Re: A New Encounter

A New Encounter

Feat Ashton Malkinson

Bien sûr, Joey avait visé juste. Il savait que s'il allait dans le sens d'Ashton, non seulement ce dernier serait naturellement amené à faire la conversation tout seul, mais en plus, il tirerait de cet instant un moment agréable en compagnie du jeune photographe qu'il ne connaissait pour ainsi dire pas. Joey acquiesça en l'écoutant parler tout en finissant de remuer les morceaux de bois dans l'argile et donna dans un même temps une sorte de petite pelle à main à Ashton, pour qu'il l'aide ensuite à boucher le trou. « Retrousse tes manches, va falloir étaler colmater à la main par contre. » L'avertit Joey en le coupant dans son discours avant de le laisser reprendre à propos des filles.

Ashton était légèrement plus jeune que Joey, qui allait fêter ses vingt-six ans en juin. Cependant, il ne connaissait pas le passif du brun qui semblait tout de même plutôt être à cheval sur le fait de ne pas s'attacher. La remarque à propos du "pavillon" de planté fit sourire Joey, presque amusé de sa remarque, avant que celui-ci ne hausse les épaules d'un air distrait en prenant une grosse quantité d'argile boisé dans sa pelle et de l'appliquer dans le trou béant. « Oh, de toutes façons, j'imagine que ça se fait tout seul tu sais... On a pas à prévoir nos relations avec les autres, ce serait bizarre nan ? » Joey employait un ton presque juvénile par rapport à sa manière de parler habituelle. C'était peut-être la conversation qui l'encourageait, ou alors le caractère nonchalant d'Ashton. Ou peut-être qu'au fond, il tentait de dissimuler la contradiction qui se dressait comme un mur dans son esprit.

Si Joey n'avait pas cherché absolument une relation, il n'avait pu s'empêcher de tomber amoureux de Selene. Car depuis quelques temps, à passer autant de temps avec elle, le jeune photographe se laissait convaincre par ce fait qui était presque effrayant : il était amoureux d'elle. « Oh moi... Répondit-Joey après avoir presque sursauté à la question du brun. Je... Ouais j'fréquente un peu quelqu'un ces derniers temps... Tu vois comme j'disais, ça se fait comme ça, ça s'calcule pas. » Peu explicite et même assez secret, Joey savait qu'il n'arriverait pas à se confier si facilement à ce propos. Le seul qui n'était pas aveugle face à la situation du photographe, c'était Ludwig – mais aussi son frère – parce qu'il avait une totale confiance en lui et parce qu'il savait qu'il ne le jugerait pas. Mais il ne connaissait pas vraiment Ashton et ne voulait pas non plus que tout le monde le cri sur tous les toits.

« Nan mais vas-y mets les mains franchement dedans, n'aies pas peur, ça défoule tu vas voir ! » Prévint Joey avec un sourire encourageant, en voyant les gestes mous et incertains du jeune homme. Il lui montra le geste en plongeant les mains, s'enfonçant presque jusq'aux avant-bras pour venir placer l'argile boisé dans les moindres recoins de la faille qui s'était creusée. Il les retira et fit un signe de tête à Ashton : « Vas-y essaie ! » L'encouragea-t-il avec un sourire.

J'sais pas vraiment s'il comprend mon point d'vue, c'pas simple d'l'expliquer en vrai mais j'suis presque sûr qu'c'compréhensible pour lui, l'est loin d'être bête l'ptit gars. Ceci dit, c'vrai que ma vision des choses étaient p'têt pas forcément la meilleure, j'sais qu'y a beaucoup d'gens qui aiment bien avoir quelqu'un constamment avec eux, qu'aiment bien vivre jusqu'au bout avec l'même personne dans leur lit et qui supporteraient pas d'se séparer d'elle mais moi, j'suis pas comme ça. J'peux pas être comme ça, c'trop compliqué, c'trop risqué d's'attacher à c'point et j'ai pas envie d'crever d'grands coups d'couteaux dans l'coeur si l'personne qu'j'aime viens à avoir un accident qu'impliqu'rait qu'elle s'fasse bouffer en entière par une horde d'zombies qui est aussi charmants soit-il sont d'sacrés enculés. Ceci dit pendant qu'j'réfléchis, j'm'exécute à ce qu'il m'a d'mandé, j'retrousse mes manches, c'l'heure d'continuer à bosser un peu, j'suis pas ravis d'voir faire c'te merde à la main mais en même temps j'me doutais bien qu'on allait pas faire ça avec une truelle, y avait pas l'air d'en avoir des masses par ici même si ça nous aurait bien servi dans l'immédiat, j'pense.

J'regarde l'brun faire son taf et envoyer d'l'argile dans l'trou, j'peux pas m'empêcher d'me dire que la discussion s'rait vraiment cool si on était autour d'une bière et pas en train d'colmater un trou à la con au fin fond d'un camp d'survivants moisi. Avec Joey, j'pense qu'on aurait pu être pote bien avant tout'cette merde mais voilà, on est coincé comme des glands au milieu d'l'apocalypse alors ça fait un peu chier, j'suis sûr qu'on s'serait bien marré avant tout ça, pis surtout l'discussions auraient p'têt étaient un peu plus mouvementée qu'aujourd'hui. C'tait l'insouciance d'l'époque qu'aurait sûrement était marrante à ajouter à l'discussion parce qu'aujourd'hui tout l'monde était adulte et tirait la gueule tout l'temps, plus personne voulait trop s'marrer du coup voir que lui arrivait encore à faire l'part des choses ça m'réchauffait un peu l'coeur au niveau de l'amitié qu'j'pouvais avoir avec les autres, c'tait sûrement naze pour l'trois quarts des gens du camp qui s'seraient foutus d'ma gueule mais j'm'en tamponne, j'sais être sentimental parfois, ça m'arrive même si c'pas forcément souvent. Fin bref, j'souris à sa remarque avant d'répondre. "Ouais, sûr'ment qu'faut rien prévoir dans c'bas monde, on sait jamais c'qui peut s'passer j'vais p'têt tomber amoureux d'une super blondinette du jour au lend'main et tu vas m'retrouver en pleurs quand elle va crever d'la mort." ça s'rait craignos mais bon, j'suis sûrement capable d'faire une connerie pareille.

Pis la suite d'la conversation s'fit, il s'mit à répondre à ma question et forc'ment mon intérêt s'aiguisa un peu plus, j'voulais savoir des choses, moi. J'savais bien qu'y avait forcément anguille dans roche avec une p'tite maman du camp mais bon suffisait maint'nant d'lui tirer les vers du nez. Y m'confirme qu'il a bien quelqu'un sous la main, ou au moins dans l'esprit et p'têt dans l'lit, mon sourire s'élargit pendant qu'mes mains viennent s'mettre dans mes poches d'jean. "T'en fais pas, c'pas parce qu'j'vois l'monde comme ça que j'comprends pas qu'on puisse vouloir avoir une p'tit d'moiselle dans son lit tous l'jours qu'l'patron fait." J'rigole gentiment. "T'as bien l'droit d'faire c'que tu veux, fais juste attention d'garder ton coeur intact, t'es un chouette gars Joey, m'ferait chier qu'ce soit moi qui te retrouve en pleurs dans un coin l'ami." Mais c'l'heure d'faire autre chose, c'l'heure d'faire les travaux manuels alors sans hésiter, j'sors les mains d'mes poches, j'me met à genou et j'prends une sorte d'boule d'argile, c'pas forcément c'qu'y a de plus sympa mais j'vais y survivre, fin normalement. Sans un mot, j'mis l'argile sur l'truc, j'suis pas trop doué et j'crois qu'ça s'voit mais j'm'en tamponne un peu alors j'essaye comme une tanche pis j'lui jette un r'gard. "J'crois qu'j'suis pas doué pour les travaux pratiques mec, j'suis plutôt un penseur."

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Quand Ashton mentionna une blondinette, Joey esquissa un sourire pour lui-même. Selene était loin d'être blonde, mais leur relation était loin d'être officiel. C'était un choix de la pianiste et si Joey avait accepté, il savait qu'il s'attachait de plus en plus à elle. Mais le jeune photographe n'avait rien à demander de plus : il passait du temps avec elle, voyait son état s'amélioré à mesure qu'elle s'ouvrait aux autres et profitait de la voir s'occuper des filles avec entrain, malgré la profonde mélancolie qu'elle portait dans le regard. Joey leva le nez vers Ashton et esquissa un sourire à son adresse cette fois-ci avant de hausser les épaules. « Je pensais pas vraiment à ça avant... Enfin j'veux dire. Les problèmes qu'on a tous... Ils nous font oublier un peu tout ça parfois. » C'était bien vrai.

Depuis son arrivée en août, Joey avait eu à gérer sa convalescence, ses psychoses, un deuil qu'il n'arrivait pas à faire et des angoisses, pour ensuite concentrer son attention sur la pianiste, mais aussi le libraire qu'il avait désormais comme ami... C'était petit à petit et grâce aux autres qu'il avait pu se faire une place dans le campement et oser aller au-delà de ses angoisses pour mettre à contribution ses mains et se rendre utile au Fort. « Et puis, tomber amoureux ça se prévoit pas finalement... » Ajouta-t-il après un instant d'hésitation en esquivant le regard du brun. Est-ce qu'il aimait Selene ? Joey était incapable de le dire, il avait une affection certaine pour la jeune femme, mais il ne savait pas s'il pouvait appeler ça de l'amour. Peut-être se préservait-il également pour ne pas souffrir si elle décidait de mettre à terme à cette relation ? Certainement. Joey n'était pas doué avec les sentiments mais il était très émotif et avait ouvert son coeur à la pianiste. Sans hésiter.

Quand d'ailleurs, Ashton, qui était pourtant plus jeune que lui, le mit en garde à ce sujet, le jeune photographe cligna plusieurs fois des paupières en retournant son regard vers lui en haussant les sourcils, gêné et surpris par une telle marque d'affection de la part du jeune homme. Il tenta un sourire qui ressembla davantage à une grimace maladroite. « Je... Merci. Enfin, c'est sympa, je pense que ça va aller ! » Il tritura la terre de ses mains plusieurs minutes à l'aide d'Ashton, enfoncées dans le trou jusqu'au coude, avant de les fourrer les le petit bois coupé par ce dernier à l'intéiruer puis de les retirer et d'inviter Ashton à en faire de même. « Bon... Y a plus qu'à attendre que ça sèche ! » Lâcha Joey avec enthousiasme avant de hausser les épaules. « Penseur ou pas, tu m'as fait gagner du temps, c'est toujours ça de prit ! Merci ! » Trempant ses bras dans un seau présent au pied de la brouette, Joey s'essuya les mains sur un linge en secouant la tête, observant le soleil qui semblait plus clément depuis quelques jours. « Tu vois, y a l'Soleil qui prend le relai ! »

C'était pas faux c'qu'il disait, c'tait vraiment un mâlin c'type. Parfois r'venir à la civilisation ça avait d'bon côté, ça t'permettait d'oublier un peu tout l'bordel qu'y avait en dehors, j'étais plutôt d'accord avec lui là-d'ssus même moi parfois j'étais trop obnubilé par l'cul d'une jolie p'tite d'moiselle pour en r'venir à la réalité et j'me perdais souvent là-d'dans jusqu'à c'que ça passe. Faut dire qu'y a de quoi faire ici mais c'un autre sujet, en attendant j'le comprends bien, moi j'suis là à faire l'mâlin et à lui dire qu'j'veux pas m'attacher, c'qu'est vrai, mais on choisit pas, ça t'tombe sur l'coin de la gueule et t'as pas d'autres choix que d'vivre avec, l'assumer ou l'enterrer.. Moi j'préférerais l'enterrer mais j'comprends qu'l'ptit brun a besoin d'vivre avec et d'l'assumer c'pas honteux, c'juste qu'c'pas mon trip à moi sûr'ment d'vouloir vivre une romance incroyable au milieu des rôdeurs qui essayent d'nous bouffer la nouille tous les jours que Dieu fait sur cette nouvelle terre.

Pis il m'ajoute que tomber amoureux ça s'prévoit pas et j'lui souris avant d'lui taper sur l'épaule. "Mec, j'espère qu't'as raison dans l'fond et que t'vas être heureux." J'enlève ma main et mes yeux s'pose sur son vêtement. Ah merde, j'ai oublié qu'j'avais les mains pleines d'argiles mais j'dis rien, avec un peu d'chance il fera pas gaffe aussi alors j'continue d'parler. "T'sais qu'j'aimerais bien être amoureux un jour, fin j'crois." J'hausse les épaules vite fait. "ça s'trouve moi j'vais trouver quelqu'un si un jour les choses s'arrangent, avant ça, j'pense pas qu'c'soit faisable d'trouver quelqu'un qui vaille vraiment l'coup." J'lui souris un peu, plus pour la tâche sur sa fringue que pour c'que je dis. "Enfin, si ça s'arrête un jour mais ça semble de moins en moins bien partis pour que ça s'arrête justement même si bon, on r'trouve un peu d'civilisation aujourd'hui avec not'camp." En parlant d'camp j'me demande bien comme c'brave type a pu venir par ici, ça s'trouve il pourra p'têt même m'en apprendre un peu plus. "D'ailleurs, ça fait combien d'temps que t'es ici ? Nan parce que moi j'suis arrivé d'puis p'têt un mois donc j'sais pas comment c'était avant." J'ai bien envie qu'y m'dresse un p'tit portrait d'ce qu'y s'est passé ici avant surtout qu'en vrai, j'pense que ça doit faire un moment qu'il est là comparé à moi donc il pourra sûrement m'aider.

Quand on a enfin fini c'bordel, j'lui offre un sourire, pas parce qu'j'l'aime bien cette fois mais parce qu'j'sais qu'j'vais pouvoir retourner pioncer dans un coin sans qu'on m'fasse trop chier parce que les gens m'auront vu bosser aujourd'hui. J'suis quand même content d'lui avoir fait gagner du temps sur son chantier, pour une fois qu'j'branle quelque chose d'utile à la société, ça m'change un peu. Surtout qu'il me dit qu'le soleil prend le relais alors c'bon, j'peux m'tirer. Je trempe mes mains à sa suite dans le sceau d'eau et j'lui jette un r'gard "De rien, c'tait un plaisir d'bosser avec toi." J'lui fais un sourire plus sincère c'te fois. "Si tu veux r'parler dis moi, j'suis toujours ouvert pour discuter avec les chouettes gars comme toi." En plus j'étais content d'trouver quelqu'un qui m'comprenait un peu dans c'fort autre que Elrik, et encore mon frangin m'comprenait pas toujours.

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Haussant les épaules, Joey ne savait pas vraiment quoi penser ni quoi dire de tout cela. Selene comptait énormément pour lui, mais est-ce que c'était de l'amour ? Ca, il ne pouvait l'assurer. Le jeune photographe ne savait pas vraiment comment ressentir quelque chose d'aussi fort pour quelqu'un sans ignorer qu'ils pouvaient se perdre d'une seconde à l'autre. Et de toutes façons, Joey savait que la jeune femme ne voulait pas d'une relation stable. Ils s'étaient mis d'accord là-dessus. Cependant, le jeune homme ne pouvait s'empêcher de prendre des nouvelles, parce qu'avant d'éprouver des sentiments pour elle, Joey se sentait proche d'elle et aimait tout simplement sa compagnie.

Seulement, ces derniers temps, entre les filles et les nombreux travaux pour remettre le campement en l'état et le renforcer, Joey n'avait pas vraiment le temps de s'investir pleinement auprès de Selene et uniquement Selene. Il papillonnait à droite, à gauche, la retrouvant parfois simplement dans l'intimité de sa chambre pour une étreinte serrée ou un moment intime fort suivi de discussions diverses. Finalement, que cela soit de l'amour ou une simple affection très forte, que Joey soit l'unique partenaire ou non de la pianiste, cela importait peu : ils passaient tout de même de bons moments et c'était tout ce qui important au jeune homme pour le moment.

« Ça doit être chouette même si ça implique de s'inquiéter aussi pour la personne... » Commenta Joey en se frottant l'arrière de la tête en souriant à Ashton avant de hausser les épaules. « J'en sais rien, j'ai jamais réfléchi à ça... J'veux dire, c'est pas comme si on pouvait prévoir t'façon. » Poursuivit-il en regardant autour d'eux. « J'suis arrivé ici au mois d'août. Ludwig m'a ramené, j'ai passé un bon trois s'maines à l'infirmerie et bon... Comment dire... J'suis pas super à l'aise à la base donc ça m'a mis du temps... Avant d'me sentir chez moi. » Une honnêteté qui était typique de Joey, qui prenait vraiment sur lui pour être plus sociable, plus bavard et moins renfermé sur lui-même.

« Je sais pas vraiment en fait... J'étais pas parti pour rester à la base. J'voulais repartir dehors pour chercher encore mais en vrai... C'est pas si mal d'être ici avec vous tous quoi. » Joey esquissa un sourire en coin et haussa les épaules. Sans transition, Joey s'empara d'une des plaques de métal et la posa sur leur bricolage précaire mais qui ferait tout à fait l'affaire. Invitant Ashton à le suivre en reprenant la brouette en main, Joey se dirigea vers un cabanon pour ranger le matériel. Il n'était pas dérangé par l'attitude non-chalante d'Ashton qui lui était de bonne compagnie, car il faisait facilement la conversation, ce qui n'était pas le fort du photographe.

Quand son cadet lui adressa un sourire en avouant apprécier leur conversation, Joey esquissa un sourire un peu moins timide, presque ravi : s'ils étaient très différents, l'ambiance était tout de même paisible et au fond, Joey sentait qu'Ashton pouvait s'avérer être efficace en cas de besoin. « T'es arrivé ici tout seul ? » Lui demanda-t-il en vidant le seau d'eau à côté dans la pelouse.

J'passe ma main sur mon avant bras, j'suis content d'avoir trouvé un gars comme Joey mais j'vais pas trop l'montrer non plus, j'viens d'jà d'lui dire plus de gentillesse qu'j'en ai dis à la moitié d'la terre, voir à la moitié du camp alors j'suis pas non plus une tapette, s'vous voyez c'que j'veux dire, j'sais m'arrêter quand c'est à la limite de tourner au gonzo homo. Mais c'type-là, c'type là il a l'air de croire sincèr'ment aux autres êtres humains et moi ça m'fait chaud au cœur d'voir ça dans un sens, ça fait bizarre pis j'ai envie d'me dire qu'c'un trou d'cul mais d'un autre côté il a l'air tellement certain qu'j'veux pas lui dire qu'il a tort par cynisme alors p'têt qu'il a raison, p'têt qu'il a faux, moi j'en sais rien j'suis pas devin. En plus s'il aime effectivement quelqu'un il a bien raison d's'y mettre complètement, j'espère juste qu'j'le verrais pas s'faire arracher quelques bouts par des zombies dans quelques semaines, sinon ça craint vraiment pis j'vais p'têtre avoir un peu d'pitié pour lui même si ça f'ra une veuve à consoler dans l'tas faut être honnête. J'fais un sourire à Joey quand il recommence d'parler d'amour, ça m'change un peu d'Elrik et d'sa tronche d'cake qui s'contente d'faire la gueule.

Y m'dit qu'c'chouette même si faut s'inquiéter pour les gens mais j'suis pas bien sûr d'trouver ça chouette d'd'voir s'inquiéter pour les gens, moi, j'm'inquiète jamais pour personne et j'le vis bien alors si j'm'inquiète pas pour Elrik, j'vais pas commencer à m'inquiéter pour une p'tite lambda qu'aura juste comme accomplissement dans l'vie d'coucher avec moi, j'm'en tamponne un peu. J'le dévisage, y m'dit qu'il est là d'puis le mois d'août et j'souris, il est là d'puis quatre ou cinq mois d'plus que moi donc ouais, y doit pas forc'ment savoir grand chose d'plus que moi sur à quoi ça r'ssemblait avant donc au final, ça change pas grand chose à ma problématique. Mais j'le comprends pas moi, j'suis à l'aise avec tout l'monde alors, j'sais pas trop pourquoi il était pas à l'aise quand il est arrivé, faut prendre les choses comme elles viennent pis s'laisser porter par l'courant d'la survie, c'est la fin du monde d'toute façon alors tu peux bien être aussi à l'aise que tu l'veux, les gens n'en ont plus rien à foutr'd'comment est-ce que tu t'comportes du moment qu't'es utile à leur personne, le reste n'importe quasiment plus pour personne.

Puis il m'dit qu'il voulait r'tourner dehors pour chercher encore et j'suis désolé pour lui dans un sens, en gén'ral y a plein d'gens qui cherchent tout l'temps. C'est le malheur d'l'apocalypse, tout le monde a perdu quelqu'un pis tout l'monde l'chercher, certains vont jusqu'à aller vraiment trop loin pour essayer d'trouver alors j'suis un peu désolé pour lui mais d'un autre côté, il a cessé d'chercher et ça, c'est une plutôt bonne nouvelle pour le coup normalement, enfin, j'insiste sur l'normalement. Suivant sans poser d'question, j'fis c'qu'il me dit avant qu'il m'retourne la question concernant mon arrivée, à moi, au sein du camp. J'lui fais un léger sourire avant d'lui répondre. "Moi, j'trainais dans l'coin, mes seuls potes se sont faits bouffer alors j'avais rien à perdre à v'nir ici pis ça m'a permis d'retrouver un ami d'enfance alors j'suis d'autant resté que d'toute façon, j'avais rien qui m'attendait en dehors d'ces murs." J'hoche les épaules avant d'continuer. "Quitte à n'avoir rien et à survivre de peu, autant rester planquer derrière des murs solides, ça permet d'vivre plus longtemps normalement, nan ?" Ma question est rhétorique mais elle m'amuse un peu j'l'avoue.

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Il est clair que Joey n'était pas le plus extraverti des camarades du campement. Seulement et il s'en rendait compte surtout ces derniers temps, il semblait plutôt apprécié : parfois, les plus bavard cherchaient la tranquilité du jeune homme, qui, il ne s'en doutait même pas, dégageait quelque chose de très calme, de presque reposant. Ce qui était un paradoxe puisque Joey était tout l'inverse, angoissé de nature et complètement instable, surtout le soir. Justement, il était de ceux qui évitait de partager leurs angoisses, de montrer une face plutôt sereine, conservant un contrôle de soi. C'était une carapace que Joey s'était forgé avec les années, à cause de son expérience personnelle et son passé. Pour protéger les autres.

Cependant, Joey ne voyait aucun inconvénient à s'entendre avec un jeune homme comme Ashton. De quelques années son cadet, ce dernier semblait être plutôt insousciant voir désinvolte, c'était du moins ce que Joey avait remarqué. Il ne pouvait s'empêcher de nourrir une réserve, persuadé que celui-ci serait capable de montrer la meilleure facette de sa personnalité s'il le voulait vraiment. Joey n'était pas du genre à juger ni même à voir les gens comme irrécupérable, malgré la vie qu'il avait eut.

Quand Joey mentionna le fait de vouloir retourner dehors pour chercher quelqu'un qui lui était cher, il vit le regard d'Ashton et n'attendit pas qu'il réagisse forcément dans son sens. Tout le monde ne comprenait pas bien cette acharnement à s'attacher aux membres d'une même famille ou à se mettre en danger pour cela, mais Joey ne pouvait pas expliquer à Ashton – parce qu'ils n'étaient pas si proches et parce qu'il n'était pas sûr qu'il puisse le comprendre – combien sa soeur comptait pour lui. Il préféra alors écouter en retour l'anecdote du jeune homme qui lui raconta son périple et son arrivée au Fort. « Un ami d'enfance ? » Répéta Joey par l'interrogative en esquissant un léger sourire. « J'comprends mieux... C'est p't'être comme ça que j'aurais réagi si j'avais pas survécu avec ma soeur et ma mère. On avait eu une vie vraiment pas marrante au début, du coup, quand ça nous ait tombé sur le coin de la figure, on a vraiment essayé de s'accrocher les uns aux autres pour survivre... »

Baissant un instant la tête, il haussa les épaules pour lui-même en s'appuyant sur le cabanon où il venait de ranger la brouette et les outils. « P't'être que finalement ça aurait été plus simple de survivre tout seul. Mais bon... » Relevant le regard vers Ashton, il sourit à sa remarque, légèrement ironique qu'il ne comprit cependant pas comme telle et hocha la tête. « C'est pour ça aussi que j'aime bien me rendre utile tu vois... Histoire d'assurer que le château de cartes ne s'effondre pas ! »