C’est donc ceci, le Summer, ce fameux bar dont me parlait Sean le jour de mon arrivée, c’est un endroit assez chaleureux, il ne faut pas se voiler la face et très agréable. Mon intégration se fait doucement ici. Nous n’avons pas encore trouvé de secteurs où je pourrais faire valoir mes compétences à leur juste niveau. Je n’ai toujours pas eu d’échos de la part d’Arizona et je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer Stanley. J’aimerai beaucoup rencontrer le responsable des expéditions et lui expliquer où on pourrait trouver du kérosène pour l’hélicoptère. Je suis certaine que ça me ferait gagner beaucoup de points et que ça accélèrerait mon intégration.

Mais ce ne sont que des projets, pour l’heure, je suis en train de me détendre en dégustant une étrange mixture que m’a apporté Zelda, une sorte de cocktail spécial au gout douteux, mais je le bois par politesse. J’apprécie assez cette petite pour le moment, il y a des choses qui me dérangent dans son comportement et j’ai eu des retours à son sujet. Pas des plus flatteurs, néanmoins, je me refuse  à la juger en mal pour le moment. Je n’ai d’ailleurs toujours pas rencontré cette fameuse June dont elle m’a rabattu les oreilles Je n’irai pas jusqu’à dire que je suis impatiente de m’entretenir avec elle, mais semble une femme fascinante.

Je suis finalement tirée de mes pensées et de mon verre car un homme entre dans le bar. Je lève les yeux sur lui et je le détail. Grand, assez mince, les yeux bleus, l’air assez fier, il semble un peu plus jeune que moi. Il passe commande au bar et va ensuite s’assoir seul à une table. Il… ne semble pas avoir fait particulièrement attention à ce qui l’entourait. Je le regarde un long moment avant de me décider. Il n’y a pas grand monde au bar et même si ce n’est pas dans mes habitudes d’aborder des inconnus, je me dis que ça pourrait être intéressant d’en apprendre plus sur cet endroit par le biaie d’une personne peut-être plus réfléchie que Sean ou Zelda, mais également plus bavarde qu’Arizona. En tout cas, cela ne me coute rien d’essayer. Je prends mon verre de mixture et je m’approche de la table de l’homme.

Il ne sembla pas m’avoir remarqué, du moins jusqu’à ce que je me présente juste en face de lui : « Bonjour. Excusez-moi de vous déranger, je m’appelle Adrienne, pourrais-je… peut-être me joindre un peu à vous, boire seule ne m’intéresse pas beaucoup. Je lui souris alors qu’il lève les yeux pour me détailler. J’ai les cheveux attachés, une mèche cachant ma cicatrice, pour la première fois depuis longtemps, je suis propre et belle. J’ose croire que ma compagnie lui serait plaisante, même si je risque parfois de manquer de conversation.

Il avait passé la journée à décortiquer les recherches que Davis avaient pu mener de son vivant. Cherchant des résultats intéressants, des solutions peut-être, de nouvelles pistes. Le virologue n’était peut-être pas très apprécié et restait assez secret sur les études qu’il menait temps qu’il n’avait pas de piste solide à partager avec les autres, mais ses notes étaient de véritables mines d’or, il en était persuadé. Aussi l’autrichien prenait sur son temps pour déchiffrer l’écriture en patte de mouche du scientifique, reprendre certaines hypothèses et travailler dessus. Tout ce qu’il n’aurait pas pu faire de son vivant. Davis n’était pas vraiment doué pour le travail d’équipe – vous me direz, Friedrich avait du mal également. Le généticien savait néanmoins reconnaitre que plusieurs cerveaux valaient mieux qu’un sur un sujet aussi complexe que ce virus. C’est donc la tête encore remplie de ses dernières recherches que le généticien poussa la porte du Summer’s et commanda un verre. Passer par ici devenait presqu’une habitude, depuis que Quinn avait déserté la maison. Il avait besoin d’une pause entre le complexe et le retour dans cette maison vide. Un moment de transition entre les deux.

Il s’installe un peu à l’écart – sans faire grande attention aux personnes autour de lui. Ce n’était pas un manque d’intérêt, mais son cerveau travaillait toujours sur les chiffres et les statistiques. D’où ce besoin d’une pause pour déconnecter. Il en était à un stade tel qu’il fallut qu’on s’adresse directement à lui pour qu’il remarque qu’une femme qu’il ne connaissait pas se tenait en face de lui. Il y a un sourire sur ses lèvres, elle lui propose de se joindre à lui. C’est encore un peu dans son brouillard scientifique qu’il la regarde. Elle est belle, et il ne connait pas encore ce joli minois. Alors à son tour, un sourire étire ses lippes et d’un geste avenant, il l’invite à s’assoir en face de lui. « Avec plaisir, un peu de compagnie ne me ferait pas trop de mal non plus… Au contraire. » Cela l’aide à se reconcentrer et à revenir parmi les vivants. Son sourire est plus charmeur déjà, son attitude plus ouverte aussi. Il s’appuie contre le dossier de sa chaise un peu bancale. « Il ne me semble pas vous avoir déjà vue, je m’en serai souvenu sinon… Vous êtes arrivée il y a longtemps ? » Demanda-t-il, déjà curieux. Il se redresse alors, comme un gentleman manquant à ses devoirs, il prend son verre pour l’inviter à trinquer avec lui. « Pardon, je suis impoli… Je m’appelle Friedrich, bienvenue à Fort Ward. » Dit-il, un sourire charmant aux lèvres. Ce n’était en rien une approche tactique, une drague à deux balles. Simplement, le généticien était du genre avenant – bien plus que son étiquette de scientifique ne le supposait – et la quarantenaire lui offrait une distraction à ses tracas professionnels des plus bienvenues.

Voilà un homme poli et courtois, il se présente comme Friedrich, nom germanique. Je me demande si c’est un étranger lui aussi ou simplement un immigré. C’est une question que je ne manquerai pas de lui poser quand nous aurons un peu plus discuté. Il me souhaite la bienvenue, je prends donc ça pour une invitation à m’assoir en face de lui. Nos verres s’entrechoquent doucement, dans un petit tintement puis je prends place, le détaillant un peu. Sourire avenant et excellent maintient. Je serais prête à parier mes ailes qu’il est très bien éduqué. Après avoir bu une gorgée de mon cocktail, comment Zelda fait pour prétendre que cette chose est buvable ? Je vous jure.

Trèves de boissons, je regarde Friedrich avant de le remercier : « Enchantée de vous rencontrer Friedrich, il est peu probable que nous nous connaissions en effet. A moins que ce soit un fan d’aviation acrobatique, mais je ne le pense pas, il semble être quelqu’un de terre à terre quand je le regarde, prit dans des réflexions, je le vois mal lever les yeux pour regarder le ciel. Dommage, pour un rampant, il est mignon. Je continue néanmoins à me présenter : « Je suis arrivée il y a quelques jours seulement. Ce sont Jacqueline et Edward qui m’ont récupéré lors d’une expédition. Nous avons eu petit malentendu et un des vôtres… des nôtres devrais-je dire à présent, m’a tiré dessus. Heureusement, il m’a raté, mais l’intention était présente. » Evidement, j’ai un sourire en disant cela, il vaut mieux rire de cette situation que d’en pleurer.
Avec le recul d’ailleurs, que je me sois fait tirée dessus car je chantais, je trouve cela amusant. Je reprends donc : « Je ne suis pas encore au fait des visages, cependant, quand je vous ai vous arrivé, j’ai remarqué que vous sembliez soucieux et concentré. Peut-être accepteriez vous de me dire pourquoi ? N’y voyez pas de curiosité mal placée, je ne suis simplement pas très douée pour engager une conversation avec un inconnu. » Sauf si l’inconnue descend directement d’un avoir ou alors s’il porte un uniforme militaire. Et même si je verrais bien Friedrich dans un costume de la légion étrangère, avant de lui retirer sauvagement, je doute qu’il soit militaire. Je rebois une gorgée avant rire : « Cette petite Zelda s’amuse beaucoup trop à faire ces mixtures, mais il faudrait qu’un jour quelqu’un lui explique le principe du dosage et de la conservation des gouts. C’est vraiment effroyable. »

En réalité, se plaindre de la qualité des boissons est une bonne stratégie, il me semble que c’est comme ça que Caroline a engagé la conversation avec son mari. Non pas que je veuilles l’épouser, jamais je n’oserai épouser un rampant.

A voir la tête que son interlocutrice tire en buvant son cocktail, elle avait probablement testé cette mixture que la jeune Zelda s’était enorgueillie d’avoir créé. Au grand jamais il ne boirait quelque chose que la jeune fille avait pu inventer. Il manquait de confiance en elle, c’était évident. Mais il avait quelques raisons personnelles de s’en méfier, et pour cause ; elle lui ressemblait bien trop au même âge. Le Q.I. en moins, peut-être, mais leur caractère à cet âge était similaire. Raison pour laquelle il ne pouvait se fier à la demoiselle.

Ainsi elle était arrivée avec Jacqueline et Eddie, lors de leur mission de récupération. Adrienne. Un nom peu courant par ici. D’où venait-elle ? Il le saurait bien tôt ou tard. « Oserais-je m’excuser pour le comportement de l’un d’entre nous ? C’est vrai qu’en extérieur nous sommes tous… un peu à cran. Mais si vous venez de là-bas, vous devez aisément comprendre qu’il vaut mieux être prudent. Je suis ravi de voir que l’on vous a raté, il aurait été dommage de ne pas vous rencontrer. » Puis elle l’interrogea, curieuse de savoir ce qui le préoccupait tant à son arrivée. Il fallait dire que ses préoccupations étaient importantes pour leur communauté. Trouver une réponse au virus, à ce vaccin défectueux, c’était la mission prioritaire du complexe. Et au vue des récents événements, il était important que les scientifiques se rachètent de leurs erreurs. L’autrichien faisait alors de son mieux pour résoudre le problème. « Le travail, tout simplement. Je suis à la tête du complexe scientifique de Fort Ward. » Dit-il prudemment, il n’y avait pas de vanité dans ces mots. Il se demandait plus tôt jusqu’où Adrienne avait été informée de ce qu’il se passait entre ces murs, de leurs découvertes, de leur avancée – même si elle s’était soldée par un demi-échec.

Il ne peut s’empêcher de rire franchement quand elle parle des mixtures étranges de la petite Zelda. « Je peux vous recommander quelque chose de meilleur si vous le désirez. » Dit-il, avec un léger sourire. Elle ne pouvait pas savoir, la pauvre, qu’il ne fallait pas trop faire confiance à cette adolescente. « Vous venez d’arriver, cela faisait de vous une proie idéale pour tester les expériences gustatives de cette gamine. Je suis désolé, je vais aller vous chercher quelque chose de meilleur… Une préférence ? » Demanda-t-il, parier sur les goûts d’une parfaite inconnue n’était pas vraiment son genre. Aussi attendit-il sa réponse avant d’aller lui chercher sa boisson.

Il revient rapidement, après avoir échangé un sourire crispé avec Casey, se glissant derrière elle pour déposer son verre avant de revenir s’assoir sur sa chaise, en face d’elle. « Ce sera bien meilleur, faites-moi confiance. » Ils trinquèrent à nouveau, à cet alcool bien plus gouteux que ce cocktail infâme que lui avait servi Zelda. Puis il se pencha un peu vers elle, pour lui demander. « Dites-moi, que savez-vous donc de Fort Ward ? Puis-je vous demander d’où vous vient cet accent ? La France peut-être ? » Son propre accent assez tranché le trahissait également. Mais pour avoir pas mal voyagé, il ne pensait pas se tromper la concernant, mais il fallait être présomptueux pour l’affirmer. Il se montrait charmant et avenant, tout comme son interlocutrice en face de lui.  

Friedrich avait une diction excellente, il savait choisir les mots, d’une politesse impeccable. Vraiment, chaque mot qui sortait de sa bouche était un plaisir à écouter. Je lui ai souris en l’observant me parler. Il osa s’excuser du tir raté de l’autre, qui lui-même n’avait jamais eu la politesse de le faire. Ceux à quoi je lui répondit par un sincère, mais légèrement incisif : « L’excès de prudence ressemble beaucoup à de l’incompétence de mon point de vue. Edward n’a pas tiré que je sache, l’auteur de ce tir l’a fait sous le coup de la panique. Je comprends la prudence, je n’excuse pas la maladresse... Par contre, je peux la remercier, car elle m’a permise de venir vous déranger à votre table.» Je ne suis pas quelqu’un de très douée pour le flirt et les relations, je me contente d’être directe, mais en utilisant mon vocabulaire riche et mon excellente éducation.

Quand il me dit quel était sa fonction ici, j’ai manqué de retenue, laissant s’agrandir mon sourire, en face de moi, j’ai donc un scientifique talentueux. Cet homme accumulait les bons points pour un rampant, si seulement c’était un pilote… Dans ce cas, alors il serait parfait. Mais ce serait de la gourmandise et assez peu probable qui plus est. « Je vois oui, c’est un poste très important à n’en pas douter. Je n’ai pas chercher à en savoir plus, s’il souhaite s’étendre sur le sujet et me parler de tubes à essaies, alors il pourra le faire, je l’écouterai avec attention. Mais je suis bien plus intéressée par un vrai verre d’alcool : « Je me contenterai d’un russe blanc s’ils servent cela ici. Je vous remercie. Mon compagnon part chercher ma commande et revient pour me déposer le verre juste sous les yeux. Je trinque avant de prendre une gorgée et de commenter mon cocktail : [colo=#006633] « Incomparablement meilleur, je ferai attention aux propositions de Zelda à l’avenir. Merci beaucoup Friedrich. Que buvez-vous ?[/color] Le scientifique étant certainement un homme de gout. Il prend la peine de me demander ce que je sais de l’endroit : « Peu de choses, à part que c’est un endroit sûr et ma meilleure chance de pouvoir exploiter de nouveau un jour mes talents. »
Talents dont je tais la nature pour le moment, je serais curieuse de savoir quelle carrière s’imaginerait cet homme ? Que pensera-t-il ? Que je suis politicienne, professeur ? La perspective m’amuse. Mais je ne lui laisse pas l’occasion de répondre, préférant le perdre un peu : « Je suis française, du moins je l’étais. Je devrais vous féliciter de votre déduction mais, soyons honnête, mon accent est l’un des pires qui existe. Mais puisque nous en sommes aux devinettes, je crois pouvoir dire, qu’à votre accent et à votre nom, vous n’êtes pas non plus un américain pure souche. Je dirais que vous êtes germanique. » Autrichien, suisse, allemand, ou simplement germanophone ; je serai bien incapable de le dire. Donc je me suis contenté de cet estimation. Les probabilités me diraient de lui demander s’il est allemand, mais je sais d’expérience que les autrichiens n’aiment pas être confondus avec leurs voisins. Comme les belges et les français.

Etonnante surprise que cette rencontre avec Adrienne. Elégante et raffinée, avec de l’esprit. Il en savait encore trop peu sur elle, mais cette première impression n’annonçait que du bon. De plus, elle venait d’arriver et la brune était alors bien loin de connaitre les tensions qui pouvaient embarrasser sa vie ces derniers temps. Le déménagement de Quinn l’avait bien plus affecté qu’il ne le croyait. Même Jade, qui l’assistait parfois au complexe – et pas seulement pour ses travaux au complexe – ne parvenait plus à l’atteindre. L’homme s’était comme mis en veille, à la mort de Vaughn, attitude accentuée par la dépression de Quinn, puis de son départ. Mais cela faisait quatre mois maintenant, il était temps de rebondir et de revivre. Le vent de nouveauté qu’amenait Adrienne avec elle semblait être tout ce qu’il lui fallait pour sortir de cette torpeur. Avec son sourire et ses grands yeux clairs, elle semblait toute disposée à faire plus ample connaissance avec lui. Alors il sourit, lui aussi, un sourire charmant et confiant.

A sa réaction, plus que ravie en entendant son statut à Fort Ward, le généticien haussa un sourcil. « Au vu des recherches que nous menons, important, c’est le mot, en effet. » Dit-il, laissant son égo s’enorgueillir en passant. Il était fier d’être arrivé là où il était aujourd’hui, il lui avait fallu beaucoup de patience et quelques manœuvres, mais au final, il avait su être là au bon moment pour saisir l’opportunité au vol. Il se lève, partant au bar pour leur rapporter des boissons dignes de ce nom, et revient peu de temps après en déposant devant la belle, un Russe Blanc, avec les moyens du bord. « Peut-être pas aussi parfait que ce qu’on pouvait trouver avant, mais assurément meilleur que le cocktail de Zelda. » Dit-il, pour pallier au manque de ressource dont ils pouvaient disposer pour réaliser des cocktails sophistiqués dignes de ce nom. Rien que l’existence du Summer’s était un miracle en soi, Casey avait eu le mérite de leur offrir un endroit chaleureux, avec de l’alcool de qualité. « Oh, un Whisky assurément. Temps qu’il y en a encore. » Répondit-il, en amenant son propre verre à ses lèvres.

Ils en arrivent ensuite à leurs origines respectives, quand elle dénigre son accent, l’autrichien a un rire amusé. « C’est vrai que votre accent est difficilement trompeur. Mais j’ai entendu bien pire. » Dit-il, toujours aussi charmeur. Il a une petite moue cependant, en ne la voyant pas se mouiller plus que ça sur ses origines, mais ce n’était que pour l’embêter un peu. « Au moins ne prenez-vous pas le risque de me vexer. Je suis originaire d’Autriche, mais cela fait très longtemps déjà que j’avais quitté mon pays pour mon travail. » Après la mort de sa mère, en fait. Et il n’avait jamais vraiment revu les siens depuis, si ce n’est en vidéo conférence, ou au téléphone, quand sa sœur exigeait des nouvelles de lui. Il ne se posait plus la question de les savoir en vie depuis bien longtemps déjà.

« Par contre, vous avez attisé ma curiosité. » Et Dieu sait à quel point elle était dévorante par moment. « Quels sont ces talents, si je peux me permettre ? » Dit-il, réellement intéressé. Si le reste de cette conversation ressemblait à un prélude d’un jeu plutôt intéressant, il n’en avait pas moins un réel intérêt pour sa personne. Décidément, cette rencontre était de plus en plus intéressante, et arrivait à point nommé.

Alors que je déguste mon verre, je ne peux retenir un sourire quand Friedrich me dit qu’il boit un whisky, tant qu’il peut. « Un alcool noble et sérieux à n’en pas douter. Même si nous parvenons à en produire de nouveau, jamais il n’aura l’aura et le gout de celui que vous buvez actuellement. Je n’en doute pas. » J’aurai juré avoir entendu une rumeur sur une groupe qui cherchait à remettre en marche une distillerie… mais je vais taire cette information, ce n’est guère important pour le moment. Je suis beaucoup plus intéressé par ce que j’ai actuellement sous les yeux que par un vague projet porté par des inconnus. A ses propos sur ses orgines, je laisse échapper un vague murmure signifiant avant de lui poser une requête : « Autrichien… Je ne suis jamais allé en Autriche. J’espère que vous saurez m’apprendre quelques coutumes de votre pays. Même si cela fait longtemps. En échange, je vous en apprendrai quelques-unes que nous trouvons en France. » Une gorgée d’alcool chaleureux plus tard, je souris, c’est très différent de la façon dont je flirtais avec Dany, mais c’est agréable, j’apprécie réellement ce moment.

J’ai accentué mon sourire quand il me demande quelles sont mes capacités. Il ne s’attendra certainement pas à ma réponse : « Je suis pilote, spécialisée dans la voltige et l’instruction. Ce n’est pas un métier particulièrement utile dans une apocalypse. Encore que j’ai la main très sûre et que ça peut toujours servir ça. » Je pourrais dire que je suis détentrice d’un master d’ingénieur donné par l’école de polytechnique, une référence mondiale dans son domaine, mais face à un homme qui dispose certainement d’un doctorat, ça ne serait guère marquant. De plus, le simple fait que je sache voler est souvent suffisant pour ces hommes. « Piloter un avion à 280km/h, quand vous êtes à 10 mètres du sol, ça ne tolère aucune erreur. J’ose affirmer qu’il n’y aurait qu’un chirurgien pour avoir des doigts plus agiles que les miens. » Voilà une affirmation qui ne manque pas d’audace, mais j’ai coutume de dire que les gens sans audaces sont ceux qui ont une misérable vie ennuyeuse, sans gloire ni honneur. Ce qui ne semble pas être le cas de l’homme qui boit un whisky devant moi.

Vraiment pas mal pour un rampant, peut-être que je pourrais lui montrer le ciel.