Tout s'était accéléré dans l'esprit de Maya. Que lui arrivait-il ? Pourquoi s'emballer autant physiquement autour d'Eddie, s'accrochant comme une moule à son rocher ? Etait-ce parce qu'elle craignait justement d'être emportée par une vague de raison ? Peu importe. Ils en étaient à se grimper dessus, avec avidité, affamés de leurs corps respectifs. Leurs lèvres s'entrechoquaient presque dans des baisers fiévreux, de plus en plus insistant. Les fluides s'échangeaient librement, sans même penser une seule seconde à se protéger, aux risques qu'ils encouraient à agir comme deux adolescents. Maya fondait presque comme neige au Soleil sur le corps du militaire, ciselé, bien dessiné, pour ne pas dire parfait, selon elle. Son visage attachant se crispait sous l'efforts et le plaisir qu'ils rencontraient tous les deux avec insistance.

Bien vite, quand ils se collèrent nus et commencèrent des vas et viens sans cérémonies, la chercheuse étouffa une exclamation d'excitation au creux du cou d'Eddie. Si elle trouvait cet instant précipité, elle ne pouvait pas nier qu'elle était déjà humide d'impatience et d'excitation, il n'y avait plus qu'à. Cet instant s'intensifiait, si bien que Maya peinait à garder en elle toute l'exclamation de son plaisir. Elle s'éloignait avec force du visage d'Eddie pour se mordre la lèvre inférieur et étouffer ainsi une nouvelle plainte, soudaine, mais la vue du visage du jeune homme concentré sur son corps nu ne fit qu'agraver les choses. C'est alors qu'ils basculèrent pour que Maya se retrouve à califourchon sur lui. Le chevauchant avec force, elle sentait la chaleur de leur corps faire perler de la sueur sur leurs torses, sur leurs bras, dans leur cou. Cou qu'Eddie vint embrasser avec force jusqu'à laisser une marque. Maya plaqua le militaire contre le mur du lit et appuya sa man sur son torse pour accentué leur change, que celui-ci devienne plus intense, plus étroitement serré.

Elle sautillait de plaisir, pour qu'Eddie n'ait pas à s'occuper de toute la besogne seule, mais au fur et à mesure que le temps passait, Maya savait que ça ne pourrait pas durer bien plus longtemps. « Reste un peu... » Parvint-elle à articuler doucement au creux de son oreille en le suppliant de continuer, quand bien même ce qu'elle venait de dire accentua justement l'instant, accélérant la cadence et décuplant l'excitation qu'elle ressentait jusqu'alors. La chercheuse laissa échapper un cri de plaisir et se plaqua elle-même sa main sur sa bouche avant de fondre tout contre Eddie en laissant exploser son plaisir, mordant presque son épaule pour ne pas faire plus de bruit.

Il y eut quelques spasmes, des deux côtés, très intenses, soudain, puis, plus rien. Maya resta un instant sans bouger contre Eddie, la tête reposée contre son épaule, observant de manière fois un grain de beauté qu'il avait sur l'épaule. Puis, elle recula son visage pour l'observer un moment, basculant sa jambe valide sur le côté pour se retirer et se libérer de cet empalement fiévreux. « Purée... » Laissa échapper Maya avant de rire légèrement sous le coup de l'émotion. « Wow... Okay... » Elle se mit sur le côté pour venir se débarasser de fluides disgracieux qui restaient en elle et se rassise, nue, à côté d'Eddie, sa jambe mutilée sous sa jambe valide, le regard un peu perdu.

Maya était satisfaite de cet échange : c'était comme si il avait été nécessaire qu'un tel acte se produise entre eux. Mais qu'est-ce que cela voulait-il dire pour la suite. Est-ce que Maya avait des sentiments pour Eddie ? Elle était incapable de se prononcer là-dessus. Tout ce qu'elle avait, c'était qu'ils avaient un passif commun et différé très fort et qu'elle avait une grande affection pour lui. Cependant, ces faits avaient aussi forcément une incidence sur l'événement qui venait tout juste de se produire entre. « Ça va ? » Demanda-t-elle instinctivement à Eddie en reportant son regard sur lui.

Elle avait supplié, elle l'avait pressé, elle l'avait attiré contre elle, elle avait retiré brutalement ses vêtements pour presser l'acte, avec l'impatience d'une adolescente fougueuse. Maya en prenait conscience : son corps avait parlé plus vite que sa véritable affection pour Eddie. Qu'étaient-ils tous les deux ? Le jeune homme se tenait tout de même près d'elle et au contact de sa main pour venir triturer une mèche de ses cheveux, la jeune femme eut un sourire. Pas un sourire amoureux, un sourire affectueux. Il y avait effectivement quelque chose entre eux, quelque chose d'indéniable, de puissant. Après tout, Maya avait été là, à tenir la main de sa mère mourrante, elle était également liée à Hector comme s'il s'agissait d'un oncle ou en tout cas d'un membre de sa propre famille... Mais Eddie était trop affilié à cela pour que cela donne quelque chose de viable. Il ne fallait pas, non.

Cependant, inutile de mentir, se disait la chercheuse : elle avait eu de son corps. Eddie restait un homme plaisant, très plaisant même et cette relation implicite qu'ils entretenaient ne le rendait que plus attirant encore. La jeune femme ne regrettait pas cet échange car après tout, il avait été délicieux malgré tout. Pressé, mais délicieux. « Oui... Oui ça va... Je suis juste... Comment dire... Un peu surprise, parce qui est arrivé. » Maya n'avait pourtant pas la présence d'esprit de se cacher : ils avaient échangé un moment intime dans le plus simple appareil, inutile de faire des matières par rapport à cela. Le corps de la chercheuse avait été tant de fois ausculté, trituré, observé par des médecins, des étudiants en médecine, des infirmières puis ses différents partenaires, qu'elle avait une vision très différente des autres de la nudité.

Elle n'avait pas sentie un regard doux à son égard dans les yeux du militaire. Il y avait une complicité, certaine, mais il n'avait pas regardé Maya comme quelqu'un qui avait de réels sentiments. C'était également la même chose du côté de Maya elle-même, qui même si elle trouvait le jeune homme séduisant, ne voyait en lui qu'un ami, un grand ami, avec qui elle aurait du mal à recommencer sans une explosion émotive comme celle-ci. « Pas de regret non mais... Eddie, je sais pas vraiment ce qui nous a prit... » Maya eut un petit rire nerveux mais elle consentit à se serrer contre lui, avec une certaine tendresse. Elle continua à rire, un rire communicatif qui était léger, très doux comme une douche fraiche après cet instant fiévreux.

« Tu sais... Ça me travaillait pas mal... Y a un truc que je sens entre nous, mais je sais pas c'que c'est. » Elle connaissait l'amour véritable qu'elle pouvait ressentir pour une personne, un besoin irréprécible de l'avoir dans les parages, une envie subite de se glisser dans ses bras, une attirance incompréhensible comme ce qu'elle vivrait quelques mois plus tard dans d'autres circonstances. Avec Eddie, il y avait quelque chose de trop sensible pour qu'ils se lancent dans quoi que ce soit. Elle caressa distraitement l'avant-bras du trentenaire et se redressa sur un coude pour venir l'embrasser sur les lèvres, un baiser qui ferait parti des derniers qu'elle lui adresserait. « Tu vois ? Tu comprends c'que j'veux dire ? » Demanda-t-elle en fixant ses yeux clairs. « C'est super agréable mais... Je sais pas. Et pourtant ça faisait des semaines que j'y pensais. » Avoua-t-elle cependant avec un sourire sincère et transparent.

La boutade d'Eddie arracha un rire espiègle à la chercheuse qui secoua la tête d'un air entendu. « Ouais ça doit être ça... La saison des amours, tout ça... » Renchérit-elle en regardant elle aussi le plafond d'un air pensif en sentant tout de même le contact avec le militaire qui soudain devint plus doux, plus rassurant, comme un ami qui se contente d'étreindre l'un des siens. Elle acquiesça en assurant qu'ils ne regrettaient pas tous les deux. C'était le plus important. Entre eux, tout était clair. De toutes façons, Maya n'était pas du genre à jouer sur les non-dits. Si elle avait quelque chose à dire, elle finissait par la formuler, même après s'être assurée que cela ne ferait pas de mal à la personne.

Elle rit lorsqu'Eddie accentua les semaines qu'elle avait cité, levant les yeux au ciel en se détâchant de son étreinte et le regarder d'un air faussement agacé. « Oui bon ça va hein... Au début... J'ai cru que c'était parce que j'avais des sentiments pour toi. » Elle s'arrêta en se sentant rougir quand il lui dit qu'il la trouvait belle, depuis le début. Elle se souvenait du premier regard, quand Hector l'avait enlacé lorsqu'il l'avait retrouvé. Il était attirant, sympathique et leurs familles étaient proches. Oui. Amalia aurait sûrement apprécié voir la jeune femme en couple avec son fils, mais la mort de celle-ci avait empêché cet acte. Il y avait quelque chose de trop sensible entre eux, le fantôme de la mère d'Eddie qu'ils avaient profondément aimé tous les deux à différents degrés, qui les empêchait de se lier pour de bon l'un l'autre. « Ça m'a plu. J'en avais aussi envie, j'en ai même joué. C'est agréable de s'adonner à ce genre de choses, de temps en temps... Je pense que tu comprends ce que je veux dire... »

Maya se redressa un peu et chercha sa prothèse qu'elle enfila en s'asseillant au bord du lit, avant de tourner la tête ves le militaire avec qui elle échangea un sourire. « Je veux dire, on joue tous notre rôle ici... Tu as littéralement mis des mois avant qu'on puisse discuter de... Tout ce qui est arrivé. » Maya haussa les épaules et vint presser le tibia du jeune homme d'un air affectueux. « Tu sais bien qu'avec tout ce qu'on a... Échangé, on a pas à jouer un rôle. Pas entre nous. Jamais. » C'était aussi bien un rappel qu'une promesse. « J'ai des sentiments pour toi Eddie... Mais je crois qu'ils tanguent trop vers de l'amitié qu'autre chose... Même si je dois dire que je n'ai pas été déçue du voyage ! » Renchérit-elle en mentionnant leur échange fiévreux en esquissant un sourire du coup des lèvres et de se lever, complètement nue, à la recherche d'une petite culotte propre dans le tiroir de sa commode.

La petite culotte enfilée, Maya se retourna vers Eddie, toujours dans le lit, dans le méli-mélo de draps qui s'étaient défaits pendant leurs ébats. « Tu sais, ça fait du bien de savoir qu'on a un point d'encrage, de savoir que tu peux compter sur moi n'importe quand, pour n'importe quoi... J'espère être de meilleure compagnie qu'une bouteille ou quoi que ce soit d'autre. » La chercheuse connaissait le penchant pour l'alcool d'Eddie, elle le lisait dans ses gestes et son regard. Si ils établissaient une relation de confiance, Maya voulait à tout prix lui faire comprendre qu'il n'aurait à jouer à aucun jeu de faux-semblant avec elle.

S'agissait-il vraiment d'un râteau ? Sûrement, oui, mais pas comme ce que vous pourriez voir dans les films pour ado, quelque chose de larmoyant et de bien triste. Non. Maya ne s'attendait pas vraiment à ce que ses paroles agissent comme tel, elle ne pensait pas qu'Eddie cherchait quoi que ce soit avec elle. La petite chercheuse était persuadée qu'il y avait quelque chose entre eux, mais elle ne savait pas bien ce dont il s'agissait. En le regardant se rhabiller, Maya esquissa un sourire en constatant qu'ils avaient bel et bien échangés un moment rien qu'à eux, au moins une fois dans leur vie. Bien sûr, le souvenir de la mère d'Eddie flottait toujours au-dessus de leur tête : c'était sûrement pour cela que la petite chercheuse ne se risquait pas à développer plus de sentiments le concernant.

Elle leva les yeux au ciel à sa remarque mais rit de concert avec lui. « J'suis sûre que c'est un des premiers ! » Plaisanta-t-elle en lui attribuant un clin d’œil complice. À vrai dire, Maya savait qu'Eddie avait été bègue et aussi qu'il avait été un jeune homme plutôt timide. La mère du militaire lui avait confié bien des choses, qui étonnamment étaient restées dans sa mémoire.

Quand elle mentionna l'alcool cependant, sur un ton plus sérieux, Maya se rendit compte que ce qu'elle avait dit avait eu un effet sur le trentenaire. Elle le fixa sans ciller, observant sa réaction plutôt neutre et introvertie. Quand il lui répondit, Maya s'approcha de lui en lui rendant son sourire et lui prit la bière des mains qu'il reposa sur la table, juste quelques secondes, pour passer ses bras autour de sa taille dans une étreinte forte en sentiments mais aussi étonnamment pudique. « Laisse moi ce plaisir tu veux ? » Ajouta-t-elle alors, la joue écrasée contre son plexus. Relâchant après quelques instants son étreinte, Maya se passa une main dans ses longs cheveux bruns et eut un petit rire espiègle avant de hausser les épaules. La jeune femme était assez spontanée et se laissait dicter par ses émotions. Cela avait été le cas dans la salle de sport, dans son lit lorsqu'elle avait eu cet échange tumultueux avec Eddie, mais aussi à cet instant, dans cette accolade urgente et lourde de sens. Elle lui redonna la bière qu'elle avait posée à côté d'eux et se recula légèrement.

« C'est pour ça que j'trouverais ça plus agréable que tu te tournes vers moi plutôt que sur cette bouteille si jamais ça va pas ! » Lui fit-elle comprendre clairement en fixant son visage ciselé, un sourire aux lèvres.