Il s'imbiba de tout son être de cette personne qui, en si peu de temps, avait pris une si grande place dans sa vie. Lui qui s'était mis en tête de ne plus s'attacher, pour ne plus souffrir, se trouvait une fois de plus soumis à ses sentiments.

Le baiser qu'elle déposa sur sa joue le laissa totalement pantois. Tel un adolescent en pamoison, il écarquilla légèrement les yeux, au même titre que ses joues virèrent au rouge pivoine sans qu'il n'y puisse rien. Et il resta-là, stupidement, à fixer le vide en attendant que les effets de ce trouble se dissipent un minimum. Au moins assez pour qu'il puisse parler sans bégayer comme un nouveau-né.

Mais Olivia s'excusa. De son baiser, de son chagrin, de ses doutes ? Ou de tout ça à la fois ? Le libraire se sentait démuni face à elle et à ses peines. Comme trop souvent, il s'en voulait de n'être que lui, de ne pas avoir les mots et de se contenter d'être spectateur de sa vie.
À ses mots, il hocha brièvement la tête en détournant le regard.

- C'est une bonne idée, souffla-t-il. Si tu as besoin de quoique ce soit …

Il força un sourire à se poser sur ses lèvres alors que sa main, réconfortante, vint presser légèrement l'épaule de la jeune femme.

- N'hésite pas. Même au milieu de la nuit.

Ça non plus, il n'aimait pas : donner cette impression de détenir la capacité d'aider quelqu'un. Il ne se sentait pas comme un héros, et encore moins comme une oreille attentive. Mais il avait envie qu'Olivia se sente soutenue. Écoutée et comprise. Elle était arrivée tard dans le groupe. Seule. Elle avait plus que jamais besoin d'être entourée.

Ludwig resta planté-là alors qu'elle avait quitté la pièce. Il restera un long moment assis, seul, à se repasser les événements de la journée. Et à se maudire pour ce qu'Olivia avait dû faire à cause de lui.