Il avait besoin d'extérioriser, il gardait refoulé pas mal de choses depuis l'altercation au bar. D'abord, May lui avait encore une fois crier dessus mais ça c'était presque devenu une habitude depuis qu'il était arrivé à Fort Ward que la blonde lui crie dessus mais aussi parce qu'elle avait sous-entendu que Roza était responsable de la mort de Kyle. Tout ça tournait constamment dans sa tête depuis un moment et même les petits moments agréables de colocation avec Layla n'avait pas réellement la même saveur comme s'ils étaient dénués de sens par cet instant précis, comme si plus rien n'était bon, plus rien ne le touchait, plus rien ne pouvait ne serait-ce que lui donnait cette douce sensation de moment agréable. C'était fascinant de voir à quel point un instant T pouvait complètement bloquer la machine, l'enrayer, la coincer de la manière la plus terrible qu'une homme puisse la subir.

C'était pour cette raison, pour cette unique raison qu'il avait laissé l'anglaise seule chez eux, pas d'amis, pas de famille à aller voir comme il l'aurait fait il y a quelques années, à l'époque où tout cet enfer n'existait pas. Non, là, il n'y avait qu'un endroit où il pouvait passer le temps à broyer une sorte de noir sans qu'on ne le lui fasse trop remarqué ou alors qu'on ait pas besoin de lui pointer du doigt : le bar. C'était peut-être une réflexion de poivrot, sûrement même mais qu'importait après tout n'avait t-on parfois pas le droit d'avoir une faiblesse, nous les hommes ? Cette simple faiblesse de vouloir noyer son chagrin entre quelques verres grassement payée à une jolie serveuse, avoir quelques discussions endiablées sur des sujets si subtiles qu'ils en sont inutiles. Tout ça, c'était peut-être le bonheur que pourrait lui procurer un bar alors autant craquer, autant y aller, autant chercher la moindre petite chose qui le ferait sortir la tête de son océan noir de réflexion probablement plus toxiques les unes que les autres. Il fit donc son chemin, rencontra quelques têtes, vit quelques hommes, s'arrangea avec un camarade pour aller boire un verre et tous les deux firent route ensembles, discutant de la pluie et du beau temps, de la politique du camp ou encore plus légèrement des demoiselles autour d'eux, des discussions habituelles.

Les portes du bar ouvertes et les deux clients du jour passés, ils firent leur petite soirée, enfin pas non plus toute la soirée, Aodhan après tout à cet instant n'avait peut-être bu que deux ou trois verres grands maximum autant dire qu'il n'était pas totalement torché. Il était heureux dans un sens, ça lui faisait oublié la difficulté de l'extérieur d'être ici, il échangeait, rigolait et discutait avec quelques personnes présentes ici tandis que de temps en temps il jetait un œil là où avait eu lieu la bagarre quelques jours auparavant, c'était étrange d'être de nouveau présent si peu de temps après mais le contexte après tout n'était pas le même et il y avait moins de risque qu'il y ait une bagarre avec des gens qu'il connaissait. Néanmoins, il fut un moment où son petit camarade fit bande à part allant voir une demoiselle qu'il connaissait et la scène arracha un sourire à Aodhan qui se recula vers le bar, allant voir la plus jeune des Summer, Madisson s'il se souvenait bien. "Salut, ce serait possible d'avoir un whisky ?" Il se gratta légèrement la barbe avec un air un peu gêné. "Au fait, désolé pour la table la dernière fois pendant la bagarre mais fallait les séparer avant qu'y en ait une des deux qui blesse sérieusement l'autre ou pire." Elle saurait sûrement ce qu'il sous-entendait par pire. "En tout cas ça a pas affecté les affaires y a quand même quelques personnes ce soir." Il avait accompagné cette remarque d'un petit sourire pour essayer de dédramatiser la situation.

J’arrive au bar durant la soirée. J’ai proposé à Casey de faire la fermeture aujourd’hui, pour qu’elle puisse souffler et s’occuper d’Esther. A vrai dire, cela fait un moment que je ne suis pas venue travailler ici. Mais étant donné que Zelda ne sera pas là durant quelques jours, il faut bien que quelqu’un continue à faire tourner notre affaire. Avec ma grande sœur, nous prenons le temps d’échanger quelques mots, mais elle ne tarde pas à filer pour rejoindre sa petite famille.

L’ambiance est plutôt paisible ce soir, et cela me rassure dans un sens. Casey m’a raconté l’altercation d’il y a quelques jours, entre May et Roza. Et si je n’y ai pas assisté, je sais que ça a été plutôt violent. C’est d’ailleurs pour cela que Zelda n’est pas là pour jouer à la serveuse. Pour l’avoir vu se faire reprendre par Madame Phelbs, dans le bureau de l’avocate, je sais que le comportement de l’adolescente ce soir là a dépassé les limites du raisonnable. Cela ne m’étonne pas vraiment… Depuis un moment, j’entends souvent parler de ses « exploits » et la punition devait tomber un jour ou l’autre. La petite blonde est enfermée pour quelques temps dans la prison de Ford Ward, tout comme les deux autres jeunes femmes. Bien sûr, elles ont remis le bar en ordre mais cela n’efface pas tout… Qu’importe. Je trouve la sentence méritée. Même si j’apprécie beaucoup May et que je n’ai rien contre la russe, ce genre de comportement ne peut pas rester impuni. Peut-être qu’elles réfléchiront à deux fois avant de se mettre à se taper l’une sur l’autre. Je suis bien contente de ne pas avoir dû gérer tout ça.

Concernant Zelda, ce n’est pas parce qu’elle a seulement quine ans qu’elle ne doit pas être punie comme les autres. Certains ont peut-être trouvé la décision de June trop sévère, pour ma part, je trouve cela mérité. Je l’avais déjà mise en garde, il y a quelques temps, en lui disant qu’elle ne pouvait pas faire n’importe quoi. J’espère qu’elle prendra le temps de méditer sur tout ça durant son séjour en cellule.

Affairée derrière le bar, une voix m’interpelle alors. En me retournant, je reconnais Monsieur Kaines. Je lui offre un grand sourire avant de la saluer. « Bonsoir Aodhan. Bien sûr, je te sers ça, tout de suite. Comment vas-tu ? » Pas de « Monsieur Kaines » qui tienne ce soir, depuis que je travaille au bar j’ai tendance à tutoyer les gens plus facilement, j’espère qu’il ne m’en tiendra pas rigueur. Je l’écoute alors s’excuser pour ce qu’il s’est passé il y a quelques jours. Le professeur a assisté à la bagarre et semble presque gêné de ne pas avoir réussi à les séparer plus tôt. Je fais glisser un verre de whisky sur le comptoir avant de lui répondre. « Oh… Ne t’en fais pas. Ce n’est pas de ta faute… Vu la décision prise par Madame Phelbs, je pense que ça leur servira de leçon. J’espère qu’elles prendront le temps de réfléchir et que cela les dissuadera de recommencer… » C’est quand même regrettable d’en être arrivé là… « Dans tous les cas, tu ne dois pas t’en vouloir… J’ai cru comprendre que vous étiez plusieurs à avoir essayé de les arrêter… C’est fou quand même. Tu sais pourquoi elles se sont battues comme ça ? »

Pour être très franc, il s'attendait à ce qu'elle lui fasse des reproches. Globalement, en fait, il s'attendait à ce que tout le monde lui fasse des reproches, il n'était pas dupe après tout, il savait ce qui l'attendait après cet événement. D'autant qu'il était réellement gêné de se retrouver devant Madisson, il aurait sûrement préféré que ce soit Casey, il la connaissait un peu moins et il avait moins de sympathie pour elle. M'enfin, il espérait que la petite blonde ne lui tienne pas rigueur de la table qu'il avait peut-être un peu esquinté pour permettre de séparer les deux lionnes avant qu'une ne s'en prenne à la gorge de l'autre mais en même temps, il savait que Madisson était sûrement un peu plus douce et un peu plus compréhensive que sa sœur. La situation était donc relative mais qu'importait, il l'avait interpellé, il devrait en assumer les conséquences si on lui faisait des reproches ou des remarques et il était à les prendre, pour être franc l'alcool l'aidait sûrement à accepter un peu plus qu'on lui en veuille donc si la blondinette avait quelque chose à dire c'était le bon moment pour le faire.

Mais rien ne vint, un grand sourire radieux à la place et des mots gentils. Décidément cette fille était un OVNI dans un champ de blé pourris. Il hésita un instant avant de répondre, déconcerté par le fait qu'elle soit aussi gentille alors qu'il ne s'y attendait pas mais se contenta d'un petit. "Bien, ça va merci." Il aurait pu lui demander comme elle allait mais sur le coup, il ne s'attendait pas à cela. Puis la blondinette continua la conversation, le déchargeant des potentiels remords qu'il avait vis à vis d'elle et du bar. Mais l'insinuation qu'elle fit sur le fait que ça pouvait les avoir fait comprendre des choses fit doucement apparaître un sourire dans le coin des lèvres d'Aodhan, elle était un peu naïve parfois. Roza était Roza et May était toujours impulsive alors lui, il ne croyait absolument pas que ça changerait les choses, peut-être même que ça les empirerait connaissant les deux énergumènes qu'il avait cotoyé autant l'une que l'autre et qu'il connaissait sûrement mieux que n'importe qui dans le camp.

La question vint ensuite pourquoi est-ce que toutes les deux elles s'étaient battues. Posant son regard sur la blondinette, il aggrava un peu son visage. "On a tous eu un passé avant d'arriver ici." Ce fut un petit sourire attristé qui s'ajouta. "Disons qu'elles ont eu des différents entre elles par le passé, des différents qui implique le fait d'avoir du sang sur les mains." Il n'en dirait sûrement pas plus, pas que la petite blonde ne méritait pas de savoir en détail le point de discorde mais simplement qu'Aodhan n'avait pas réellement l'envie de s'étendre là-dessus dans la mesure où c'était un sujet qui le touchait personnellement, retrouvant quelques couleurs, il changea de sujet. "En tout cas, tu es ravissante Madisson." C'était le moment de parler d'autre chose alors autant qu'il en profite. "J'ai bien fais de venir au bar !" Il fit un sourire à la serveuse-secrétaire. "Pour toi, pour l'alcool et pour fêter le fait qu'on ait enfermé deux de mes amies qui vont sûrement m'en vouloir de pas les avoir laissée s’entre-tuer avec mon élève la plus insupportable que j'ai eu depuis un bon moment." Et c'était peu dire qu'il était heureux de la savoir au moins elle dans la prison de Madadame Phelbs. Au moins, elle lui foutait définitivement la paix et pour une semaine, peut-être plus si elle ne venait pas s'excuser, et ça c'était particulièrement plaisant pour lui.

J’ai vraiment beaucoup de mal à comprendre pourquoi May et Roza en sont venues aux mains. Vraiment. Malgré les explications d’Aodhan, je n’arrive pas à leur trouver d’excuses. Et bien que je n’aie rien contre elles personnellement, je trouve ça très idiot de leur part. Si elles pensaient pouvoir s’en sortir sans histoire, elles se sont lourdement trompées. La « punition » décidée par Madame Phelbs et tout à fait justifiée, il me semble. Ce n’est pas le genre de comportement que nous souhaitons voir ici, à Ford Word, et parfois il est utile de savoir mettre ses différents de côté pour le bien du groupe. Surtout lors d’une simple soirée…

L’homme qui m’interpelle semble avoir quelques regrets mais je le rassure en lui disant qu’il n’y pouvait pas grand-chose. Je suis surtout désolée pour lui, qu’il ait dû assister à tout cela ici. Qu’importe, mes paroles semblent le soulager un peu, je remarque qu’il se détend un peu, allant même jusqu’à me souffler un compliment. « Oh… Je… C’est gentil… » Dis-je alors, sentant mes joues rougir un peu. Le professeur semble plutôt enthousiaste et cela me faire rire quand il m’avoue qu’il a bien fait de venir ici pour passer la soirée. Je lui dis alors « Je suis contente que tu passes une bonne soirée cette fois. L’honneur du Summer’s est sauf ! » Je ris doucement avant de lui offrir un nouveau sourire. Normalement, il n’y personne pour venir saccager le bar ce soir, et espérons pour longtemps…

Lorsqu’il évoque l’adolescente, je ne peux pas m’empêcher de lui dire « Ah… Zelda… J’étais là quand Madame Phelbs l’a convoquée dans son bureau. Si cela peut te rassurer, elle ne faisait vraiment pas la fière. » Je crois que c’est bien la première fois que je l’aie vue aussi sérieuse et surtout très embêtée d’avoir fait des bêtises. Mais une fois encore, je ne suis pas certaine qu’elle ait bien réalisée ce qui l’attendait. Peut-être que maintenant, en étant enfermé dans l’une des cellules de la prison, elle réfléchira un peu à tout ça. Cela fait un moment que je la préviens, qu’elle finira par devoir payer ses fautes, et bien voilà… Je soupire doucement avant de reprendre « J’espère que ça lui servira de leçon. Même si… J’ai quelques doutes. Elle n’a vraiment pas conscience de ce qu’elle fait. Ça devient très grave, je trouve… » Une légère moue prend possession de mes lèvres. Il faudrait pourtant qu’elle se calme où elle finira par faire une très grosse bêtise un jour… « J’imagine qu’elle ne doit pas être facile à gérer lorsque tu l’as en cours… La dernière fois que j’ai travaillé avec elle, j’ai dû me fâcher et la menacer de la balancer à Phelbs. »

Elle rougissait, elle était mignonne, un peu. Enfin, c'était sûrement l'alcool qui lui faisait penser ça, fallait vraiment qu'il arrête de boire parfois. Il balaya le reste de la pièce d'un regard pour voir le monde qu'il restait, au cas où il connaisse quelqu'un qui puisse lui servir d’échappatoire après avoir réalisé la grossièreté de ce qu'il venait de lui dire, à la complimenter comme ça. Seulement y avait personne, enfin, y avait bien des gens mais il les connaissait pas vraiment ou alors il avait pas particulièrement envie de leur parler. Puis apparemment il avait sauvé l'honneur du Summers et il ne put s'empêcher de retenir un rire. Quelle connerie, il était bien incapable de sauver l'honneur de quoique ce soit déjà qu'il avait parfois du mal à sauver le sien bien souvent. Enfin, il avait quand même compris que c'était une boutade, enfin il espérait que ce soit une boutade parce que si les gens donnaient vraiment une mauvaise réputation au Summers alors ils devaient pas avoir beaucoup connu les bars pourris qui traînaient avant dans les rues miteuses de Seattle, ça ça méritait une réputation de merde et pourtant combien de fois est-ce qu'il y avait traîné et il avait vu ces bars pleins d'étudiants, de jeunes, parfois de moins jeunes.

Puis elle lui répondit sur le sujet de Zelda.. ah.. cette gosse c'était l'enfer et le professeur pouvait lui en dire des choses sur elle, des choses qui en général n'étaient guère positives en général, en même temps y avait pas grand chose de positif chez cette gamine. Ceci dit quand Madisson lui confia qu'elle ne faisait pas la maligne quand June lui avait passé un savon, il ne put s'empêcher d'en rire doucement, cette gosse était vraiment une horreur pour n'importe qui et savoir que même la grande patronne le savait lui réchauffait un peu son cœur de pierre.. à moins que ce soit l'alcool qui lui réchauffait le cœur. Puis quand la blondinette lui fit savoir qu'elle doutait que le petit monstre retienne la leçon, le professeur ne put s’empêcher de sourire à nouveau, cette gamine, elle était incapable de retenir quoique ce soit. Elle était pas débile, loin de là même, mais elle était tout simplement dans une incapacité absolue de comprendre quoique ce soit qui évoquerait le fait qu'elle ait la nécessitée de se calmer, comme si c'était au-dessus de ses forces de simplement la fermer et de rester en place cinq secondes. Bordel, ses parents avaient bien fait d'être crevés pour pas avoir à subir ça.

Puis elle lui souffla qu'elle ne devait pas être facile à gérer en cours et le professeur lui répondit avec un léger sourire. "C'est une peste, turbulente, elle ne marche que si on l'achète d'une manière ou d'une autre et avec quelque chose qui l'intéresse sinon elle est strictement incapable de faire les choses comme tout le monde." Il était un peu plus posé que ce qui l'aurait voulu mais il ne doutait pas qu'elle comprenne aisément le problème. "Mais dis toi qu'à toi, elle ne te fait pas de misère en dehors de ton travail." Il secoua la tête en finissant cette phrase. "Tu sais qu'elle s'est introduite chez moi, à ruiner toute ma maison en la salissant et après s'être fait attrapée, elle a dit à ma colocatrice que je battais les femmes  ?" Bordel, en y repensant cette gosse c'était vraiment le diable. "Crois moi Madisson, elle est intenable, j'ai du la renvoyer de l'école à durée indéterminée parce qu'elle a jetée un couteau au milieu de la bagarre entre Roza et May." Et ça, c'était vraiment pire que tout, c'était la preuve qu'il était incapable de l'éduquer et de la garder correctement ou que simplement Clayton ne lui faisait pas assez peur pour qu'elle se retienne de le faire. Dans tous les cas, il y avait un problème qui venait d'elle ou de son éducation aux yeux du professeur.

Ah Zelda ! C’est vraiment un sacré numéro. A vrai dire, je n’avais jamais croisé d’adolescent aussi turbulents qu’elle, et pourtant, je trouvais déjà que certains de mes camarades allaient trop loin. Et pour avoir grandit aux côtés de Casey, je peux dire que même ma sœur n’était pas aussi insupportable ! Après, j’ai peut-être été toujours trop sage ? Sûrement. Quoiqu’il en soit, je ne me suis jamais permise de remettre en question les décisions des adultes, ni même leur tenir tête. Bon ok, maman et papa des fois, quand nous les faisions tourner en bourriques avec mon aînée. Et j’ai bien eu quelques problèmes au lycée, avec certains de mes professeurs, mais c’est surtout parce que le sens de mes réflexions les déconcertait parfois et que parfois, je prenais la parole sans leur autorisation, emportée par mon enthousiasme et mon envie de répondre correctement.

Sinon, je n’étais vraiment pas du genre à faire des bêtises. Même Blue, ma meilleure amie, essayait parfois de m’entraîner dans ses mauvais coups. Combien de fois elle m’a demandée de venir aux soirées qu’elle organisait avec les autres élèves de notre classe ? Combien de fois elle a voulu faire le mur quand nous étions chez ses grands-parents à Paris ? J’ai même un peu de mal à croire qu’elle soit restée mon amie, parce que visiblement, j’avais d’autres ambitions. Tout ce qui m’intéressait, c’était de pouvoir partir en Europe et d’y faire mes études. Je voulais intégrer une bonne université en Italie, étudier le droit, pourquoi pas les sciences politiques… Je laisse échapper un léger soupir, ayant forcément quelques regrets…

Lorsque je lui raconte l’entretien entre Madame Phelbs et Zelda, je pense que mes mots font ravir Aodhan. Un léger rire s’échappe de ses lèvres et il m’explique alors que lui aussi a eu quelques différents avec elle. Mais quand il m’apprend, qu’elle l’a également embêté en dehors de sa classe, je fronce légèrement les sourcils. « Elle a saccagé ta maison ?! » Je le regarde avec de grands yeux. Voilà encore une bêtise dont je n’ai pas eu vent. Décidément, cela commence à faire trop, beaucoup trop. Sans compter le fait qu’elle ait été raconter des mensonges sur le compte du professeur. Ça aussi, c’est très grave. Mais le pire, c’est quand il me raconte qu’elle a jeté un couteau durant la bagarre. « Quoi ?! Casey ne m’en a pas parlé. C’est très grave, effectivement. Elles auraient pu s’entretuer… » Je remarque le professeur avec un regard inquiet avant de lui dire d’une voix légèrement agacée. « Mais est-ce que même après tout ça ? Après cette remise à l’ordre de Madame Phelbs, est ce qu’elle va réellement se calmer ? Une semaine… Ce n’est pas si long que cela finalement. Si elle continue comme ça, elle va finir par faire mal à quelqu’un, ou pire ! »

Bon, peut-être qu'en temps normal, il aurait pas dis certaines choses au sujet de Zelda, il se serait peut-être gardé de dénoncer le fait qu'elle était venue s'introduire chez lui, avec sa petite bande il en était persuadé, et qu'elle salie une bonne partie de sa maison. Fallait-il qu'il soit honnête, dans l'état où il était, même s'il n'était que légèrement alcoolisé et pas complètement torché, il ne pouvait presque que dire la vérité sur ce qu'il pensait du petit monstre qui lui servait à l'habitude d'élève. Bon.. peut-être qu'il en rajoutait un peu dans le dramatique pour forcer le trait et parce qu'il était en colère contre elle après ce qu'elle avait pu faire lors de la soirée du bar.. bordel, est-ce qu'elle se rendait compte qu'elle avait failli faire buter deux femmes qui l'accompagnaient depuis des années ? Il en était pas sûr et c'était bien ça qui lui posait un problème, un gros problème dans les faits. Pour lui, c'était important qu'elle prenne conscience du problème de son comportement et il espérait le plus sincèrement possible qu'elle viendrait s'en excuser et qu'elle changerait sa manière de faire néanmoins.. comme il l'avait pensé un peu plus tôt, il doutait qu'elle ne fasse quoique ce soit.. il doutait surtout qu'elle soit capable de faire quoique ce soit concernant son comportement. Peut-être qu'elle n'était juste simplement pas assez maligne pour changer son fusil d'épaule ?

Mais l'autre petite blonde, Madisson, le sort de ses pensées en insistant sur ce qu'il a dit. Un hochement de tête pour confirmer, il continue la conversation et il porte le verre à ses lèvres, il en avale une gorgée, ça pique mais ça fait du bien dans un sens, ça lui fait oublier certaines conneries. Son verre retourne au comptoir et il relève son regard sur la blondinette pour écouter sa réponse. Il arque un sourcil, comment ça Casey ne lui a pas dit que dans son propre bar il y a faillit y avoir un meurtre ? Légère tête circonspect le professeur essaye de comprendre pour la plus vieille des deux sœurs n'a rien dit à sa cadette mais bon, c'est pas vraiment son problème après tout même si ça reste surprenant d'autant qu'elle continue, les analyses de la petite Summer sont bonnes, du moins aux yeux du professeur, en fait il est entièrement d'accord avec elle globalement. Si la petite n'est pas canalisée ou arrêtée elle était bonne pour devenir un danger pour les autres et surtout pour les membres du camp. "Ne pense pas pas au conditionnel Madisson, elle va finir par faire du mal à quelqu'un vu comme elle est partie." Il haussa les épaules pour en rajouter. "Mais j'espère que la prison l'aura peut-être un peu assagis tout de même, au moins, c'est la preuve que madame Phelbs a conscience du problème, non ?"

Le verre retourne à ses lèvres, l'alcool redescend en une gorgée dans sa gorge et il reprend la parole, calmement, faut-il avouer qu'il n'a pas réellement d'intérêt à s'énerver sur le cas de son élève, il la connaît et pour lui, tout ça c'est une évidence. "De toute façon je te fais confiance Madisson, je sais que tu t'occuperas de conseiller parfaitement madame Phelbs au sujet de comment mettre cette petite au pas." Un petite sourire avec une jolie phrase pour la complimenter sur son travail, ça paie pas de mine mais bon. "Enfin, au moins j'espère que tu vas convaincre ta sœur de ne plus la laisser servir au Summers jusqu'à ce qu'elle arrête ces bêtises, ce serait dommage que ça donne une mauvaise réputation au seul bar de l'île." Pour le coup, ça, il le pensait réellement. "D'autant que si c'est toi qui prend ses services, je viendrais sûrement plus souvent au bar." Bon, c'était pas vrai du tout ça, il était pas très bar globalement et puis bon, se prendre une cuite tous les soirs quand on est le gars qui éduque les gosses des autres c'est pas super pour l'image en règle générale.