Re: You've got a friend in me

Ludwig était touché par les mots de Joey. Un sourire lointain vint filtrer avec ses lèvres quand il annonça qu'il ne l'avait jamais vu comme un lâche. Le point de vu du libraire était tout autre. Pour être honnête, il avait la sensation que tout le monde au sein du camp était toujours trop conciliant avec lui, tout en ayant conscience de son inutilité et de sa lâcheté.

- C'est gentil.

Les derniers mots de son ami le rassurèrent cependant. Joey ne le jugeait pas, il le comprenait, alors c'était suffisant.
Il garda ensuite le silence, pas trop sûr de savoir comment enchaîner cette conversation. Portant son regard sur son cadet, il se mordilla la lèvre inférieure avant d'y porter sa tasse. La chaleur du thé lui fit du bien.

- Et … et toi alors ?

Il s'éclaircit la gorge, chercha un instant ses mots :

- Tu es … tu es avec Selene, non ? J'ai cru comprendre que vous étiez proche. Est-ce que … est-ce que tout se passe bien ?

Il connaissait la pathologie de la jeune femme. Elle était difficile, à fleur de peau et tourmentée. Oh, Ludwig ne la jugeait pas, bien au contraire. Il avait beaucoup de tendresse et d'admiration pour elle. Mais en connaissant Joey, en sachant qu'il se ressemblait tous les deux, il avait un peu d'appréhension pour lui. Pas qu'elle lui fasse du mal. Enfin … peut-être un peu. Il voulait le meilleur pour ses proches, c'était tout.

You've got a friend in me

Feat Ludwig Gulbrandsen

Joey et Ludwig se comprenaient parce qu'ils étaient similaires. Bien qu'ils aient eu une enfance différente, un passif distinct, et une différence d'âge conséquente, ils étaient animés par des émotions égales en masse dans leur conscience : ils avaient énormément de chose à porter sur les épaules. On sentait sur le visage du libraire quelque chose de fatigué. Joey ne pouvait que comprendre. Il savait que si ses mots étaient encourageant, ils ne pouvaient pas changer en un claquement de doigt le comportement du trentenaire qui avait toujours une lueur mélancolique dans le regard. Quand Ludwig le remercia... De croire en lui, tout simplement, Joey se redressa légèrement sur la point de ses pieds pour venir presser l'avant-bras de son ami avec un demi-sourire pudique.

« Je l'pense. » Conclut-il facilement en se rasseillant et haussant les épaules. Il porta à son tour sa tasse aux lèvres et observa le libraire pendant quelques secondes sans rien dire. Joey et Ludwig avaient une intimité presque fraternelle, sans avoir besoin de se parler pour se comprendre. Le jeune photographe haussa les sourcils quand ce fût à son tour de donner de ses nouvelles. Que dire ? Il tentait comme il pouvait de trouver un sens à son existance. Pour ça, il se donnait corps et âme dans ses relations avec les autres et s'investissait du mieux possible dans le campement. « Comment ça ? » Demanda-t-il dans le vide avant que Ludwig ne rebondisse à propos de Selene.

Joey sentit quelque chose tambouriner au creux de son estomac. Mais il ne put s'empêcher de voir une lueur d'inquiétude dans les yeux de son complice. Il acquiesça alors et esquissa un petit sourire en coin en buvant une nouvelle gorgée de thé. « Oui... Je sais pas trop comment t'expliquer ça... C'est arrivé et... Je tiens beaucoup à elle. » Puis, en annonçant cela, il balaya l'air devant lui de ses deux mains et écarquilla les yeux en se sentant rougir. « Je n'avais aucune prétention à ce qu'un tel événement se produise attention ! C'est juste que je pense... Que... Dans notre malheur respectif on s'est bien trouvé. » Joey avait conscience du caractère tragique de ce qu'il venait de dire, aussi se passa-t-il une main dans les cheveux. « Oui bon... Ça sonne mal comme ça mais... Je t'assure que c'est bien mieux que ça en a l'air ! » Assura-t-il en lâchant un autre rire nerveux.