’était à lui de comprendre qui elle était, pas à elle de s’adapter. Il aurait droit à une part calculée de la vérité, c’était déjà pas mal. Renvoyant sa crinière en arrière, elle prit la peine de préciser :

- J’ai eu pas mal de chose à faire ces derniers temps, je n’ai pas pu venir personnellement, désolée.

Des choses dont il n’aurait pour l’instant pas plus d’information, même s’il posait les bonnes questions. Selene compartimentait les données pour de très bonnes raisons, à commencer par la sécurité de tous. Les Euston, la prison, le ranch. Il était primordial que Deaglan et Freya restent en dehors du conflit. Alors si le quarantenaire se faisait trop insistant, la pianiste avait déjà quelques idées de mensonges à lui servir : elle était douée pour ça de toute façon.

- Tu te prépares pour quoi ? Je peux aider ?
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Re: Passing by

Mer 15 Aoû 2018 - 15:32

La fenêtre est toujours ouverte, même si les filles ne le voyaient pas, Deaglan pouvait les entendre. Surtout l'emmerdeuse qui parlait fort et  appuyait sur le « mon père ». Ouais, ça il le sait qu'il n'est pas son père. C'était inutile de le dire, à moins qu'elle est fait exprès de le dire. Du boudin ? Deaglan se fait pas du boudin, il est en colère et évite de lui préparer pour ne pas exploser.

Dos à la porte, il entend quelqu'un entrer dans sa chambre. Même si elle est ouverte Freya aurait toqué, c'est donc l'emmerdeuse qui le salut en l’appelant « grand-père ». Et pour couronner le tout, elle ose lui demander s'il est en ménopause. Sérieux ? Il se retourne brusquement, la fusille des yeux, se retourne et il lui répond d'un ton le plus neutre possible.
- Pour ça il faudrait que je sois une femme. Et si tu penses à l'expression « mal baisé », sache que la mère de Freya est et restera la seule femme que j'ai eu. Donc, l'abstinence n'est pas un soucis de saute d'humeur de ma part, depuis des années.
Sûr ses mots, il quitte la chambre direction la cuisine. C'est complètement débile de parler de sa vie sexuelle, mais il n'a vraiment pas envie d'entendre un autre pique de sa part.
- Ma puce ? Tu as mis...
- Dans le panier, sur ton vélo, papa.
Deaglan embrasse sa fille et va vers son deux roues.

Dehors, le quadragénaire s’arrête quand Selene lui sort un « désolé », il rit jaune.
- Laisses tomber Selene. Je suis pas un membre de ton groupe et encore moins de ta famille, même si Freya et moi même on te considère comme un membre à part de la notre. Dit-il en retenant des larmes qui menaçaient d’apparaître. Trop tard, il a de nouveau fixé les yeux de la brunette et ses émotions prennent le pas sur lui. Il passe ses mains devant le visage et dans ses cheveux... qu'il n'a plus. Cinq semaines. Ça fait cinq Putains de semaines, que j’attends désespérément de tes nouvelles. Mais rien... nada ! Tu te dis que j'ai pas a me mêler de tes affaires, oui c'est vrai. Pourtant, je ne peux m'en empêcher. Depuis, que je t'ai amené au fort, je n'arrive a te voir autrement qu'une fille, ma fille. Le quadragénaire se met encore à rire jaune. Ouais, c'est complètement con, fou ou les deux! Mais, ces putains de sentiments sont là. Appuie t-il en pressant son index sur son cœur. Que tu les veuilles ou pas, ils sont là, alors débrouilles toi avec.
C'est pas très malin ce qu'il vient de faire, Deaglan le sait. Mais le dire ici, laisse à Selene le choix de partir loin de sa révélation. Il aurait aimé, qu'elle soit à ses côtés pour cette sortie, mais si pendant l’excursion, le quadragénaire lui avait balancé ça ! Elle se saurait senti piégé et le résultat aurait été catastrophique.

L'ancien PDG est a bout de souffle à la fin de sa phrase, comme s'il avait fait un marathon de plusieurs heures. Il a les yeux baisser, il ne veut pas la voir, après ce qu'il vient de lui avouer. Elle va le prendre pour un taré, peu importe. Il se calme, respire un grand coup et change de sujet.
- Maintenant, excuses moi mais je dois finir de me préparer. Et pour répondre à tes autres questions, je pars faire des réserves en eaux, nourritures et essences, il n'a pas plu depuis très longtemps et on doit garder l'eau pour le potager. Il nous reste deux ou trois semaines de légumes. Les pommes de terre, les citrouilles et autres seront comestibles qu'à fin octobre. Deaglan propose d'un ton plus doux, les yeux toujours braqué ailleurs que Selene. Tu peux rester avec Freya si tu veux, je pars deux jours.
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Re: Passing by

Jeu 16 Aoû 2018 - 10:05

Femme ou pas, c’était carrément la ménopause. Ce fut ce que se dit mentalement la jeune femme avant que son aîné ne craque en lui avouant brutalement ses sentiments. Ses yeux bleus allèrent de Deaglan à Freya, plusieurs fois, sans qu’elle n’arrive à prononcer le moindre mot. Elle avait beau savoir masquer ses émotions derrière une épaisse couche de glace, son empathie maladive restait plus intense que tout le reste. Ça lui serrait le cœur de voir à quel point le quadragénaire tenait à elle et surtout… de voir qu’elle ne pouvait pas vraiment répondre à son affection de la même façon. Elle s’était finalement pincé les lèvres, jusqu’à ce que l’ancien PDG suggère qu’elle reste avec la rouquine.

- Je viens avec toi, annonça-t-elle du tac-o-tac, juste pour aujourd’hui.

La musicienne ne pouvait pas se permettre de disparaître deux jours sans avoir prévenu les autres, pas à une époque pareille. Elle attrapa sa tête dans ses mains puis la relâcha en poussant un grand soupir. C’était vraiment elle la plus jeune des deux ? Parfois, elle avait la sensation que c’était l’inverse. Selene aurait aimé sourire, prendre Deaglan dans ses bras, lui dire qu’elle ferait des efforts désormais, mais… ce n’était juste pas dans sa nature. Ce n’était pas possible.

- Ça me touche sincèrement, je ne te fais pas… « attendre » par plaisir, souffla-t-elle avec précaution, j’ai vraiment eu un programme chargé, je ne peux pas… faire des visites de courtoisie juste pour rassurer mes amis. Pas pour l’instant, dire qu’elle avait la sensation de marcher sur des œufs alors que concrètement, elle n’avait rien fait de mal ! Dis-toi que… dis toi que je survis de toute façon. C’est ma spécialité maintenant.

En dépit des blessures, des cicatrices, des mutilations, elle était toujours là. Pour atteindre cette journée, la pianiste avait pris le chemin difficile, celui où le ciel menaçait de se fendre en deux, où l’orage n’était jamais bien loin. Le quadragénaire la voyait comme une fille, sauf qu’elle n’en était plus une depuis longtemps. Plus dans le sens d’une personne fragile qui avait besoin de la présence d’un père en tout cas. C’était un fait qui ne saurait changer.

- Et quand tout sera fini, elle ne précisait volontairement pas ce que ce « tout » signifiait, on se verra plus souvent, j’en suis sûre ! L’esquisse d’un sourire creusa subtilement les fossettes de ses joues pâles, il faut que tu me fasses confiance. Je vous laisse pas tomber.

Ça lui coutait de dire ça. Même si la promesse était sincère, Selene n’avait jamais été aussi peu sûre de la tenir. L’affrontement qui se présageaient contre les bourreaux du ranch ferait des victimes, elle en était certaines. C’était l’évidence même de toutes les guerres : il y avait des pertes. Peut-être alors que Deaglan avait raison de s’en faire. Peut-être. Mais elle ne savait pas se montrer aussi ouverte ou aussi sincère.

- On part faire tes réserves ?!
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Re: Passing by

Ven 7 Sep 2018 - 10:35

De la princesse tout craché ! La seule réponse qu'elle a, est « Je viens avec toi ». Elle esquive la révélation sur un autre sujet. Deaglan sait que sa princesse n'est pas une personne ouverte et il aurait été sur le cul de l'entendre répondre à ses sentiments. Et il lui en veut pas. Pour lui, elle n'est pas si insensible qu'elle le pense. Elle a seulement une immense carapace qui entoure son rôle de chef. Se refermer est-il le meilleure moyen de ne pas être blessé, quand on perd un être cher ? Le quadragénaire pense que non. Tous les sentiments rendent les humains plus fort, qu'ils soient positifs et négatifs.

Tous les parents voient quand leur enfant ment. Deaglan n'est pas le père de sang et de chair de Selene, mais il sent que la promesse de cette dernière est bancale. De la vérité mélangée avec du mensonge est le meilleur moyen de rassurer une personne. Il l'a regarde droit dans les yeux, espérant un miracle qu'elle flanche pour expliquer le « tout », mais dans un sens, ça ne serait pas sa princesse de glace.
Dans un soupir exaspéré, il lui répond.
- Très bien. On va dire, que tu m'as dit entièrement la vérité. Deaglan pose ses mains sur les épaules de la jeune femme avec un air très sérieux. Mais je veux que tu me fasses une vraie promesse, c'est de venir au fort avec ton groupe, en cas de problème. Je sais que tu es assez forte pour te protéger toute seule et que tes actions t'ont permis d'avoir un statut de chef. Et que ma protection est faible, mais je t'aime comme ma fille et j'en voudrais toute ma vie de ne t'avoir pas assez aidé. Les parents ne sont pas là pour dire comment son enfant doit faire les choses, mais de les guider et aider du mieux qu'ils peuvent. Si tu viens au fort, je te laisserai commander tes hommes comme bon te semble, mais n'oublies pas que je suis le propriétaire de Nisqually et que tu n'as pas d'emprise sur Freya ou moi même. Deaglan veut enlacer Selene, comme il fait avec Freya, mais s'abstient. Bon ! Maintenant qu'on s'est fait des promesses, on devrait...
Le quadragénaire stoppe net de parler et remarque un début de cicatrice sur le cou de sa princesse. Sans ménage, il écarte de quelques centimètre le haut, pour mieux voir. Le regard de l'ancien PDG se fait noir, il veut crier, hurler et tuer le connard qu'il lui a fait ça. Gardant son calme, malgré ses mains tremblante de colère, il lui demande.
- Qui ? Est ce ça, ton « tout » ?

- Papa ? Tu n'oublies pas de... quelque chose ne va pas ?
Deaglan tourne la tête vers Freya. Merde ! Il ne veut pas qu'elle apprend ce qu'il est arrivé à Princesse. Pas maintenant. Peut être à son retour.
- Selene vient de me dire, qu'elle m'accompagne la première journée.
C'est à ce moment précis que la princesse insiste pour qu'ils partent faire les réserves. Deaglan la fixe dans les yeux, pour dire que leur conversation n'est pas terminée.
- Ma puce. Avec Princesse, on va charger le vélo dans sa voiture pour que je rentre plus tôt demain. N'oublies pas de bien fermer dernière nous.

Il s'éloigne de Selene et embrasse une dernière fois Freya, avant d'emmener son vélo à l'extérieur.
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Re: Passing by

Ven 7 Sep 2018 - 21:13

Elle avait eu du mal à fixer Deaglan dans les yeux pendant tout son discours. Parce qu’une fois de plus, il lui accordait plus d’affection qu’elle n’en méritait ; plus qu’elle ne saurait en rendre. D’autant que son offre n’était pas à prendre à la légère. Ce serait mentir de dire qu’elle n’avait pas déjà envisagé de venir se pointer au fort en cas de dernière recours, mettant plus ou moins le propriétaire au pied du mur. Le voir proposer son aide de lui-même c’était… à la fois rassurant – parce qu’elle pourrait amener les siens ici sans crainte – mais ça lui donnait la sale sensation d’être redevable. La prison n’avait dépendu de personne jusqu’à maintenant et elle aimerait que ça ne change pas.

- Oui, je… j’y penserai, avait-elle répondu dans un souffle, merci.

La musicienne, fière, refusait d’admettre en une promesse formulée à haute fois que de toute façon, Nisqually était sa meilleure option sur son refuge venait à tomber. La seule, aussi. Nénmoins, cet endroit était idéal, idyllique. Un cadre bien meilleur pour Elizabeth, même si les graffitis de son père sauraient égayer les murs tristes des bâtiments carcéraux. Elle ne comprit malheureusement que trop tard pourquoi le quarantenaire s’était arrêté de parler et son geste instinctif pour l’empêcher de voir sa cicatrice ne pouvait plus rien dissimuler du tout. Et c’était parti…

- C’est rien, c’est bon…, mentit-elle alors qu’il suffisait de regarder les points pour savoir que l’égorgement n’était pas passé loin.

Deaglan eut au moins la délicatesse de ne pas lancer un débat ouvert avec Freya mais le regard qu’il lui lança était lourd de sens : ils n’avaient pas fini d’en discuter. Prenant les devants pour rejoindre sa voiture, elle ouvrit le coffre et attendit que l’ancien PDG vienne y charger son vélo. Maintenant que la porte des souvenirs était ouverte, elle ne pouvait s’empêche de ressasser son affrontement à mort avec la jeune femme. Joy. A vrai dire, Selene n’arrivait pas à trouver des circonstances atténuantes à cette inconnue qui s’était montrée gratuitement méchante d’un bout à l’autre. Pourtant… elle avait la sensation que ça n’excusait pas la sauvagerie dont elle avait fait preuve.

- Sérieusement Deaglan… laisse tomber, c’est rien, relança-t-elle en espérant l’empêcher de s’épancher sur le sujet, c’est réglé comme histoire. J’t’assure. Et j’veux pas te mêler à ça, céda-t-elle dans un demi-murmure.

Ça : sa vie. Chaotique et violente, le plus souvent. Ici, elle avait l’impression d’entrer dans un micro-univers préservé, où on cueillait des fruits et chassait les lapins. Elle ne voulait pas être celle qui ferait changer la donne pour les Euston, parce que la naissance de sa fille lui avait prendre conscience de l’impasse que représentait ce mode de vie. On disait bien que qui vivait par l’épée périssait par l’épée. Aujourd’hui, elle aspirait à connaître encore de nombreuses années et en même temps… elle ne savait s’arrêter de tirer sur la corde.
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