Voilà maintenant un mois complet que j’ai quitté mon ancien groupe et dire qu’il me manque serait une hérésie. J’ai tout de même des taches qui m’avaient été confiées par les personnes qui avaient encore confiance en moi que je suis parti. C’était donc pour cette raison que j’avais planché des semaines pour aller assouvir la vengeance de Joey. Après mettre intégré depuis quelque temps, j’avais été voir Yulia pour lui dire que j’allais m’absenter quelque temps. J’avais besoin de sortir et de voir un peu le monde. J’avais quelques quêtes à accomplir. Je lui avais aussi également parlé de rendre visite à mon ancien groupe pour voir s’ils seraient intéressés pour troquer de la bière qu’ils étaient en train d’apprendre à faire. Bref, ce serait un voyage utile pour beaucoup de monde.

Sans vraiment hésiter, j’étais donc partie vers le sud avec mon sac sur le dos. J’avais trouvé le mort cher au coeur de Joey et j’avais récupéré ses bijoux que j’avais glissés dans une enveloppe avec un petit mot. Je le remettrais au premier membre de The Haven que je rencontrerais après tout cela pourrait l’aider à avancer et lui permettre de savoir que je ne l’oubliais pas malgré la distance.

Finalement après avoir passé de longtemps a marché, j’avais fini par atteindre Tacoma, j’avais un doute quant à l’endroit où je me rendait à présent, mais la fatigue était en train de me prendre et je n’avais pas vraiment le loisir de passer encore longtemps dehors, la nuit était sur le point de tomber et il était évident que j’allais regretter d’être toujours dehors au milieu des morts si je ne faisais pas quelque chose pour changer ça. J’avais faim, j’étais fatigué et je n’avais pas du tout correctement fait les choses. C’était presque surprenant de ma part et pourtant, j’étais dans cette merde puisque je m’y étais foutu moi-même.

L’espace d’un instant, je me rappelais d’une maison dont m’avait parlé Daniella, c’était bien assez grand pour deux et je pourrais sans doute m’y reposer et y laisser enveloppe que j’avais faite. En inscrivant le nom de Joey dessus quelqu’un lui apporterait bien. De toute façon, je n’avais plus trop le choix alors que le soleil continuait sa course et qu’il disparaîtrait dans moins d’une heure.

C’est avec prudence que je m’approchais de la maison qui semblait en apparence inhabitée pour le moment, mais je savais bien que chacun savait comment se dissimuler du reste du monde. J’échappais sans trop de mal au différent piège qui avait été installé ici, il faut dire que c’était typiquement ce que j’avais construit aux alentours du camp, visiblement, mes enseignements avant porter leurs fruits. Sans vraiment réfléchir, j’ouvrais la porte d’entrée pour me glisser à l’intérieur, avant de retirer mon sac à dos et m’écrouler dans l’entrée. Je marchais depuis près de 6 heures, j’étais couvert de transpiration, de sang de rodeur et j’étais surtout épuisé. Il était évident que j’étais loin d’être la personne la plus avenante actuellement. J’étais à deux doigts de fermer les yeux pour savourer la tranquillité du lieu quand j’entendais des bruits à l’étage, quelqu’un était présent.

Je croisais les doigts pour qu’il ne s’agisse pas de Daniella sinon la soirée risquait d’être encore bien longue...

Il fallait que ce soit elle, j’avais presque envie de me mettre à croire en Dieu, cet odieux connard pour pouvoir l’insulter de tous les noms. J’étais dans un sale état, je n’avais pas prévu d’arriver aussi tard à Tacoma, et surtout, surtout, je n’avais pas prévu de n’avoir plus aucun autre choix que de passer du temps dans cette maison. J’avais envie de partir oui, mais mon corps ne suivrait pas. Je devais me rendre à l’évidence, je n’avais de toute façon plus vingt ans et repartir en marche forcée alors que le soleil devait déjà se coucher n’était clairement pas une idée très brillante. Je regardais Daniella, elle semblait aller bien elle, contrairement à moi.

Voilà qu’elle sortait la pitié, je n’avais jamais aimé ça la pitié et encore moins quand elle sortait de la bouche de quelqu’un comme elle. Quelqu’un avec qui j’avais partagé tant de choses, en cet instant et ceux pour la première fois depuis quelques mois, je me sentais vieux, alors je laissais mon sac au sol et je me relevais, je sentais mes os craquer et mes vieux muscles se plaindre, mais tant pis, ce n’était pas parce que j’étais sale et dans un état pitoyable que je n’étais pas capable de jouer le jeu. J’étais avant tout un showman et il était tant de le prouver.

- Je suis sur les routes depuis quelque temps et mon hygiène corporelle n’a pas vraiment été ma priorité.

C’était une information qui avait été un poil erroné, mais qu’importe, elle n’avait pas besoin de savoir. Elle n’avait pas non plus besoin de savoir ce qui m’était arrivé. Maintenant, y avait deux possibilités, soit je me refaisais une beauté soit je restais ainsi. Je repensais avec émotion à ce jour où elle m’avait dit qu’elle voulait qu’on se mettre sur notre trente et un ensemble à boire des flûtes de champagne, ça aurait pu être une belle soirée en perspective, mais c’était avant, le passé et derrière nous aujourd’hui et je ne reviendrais pas en arrière.

- Tu sembles aller mieux, visiblement partir a été le plus beau cadeau que j’ai pu te faire. Je repartirais demain à l’aube, mais partir maintenant serait du suicide.

Sans vraiment réfléchir, j’attrapais mon sac resté au sol avant de me diriger vers la porte la plus proche qui je l’espérais donnerait sur un endroit avec une table. Si je lui donnais la lettre maintenant, je pourrais simplement me poser dans un coin, dormir et repartir comme si de rien n’était. Il n’était pas question pour moi de lui taper la causette pendant plus longtemps. Je posais le sac sur la table et commençait à fouiller dedans avant de lui tendre l’enveloppe.

- Comme écrit dessus, c’est pour Joey, j’espère que je peux compter sur toi pour lui transmettre. J’avais pour but de me rapprocher de l’avant-post pour la donner à quelqu’un, mais si je peux évite de revoir tout le camp ça m’arrange.

Le message était presque clair, il lui donnait et il pourrait repartir dans l’autre direction. Oui, il était censé parler de troc avec eux, mais revoir Daniella lui rappelait que d’une certaine façon, il n’était pas prêt pour ça. Avec qui il devrait négocier ? Cora, Andrea ou pire, Duncan ? Personne dans ce groupe n’avait envie de le voir de toute façon.

Pour le coup c’était plutôt gentil de sa part d’accepter que je reprenne forme humaine. Je mis l’information dans un coin de ma tête pour pouvoir passer à autre chose. La lettre, elle accepta de la prendre et ça me retirait une belle épine du pied je n’allais pas mentir. Elle m’expliquait qu’elle ne retournerait pas chez les verts tout de suite, c’était bien, mais est-ce que c’était vraiment important pour moi en cet instant ? Absolument pas. Alors je lui expliquais la situation rapidement.

- Ce n’est pas urgent, il m’a fait promettre de gérer un truc pour lui, c’est la preuve que ça a été fait et un petit mot. Je ne retournerais pas à Fort Nisqually, alors si tu peux lui faire parvenir même si ça prend encore quelques semaines, ce n’est pas grave.

Voilà qu’elle commençait à parler de ce qui s’était passé. Visiblement, elle n’avait pas encore digéré la nouvelle. C’était elle qui était partie pourtant. Oui, j’avais perdu mon sang froid, mais je n’avais jamais été l’homme le plus patient de la terre. Elle pensait que je reviendrais avec les autres, mais avait elle au moins réfléchi en partant tout de suite après. Non, je ne l’avais pas pleuré, parce que j’avais bien compris que si on ne faisait pas ce qu’elle voulait, on ne valait pas la peine d’être avec elle.

- C’est une décision que j’ai prise pendant ton absence, je me suis rendu compte que je n’avais pas ma place dans le groupe. Je voulais surtout retrouver Elena, mais finalement une autre opportunité s’est tournée vers moi. Je ne serais pas parti avec eux, je serais parti avec Connor.

Si j’étais parti, c’était vraiment une décision personnelle. Je m’étais rendu compte que ce groupe n’était pas fait pour moi. Il m’avait fallu beaucoup de réflexion et notre séparation avait été mon déclique. J’étais en train de mourir à petit feu dans ce camp et je m’étais rendu compte rapidement. J’avais donc décidé d’avancer mine de rien et de continuer de faire mon chemin ailleurs. J’entendais de nouvelles informations et il était alors évident qu’elle voulait qu’on en parle et plutôt que le faire debout devant cette table, je lui proposais de faire ça plus tard, de façon posée et réfléchie.

- J’en conclus que tu veux qu’on en discute. Dans ce cas, je vais aller me nettoyer me remettre les idées en place et on va en discuter comme deux adultes.

Alors sans vraiment lui laisser le choix, je me dirigeais vers la salle de bain qu’elle m’avait indiqué. J’avais retiré mes chaussures avant de monter à l’étage et j’avais déposé mes vêtements sales dans un coin. L’avantage aujourd’hui c’est qu’on ne laver même plus nos fringues, on se contentait de les jeter. Reprendre figure humaine me fit un bien fous. Il ne me fallut pas longtemps pour regagner une certaine prestance, j’avais toujours des cernes sous les yeux, mais c’était bien mieux avec la barbe propre, les cheveux coiffés et une odeur de savon. J’avais trouvé une chemise bleue et un jean noir dans la penderie. L’homme devait être un peu plus grand que moi, mais sans doute la même corpulence. Je m’en tirais bien. Quand, j’avais enfin fini tout ça, je redescendais pour trouver Daniella en bas. Je ne savais pas ce qu’elle était en train de faire en tout cas, je m’installais à table et décidais de lui expliquer ce que moi, j’avais vécu.

- Bon, déjà, si je ne t’ai pas retenue c’est parce que j’étais en colère et que sans doute que toi aussi. J’ai voulu venir te parler une fois que j’étais calmé et apte à discuter avec toi, mais tu n’étais plus là. Si tu regrettes mon départ, j’en conclus que tu n’es pas avec Fred et je ne sais pas ce que tu as fait pour merder à ce point avec lui, parce que j’ai eu une discussion avec lui, qui fait parti des raisons pour lesquels je suis partie et autant dire qu’il te voyait comme une déesse et qu’il était prêt à faire de toi la femme de sa vie.

Peut être m’expliquerait elle, peut être pas. En tout cas, j’avais dit ce que je devais et maintenant, c’était à elle de me dire ce qu’elle voulait. Après tout, on était avait toute la nuit pour ça...

Ce n’était pas une situation évidente, je ne savais pas vraiment comment mener la danse avec Dani, simplement parce que je n’avais plus envie d’être le vil manipulateur que j’avais pu être par le passé. Mon regard se posa sur elle, toujours aussi belle. Elle avait le pouvoir de faire vibrer un homme d’un simple regard et elle le savait. Lorsqu’elle m’annonça que j’étais mieux ainsi un sourire apparut sur mon visage. Flatter mon orgueil, c’était une chose qui marchait toujours.

- Merci.

J’avais soufflé en même temps qu’un petit sourire en coin. Nous n’étions cependant pas ici pour nous échanger des politesses et déjà, il était temps de parler de sujet bien plus sérieux. Ce ne serait sans doute pas facile à entendre que ce soit pour elle ou moi, mais j’étais persuadé que c’était la meilleure chose à faire alors pour une fois, j’avais parlé, parler sans trop réfléchir, parler en disant ce que j’avais sur le cœur.

- Avec tout ce qui nous est arrivé et tout ce qu’on a traversé, on aurait été des machines si nous étions restés les mêmes. Mais je suis heureux de voir que tu es sur la même longueur d’onde que moi. Le groupe nous a malheureusement entraînés dans des directions différentes.

C’était une étude que j’avais suivie de près parmi d’autres. En tout cas, chacun réagissait à sa façon suite à certaines situations et nous n’avions cependant pas eu la chance d’aller dans la même direction. J’offrais un sourire à Dani alors qu’elle parlait de sa cheville, j’avais remarqué qu’elle allait mieux et j’étais vraiment soulagé de le voir. Je ne savais pas qui en était le responsable, mais en tout cas, je savais que cela devait lui faire un bien fou.

- D’ailleurs, je suis content de constater que tu peux marcher correctement à présent.

C’était une petite remarque comme une autre alors qu’elle finissait de parler. M’avouant qu’elle était tombée amoureuse de moi, j’en avais alors le souffle coupé, l’envie sans doute de l’embrasser, mais la raison me le refusait. J’avais eu si mal, je n’étais pas prêt à tourner la page aussi facilement, ce qui ne veut pas dire que je n’y arriverais pas.

- Je suis véritablement flatté par ce que tu es en train de me dire. Je t’avoue cependant que je ne sais pas du tout où j’en suis de mon côté. Je t’ai aimé, j’en suis certain, j’ai eu confiance en toi plus qu’en n’importe qui, mais tout ce qui c’est passé m’a mis hors de moi, sans doute bien plus ce que je n’aurais dû. Sans doute que j’étais blessé dans ma fierté. J’ai fait beaucoup d’effort pour changer sans vraiment me rendre compte que d’une certaine façon, tu voulais simplement me garder comme j’étais. Je m’en rends compte à présent.

Il m’avait fallu quelque temps pour arriver à cette conclusion et finalement, il avait été trop tard pour faire changer quoi que se soit. Je posais alors mon regard sur la brune. Je n’avais pas forcément envie de dire ce que j’allais dire, mais il fallait bien avouer les choses.

- Tu m’as manqué terriblement aussi, je n’ai pas arrêté de penser à toi, mais je ne sais pas pour autant si je suis prêt à reprendre ou nous nous sommes arrêtés.

Mon regard était plein de ressentiment à son égard, reprendre le chemin qu’on avait choisi était-il vraiment une bonne idée ? Je n’en savais rien, mais malheureusement la vie n’était pas toujours un chemin facile à prendre.