Son comportement était de plus en plus clair. Il me paraissait évident à présent que son but était de me tester et quand je lui offrais un sujet qui lui plaisait elle s’y engouffra sans la moindre réflexion. Je lui offrais une possibilité qu’il était compliqué de refuser et ça me rendait presque joyeuse de voir que j’avais au moins piqué sa curiosité à défaut d’avoir fait autre chose. Je lui offrais alors un sourire alors qu’elle commençait à me poser des questions. La première étant une explication concernant mon choix. La réponse était en réalité vite trouvée puisque je n’appréciais que peu de militaire et que pour la plupart il me le rendait bien. C’était sans doute de ma faute, mais je n’arrivais pas trop à faire la part des choses. Il n’y avait qu’Eddie et je devais bien admettre que ce n’était pas foncièrement simple avec lui. Je lui répondais alors avec le plus d’honnêtes possibles.

- Un peu de curiosité, une vive recommandation d’Eve et le fait que j’en ai marre de toutes les relations que j’ai simplement parce qu’il faut être gentil les uns avec les autres vu qu’on fait partie du même groupe.

C’était un truc qui me fatiguer, les faux semblants, June je la trouvais intéressante comme femme, mais dans le fond, je savais bien qu’on ne ferait jamais partie du même monde, j’étais trop fermé à beaucoup trop de choses, pour moi c’était la science avant le reste et ce n’était pas le genre de chose qui fonctionnait avec tout le monde. Finalement, une autre question tout aussi logique fit surface et pour celle l’a, j’avais une réponse toute trouvée. Si je savais me défendre, mais que de personnes était au courant, ça m’arrangeait bien.

- J’y gagne un entrainement sous le manteau. Je ne veux pas me retrouver en première ligne quand il y aura du grabuge, mais je serais capable de me défendre au besoin. J’en aurai eu bien besoin avant, mais passons.

Je n’avais pas envie de m’étendre vraiment là-dessus. La mort de Nora avait eu lieu, il y a fort longtemps et j’avais tourné la page, mais j’avais peur que la prochaine je ne sois même pas capable de survivre, alors avec un peu de chance et pas mal d’entrainement, j’aurais plus de chance la prochaine fois. Je lui offrais un sourire avant d’ajouter simplement.

- Si tu as d’autres questions, faut pas hésiter, mais si tu penses que je veux te nuire ou t’espionner pour le solde de quelqu’un, sache que ce n’est vraiment pas mon genre.

Maintenant comme à chaque fois ou presque dans cette conversation, la balle était dans son camp. J’attendais de voir comment elle réagit pour savoir sur quel pied danser, mais j’avais l’impression d’avoir gagné un peu de points.

Qu'il est dur de faire confiance en son prochain, sacrément dur. La slave a tout même l'impression que la scientifique joue la carte de l'honnêteté, mais comment s'en assurer ? L'avenir le lui dira surement, elle ne voit malheureusement pas d'autre issue que celle-ci pour le moment. Pour l'heure, elle se doit donc d'écouter avec attention chaque mot soufflé et analyser au mieux chaque intonation qui les accompagnent, un exercice qui n'est pas aisé. La recommandation d'Eve-Madeleine n'est pas de trop dans cette affaire, bien au contraire, elle joue son rôle mais la russe va avoir besoin de s'en assurer en interrogeant directement la concernée.

Les faux semblants ne sont pas son truc ? Parfait, c'est aussi le cas de la tatouée qui n'a de cesse d'affronter des masques depuis son arrivée ici. Quant à la réponse suivante, elle plait à l'encrée qui remarque bien vite que l'australienne à la tête sur les épaules, elle calcule bien ses actions, peut-être est-ce la résultante de son esprit scientifique ? Sans doute. Dans tous les cas, le rapport gagnant / gagnant est là et les bases sont enfin posées, un entrainement sous le manteau contre des vivres supplémentaires, elle va pouvoir composer avec, c'est un bon début !

"Ok. Ça m'semble honnête comme échange." Tout du moins, c'est bien présenté, franc et direct, ça l'invite à en faire autant. "J'ai besoin de cigarrrettes et d'alcool, c'est dans tes corrdes ?" Ce serait un bon tribut pour commencer son apprentissage et une belle occasion de voir si le réseau évoqué est bien réel car ces denrées ne sont jamais faciles à trouver.

Et comme la scientifique l'invite à poser toutes les questions qui l'intéressent, la russe se lance sans grande gêne. "Tu es ici depuis longtemps ? Comment votrre rréseau scientifique s'est installé ?" Elle ignore encore qu'il est en réalité présent depuis le début et que Fort Ward possédait déjà une communauté minutieusement trié sur le volet d'entrée de jeu. Il faut dire qu'il lui reste encore beaucoup de chose à apprendre sur l’île et son fonctionnement. "Cette histoirre de vaccin, c'est quand même du lourrd." Même si au dernière nouvelle l'on était pas encore dans la solution idéale, mais il y a avait de quoi être impressionnée par tant de ressources.

Visiblement, elle n’avait pas perdu le nord, peut-être qu’elle commençait à accepter que je pourrais lui apporter des choses vraiment intéressantes pour elle. Je lui offrais un sourire en coin avant de poser la question qui pour moi semblait la plus légitime.

- Des préférences en matière d’alcool et de cigarette ? Je veux dire si j’arrive à te dégoter des trucs qui te plaise se serait tout de même mieux…

Elle avait accepté mon offre et ça me faisait super plaisir et pour le coup, je pouvais bien lui faire plaisir également. Oui elle était froide avec moi, mais je savais que c’était de la méfiance, j’avais bon espoir que cela ne le reste pas. Une fois sa réponse apportée, elle me posait quelques questions. Je lui en avais explicitement demandé alors je me contentais de les retenir pour y répondre du mieux que je pouvais.

- En fait, la branche scientifique est une des bases de cet endroit. Je viens de Spokane où je travaillais pour le CDC, lors du début de l’épidémie on a été transféré ici dans un groupe de gens un peu huppé dans le but de maintenir une sorte de société d’élite et de pouvoir continuer des recherches.

Pour moi ça avait surtout était du bulshit. Je ne voyais pas en quoi garder des sénateurs ou des hommes politiques avaient une certaine importance. J’aurais pris de grands médecins, des personnes aux professions diverses pour pouvoir reconstruire un futur, mais ça c’était encore une chose qui m’appartenait ou non de choisir. L’entendre parler du vaccin me fit sourire et je me décidais de replacer un peu le truc dans le contexte.

- Le vaccin c’est des années de recherche et c’est loin d’être évident. En réalité, on a mis très peu de temps pour le faire, en moyenne, c’est plutôt dix à quinze ans de recherche pour faire ce genre de chose…

Beaucoup de personnes avaient parlé assez mal de notre vaccin, en grande partie à cause de Lawrence et de son envie de le sortir aussi vite, mais en réalité, c’était vraiment un miracle d’en avoir eu un aussi tôt. Il faut dire aussi que dans le complexe on avait trimé, dépasser un bon nombre de règles éthiques, mais en même temps on ne nous avait pas vraiment laissé le choix. Enfin, je réalisais que l’échange avait été fait et qu’il était sans doute tant pour moi de me préparer à notre prochaine rencontre.

- En tout cas, je ne souhaite pas t’embêter plus longtemps pour aujourd’hui. Je te propose de revenir dans une semaine avec ton premier payement si ça te convient. Si je dois avoir un équipement particulier pour notre entrainement, je suis tout ouïe.

Ce n’était que partie remise de toute façon. J’étais décidé à lui trouver ce qu’elle voulait et je savais à qui m’adresser pour ça. Il y avait suffisamment de gens ici prêts à beaucoup de choses pour satisfaire des scientifiques dans l’espoir d’avoir un nouveau vaccin, de nouvelle drogue ou ce genre de chose. Il était facile de payer les gens même si cela ne semblait pas foncièrement évident.

Elle lui demande vraiment ses préférences ? La slave n'est vraiment habituée à ce genre de traitement que ça la laisse bouche bée quelques instants. Elle fait fort la scientifique et il faut bien plusieurs secondes à la slave pour méditer sur sa réponse, ne pouvant s'empêcher d'y ressentir une certaine gêne, comme si elle ne méritait clairement pas cela. Pourtant, la question lui est bien posée et ne porte pas là des allures de piège. "Oh.. heu... Whisky, vodka, tequila...  j'suis pas difficile." Du moment qu'il y a un degré d'alcool assez conséquent permettant un semblant d'évasion, tout peut passer à ce stade, surtout après de longs mois de privatisation sur le sujet.

Pour la suite, elle tend bien l'oreille, Clarke continue d'être aussi directe, le ton ne change pas et la slave se laisse séduire par celui-ci, elle veut y entendre de la franchise et ça a tout l'air d'être le cas. Cela ne l'empêchera pas de vérifier ces premiers retours avec Stanley, si le jeune homme confirme ces dires, alors, la russe saura qu'elle peut compter sur les dires de la scientifique. Notion au combien précieuse dans sa situation où elle a encore de nombreuses questions sur le Fort et son fonctionnement. Ce qu'elle apprend ne laisse pas de marbre, plutôt que de déplacer toutes les forces armées en soutien au petit peuple, ces derniers ont préférés prévoir l'avenir et garder les grosses têtes pour se pencher sur un vaccin tout en préparant leur élite avec des June et compagnie au top du classement.  "Merrrci pour tes réponses." Un premier constat qu'elle garde pour elle, jugeant qu'il est encore trop tôt pour faire part de son ressenti avec Clarke qu'elle vient tout juste de rencontrer.

Il en va de même pour le vaccin et sa durée miraculeusement courte, la slave ne tarde pas à faire le lien entre les cobayes (volontaires ou non) et les méthodes employés pour le développer. À la guerre comme à la guerre comme on dit. Une petite grimace tord légèrement ses lèvres à cette pensée avant qu'elle n'en revienne à la demande de sa vis-à-vis. "On fait comme ça. Et non, ça irrra. J'ai déjà le matérrriel." Sur ces mots, elle l'a raccompagne à l'entrée et s'en retourne à ses exercices, la tête cette fois un peu plus remplie et avec de quoi méditer.


Stanley est passé la voir dans la semaine et la russe a pu lui faire part des retours de la scientifique qui furent aussitôt validés par le militaire. Une entrevue salvatrice avec de quoi la rassurer sur son compte, c'est encore malheureusement un peu tôt pour s'ouvrir pleinement mais une première marche est ainsi grimpée. Le passage d'Eve-Madeleine eut aussi son impact pour atteindre une nouvelle marche, cette fois, c'était le côté humain de la scientifique qui fut juger par le biais de nombreuses questions. À aucun des deux elle n'aura parlé de leur marché ou échange de bons procédés, question de précaution, sait-on jamais. Voila, son petit réseau à elle s'arrêtait là et il était temps de tester celui de Clarke qui frappait à sa porte, tout pile une semaine après leur précédente rencontrer.

Il est dix heures, la slave est en tenue de sport et enfile son sweat à capuche ainsi que son cache-œil avant d'ouvrir son antre. Parfait, c'est bien la scientifique qui est de retour sur son palier. L'encrée la salue d'un geste de tête et s'écarte pour la laisser entrer avant de fermer derrière elles. Elle aimerait dire quelque chose, pourquoi pas du small-talk mais se retrouve coupée dans son élan, c'est clairement le genre de chose qu'elle ne sait plus faire avec quelqu'un qu'elle connait si peu.

Il ne m’avait pas fallu beaucoup fouiller pour obtenir ce que je cherchais. En faisant des yeux doux à deux ou trois personnes du groupe, notamment Eddie pour ne citer que lui, j’avais réussi à obtenir une bouteille de tequila. Dans mon souvenir elle m’avait parlé de cet alcool donc je n’allais pas m’en plaindre, j’avais aussi deux paquets de cigarettes. Toutes les semaines ne seraient peut-être pas aussi fructueuses que celle-ci, mais c’était sans doute un bon début. Je réalisais qu’on n’avait pas précisé combien de fois je devrais la payer ni à quelle fréquence elle m’entraînerait, mais c’était encore des choses qu’on pourrait sans doute discuter.

Quand elle m’ouvrir, la porte, je lui offrais un petit sourire, le personnage était toujours aussi énigmatique et ça me plaisait. J’avais fait l’effort aujourd’hui, de venir avec une tenue bien plus sportive que la première fois. J’avais un leggins, une vraie paire de baskets et un haut sans doute un peu trop moulant, mais qui me permettait de bien bouger. C’était une des tenues de yoga de Nora, mais ça, elle n’avait pas besoin de le savoir de toute façon. J’avais bien évidemment, mis un trench-coat par dessus tout ça pour éviter que ce soit trop voyant, ce qui devait me donner un air d’agent secret, mais passons. J’avais avec moi un sac à dos et c’était dans celui-ci que j’avais le payement.

- Tu m’attendais ? J’essaye toujours t’être le plus ponctuel possible. J’ai tout ce qu’il te faut dans mon sac, tu me laisses entrer et je te montre si ça te convient. La pêche a été bonne cette semaine.

Je lui offrais un sourire qui s’agrandissait encore un peu alors que je lui parlais. Dans le fond, j’avais envie de la connaître un peu mieux et je savais que ce serait la bonne façon de commencer si j’arrivais à gagner sa confiance. J’avais presque envie de lui demander si elle s’était renseignée sur mon compte, mais je connaissais déjà la réponse et il n’était sans doute pas nécessaire qu’elle le dise à voix haute. Alors que je pénétrais dans la maison, je retirais mon sac à dos et je l’ouvrais pour lui en montrer le contenu attendant alors un avis de l’intéressée.

- Je ne promets pas de faire aussi bien à chaque fois, mais ça te prouve que je ne suis pas une menteuse, c’est sans doute un bon début.

C’était important de créer une relation de confiance et le peu que je pouvais gagner c’était déjà ça. Elle ne me connaissait pas, n’avait pas confiance en moi, mais si déjà, elle pouvait croire en ce que je disais c’était sans doute un bon début pour notre relation. Du moins si on pouvait considérer qu’un jour elle arriverait à me faire confiance.

- En plus tu as de la chance, je ne fume plus et j’ai arrêté de toucher aux alcools forts, alors tu es sûre que je ne te piquerais rien.

J’avais dit ça avec un sourire aux lèvres, j’avais l’espoir de la dérider un peu. C’était une vérité qui me choquait presque et je me rendais compte que je n’étais plus aussi fun que lorsque j’étais jeune...