Mais paradoxalement, si tu les perds un jour, ça te fera encore plus mal, que je lui réponds en fronçant les sourcils.

Je sais que Cole est pas exactement le gars le plus sociable du lot, mais ça peut pas lui faire du mal d’essayer de se faire un peu plus d’amis. Ok, moi je l’aime beaucoup, c’est un vrai pote ! Je sais que je peux lui faire confiance, et je le trahirais pas pour ma part ! Mais je trouve ça dommage que les autres se privent de ça, il est ultra intelligent et très intéressant, et quand il raconte ses histoires de complot, je le trouve super drôle. Alors certes, il a quelques personnes autour de lui, mais c’est très peu quand on sait le nombre d’individus qu’il y a dans ce campement. Y’a qu’à voir ! Même ma sœur lui parle pas beaucoup, alors que c’est Miss Gentille depuis 2015 dans le coin.

Les gens sont pas aussi terribles que tu le penses, au pire ils sont bêtes mais c’est marrant les gens bêtes ! que j’ajoute dans la foulée.

Bon, c’est peut-être pas l’argument le plus pertinent que j’ai à lui proposer, mais c’est un bon début. Puis, Cole passe à autre chose, il me parle de Zelda, et d’Eve, en me témoignant que c’est une « autre histoire ». Je plisse le regard, fronce les sourcils, essaie de comprendre ce qu’il essaie de me dire. Je crois que je sais déjà de quoi il s’agit, parce que je suis pas aveugle, il est ultra chelou devant Eve. Et je parle de chelou venant de Cole ! C’est quand même un sacré truc quoi !

Une autre histoire ? je répète ça avec une petite voix l’air de pas y toucher. Mais il sait, je sais, on sait, tout le monde sait ! Quoi, comment ça ? que j’insiste dans la foulée.

Il essaie de me refourguer la manette mais il y échappera pas comme ça ! Il m’en faut plus pour me détourner d’un objectif. Cible en vue, tu vas parler mon coco !

Soit t’en as trop dit, soit pas assez ! Parle maintenant ! que je fais en bondissant presque sur lui. Bon, j’en fais peut-être un peu trop mais c’est pas grave ! Oui va y ! Je joue mais je t’écoute ! Et j’insiste très fort.

Je me concentre brièvement sur l’écran devant moi, en évitant les coups d’un monstre qui me rekt quand même. Un grognement furieux m’échappe. Franchement, je ne suis pourtant pas si mauvaise normalement avec les jeux-vidéos mais là, The Witcher, c’est old school sur plein d’aspect. On sait qu’à l’époque, on n’avait pas le même niveau de difficultés qu’aujourd’hui, et notre patience était aussi très différente. Pour l’occasion, ils n’y sont quand même pas allés de main morte pour nous mettre cher dans nos dents. Je ne pose pas la manette pour autant ! Le jour où un jeu me mettra vraiment mal n’est pas encore arrivé…

Ce sont pourtant les mots de Cole qui me figent un instant alors qu’il me parle d’Eve-Madeleine. Mes yeux se tournent vers lui, se font rond. Finalement, Gerald se fait défoncer de son côté et moi, ma bouche s’ouvre en l’écoutant l’impliquer que la nonne lui plait, genre beaucoup et qu’il en est arrivé à devoir lire…

… LA BIBLE ?! Je répète ça dans la foulée de ses déclarations. Il essaie de détourner le sujet en me parlant des cookies mais très honnêtement, ce n’est pas du tout ce que j’ai envie de savoir. Je lui désigne vaguement la direction de la cuisine. Je devrais sans doute aller les chercher moi-même mais très franchement… Il vient de me dire qu’il a un énorme crush sur Eve-Madeleine ! Si ça, ce n’est pas mille fois mieux comme informations ! Alors ça, que je souffle, un peu sur le cul.

Je me pince les lèvres, mets finalement le jeu sur pause avant de me tourner pleinement vers Cole qui a déjà pris la direction de la cuisine où se trouvent les cookies qu’il cherche.

Ok, l’amour ça fait mal mais regarde ! Le couffin de ma fille, les jouets, et ma relation avec Stanley, c’est tout ce qu’il y a dans cette pièce et qui crève les yeux dans ce bordel : On peut s’en sortir et faire des trucs qui sont biens ! Au fond, je ne sais pas si je dois le convaincre : Et… Tu penses que tu as tes chances ? Genre… Vous vous entendez bien, pas vrai ? Donc si jamais tu l’invites à manger chez toi… je danse des épaules pour lui adresser un sourire de circonstances.

Je suis sûre qu’il peut arriver à la séduire. Et qu’on ne vienne pas me rappeler son métier d’avant, ça ne compte plus.