Les choses avançaient doucement, il en fallait du temps pour mettre en place une certaine organisation. Je n’aurais jamais cru que les choses devraient se faire aussi lentement, je devais bien l’avouer. J’en avais presque marre d’être d’une certaine façon relégué au second plan. Nous étions dans le flou, il fallait l’admettre même si bon nombre de malades étaient en sécurité maintenant. Il nous fallait voir à présent si les gens qui avaient été vaccinés avaient subi des mutations à cause de cette dernière, pour cela, il fallait un échantillon de la population neutre et c’était encore à nous de trouver des volontaires et autant dire qu’il n’y en avait plus beaucoup après les différentes histoires. On devait redorer le blason et c’était loin d’être évident.

D’un côté, heureusement qu’on avait déjà June de notre côté sans elle, on serait une fois de plus en train de stagner. Les visages que j’avais croisés étaient nombreux et aujourd’hui ne feraient pas exception. Je soupirais, je n’étais pas doué pour les contacts humains et n’aimaient pas particulièrement jouer les infirmières, mais je n’avais pas vraiment le choix. Passer la journée sous le dispensaire médical était loin d’être ma tasse de thé, mais il fallait souffrir pour la science, je le savais parfaitement bien. Après avoir fini avec mon premier patient du jour qui était une femme d’âge moyen, je passais à la personne suivante. Il n’y en avait plus beaucoup sur ma liste, il n’y avait pas à dire, j’avais plutôt enchainé ses derniers temps.

- Bonjour, Lance, c’est ça ? Merci d’être là, même si je suppose ce n’est pas vraiment de ton plein gré comme tous ceux qui ont précédé.

Je posais les bases rapidement. Je ne voulais pas qu’il se sente obligé de me mentir, cela avait quelques choses de lassantes. Quand on est au contact des humains, il faut toujours trouver quand ils mentent et quand ils sont sincères. C’est une perte de temps considérable et je n’avais pas envie de devoir jouer aux devinettes, ça fait bien longtemps que j’ai passé l’âge de ça. J’attrapais alors son dossier médical alors qu’il m’avait confirmé son nom. Nous avions des dossiers sur chaque personne du camp dans le but de pouvoir les soigner comme n’importe quel médecin l’aurait fait avant l’épidémie. Je réalisais alors qu’il n’était pas parmi nous depuis bien longtemps, c’était sans doute pour ça que sa tête ne me disait rien, c’était plus sympa de mettre la faute là-dessus plutôt que sur le fait que je sois à moitié asociale.

- Ce ne sera pas long, juste une prise de sang, un prélèvement de salive et d’urine. Je t’apporte de l’eau si tu veux comme ça on fera celui-ci en dernier. Si tu as des questions, n’hésite pas.

Pour le coup, il n’était pas responsable de ma mauvaise humeur, alors je faisais en sorte d’être la plus chaleureuse avec lui que possible. Il ne fallait pas ternir plus que nécessaire la réputation pourrie qu’on avait déjà. Je lui offrais même un sourire alors que je finissais de préparer le matériel dont j’avais besoin.

Lance songea qu’il connaissait le dispensaire un peu trop bien, en fait. La conséquence d’avoir veillé sur Victoria pendant des semaines après sa fortuite rencontre avec une grenade, des roquettes et autres sex-death-toys. Certaines choses ne changeaient pas, comme son sentiment de malaise à chaque fois qu’il entrait dans cet endroit.

Ou bien c’était peut-être l’interprétation de volontaire qu’on lui avait servi ce matin alors qu’il essayait d’aller faire ses tâches qui, elles, avaient tout à fait le terme « obligatoire », elle. Double standards, c’était encore d’actualité en 2019, faut croire.

Heureusement, il ne fut pas longtemps seul avec ses pensées – ce qui était dangereux – qu’on l’appela à entrer. Son interlocutrice était une femme de son âge, reflets blonds dans les cheveux. Jolie, mais c’était un peu le pain quotidien dans cet endroit. Au dirait que tout le monde sortait d’une comédie romantique. Sauf Victoria, peut-être. Elle, elle sortait clairement d’un porno.

« Ouais. Lance Walker. Et je t’appelle Doc ? Doc.»

Au moins elle n’était pas dupe sur l’amour des gens par rapport au domaine médical. C’était moins pire que le dentiste, mais à peine. Il offrit un sourire encourageant, hey ça aurait pu être pire.

« Tu supposes bien, mais ce n’est pas grave, Doc. J’avais sans arrêt des rendez-vous médicaux, avant. Alors une ou deux fois en quatre ans… »

Les tests anti-dopage étaient son pain quotidien, lorsqu’il était pilote pro. Ça ne les rendaient pas plus plaisants, mais au moins il connaissait les meilleurs endroits pour piquer, comme un junkie tout aussi pro. Tu veux des frissons ? Entre les orteils, bébé. L’aiguille. Ou autre chose. Chacun son fantasme.

« Sang, salive, urine. Mes trois liquides préférés. Doc.»

Ce n’était pas tout à fait vrai. Il était davantage gasoline, huile à moteur et sper-.

« Quoi, j’ai un dossier médical ? »

Son regard curieux se porta sur le dossier que la femme avait à la main. Il ne se souvenait pas de ça. Oui on lui avait posé quelques questions quand il était arrivé de Renton, avec l’A.D, après la fusillade. Mais bon, Lance n’était pas venu ici dans l’optique de rester à l’origine.

« Heureusement que je prends mes vitamines Pierrafeu tous les matins, je suppose. »

Oui il avait perdu un peu de poids depuis l’apopo, avait failli mourir de froid ou de soif quelques fois, mais globalement, il s’en tirait plutôt bien. Les hurlements de Vic le prouvaient, non ?

« Mais hum, ouais, juste une question. Tu vas pas essayer de me donner cet espèce de vaccin, hein ? Je veux bien que tu prennes mes liquides, mais j’ai pas spécialement envie d’en recevoir. »

Il n’avait pas vraiment confiance. En tant que Texan, il devait maintenir sa réputation de fervent « les vaccins donnent l’autisme » et « le viagra est un complot ».

« Et ma prostate va bien, je dis ça comme ça »

Tu peux vérifier visuellement, mais c’est tout.

Visiblement, il n’était pas plus étonné que ça par ce que j’étais en train de lui dire en même temps, il avait l’air d’être un habitué. Je haussais les épaules en réalisant que j’avais oublié de me présenter. C’était tellement évident que j’en n’oubliais les bases. Je lui offrais un sourire un peu bête avant de me taper le front avec la main. J’étais vraiment une idiote parfois.

- C’est vrai, je ne suis pas doué avec la politesse, je m’appelle Clarke, tu peux utiliser mon prénom, ce sera moins formel.

J’inspirais un instant pour reprendre mes esprits. Il n’y avait pas à dire, je n’aimais pas les sujets vivants, il avait tendance a un peu trop me déstabiliser. Je déposais le dossier médical du monsieur avant de sortir les instruments dont j’aurais besoin pour aujourd’hui. Il ne me fallut pas longtemps pour sortir le matériel pour le prélèvement de salive ainsi que le sang. Je déposais enfin un verre d’eau sur la table non loin de son dossier avant d’enfiler mes gants.

- Juste les informations les plus essentielles en cas de problème et ce que tu as pu nous dire sur les antécédents de ta famille. Si tu veux le voir, il est là.

Sans vraiment lui laisser le temps, je lui demandais d’ouvrir la bouche pour commencer le prélèvement de salive. Je m’appliquais pour le faire le plus délicatement possible. Il était hors de question de faire les choses à moitié, mais il n’était pas non plus question de lui faire mal. Ce n’était déjà pas forcément agréable, il n’était pas question de dégouter tout le monde de ses rendez-vous mensuels. Nous avions toujours besoin d’échantillons frais pour nos différents tests et il fallait que la population continue de nous aider. Il me fit une remarque sur le vaccin et concernant les derniers évènements, je ne pouvais que le comprendre.

- Nous n’avons plus de souche de vaccin à disposition, nous travaillons actuellement sur une nouvelle formule. Alors, ne t’inquiète pas, tu n’auras pas de piqure contre ton grès.

Je lui exposais les faits de façon claire et précise. Il n’était pas question de vacciner quelqu’un sans qu’il le sache, cela serait dangereux en plus du reste. Enfin, quand il me parlait de sa prostate, je ne pus m’empêcher de rire. Je savais faire les examens médicaux de base, mais j’étais plus une scientifique qu’un urgentiste, pour le coup, il faudrait qu’il aille voir ailleurs. C’est donc avec pas mal d’humour que je lui répondais simplement.

- Tu cherches une excuse pour que je te voie à moitié nu ? Je ne suis pas médecin à proprement parlé, si tu veux vraiment qu’on s’occupe de ta prostate, je peux aller chercher Ismaël un super médecin, non-chaland et tout décrépi.

Je rangeais proprement l’échantillon de salive que j’avais prélevé prenant bien soin de noter le nom et prénom de Lance sur l’enveloppe de ce dernier. J’en avais déjà une bonne pile dans la caisse que j’avais trainée avec moi, il était évident que ça aurait été dommage de ne pas pouvoir en utiliser un à cause d’un étiquetage défaillant.

- Alors comme ça avant tu étais pilote de course ? C’était bien ?

C’était une façon de le mettre un peu à l’aise. Il ne me restait vraiment que le prélèvement sanguin, mais je le ferais sur le ton de la conversation puisqu’il était préférable qu’il se détende pour que la veine soit bien visible.

« C’est ok, Doc. Je pense pas que la politesse, ce soit l’élément le plus important dans le monde d’aujourd’hui. Puis, va falloir travailler dur pour être impoli avec un gars comme moi »

Ce n’était pas vraiment de la prétention s’il se considérait légèrement redneck, non ? La plupart des gens voyaient ça comme un défaut. Il était un peu plus divisé sur la question, mais il faudra pas mal de Whiskey pour se prononcer…

« Je me souviens même pas de ce que j’ai répondu. Je pensais pas être là pour de bon, alors… »

Il tendit la main pour prendre le dossier mais déjà elle lui enfonçait son truc dans la bouche. Holà ! Elle allait vite en affaire celle-là. D’habitude c’était réservé au deuxième rendez-vous, mais les mœurs avaient peut-être évolué depuis son ère. Dans tous les cas, c’était pas demain la veille pour son dossier alors il laissa tomber, se contentant de coopérer machinalement. La remarque sur le vaccin lui arracha un sourire.

« Contre mon gré ? Va nous falloir un safeword si ça continue, doc. »

Une nouvelle formule, hein ? La seule formule que Lance pouvait se fier, c’était la formule 1, et encore, il avait toujours considéré cette ligue comme une farce sur roues. Allons-y les amis, encastrons-nous dans une fusée, avec le réservoir d’essence directement dans notre dos. How could things go wrong ?. Ça et, éprouver de la fierté à conduire à haute vitesse sur du bitume impeccable,  sans la moindre imperfection ? Tough boys.

Les premiers mots de la femme le prit par surprise et il l’interrompit à moitié.

« Faut que je sois demi-nu ? »

May lui avait dit de coopérer avec les gens de ce camp s’il voulait s’intégrer, alors Lance n’allait certainement pas s’offusquer de cette requête. Il se leva dans un geste sec.

« Ok doc ! »

D’un geste rapide il retira son t-shirt qu’il déposa à côté sans se poser davantage de questions. Peut-être qu’elle voulait hum… Quel est le mot scientifique… L’ocouter ? L’ousticoter ? Hum… L’osculter ! Voilà. Ah Lance, parfois on croirait que t’as un diplôme universitaire, toi aussi ! Il se rassied, torse nu, en tendant son large bras à la requête de la curieuse docteure. Elle n’allait pas avoir de mal à trouver de veine ici, c’était le magazine Men`s Health en personne.

« Ah non, laissez ma prostate tranquille, justement ! Je vous connais, vous autres médicoscientifique. Un moment on est en train de parler du prochain match de football, le suivant il y a des doigts qui circulent au mauvais endroit dans le mauvais contexte. »

Il ne parlait pas hum… D’expérience. Juste hum… Les rumeurs, quoi. Et il n’avait pas forcément envie de rencontrer cet Ismaël, du coup. Surtout parce que c’est bien connu que les mecs ont des doigts bien plus gros que les femmes. 1+1, quick maths.

Elle lui demanda à propos de son ancien métier, c’était probablement pour le distraire alors qu’elle allait brandir cette immense aiguille d’un instant à l’autre.

« Je veux dire, c’est pas exactement le genre de boulot qu’on obtient en se demandant si ça sera… « Bien ».  Mais ouais, c’était… Bien, en général. »

Il haussa des épaules.

« Le monde est ma piste de course aujourd’hui, alors les choses n’ont pas tellement changées en tant que tel. Et toi t’es pas vraiment médecin, mais j’étais pas vraiment pilote de course non plus. J’évoluais dans les circuits de Rallye, c’est un peu différent, mais je vais pas t’ennuyer avec les détails. »

Il serra un peu le poing.

« Allez doc, on y va. Mais si je dis coléoptère, on arrête tout, hein ! »

L’homme semblait ne pas prendre très au sérieux l’examen médical, mais d’un côté, c’était lui qui avait raison. Je n’étais pas en train de le dépister de quelque chose et autant voir la vie du bon côté. Je ne pus m’empêcher de sourire alors qu’il racontait pas mal de bêtise, il n’y avait pas à dire, il était drôle. Je n’osais même plus trop parler de peur qu’il déforme une fois de plus ce que je venais de dire, mais au moins, le côté positif c’est qu’il m’avait redonné le sourire et que cette journée se terminerait sans doute sur une note positive.

- Tu aurais très bien pu garder ton t-shirt, tu sais ?

Je voulais être certain qu’il ait bien compris de quoi il en retourner parce que j’avais tout de même de gros doutes. De toute façon, il faisait encore suffisamment chaud pour qu’il ne meurt pas de froid. Je le regardais un peu et je devais bien admettre qu’il était tout aussi bien battit qu’Eddie, enfin je m’étais bien rendu compte que ce n’était pas ce qui m’attirer à présent, heureusement pour moi, le doute avait été lever et je devais bien admettre que ça ne me faisait ni chaud ni froid. Il lui manquait une jolie paire de seins pour être vraiment intéressant à mes yeux.

- Tu me n’ennuies pas, je pose la question par réel intérêt. J’admets que la course de rallye n’était pas mon fort avant, mais c’est des métiers qui devaient être vraiment intéressants à faire. Je veux dire, tu as la course, les adversaires, l’adrénaline, tant de paramètres qui peuvent changer l’issue finale, ça doit être une constante remise en question des capacités qu’on croyait acquise.

Pour le coup, je comparais sans doute ça à bon nombre de métier existant, pour moi à partir du moment où il y avait de l’adrénaline en pratiquant une activité, il y avait forcément du plaisir dans le fond. Il m’avait parlé de lui prélever son sang et c’était ce que j’allais faire puisqu’autant rendre ce moment le plus cours possible.

- Mais tu as raison, j’ai du sang à prélever. Tu sers, bien le poing, ça ne devrait pas être très long.

Le geste, je l’avais fait des dizaines et des dizaines de fois, vu que nous n’avions pas d’infirmière ici, il avait fallu apprendre sur le tas. Aujourd’hui c’était avec perfection que je l’exécutais sur mon patient. Il faut dire que j’ai persévéré jusqu’à y arriver du premier coup et comme cela fait depuis quelques années que nous sommes ici maintenant, on ne saurait faire la différence. Après avoir obtenu la quantité de sang nécessaire, je retirais l’aiguille de sa peau.

- Et voilà, le plus dur est fait. Ce n’est clairement pas la joie, mais les choses les plus désagréables ne sont plus qu’un mauvais souvenir. Il me manque que ton dernier liquide, si tu veux je te laisse le bocal et tu repasses plus tard me l’apporter si ce n’est pas possible maintenant.

Je lui offrais un sourire, j’aurais encore du boulot, même si je ne recevais plus personne. Donc même s’il revenait dans quelque temps, je serais toujours là à attendre. Au pire, même si je le récupérais que demain ce n’était pas très grave.

« Je pouvais le garder ? Tu peux au moins le dire sans avoir un sourire au visage, doc. »

Il ne le remit pas pour autant. Elle avait dit qu’il pouvait le garder, pas qu’il pouvait le remettre. Ah, tu parles à un Texan et tu supposes qu’il ne va pas capter les subtilités intellectuelles réservées aux scientifiques ?

Spoiler:

Il devait quand même admettre que son dénudement n’avait pas eu l’effet escompté. Cela ne pouvait que vouloir dire une chose, c’était absolument, totalement indéniable.

She super, super gay.

Lance haussa les épaules pour lui-même. Personne n’était parfait.

« Je suppose. Mais tout ça, c’était ultimement pour un paquet d’argent, un trophée qui ressemble à tous ceux que tu as déjà, une douche froide de champagne et une note dans le coin d’un journal que personne va lire. »

Il releva son regard verdâtre vers la médecin.

« Mais toi, vous autres, vous êtes dans le course contre l’extinction humaine, non ? Si tu veux mon avis, la vraie adrénaline est dans ton microscope, doc. »

Or before your eyes, babe.

Elle préleva son sang, le faisant détourner les yeux brièvement. Quoi ? Être un mâle alpha ne voulait pas dire qu’on aimait les aiguilles pour autant. Ou la vue de son propre sang. Il haussa les épaules en prenant le petit bocal. Il aurait pu faire ça live maintenant, mais même Lance savait les limites de la bienséance médicale. Le genre de limite qui aurait été outrepassé s’il amenait May un jour chez un psy dans une clinique sans rendez-vous.

« J’aimerais bien que les choses désagréables soient juste un mauvais souvenir. Mon top 10 change souvent, cela dit. »

Il attrapa son t-shirt et l’enfila rapidement, aillant déjà mesuré qu’une flexion excessive de ses muscles tout aussi excessifs ne serait pas efficace.

« Ah non, tu ne vas quand même passer ta soirée dans un labo à faire des trucs… De labo, quand même ? »

Il y avait quand même une limite, c’était quoi cette passion générale des blondes pour traîner dans de vieux bureaux mal éclairés. Peut-être que May lui avait donné un faux portrait de leurs habitudes sociales…

« Et puis t’es pas censée surveiller que j’aie pas une baisse de pression et que je perde connaissance ou je sais pas ? »

Il se releva.

« Si un pilote tombe et se casse un bras, tu vas avoir une lettre de son avocat. Et à voir cette clinique tu peux pas te le payer. »

Lance croisa les bras.

« Pas le choix, faut que tu me raccompagnes. »

Checkmate.

L’entendre parler ainsi de mon microscope me fit sourire. C’était vrai qu’il y avait plein de choses intéressantes, mais c’était loin d’être le plus important. Il n’y avait pas de frisson pour les gens qui n’étaient pas passionnés.

- Enfin, ce n’est pas dans mon microscope que je vais trouver des sensations fortes.

Il était tout de même intéressant malgré ses commentaires un peu étranges pour ne pas dire stupide, je me surprenais à apprécier sa compagnie. Je devais lui faire un peu de peine parce que quand il commença à parler de ce que je devais faire de mon temps libre, il m’arracha un sourire, il était évident qu’il n’avait pas la moindre idée de ce qui se passait dans un labo, mais ce n’était pas vraiment de sa faute.

- Bah c’était ce qui était prévu. Étiqueter tout, bien ranger et commencer les analyses, ce n’est pas toujours fun, mais faut bien faire le boulot.

Je levais les yeux au ciel alors qu’il commençait à me faire une histoire comme quoi il allait tomber possiblement s’évanouir ou faire une hypoglycémie. Je ne savais pas ce que serais la prochaine réponse, mais une chose était certaine, c’était que ma présence lui semblait à cet instant parfaitement indispensable. Passer du temps avec lui serait sans doute vachement plus agréable que le programme que j’avais prévu c’était certain puisqu’il m’arrachait des sourires à chaque fois qu’il ouvrait la bouche.

- Tu es en train de me dire que je vais devoir passer la soirée avec toi jusqu’à ce que tu daignes me donner ce que je veux ?

D’une certaine façon, je n’avais pas envie d’accepter trop vite. Il était hors de question que je lui donne l’impression d’avoir vraiment envie de faire ça. C’était intéressant c’est vrai, mais hors de question de me montrer trop enjoué à l’idée de passer du temps avec lui. Hors de question de lui donner l’impression d’être si intéressé que ça. J’attrapais ma veste après avoir fini de noter et ranger le reste et le regardais l’air de dire que j’étais prête à le suivre.

- Tu comptes m’emmener ou comme ça ?

Je devais au moins me renseigner sur ce qu’il avait prévu de faire, je n’avais pas envie de finir à l’autre bout du camp dans un endroit louche.