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Le départ du ranch s’était finalement précipité, ce qui n’était certainement au final pas un mal. Romy n’avait pour sa part pas été longue à préparer ses affaires, puisqu’elle n’en avait aucune. Seulement quelques vêtements qu’elle avait été invitée à prendre dans le dressing d’Eileen, pour enlever ceux qu’elle portait lors de l’assaut. Elle restait toutefois recouverte de son épais gilet en laine, son seul rempart contre le froid insidieux de novembre. En compagnie de Leila et de ses nouveaux compagnons de route, elle s’était donc engouffrée dans une voiture au hasard, après avoir salué bien évidemment Roza et sa partenaire. Elle avait bien osé dans le véhicule exprimer un « désolée pour vos amis » - ceux qu’ils avaient perdus, comme ceux qui avaient choisi sur un coup de folie de ne pas les suivre – mais cela n’avait guère permis d’embrayer une vraie conversation. Chacun préférant certainement intérioriser ses rancœurs et ses appréhensions.

La jeune femme s’était donc à son tour focalisée sur le paysage – son sang se glaçant à chaque silhouette cadavérique qu’ils pouvaient apercevoir – ruminant ses propres angoisses. Avant de découvrir leur destination, du moins ses remparts. Elle se pencha depuis l’habitacle pour pouvoir les observer davantage. Elles paraissaient solides, ça lui plut.

- C’était quoi cet endroit ? Demanda-t-elle à ses voisins, alors qu’elle se rappelait que Selene avait mentionné « un fort ».

L’attente se fit ensuite interminable, avant que les deux brunes ne reviennent et qu’ils fussent finalement inviter à pénétrer ce lieu au caractère un peu sacré. Soulagement. Romy écarquilla les yeux en découvrant l’intérieur de l’enceinte. C’était comme plonger dans un autre temps. Ces bâtiments tout en bois. Quelques panneaux, datant de l’époque où l’endroit était encore un musée, donnaient quelques indications. Lavoir. Boutique. Forge. Sortie du véhicule, la jeune femme s’éloigna un peu, curieuse de faire le tour du voisinage. Elle découvrit aussi leurs nouveaux hôtes, l’homme et la petite fille. Elle leur fit un rapide mouvement de tête et un léger sourire pour leur dire « merci ». Elle regarda un peu plus loin Selene s’emparer d’un bébé.

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Enfin ils partaient, reprenant la route vers un lieu sûr. Si sûr qu’il abritait déjà leurs plus précieux trésors. Elizabeth. Eli. Juliet. Joachim. Ruben. Et le petit Wyatt qui ne connaitra finalement jamais vraiment celle qui l’avait adopté. Il était peut-être trop jeune pour être affecté de son absence, mais ça n’empêchait pas ceux qui restaient de se souvenir et de lui transmettre plus tard le souvenir de la mère que Sarah n’avait eu le temps d’être que quelques mois. Il avait hâte d’arriver, hâte de retrouver cette famille qu’il avait laissée derrière, alors qu’il avait promis à Selene de les retrouver quand sonnerait l’heure. Un bras passé autour des épaules d’Andrea pour lui permettre de se reposer contre lui, c’était plutôt lui qui s’apaisait à son contact. Il avait pris sur lui, tellement, pour ne pas transmettre aux autres ses angoisses et ses peurs. Mais Andrea était revenue. C’était tout ce qui importait.

La voiture s’arrêta et il avait déjà hâte de sortir rejoindre sa famille. Mais une fois dehors, seules Elena et Selene entrèrent dans l’enceinte du Fort pour discuter avec Deaglan. Encore un peu de patience. Pour le coup, sa main dans celle d’Andrea ne l’aidait pas à garder patience. « Mais qu’est-ce qu’ils foutent ?! » Souffla-t-il, juste pour la métisse à son côté. Il avait hâte de passer les portes. Après une longue attente, enfin ils obtinrent la permission d’entrer. Pour les Ranchers, c’était une découverte. Pour Messiah, des retrouvailles. Une fois à l’intérieur, il aperçut Selene qui prit dans ses bras sa fille, et non loin derrière, il croisa le regard d’Eli posé sur le duo. Ils n’étaient plus ensemble, cela n’empêchait pas le garçon de se sentir soulagé de la revoir en vie, et d’envier cette étreinte entre une mère et sa fille. « Ven aquí, cretino. » Le mexicain se tourna alors vers celui qui était comme un père pour lui, et Lisandro ouvrit les bras pour l’accueillir. « Menos mal » Murmura-t-il à son aîné. « Tout le monde va bien ? » Desserrant son étreinte, Lisandro passa une main dans les cheveux du garçon, tellement soulagé de le voir et affligé en même temps, de devoir lui apporter une mauvaise nouvelle. « Sarah… Sarah n’a pas survécu. » Annonca-t-il sombrement. Il n’y eut aucun autre mot prononcé, juste un regard échangé qui en disait long.

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Ce putain d'irlandais la cherchait avec ses insultes pathétiques. Merde, elle l'aurait bien mitraillé sur place mais ils n'avaient peut-être pas besoin de plus de sang, à l'instant. Il agissait comme une saloperie de gosse à qui on venait d'enlever sa sucette, et il la faisait royalement chier. Surtout après avoir parlé de la sorte à Elena. La victoire n'était pas assez vraie à son goût, alors? Fallait vraiment qu'elle lui explique le principe d'une guerre?! Et il en rajoutait, dans la voiture vers Nisqually. Ses doigts se crispaient sur le sac qui contenait toutes ses babioles, implorant le karma pour qu'il ferme enfin sa misérable gueule. Mais Reena ne dirait rien; elle ne le regardait même pas. Les types comme lui, elle avait déjà donné. Rika devait être une sainte pour le supporter, bordel. Elle non plus ne disait pas grand chose, tout comme Fred et Jesse à ses côtés. Inutile de préciser pourquoi.

Danny suivait le groupe en moto, Ludwig et Caro devait aussi être tout près, comme les deux cousines qui faisaient partie du clan ennemi à peine quelques jours plus tôt. Mais ils arrivèrent finalement, alors que la militaire observait l'endroit par l'une des fenêtres. Et si ce fort pouvait réellement être ce refuge parfait dont ils rêvaient tous en silence? Si par un miracle quelconque, ce lieu pouvait les réunir à nouveau? Était-il interdit de le penser? Il fallait y croire, autrement, l'angoisse allait la frapper de plein fouet. Dans tous les cas, valait mieux se tenir. Ce type qui les accueillait ne supporterait clairement pas leur conneries.

La brune s'était extirpée du véhicule et patientait dehors, comme tout le monde. Selene et Elena devaient discuter avec le dénommé Deaglan, c'était bien évident. Et à leur retour avec une bonne nouvelle, la première depuis longtemps, elle ne pu s'empêcher de sourire sincèrement. Son regard fila vers Jesse, l'avisant silencieusement qu'elle voulait croire à cette deuxième chance. Qu'il devait y croire aussi. Malgré tout. Ses yeux se posèrent ensuite sur les autres, songeuse. Ne manquait plus qu'Ashley et Connor. Enfin, si elle oubliait ceux et celles qui n'allaient plus jamais les rejoindre. "On va s'relever." dit-elle tout bas, comme si elle voulait se convaincre, ne parlant à nulle autre qu'elle-même. La mexicaine marchait un brin, n'osant pas aller trop loin, pour explorer ce nouveau chez-soi. "On va s'relever." répétait-elle dans un murmure.

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Les adieux fait à Addison et Damian n'avait pas été facile... et ce départ précipité n’aidait en rien la cause. Me donnant l’impression de tout faire à la hâte, sans vraiment prendre le temps d’y réfléchir. C'était donc avec un pincement au cœur que je m'étais résigné à leur souhaiter bonne chance. Le faisant comme je savais le mieux le faire ; avec une bonne dose de plaisanteries et de tapes amicales dans le dos. Ravalant les larmes qui m'étaient montées aux yeux. Me cachant une fois de plus derrière mon armure d'humour. Mais après avoir survécu ensemble pendant de nombreuses semaines, peut-être avaient-ils pu lire dans mon sourire, cette note forcée ? Une bien faible image de la joie de vivre qu’il dégageait habituellement. Témoignant finalement de mon véritable chagrin à devoir les laisser partir – même si la part optimiste de ma personnalité, aimais croire que nos chemins se recroiseraient tôt ou tard.

À l’annonce officielle du grand départ, j'étais monté faire mon sac. Rassemblant le peu d’effets personnel que je possédais en m’assurant de ne rien laisser derrière. Et surtout pas mon marteau ! « Au moins, toi tu ne me quittera pas, pas vrai ?! On est aussi inséparable que Thor et Mjöllnir. » Étais-je vraiment en trin de parler à un marteau ?! Ça m’en a tout l’air… Comme quoi on s'accroche à tout ce que l'on peut dans ce monde ou tout est éphémère. Après tout, cette arme, je l’avais avec moi depuis le tout début. Trois ans qu’elle m’accompagnait partout où j’allais en me protégeant. Il y avait de quoi développer un lien sentimental !

Ma chambre vidé, mon sac sur mon dos, j’étais redescendu faire le tour du garage pour y prendre ma boite d'outils, ainsi que quelques pièces et matériaux qui pourrais encore nous être utile. Puis, j’avais pris place dans la même voiture que Finan, Erika, Jesse et Serena. Regardant le Ranch s’éloigner une dernière fois par la vitre arrière… Nostalgique. Je ne croyais pas m'être attaché à ce point à cet endroit et pourtant, après la maison où j’avais grandit au Danemark et l’appartement au dessus du garage des Coleman, ce Ranch était ce qui s’était rapproché le plus d’un chez-soi. Je savais toutefois que ce que j’y avais bâtit, je l’apportais avec moi vers cet endroit où nous allions prendre un nouveau départ. Car les véritable fondations de ce chez-soi ne reposait pas dans le lieu, mais bien dans ces personnes que je considérait comme ma famille.

Ce fut après un trajet d'au moins une heure, ainsi que de longues minutes d’attente qui m’avaient semblé s’éterniser, que nous avions enfin reçus le feu vert. Deaglan acceptait finalement de nous recevoir de l’autre côté de ces hautes palissades de bois et de ces tours de garde. C'était une excellente nouvelle ! Offrant un sourire optimiste à Jesse, puis à Serena que j’avais rejoint, j’avais posé une main rassurante sur l'épaule de cette dernière ; « Allons découvrir notre nouvelle maison ! ».

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