Allïa jeta un regard outré à Joaquin, il insinuait quoi, là ? Elle préféra ne pas relever mais se contenta de secouer la tête. Elle était vraiment impressionnée par la lance de Alexander. Elle n'aurait pas été contre en avoir une ainsi. C'était simple et sûrement redoutablement efficace, mais elle se garda bien de demander à son propriétaire si elle pouvait en hériter si jamais il lui arrivait malheur. Le moment n'était peut être pas approprié. Quant à son "caprice", elle se souciait seulement d'avoir une bonne hygiène dentaire. Les dentistes ne couraient plus les rues malheureusement et elle préférait échapper à une rage de dent. Et puis, si elle pouvait éviter de sentir la fraise dès qu'elle ouvrait la bouche, c'était encore mieux.

Elle ne dit rien non plus, quand ils commencèrent à parler cartes et endroits à visiter. Elle ne poussait jamais ses recherches aussi loin. Elle avait bien une carte de Seattle avec quelques annotations affichée dans sa chambre mais ça ne valait pas les recherches des deux garçons.  Elle le reconnaissait aisément, sur ce plan là, elle n'était pas la plus efficace. Allïa pouvait certainement s'améliorer. La brunette fronça les sourcils en entendant les paroles de Joaquin. "Hmm, interessant comme deal, oui." conclua-t-elle. Elle secoua la tête en entendant la suite de ses paroles : "J'espère bien qu'on est pas payés en passe et c'était juste une remarque. Elles ont des priorités bizarres, mais tu as entièrement raison, on s'en fiche !" Elle avait compris le message, on leur demandait de rapporter ça, elle s'y tenait, ne posait pas de questions et ne cherchait pas à comprendre de quoi il retournait.

Joaquin lui posa des questions sur Anton. "Je trouve vraiment qu'il a une sale gueule... Et je n'oserai pas me moquer de l'un d'entre vous, voyons !" Elle prit un air faussement indignée. Elle continua en parlant des menottes et des revues : "Ça reste entre nous. Je lui mettrai devant sa porte. Ça serait un peu bizarre de lui donner en main propre. Il va croire que je l'incite à se faire plaisir ou je ne sais quoi.." Allïa fronça les sourcils, cette conversation prenait une tournure bizarre. "Enfin, parlons d'autres choses, c'est gênant." Allïa leva la main comme si elle était gênée et que ce n'était pas elle qui avait lancé cette discussion. La brunette se tourna vers Alexander. Elle secoua négativement la tête : "Non, pas de dentifrice, juste un savon et des boîtes de conserves, mais il n'y avait pas les casiers du personnel, juste une salle de pause. Et merci pour le dentifrice." C'était juste un emprunt, dès qu'elle en trouverait, elle lui rendrait un tube bien sûre.

Ils arrivèrent donc devant les produits de beauté. Allïa fronça les sourcils en le regardant quand Joaquin lui demanda si elle avait une idée de ce qu'il fallait prendre. Elle esquissa un sourire : "Je suis désolée, t'as pas pris la bonne fille pour ce genre de sorties. Quoique à la réflexion, je sais pas s'il y a une fille qui conviendrait pour ça à la distillerie." Oui, elle voyait mal les exilées se faire les cheveux tous les matins. Elle réfléchit quelques secondes avant d'hausser les épaules. Ils n'allaient pas rester planter trois heures devant ces engins-là, autant prendre une décision. Elle ouvrit son sac et prit au hasard quelques appareils. "On prend un peu de tout. Je pense qu'il ne faut pas qu'elles aient toutes la même tête sinon les clients ne seront pas content, je suppose. Il y en a une qui peut se lisser les cheveux, l'autre elle se les boucle et la dernière elle se les gauffre ?" Elle jeta un coup d'oeil à Joaquin, cette conversation avec lui était étrange, mais après tout, il avait peut être eu une copine ou une petite soeur qui se lissait régulièrement les cheveux. Elle ne connaissait pas grand chose du passé de Joaquin, il n'en parlé jamais et ce n'est pas elle qui allait lui poser des questions. Elle risquait trop le retour de bâton et préférait éviter elle-même d'évoquer son passé. "A moins que tu aies un avis sur la question ?"

Un rodeur s'approchait d'elle. Elle s'apprêta à sortir son couteau mais Joaquin fut le plus rapide. Au mort-vivant suivant, elle lui enfonça sa lame dans le crâne en grimaçant. Ses satanées côtes étaient toujours douloureuses et son sac à dos devenait déjà trop lourd entre les conserves et les fers à lisser. Pour autant, hors de question de se plaindre. Elle remis son sac à dos sur les épaules en grimaçant en songeant à tout ce qu'ils leur manquaient : chaîne hifi, plaque, frigo... Elle préférait se porter volontaire pour porter les fers à lisser et les ampoules car aujourd'hui, elle n'était pas sûre d'être en état pour porter très lourd. Ils auraient dû prendre une remorque ou une brouette à ce train-là. "Tu trouves quelque chose ?" demanda-t-elle à Alexander quand ils le rejoignirent.