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Another day in paradise
Sam 18 Aoû 2018 - 22:38
“Extinction is the rule. Survival is the exception.”
Août 2018
Les enseignements de Laura ont finalement porté leurs fruits. J'ai attrapé un lièvre au collet. Après presque quatre mois d'infructueuses tentatives, j'ai enfin réussi. Bon, techniquement, je n'ai aucune idée de ce que j'ai fait mieux que les autres fois donc je mets ça sur le compte de la chance mais c'est déjà un début. Encore un remerciement de plus quand je les reverrai. Si je les revois... J'espère qu'ell...
Elle secoue le stylo dans un réflexe stupide qui, elle le sait, n'aura aucun autre effet que celui de la rendre ridicule, avant de reporter la pointe sur son carnet de bord, qui refuse de noircir davantage le papier jauni. « Et merde ! » C'était bien sa veine. D'une pression de la main elle le brise en deux, envoyant valser les deux morceaux de plastique plus loin sur le béton crasseux de son coin de paradis. Relisant les quelques lignes écrites, ses pensées vagabondent vers son ancien groupe, celui avec lequel elle a passé le dernier hiver, exclusivement composé de femmes. Elle ne peut qu'espérer que tout va pour le mieux, sans pouvoir s'en assurer. Elle évite également de laisser son esprit s'attarder top longuement sur leur chef, Rider, dont l'intimité récente l'a poussé à partir au printemps. Le mot qu'elle lui a laissé en quittant Greenwater était assez équivoque. Si cette dernière veut la revoir, elle sait où la trouver. Refermant son carnet d'un geste sec pour couper court à une nostalgie qu'elle ne peut pas se permettre, Clarke le range soigneusement dans une poche latérale de son sac, avant de contrôler l'état de son sweat à capuche, étendu à côté d'elle, malheureusement encore humide. Le temps est capricieux aujourd'hui et les averses des orages d'été l'ont surpris plusieurs fois sur la route en direction de l'entrepôt. Seul point positif, ça lui a permis de faire un brin de « toilette » et de retirer la poussière de ces derniers jours passés sur la route.
La jeune femme a débarqué au No man's land il y a quelques heures, en plein milieu de l'après midi, dans l'intention d'échanger la viande fraîche capturée le matin même contre de la viande séchée et une conserve de haricots, plus pratiques sur la route. À présent installée dans un angle du grand entrepôt, elle a pris place sur une palette de bois, s'assurant d'avoir un mur dans son dos et sur l'un de ses côtés. Une sécurité à laquelle elle tient, lui donnant un meilleur champ de vision sur les autres et évitant toute possible attaque sournoise par derrière. L'entrepôt est relativement calme aujourd'hui, pas plus d'une dizaine de personnes, mais la pluie risque de rameuter quelques âmes errantes à la recherche d'un abri pour la nuit. Quelques visages connus pour être des habitués des lieux. Certains qu'elle ne jamais vus. C'est ce qui lui plaît ici. Les habitudes qui naissent de ce néant sans lois ni leader, et les nouveautés qu'apportent l'endroit à chaque fois qu'elle se laisse traîner jusqu'ici. Relevant ses yeux sur un jeune homme d'à peine vingt ans – de sa propre analyse – elle le voit glisser son regard sur ses tatouages, avant de passer son chemin pour s'installer plus loin, à une dizaine de mètres de son emplacement. Ce n'est pas la première fois qu'ils sont installés si près l'un de l'autre sans pourtant jamais s'être adressés la parole. Elle-même laisse retomber ses yeux sur ses bras entièrement recouverts d'encre, se sentant légèrement exposée seulement vêtue d'un débardeur blanc – qui tire maintenant sur le gris – mais la nécessité de faire sécher ses vêtements l'y oblige. Elle finit par couvrir sa tête d'un bonnet noir, comme pour compenser grossièrement.
Elle sait qu'il lui est plus difficile de passer incognito ici qu'aux débuts. Quand elle portait volontairement des vêtements trop grands et couvrait sa tête pour ne pas qu'on distingue son visage. Pour ne pas qu'on devine ses traits féminins. Aujourd'hui, les habitués des lieux commencent à la connaître. Disons que si certains cherchent un mécano pour réparer leur véhicule, ils savent venir la trouver, et à défaut, quelqu'un d'autre lui dira « d'aller trouver Monroe. » C'est son identité ici. Monroe. Personne ne connaît son prénom. Ni son passé. Juste le strict minimum et ce qu'elle a à échanger. C'est sans doute ça qui lui plaît tant. La possibilité de n'être que ça. Monroe. La mécano. Certes, ce rôle est synonyme de solitude la plupart du temps. Mais c'est toujours mieux que d'être confrontée à la perte, encore et toujours. C'est en tout cas ce qu'elle croit. Ou se force à croire...
Mais telle est sa devise depuis plus d'un an et demi maintenant: Ne pas passer l'hiver seule. Ne pas s'attacher. Se protéger. Rester discrète.
Les enseignements de Laura ont finalement porté leurs fruits. J'ai attrapé un lièvre au collet. Après presque quatre mois d'infructueuses tentatives, j'ai enfin réussi. Bon, techniquement, je n'ai aucune idée de ce que j'ai fait mieux que les autres fois donc je mets ça sur le compte de la chance mais c'est déjà un début. Encore un remerciement de plus quand je les reverrai. Si je les revois... J'espère qu'ell...
Elle secoue le stylo dans un réflexe stupide qui, elle le sait, n'aura aucun autre effet que celui de la rendre ridicule, avant de reporter la pointe sur son carnet de bord, qui refuse de noircir davantage le papier jauni. « Et merde ! » C'était bien sa veine. D'une pression de la main elle le brise en deux, envoyant valser les deux morceaux de plastique plus loin sur le béton crasseux de son coin de paradis. Relisant les quelques lignes écrites, ses pensées vagabondent vers son ancien groupe, celui avec lequel elle a passé le dernier hiver, exclusivement composé de femmes. Elle ne peut qu'espérer que tout va pour le mieux, sans pouvoir s'en assurer. Elle évite également de laisser son esprit s'attarder top longuement sur leur chef, Rider, dont l'intimité récente l'a poussé à partir au printemps. Le mot qu'elle lui a laissé en quittant Greenwater était assez équivoque. Si cette dernière veut la revoir, elle sait où la trouver. Refermant son carnet d'un geste sec pour couper court à une nostalgie qu'elle ne peut pas se permettre, Clarke le range soigneusement dans une poche latérale de son sac, avant de contrôler l'état de son sweat à capuche, étendu à côté d'elle, malheureusement encore humide. Le temps est capricieux aujourd'hui et les averses des orages d'été l'ont surpris plusieurs fois sur la route en direction de l'entrepôt. Seul point positif, ça lui a permis de faire un brin de « toilette » et de retirer la poussière de ces derniers jours passés sur la route.
La jeune femme a débarqué au No man's land il y a quelques heures, en plein milieu de l'après midi, dans l'intention d'échanger la viande fraîche capturée le matin même contre de la viande séchée et une conserve de haricots, plus pratiques sur la route. À présent installée dans un angle du grand entrepôt, elle a pris place sur une palette de bois, s'assurant d'avoir un mur dans son dos et sur l'un de ses côtés. Une sécurité à laquelle elle tient, lui donnant un meilleur champ de vision sur les autres et évitant toute possible attaque sournoise par derrière. L'entrepôt est relativement calme aujourd'hui, pas plus d'une dizaine de personnes, mais la pluie risque de rameuter quelques âmes errantes à la recherche d'un abri pour la nuit. Quelques visages connus pour être des habitués des lieux. Certains qu'elle ne jamais vus. C'est ce qui lui plaît ici. Les habitudes qui naissent de ce néant sans lois ni leader, et les nouveautés qu'apportent l'endroit à chaque fois qu'elle se laisse traîner jusqu'ici. Relevant ses yeux sur un jeune homme d'à peine vingt ans – de sa propre analyse – elle le voit glisser son regard sur ses tatouages, avant de passer son chemin pour s'installer plus loin, à une dizaine de mètres de son emplacement. Ce n'est pas la première fois qu'ils sont installés si près l'un de l'autre sans pourtant jamais s'être adressés la parole. Elle-même laisse retomber ses yeux sur ses bras entièrement recouverts d'encre, se sentant légèrement exposée seulement vêtue d'un débardeur blanc – qui tire maintenant sur le gris – mais la nécessité de faire sécher ses vêtements l'y oblige. Elle finit par couvrir sa tête d'un bonnet noir, comme pour compenser grossièrement.
Elle sait qu'il lui est plus difficile de passer incognito ici qu'aux débuts. Quand elle portait volontairement des vêtements trop grands et couvrait sa tête pour ne pas qu'on distingue son visage. Pour ne pas qu'on devine ses traits féminins. Aujourd'hui, les habitués des lieux commencent à la connaître. Disons que si certains cherchent un mécano pour réparer leur véhicule, ils savent venir la trouver, et à défaut, quelqu'un d'autre lui dira « d'aller trouver Monroe. » C'est son identité ici. Monroe. Personne ne connaît son prénom. Ni son passé. Juste le strict minimum et ce qu'elle a à échanger. C'est sans doute ça qui lui plaît tant. La possibilité de n'être que ça. Monroe. La mécano. Certes, ce rôle est synonyme de solitude la plupart du temps. Mais c'est toujours mieux que d'être confrontée à la perte, encore et toujours. C'est en tout cas ce qu'elle croit. Ou se force à croire...
Mais telle est sa devise depuis plus d'un an et demi maintenant: Ne pas passer l'hiver seule. Ne pas s'attacher. Se protéger. Rester discrète.
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Re: Another day in paradise
Dim 19 Aoû 2018 - 10:53
Cela faisait déjà plus de dix jours qu’Eleanor avait quitté le golf et la compagnie de Corey, Hernando et Mike. Elle avait promis à son ami d’être prudente et de rentrer entière, mais elle se devait de sortir, elle ne pouvait pas rester enfermée là-bas, ce n’était pas le but, ce n’était pas pour cette raison que l’australien l’avait conviée à partager ce maigre refuge avec eux. La rousse était consciente des dangers de ce monde, des mois seule sur les routes depuis Everett l’avaient vaccinée contre les pires choses de ce monde, la première étant bien entendu les survivants, mais pourtant elle avait toujours cette sensation de tomber de haut en constatant la noirceur qui prenait possession de ses semblables. Elle était déjà là. Oui, cette noirceur avait toujours fait partie intégrante de l’Humain, la cruauté dont peu d’animaux étaient dotés à ses yeux aux reflets rubis. Mais pourtant, il y avait de ces rencontres qui lui permettaient de s’élever à nouveau vers les cimes de naïveté qu’elle fréquentait le plus souvent, comme Mina cette adolescente débrouillarde qui l’avait aidée et qu’elle avait aidée en retour.
Depuis, Eleanor avait passé son chemin, Mina avait également repris sa route. La rousse avait dans son sac à dos son traditionnel attirail et un stylo trouvé dans la salle de classe qu’elles avaient fouillée. Mais elle avait également en sa possession quelques petites fioles de produits chimiques, ceux qui n’étaient pas volatiles, pas dangereux mais qui pourraient peut-être l’aider. Elle n’avait pas retenu les noms et bêtement elle avait oublié de noter sur les fioles de quoi il s’agissait, tant pis. C’était le cadet de ses soucis alors que l’orage se levait, les premières gouttes sonnaient comme une délivrance, cette pluie bienveillante qui lavait tout, tout sauf la laideur de ce nouveau monde. Son objectif était clair pour la journée qui arrivait ; rejoindre le No man’s land. Là-bas, Eleanor pourrait se reposer, elle n’y avait mis les pieds qu’une ou deux fois par le passé, mais elle avait bien compris le fonctionnement de cet endroit et elle s’y était sentie plus en sécurité que dans bien d’autres endroits. La seule chose qui lui avait manquée, c’était l’autre à part cette fois où elle avait pu discuter un peu avec cette mécanicienne.
Trempée comme si elle venait de nager à travers le Puget Sound pendant des jours, sa capuche à deux doigts de fusionner avec sa crinière de feu, la rousse poussa la lourde porte de l’entrepôt. Aussitôt il lui sembla que tous les regards dans la pièce se tournèrent vers elle. Un maigre sourire désolé étira ses traits, elle faisait rentrer l’humidité et la fraicheur de l’extérieur. Un feu était allumé dans un coin, aussi Eleanor alla s’y poser tout près, ôtant son sweat coloré – et passablement décoloré surtout – pour tenter de le faire sécher.« Excusez-moi vous n’auriez pas un cintre ? » demanda-t-elle à un homme étendu près du feu. A son bougonnement et son air renfrogné, elle en déduit que non, il n’avait pas de cintre. Mordillant sa lèvre inférieure, Ely resta là quelques minues, balayant la zone du regard jusqu’à voir cette silhouette dans un coin. Elle n’en était pas certaine mais il lui sembla reconnaître Monroe. C’était elle la mécanicienne et à l’échelle de ce monde, Eleanor dans sa grande naïveté rafraichissante la considérait presque déjà comme une de ses meilleures amies.
La rousse se redressa aussitôt, faisant quelques pas dans la direction de la jeune femme avant de tourner les talons. Elle n’allait pas laisser ses affaires ici sans surveillance, tout de même.« Désolée je vais aller m’installer là-bas. » glissa-t-elle timidement à l’homme qui ne lui adressa même pas un seul regard en râlant dans sa barbe de six mois. Son sac à dos dans une main et sa veste trempée dans l’autre Ely avança vers celle qu’elle pensait être Monroe. Les tatouages la confortèrent dans cette idée même si elle n’avait pas vraiment pu trop les voir lors de cette rencontre. C’était toujours ce même sentiment rassurant de revoir une silhouette et un visage connu. Plantée devant elle, l’ancienne assistante posa son sac sur ses pieds, sa veste gouttant le long de son corps alors qu’elle soulevait sa main droite dans la direction de la brune.« Hey ! Tu te rappelles de moi ? Eleanor, ou Ely. Je peux m’asseoir ici ? » Si elle ne se rappelait pas … eh bien tant pis.
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Re: Another day in paradise
Mar 21 Aoû 2018 - 4:57
“Extinction is the rule. Survival is the exception.”
Coudes appuyés sur les genoux, tête calée dans ses mains, elle perd son regard sur une fissure dans le sol qui court dans le béton et s'échappe entre ses pieds, passant sous la palette de bois sur laquelle elle a pris place. Plusieurs fois, elle entend la lourde porte métallique grincer pour signaler l'arrivée de nouveaux voyageurs, sans pour autant relever le visage dans leur direction. Tant qu'ils ne pénètrent pas son espace vital – et de sécurité – elle se moque bien de qui passera la nuit en ce lieu. C'est ce qu'elle craignait. La pluie amène avec elle plus d'âmes égarées que de coutume. Mais ce n'est pas si mal. Ça offre plus de possibilités. Se focaliser sur l'aspect positif des choses puisqu'elle n'a aucun contrôle sur le reste. Ça lui a pris du temps. Énormément de temps. Pour être honnête, la jeune femme n'est pas certaine de réussir parfaitement l'exercice. Mais il faut être réaliste. Il y a peu de chances de vivre vieux dans ce nouveau monde. Une de ces choses peut vous mordre. Vous pouvez en tuer dix, cinquante, mille. Il suffit d'une fois, les statistiques sont contre vous. Et si ce n'est pas le virus qui vous emporte, c'est un autre survivant qui aura votre peau. Pour une arme, pour de la nourriture, pour moins que ça ou juste pour s'insérer entre vos cuisses. La pensée lui étire un frisson et elle la renvoie loin dans sa conscience, là où les images de son agression ne peuvent l'ennuyer au quotidien. C'est pourquoi il est important de se focaliser sur les choses positives, aussi minces et brèves soient elles. Du moins c'est ce que la mécanicienne tente de faire depuis quelques mois. Prendre les choses comme elles viennent sans chercher à analyser tout ce qui lui arrive, en évitant de s'attacher à quiconque pour ne pas voir à perdre et à souffrir. Ça ne rend pas les choses plus aisées. La solitude, si elle lui reste salutaire la majeure partie du temps, lui pèse parfois un peu trop. Cinq mois qu'elle arpente les routes et commerce avec d'autres survivants pour se nourrir. Cinq mois qu'elle traîne ses fesses dans la périphérie du No man's land sans chercher à se poser nul part. Cinq mois de solitude parfois difficile à supporter.
Mais visiblement, pas aujourd'hui. Il lui faut quelques secondes pour comprendre que la voix féminine qui vient de briser ce silence imposé s'adresse en fait à elle et Clarke redresse le visage sur l'inconnue, qui ne l'est pas tant que ça. Certes, elle ne se rappelait pas son prénom et le petit rappel de la jeune femme lui est grandement utile, mais son visage, cette crinière de feu, trempée à cause de la pluie, eux, sont bien ancrés dans sa mémoire. Eleanor. Qui ressemble présentement à une serpillière humaine. Quelques longues secondes de plus, c'est le temps à la tatouée pour se rappeler de sa question et se décaler légèrement pour lui céder une place. « Bienvenue dans mon palace... » Sarcasme amical qui lui sied si bien depuis toujours. « Désolée, pas de feu ce soir et tout le bois à quinze kilomètres à la ronde doit être trempé » Un rapide coup d'oeil sur ses vêtements mouillés qui doivent être inconfortables et qui ne l'aideront sûrement pas à se réchauffer. Puis Clarke retombe dans son silence habituel. Elle n'a jamais été une grande bavarde, même avant que le monde parte en couilles. Les habiletés sociales, ça n'a jamais été son fort. La solitude forcée qu'elle s'impose depuis plus d'un an, même entrecoupée par les hivers au sein de petits groupes, n'aide en rien sa capacité à s'ouvrir aux autres. Elle n'est pas sauvage ou acariâtre mais ça ne rend pas le dialogue plus facile. Nouveau coup d'oeil sur la veste de la rouquine qui continue de goutter. Nouveau silence. Nouveau coup d'oeil. Elle expire bruyamment avant de tendre la main en direction de la jeune femme. « Donne. » Une réclamation plus qu'un ordre et elle retire son propre sweat à capuche de la corde qu'elle a tendu plus tôt et attaché de chaque côté du mur, le remplaçant par la veste trempée de Eleanor. Elle finit par étendre son sweat sur le béton, qui terminera d'absorber l'humidité qui reste. « Comme j'ai dit, j'ai pas de feu mais ce sera toujours plus rapide comme ça. » Un bref coup d'oeil vers la jeune femme, un mince et très bref sourire avant de détourner son regard et de se replonger dans le silence. À défaut d'être douée dans les interactions sociales, elle peut au moins lui rendre ce micro service.
Mais visiblement, pas aujourd'hui. Il lui faut quelques secondes pour comprendre que la voix féminine qui vient de briser ce silence imposé s'adresse en fait à elle et Clarke redresse le visage sur l'inconnue, qui ne l'est pas tant que ça. Certes, elle ne se rappelait pas son prénom et le petit rappel de la jeune femme lui est grandement utile, mais son visage, cette crinière de feu, trempée à cause de la pluie, eux, sont bien ancrés dans sa mémoire. Eleanor. Qui ressemble présentement à une serpillière humaine. Quelques longues secondes de plus, c'est le temps à la tatouée pour se rappeler de sa question et se décaler légèrement pour lui céder une place. « Bienvenue dans mon palace... » Sarcasme amical qui lui sied si bien depuis toujours. « Désolée, pas de feu ce soir et tout le bois à quinze kilomètres à la ronde doit être trempé » Un rapide coup d'oeil sur ses vêtements mouillés qui doivent être inconfortables et qui ne l'aideront sûrement pas à se réchauffer. Puis Clarke retombe dans son silence habituel. Elle n'a jamais été une grande bavarde, même avant que le monde parte en couilles. Les habiletés sociales, ça n'a jamais été son fort. La solitude forcée qu'elle s'impose depuis plus d'un an, même entrecoupée par les hivers au sein de petits groupes, n'aide en rien sa capacité à s'ouvrir aux autres. Elle n'est pas sauvage ou acariâtre mais ça ne rend pas le dialogue plus facile. Nouveau coup d'oeil sur la veste de la rouquine qui continue de goutter. Nouveau silence. Nouveau coup d'oeil. Elle expire bruyamment avant de tendre la main en direction de la jeune femme. « Donne. » Une réclamation plus qu'un ordre et elle retire son propre sweat à capuche de la corde qu'elle a tendu plus tôt et attaché de chaque côté du mur, le remplaçant par la veste trempée de Eleanor. Elle finit par étendre son sweat sur le béton, qui terminera d'absorber l'humidité qui reste. « Comme j'ai dit, j'ai pas de feu mais ce sera toujours plus rapide comme ça. » Un bref coup d'oeil vers la jeune femme, un mince et très bref sourire avant de détourner son regard et de se replonger dans le silence. À défaut d'être douée dans les interactions sociales, elle peut au moins lui rendre ce micro service.
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Re: Another day in paradise
Mer 22 Aoû 2018 - 22:20
Bienvenue dans mon palace... Eleanor esquissa un sourire, le sarcasme ne trouvait pas sa place dans son univers, la rousse était trop positive, quand elle parlait d’un palace c’était que réellement elle avait la sensation de posséder quelque chose de merveilleux, de grandiose. Et cet entrepôt où les vivants pouvaient s’abriter, échanger, être à nouveau humains, eh bien cela avait des airs de grandiose pour elle. Sans se faire prier davantage, Eleanor s’installa, sa veste trempée contre ses jambes.« Oh ce n’est pas grave, il ne fait pas vraiment froid de toute manière. »
Ouvrant son sac à dos, Eleanor commença à fouiller, grimaçant en constatant qu’il était aussi trempé que le reste. Fort heureusement tout ce qu’il contenait n’était pas bon à jeter. Restait sa veste qui goutait mollement au sol, posée contre son genou replié. C’était un étendoir à linge de fortune, fait à partir d’une jambe, la sienne. Donne. L’ancienne assistante tourna la tête dans la direction de Monroe, papillonnant un instant des cils avant de comprendre ce qu’elle voulait. Timidement elle lui tendit la veste et la regarda installer sa veste à elle au sol pour la remplacer sur ce fil – qui était un vrai étendoir de fortune – par sa propre veste.« Merci … » répondit la rousse à ce geste et aux paroles qui l’accompagnaient.
Monroe lui avait donné cette impression lors de cette première rencontre, elle était de ces personnes qui parlaient peu mais qui donnaient beaucoup. Farfouillant à nouveau dans son sac en grimaçant, Eleanor en sortit deux barres de céréales à la pomme et à la cannelle. Elle en tendit une à la brune à ses côtés.« Tiens, en guise de remerciement. Elles sont à peine périmées. » De deux ou trois mois, ou plus, ça ne craignait rien de toute manière, non ? Puis quels autres choix avaient-ils après tout ?
L’emballage de cette maigre collation se froissa lorsqu’elle l’ouvrit, perturbant le calme relatif de l’endroit. Une moue désolée traversa ses traits, tête rentrée dans les épaules, avant que finalement elle ne parvienne à son objectif, fourrer le repas dans sa bouche.« Tu es restée ici depuis tout ce temps ? » ramenant ses genoux contre sa poitrine, Eleanor grignota son maigre repas, un goûter tout au plus. Ses yeux balayèrent la zone, observant les visages fermés, les silhouettes renfermées sur elles-mêmes. C’était curieux endroit, ils n’y étaient pas seuls et pourtant.
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Re: Another day in paradise
Ven 24 Aoû 2018 - 20:47
“Extinction is the rule. Survival is the exception.”
Monroe se contente d'un simple sourire, plus que bref, en réponse au remerciement de la jeune femme, préférant ne pas s'épancher sur ce genre de choses. D'ordinaire, elle n'apprécie pas particulièrement la compagnie des autres survivants à l'intérieur des murs froids de ce hangar industriel. Il faut dire qu'ils sont tous un peu trop comme elle. Morne, le visage fermé et avec l'impression d'avoir le poids du monde sur les épaules. Personne n'a envie de jouer à ce jeu de miroirs désolant, en tout cas pas elle. Et puis, si l'endroit offre une certaine sécurité quant à l'extérieur et ces choses qui rôdent inlassablement aux alentours, la confiance ne règne pas pour autant en maître. Se livrer à autrui reste un risque. Celui de se faire poignarder dans le dos, au sens figuré et au sens beaucoup plus littéral du terme. Elle doit l'avouer, elle a bien du mal à supporter les gens ici, autre que pour troquer ses services. La rouquine est une exception, encore que, la tatouée n'a pas eu à la supporter tant que ça, les fois où elles se sont parlées se comptant sur les doigts d'une main. Quoi qu'il en soit, tant que cette dernière restait discrète et ne l'assommait pas de monologues inintéressants, Clarke n'avait aucune raison de l'envoyer promener. Un peu de contact humain dans cet océan de solitude n'était clairement pas à rejeter. Même s'il restait ponctuer de méfiance, de politesse exagérée et de moments partagés aussi brefs que rares.
Louchant sur la barre de céréale, elle hésite un instant. « Tu n'es pas obligé de... » Mais elle se ravise. Elle a beau estimer que son geste ne mérite pas une rémunération, elle se dit que du sucre en barre peut difficilement se refuser. La jeune femme tend donc la main vers la friandise, la prenant doucement sans pour autant l'ouvrir. « Merci. » Un bref coup d'oeil et elle joue un instant avec l'emballage, se réservant le précieux sésame pour un autre moment où elle en aura réellement besoin. Deux collations ont rempli son estomac aujourd'hui, et elle préfère ne pas l'habituer à plus. Vérifiant la date de péremption de la barre entre ses mains, un léger sourire étire ses lèvres. « La plupart des dates limites de consommation n'étaient là que pour dédouaner les grands industriels au cas où. La majorité des produits pouvaient être consommé bien après. Mais on ne se souciait pas vraiment du gaspillage alimentaire avant... » On ne se souciait pas d'un tas d'autres choses. La pollution, le réchauffement climatique, la surpopulation. Sept milliards trois-cent mille habitants, le nombre d'habitants sur cette foutue planète avant que tout ne parte en couilles. Déjà trop. Combien étaient-ils maintenant ? D'humains réellement vivants et pas dans ce stade entre vie et mort. Combien ? Sur toute la planète ? Un million ? Cent mille ? Moins ?
La mécanicienne sort de ses tristes pensées au son de la voix d'Eleanor, mettant une seconde à se rappeler de sa présence. La fatigue sûrement. « Hum...non. J'ai pas mal bougé ces deux dernières semaines. Dans les environs. » Elle reste volontairement évasive, autant pour se préserver elle que les personnes rencontrées au gré de ses pérégrinations. La rouquine avait beau paraître douce et gentille, la brune avait appris depuis longtemps que les apparences étaient souvent trompeuses. Elle en restait la preuve vivante. Clarke tourne un instant son visage vers elle pour la regarder manger sa barre, se demandant si c'est là son repas de la soirée. Jetant un coup d'oeil sur celle offerte par la jeune fille, elle finit par lui tendre à nouveau. « Tu devrais la garder. J'ai ce qu'il faut en ce moment depuis que je troque mes services. Et puis, je n'ai pas fait ça pour ça. » Elle désigne sa veste qui pend à côté d'elles avant d'insister d'un geste du bras pour qu'elle la reprenne. « Et toi ? Qu'est-ce que tu as fait depuis la dernière fois ? » Une question qui lui demande un certain effort de par le manque de pratique d'interaction sociale depuis plusieurs mois. Ça ne signifie pas que la réponse ne l'intéresse pas et elle se tourne un peu plus vers sa compagne de soirée pour ne pas paraître encore plus renfermée qu'elle ne l'est.
Louchant sur la barre de céréale, elle hésite un instant. « Tu n'es pas obligé de... » Mais elle se ravise. Elle a beau estimer que son geste ne mérite pas une rémunération, elle se dit que du sucre en barre peut difficilement se refuser. La jeune femme tend donc la main vers la friandise, la prenant doucement sans pour autant l'ouvrir. « Merci. » Un bref coup d'oeil et elle joue un instant avec l'emballage, se réservant le précieux sésame pour un autre moment où elle en aura réellement besoin. Deux collations ont rempli son estomac aujourd'hui, et elle préfère ne pas l'habituer à plus. Vérifiant la date de péremption de la barre entre ses mains, un léger sourire étire ses lèvres. « La plupart des dates limites de consommation n'étaient là que pour dédouaner les grands industriels au cas où. La majorité des produits pouvaient être consommé bien après. Mais on ne se souciait pas vraiment du gaspillage alimentaire avant... » On ne se souciait pas d'un tas d'autres choses. La pollution, le réchauffement climatique, la surpopulation. Sept milliards trois-cent mille habitants, le nombre d'habitants sur cette foutue planète avant que tout ne parte en couilles. Déjà trop. Combien étaient-ils maintenant ? D'humains réellement vivants et pas dans ce stade entre vie et mort. Combien ? Sur toute la planète ? Un million ? Cent mille ? Moins ?
La mécanicienne sort de ses tristes pensées au son de la voix d'Eleanor, mettant une seconde à se rappeler de sa présence. La fatigue sûrement. « Hum...non. J'ai pas mal bougé ces deux dernières semaines. Dans les environs. » Elle reste volontairement évasive, autant pour se préserver elle que les personnes rencontrées au gré de ses pérégrinations. La rouquine avait beau paraître douce et gentille, la brune avait appris depuis longtemps que les apparences étaient souvent trompeuses. Elle en restait la preuve vivante. Clarke tourne un instant son visage vers elle pour la regarder manger sa barre, se demandant si c'est là son repas de la soirée. Jetant un coup d'oeil sur celle offerte par la jeune fille, elle finit par lui tendre à nouveau. « Tu devrais la garder. J'ai ce qu'il faut en ce moment depuis que je troque mes services. Et puis, je n'ai pas fait ça pour ça. » Elle désigne sa veste qui pend à côté d'elles avant d'insister d'un geste du bras pour qu'elle la reprenne. « Et toi ? Qu'est-ce que tu as fait depuis la dernière fois ? » Une question qui lui demande un certain effort de par le manque de pratique d'interaction sociale depuis plusieurs mois. Ça ne signifie pas que la réponse ne l'intéresse pas et elle se tourne un peu plus vers sa compagne de soirée pour ne pas paraître encore plus renfermée qu'elle ne l'est.
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Re: Another day in paradise
Sam 25 Aoû 2018 - 2:40
Une petite voix vient de vous interrompre. C’est une gamine d’environ 11 ou 12 ans, les traits émaciés, le teint basané, des longs cheveux noirs emmêlés et maladroitement noués en queue de cheval. Son air timide se dresse tour à tour vers chacune de vous.
- En fait, je me demandais si… vous avez quelque chose à manger ?
Quoique vous ayez pensé répondre, une ombre se faufile furtivement et, avant que vous ne l'ayez arrêtée, arrache le sweat mouillé de la corde où il est étendu pour s’enfuir en courant. Ça a l’air d’être un jeune homme, chétif mais agile. Tandis qu’il retient brièvement votre attention, c’est la pré-adolescente qui se saisit de la barre de céréale en cours de transit entre vos mains pour déguerpir à son tour. Direction la porte de sortie du No man’s land.
Allez-vous les poursuivre ?
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Re: Another day in paradise
Dim 26 Aoû 2018 - 16:10
Bien sûr qu’elle n’était pas obligée, mais Eleanor y tenait. Cela fonctionnait ainsi dans ce monde, un prêté pour un rendu, Monroe l’aidait à faire sécher son linge et la laissait occuper un peu de son espace vital, alors la rousse pouvait bien partager ses trouvailles avec elle. Sans doute que la tatouée partagea finalement cet avis qu’elle n’exprimait qu’en pensée puisqu’elle saisit la barre céréalière. Ely qui commençait à grignoter le snack leva ses iris vers la brune qui expliquait un fait sur les dates de péremption.« Tu n’imagines pas le nombre de personnes qui débarquaient pour des maux de ventre après avoir mangé des aliments passés la date … Il fallait les médecins les plus patients pour leur expliquer qu’elles n’avaient rien et qu’elles ne craignaient rien. » Appuyant ainsi son propos, l’ancienne assistante se tut, concentrée sur son repas/goûter/festin.
Quelques instants filèrent dans le silence avant qu’elle ne se décide à le briser d’une voix basse pour ne pas importuner tous les occupants du hangar. La réponse de Monroe fut pour le moins simple, peu de détails mais elle ne pouvait pas lui en vouloir, tout le monde n’avait pas sa naïveté, tout le monde n’avait pas sa parlotte souvent proche de la diarrhée verbale. En revanche lorsque la mécanicienne lui rendit la barre céréalière, la rouquine secoua vivement la tête, les joues gonflées comme un hamster en plein repas.« Non, non j’insiste, j’ai ce qu’il faut aussi ne t’en fais pas ! Et je rentre dès que le temps le permet ! » Du bout des doigts elle repoussa le snack dans sa direction avant d’inspirer, pensive, quant à sa question.« Depuis la dernière fois … j’ai marché, beaucoup, je crois que je suis prête pour faire des marathons héhé … Et j’ai retrouvé un ami ! J’ai rejoint l’endroit où il s’est installé et c’est plutôt bien même si c’est pas l’endroit le plus confortable du monde. Au moins … je suis plus seule. » La rousse engloutit la fin de sa barre de céréales, s’apprêtant à continuer avant qu’une petite voix ne les interrompe. Levant ses billes chocolat vers elle, Eleanor sentit son cœur se serrer. Les enfants, c’était ce qui la touchait le plus dans ce monde, parce qu’elle savait que quelque part des parents les cherchaient, qu’eux même cherchaient peut-être leurs parents, certains avaient la chance d’être encore en famille. Mais elle n’eut le temps de rien répondre qu’une ombre fila avec son sweat détrempé, au même instant la gamine chipait sous leurs yeux la barre de céréales.« Hey ! » La rousse se redressa vivement, fronçant les sourcils avant de soupirer. Elle n’aurait pas la foi de poursuivre des enfants, à part pour les aider. Mais malgré tout elle entama quelques pas à leur suite.« Vous auriez simplement pu demander ! » lança-t-elle en croisant les bras alors que l’air frais s’engouffrait dans le hangar. Tant pis pour le sweat, elle en trouverait un autre, un mieux, un sec. Son regard glissa vers Monroe.« Désolée pour la barre de céréales … »
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