Le malaise est toujours là, comme à chaque fois qu’il rencontre un inconnu. Malgré ça, Otis prend sur lui pour s’occuper des blessures du blond. Au bout de quelques minutes, voyant que l’homme n’a pas l’air de lui vouloir du mal, il se détend un peu. Ce n’est pas grand-chose mais au moins, il commence à ne plus trop bafouiller quand il parle. « Il… Il faut faire attention oui… » Tout dans ce monde était un danger potentiel. De la moindre petite coupure au simple rhume. Zoé en avait les frais. Sa maladie avait commencé par une légère toux, un petit rhume, rien de bien méchant. Malheureusement, à défaut de pouvoir se soigner correctement, elle avait été emportée par une violente pneumonie. Elle s’était éteinte dans ses bras et il avait été incapable de la libérer, de ne pas lui laisser l’occasion de se réveiller. Une culpabilité qui le rongeait depuis… Un fardeau insupportable…

Quand l’homme accepte sa proposition, le métis se redresse pour aller fouiller dans son sac. Il en sort une boîte de conserve, des raviolis ; ainsi qu’un vieux paquet de gâteau. « Je n’ai que ça mais ce n’est pas un problème de partager. Tu dois en avoir besoin… Par contre, je n’ai rien pour les réchauffer. J’espère que ça ne te dérange pas. » Dit-il en revenant s’installer près d’Irving après avoir poser la nourriture sur la table devant eux. L’autre lui demande alors s’il est resté longtemps dans cette maison. Le dessinateur hoche négativement de la tête avant de reprendre « Je suis arrivé hier… J’ai passé la nuit ici. J’étais avec une amie avant, on cherchait à rejoindre une sorte d’entrepôt à Seattle. Un entrepôt où y’aurait des survivants… Mais, je suis seul maintenant… » Parler de Zoé est toujours difficile, sa gorge se noue et il a du mal à contenir sa peine. Si elle avait été là, ils auraient certainement trouvé le No Man’s Land depuis longtemps. Malheureusement, depuis qu’il est seul, il est difficile pour le jeune de continuer à avancer, de se motiver à aller de l’avant. Le monde extérieur l’effraie, les crises d’angoisse se font bien plus fréquentes et il est souvent obligé de rester longtemps au même endroit quand cela arrive.

Puis quand l’autre homme lui explique qu’il ne reste jamais bien longtemps au même endroit, Otis lui confie, répondant à son sourire. « Je suis resté longtemps dans un groupe… Mais j’ai fini par devoir fuir. Je n’ai pas eu de nouvelles d’eux après ça… » Ses parents… Il ne les a pas vu depuis tout ce temps. Que sont-ils devenus ? Il n’en a aucune idée… Il soupire doucement avant de capter à nouveau le regard clair qui lui fait face. « Tu viens d’où ? » Demande-t-il finalement avant d’attraper la boîte de conserve pour l’ouvrir et de la tendre à son voisin, ainsi qu’une fourchette.