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Re: Road-trip macabre : Destination Seattle - Raoul Aguirre
Sam 25 Juil 2020 - 15:01
Bienvenue par ici !
Attention ton avatar n'est pas aux bonnes dimensions, il doit faire 200 pixels de largeur et 320 pixels de hauteur. N'hésite pas à nous demander si tu as besoin d'aide pour te trouver ou te faire un avatar à la bonne taille
bienvenue sur le forum !
Attention ton avatar n'est pas aux bonnes dimensions, il doit faire 200 pixels de largeur et 320 pixels de hauteur. N'hésite pas à nous demander si tu as besoin d'aide pour te trouver ou te faire un avatar à la bonne taille
Te voilà fraîchement inscrit(e) sur The Walking Dead RPG ! Après avoir lu consciencieusement le règlement du forum, voilà quelques petites choses à retenir pour tes débuts parmi nous :
1 – Le délai pour finir ta fiche est de 10 jours . Un délai supplémentaire peut être accordé par un membre du staff sur demande.
2 – Si tu as oublié de le faire avant de t'inscrire, jette un petit coup d’œil aux bottins des noms, des prénoms, des métiers et des avatars.
3 – Lors du choix de ton avatar, il est important de bien respecter ces deux points du règlement : Les images choisies doivent être cohérentes avec le contexte, et l'âge de ton personnage avec l'aspect physique de ta célébrité.
4 – Afin d'éviter les RP répétitifs d'intégration dans un camp, nous te conseillons d'intégrer ton personnage à un groupe dès son histoire ! Si tu choisis d'intégrer le groupe des Travelers , il te faudra conserver ce statut durant 1 mois minimum avant de pouvoir t'installer dans l'un des groupes sédentaires.
5 – Si tu comptes jouer un Remnants et que ton personnage est intégré au camp avant juillet 2019 dans son histoire, il se peut que celui-ci ait été vacciné contre le virus qui transforme en rôdeur. Pour savoir si c'est le cas, rendez-vous ici.
6 – Si ton histoire comporte des personnages que tu souhaiterais proposer en Scénario, sache qu'il faudra également patienter 1 mois et être actif en zone RP.
7 – Une fois ta fiche terminée, signale le dans ce sujet AVERTIR ▬ FICHE TERMINÉE.
Bonne rédaction !
Bonne rédaction !
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Re: Road-trip macabre : Destination Seattle - Raoul Aguirre
Sam 25 Juil 2020 - 17:50
Coucou bonjour, et bienvenue à toi !
Bon courage pour ta fiche
Bon courage pour ta fiche
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Re: Road-trip macabre : Destination Seattle - Raoul Aguirre
Sam 25 Juil 2020 - 17:51
Bienvenue à Seattle, la ville la plus paisible de l'Etat
Bon courage et hâte de pouvoir lire ta fiche !
Bon courage et hâte de pouvoir lire ta fiche !
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Re: Road-trip macabre : Destination Seattle - Raoul Aguirre
Sam 25 Juil 2020 - 19:03
Officiellement bienvenue à toi
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Re: Road-trip macabre : Destination Seattle - Raoul Aguirre
Sam 25 Juil 2020 - 20:46
Trop chouette ce choix d'avatar! Bienvenue ici
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(SUITE) Road-trip macabre : Destination Seattle - Raoul Aguirre
Sam 25 Juil 2020 - 23:35
HEAR MY STORY
- Post-Apocalypse
19 octobre 2015, Golfe d'Alaska, Eaux Américaines
Plus d’un mois déjà que le petit équipage était à bord du Princess of Yukon. Chaque jour il faisait de plus en plus froid, à certains endroits on voyait des icebergs de plus en plus imposants et menaçants. Tout le monde avait déjà entendu ses histoires de bateaux qui comme le Titanic avaient coulés dans les mers gelées, surpris par un iceberg, véritables montagnes sous-marines. C’était un paysage aussi remarquable que dangereux. Des tempêtes de nuits qui surprennent tout le monde, une mer si froide et mortelle qu’on a l’impression de naviguer sur de la lave. Des orques et des baleines semblent être les seules formes de vie autorisées à vivre dans un pareil climat. Le ciel est toujours gris et la mer est sombre, d’un bleu presque noir. Le Princess of Yukon était un bon rafiot de pêche et son capitaine, Lee, était un vétéran de la pêche au crabe royal. Il s'était construit la réputation d'être l’un des capitaines avec le taux de morts le moins élevé. Car Lorsque Raoul, Amir et Garrett ce sont engagés dans leur périple ils ignoraient bien qu’ils allaient vers l’un des « jobs » les plus dangereux du monde. Raoul avait connus beaucoup de sales boulots, celui-ci c’était vraiment le pire de tous. Il y avait comme une décourageante impression d’avoir touché le fond.
Raoul était en train de manger un plat réchauffé, une sorte de mauvaise ration militaire incomplète à base de bœuf et de riz au curry. Seul dans la machinerie l’odeur du mazout couvrait celle de son mauvais repas, c’était la partie la plus chaude du bateau, un gros compartiment remplis de machines incroyables auxquelles Raoul ne comprenait qu’une seule chose : Le Niveau de mazout. Lee avait pour habitude d’envoyer des membres de l’équipage en vérifier le niveau quand ils voyaient que ceux-ci fatiguaient. Un bon moyen de trainasser quelques minutes assis, blotti dans la carcasse agitée du navire. Raoul en mangeant gardaient les yeux fixés sur ses bottes que sa cotte de travail orange et étanche recouvrait partiellement.
Quand d’un seul coup quelqu’un descendait les escaliers en courant, sautant une marche sur deux et manquant de se vautrer à l’arrivée, c’était Fynn, le second de Lee, un type de Boston qui ne jurait que sur ses origines irlandaises qu’il portait comme une médaille. Fynn avait la trentaine, un gros visage pâle, des cheveux très brun presque noir et des yeux verts foncés, il avait quelques kilos en trop qui recouvraient une importante musculature, c’était un véritable colosse. Il travaillait sur le Princess of Yukon depuis 3 ans. Il connaissait Lee comme un frère et avait commencé la pêche alors qu’il n’était qu’un gamin en Louisiane, dans les grandes exploitations de crevettes. C’était le seul de l’équipage à être déjà tombé dans les eaux de l’Alaska, il y a un an, il avait failli ne plus retourner en mer après ça. Mais l’appel de l’océan c’était une force que les marins n’arrivent pas à contrôler. Flynn n’avait décrit cette douloureuse expérience qu’une seule fois :
« On a l’impression que des milliers de petits couteaux vous transperce la peau. »
Rien de très encourageant. Il reprenait son souffle. Il avait l’air fou et les yeux écarquillés, il faisait signe à Raoul de le suivre qui se leva en abandonnant le mazout et son repas, suivant son supérieur avec inquiétude. Qu’était-il arrivé ? Quelqu’un était peut-être tombé du bateau ? Ils montèrent à la barre ou tout l’équipage avait abandonné son poste pour se mettre à la petite table où était située la radio. Lee qui avait l’air grave se rongeait les ongles. Garrett se tenait le menton en tapant du pied. Raoul pu s’approcher du poste de communication qui crachait d’une voix grésillante une suite d’informations :
« Le Président des Etats-Unis s’est exprimé aujourd’hui dans une allocution télévisé sur les troubles qui ravage le pays. La garde nationale a été appelée et l’armée réquisitionnée. Les cas de nouveaux malades ne cessent d’augmenter. »
Tous se regardaient. Après un moment c’est finalement Fynn qui alla prendre une bouteille de vodka que le capitaine devait garder cacher dans sa cabine. Chacun avait son petit commentaire sur la situation. Une maladie ? Comment cela était arrivé ? Qu’est-ce que c’était ? Une sorte de rage ? Le président est-il en train de faire un coup d’état ? Raoul ne pouvait s’empêcher de rire à cette idée. Peut-être que les gringos allaient-ils découvrir eux aussi les joies des dictatures américaines ? Quand bien même l’idée lui paraissait comique quelques instants, il pensait à ses amis, à Cindy. Peut-être que ses troubles ne touchaient pas l’Alaska ? Finalement après quelques minutes Lee annonçait qu’il fallait tout de même finir la saison. Peut-être que tout serais fini dans une semaine après tout ? Le groupe n’avait pas assez de crabes et il était hors de question de les laisser aux pêcheurs russes qui ne seraient pas retenu par quelques manifestions dans des mégalopoles américaines. Et s’il y avait une rage ou une grippe, la meilleure solution était de rester en mer.
26 octobre 2015, Mer de Béring, Eaux américaines.
Un grand bruit plat. Puis des cris. Un son mécanique de cloche. Depuis les annonces de la semaine dernière il n’y avait plus que des messages de sécurités répétés en boucles. La majeure partie des bateaux étaient partis pour la côte. Seule une station de forage de pétrole en haute mer avait émis des appels à les rejoindre. C’était la panique. Personne à bord ne savait réellement ce qui se passait sur la terre ferme. On imaginait le pire. La guerre civile ? Alors tous les bateaux de pêches aux crabes avaient ensemble abandonné la saison pour se ruer tel une nuée sur les ports les plus proches. Lee avait pris la direction du port d’Anchor Point. L’île de Kodiak avait peut-être été abandonnée des autorités ? Et l’équipage aurait dû retrouver un autre navire pour se rendre sur le continent. Ce qui vu les circonstances risquait d’être difficile. Le Princess of Yukon faisait route avec deux autres bateau, le Scottish Jewel’s composé d’un équipage de canadien et le North Fish don le capitaine était un certain Simon, une vieille connaissance de Lee. Ils avaient fait l’opération tempête du désert ensemble. Lee gardait une photo d’eux posant devant une des splendides voitures de Saddam Hussein. Ou quelque chose comme ça.
On arrivait devant le port d’Anchor Point, c’était une minuscule ville. L’encre avait été jetée et Amir actionnait frénétiquement le bouton de la sonnerie, Garrett et Ian, un autre membre de l’équipage poussait des cris vers le fond de la jetée où un groupe d’hommes armés arrivaient. Raoul et Amir prirent directement le chemin de la salle des machines, deux sans papiers et des policiers sur un ponton, c’est une mauvaise blague qu’ils ne voulaient pas connaitre. Comme les machines étaient arrêtées ils pouvaient entendre tout ce qui se disait sur le pont. C’était Lee qui discutait avec les hommes, ils étaient trois. Apparemment c’était un comité d’autodéfense et non des policiers, ce qui n’arrangeait rien aux craintes des deux hommes. Un policier ça arrête, un comité d’autodéfense, ça tue. Finalement Flynn arriva pour chercher Amir et Raoul. Les gens du coin s’en fichaient pas mal des pêcheurs mexicains ou égyptiens. Visiblement l’épidémie qui ravageait le pays était plus grave qu’une grosse grippe. Les trois membres du comité d’autodéfense expliquèrent que la maladie rendait les gens cannibales, que ça rendait fou. Que ça se transmettait par morsure, que le gouvernement fédéral avait mis en place des camps de réfugiés et que tout le monde devait s’y rendre. Les trois bonhommes étaient sur le point de partir pour le camp de réfugié de Point McKenzie, juste en face de la ville d’Anchorages.
« On sera pris en charge par l’armée. Les malades sont soignés apparemment. »
« Et vous savez si ça touche les autres pays ? » Demanda Amir, visiblement inquiet.
« En tout cas c’est pareil au Canada. Et au Mexique je crois aussi. Ils ont fait évacuer Vancouver pour Calgary. »
C’était donc officiellement la merde sur terre. Tous les marins restaient bouches bée devant un tel flot d’information. Garrett et Flynn qui avaient déjà pris leurs affaires s’avancèrent vers les hommes en armes.
« Ok on vous suit. »
« Un instant ! » Lee s’approcha de son second et lança un regard vers Raoul et Amir. « Ils ne peuvent pas venir, ils ont même pas leur Green Card ils seront jamais pris au camp. »
Raoul fut tout de suite étonné par les paroles de son capitaine. Voilà qu’en plein milieu d’un désastre humanitaire cet ancien militaire reconverti dans la pêche extrême prenait le parti d’employés étrangers qui avaient été recruté entre autre, pour leurs capacités à faire les tâches les plus ingrates pour des salaires tronqués. Une petite brise se levait, rafraichissant les hommes et l’ambiance.
« Non c’est bon on va trouver un autre moyen t’inquiète pas patron. » Raoul ne voulait pas empêcher l’équipage de sauver leurs peaux à causes de ses problèmes avec les autorités américaines. Ainsi donc l’ensemble de l’équipe laissait seul les deux hommes qui restaient sur le port. Raoul s’assis sur une bitte d’amarrage et chercha une cigarette qu’il porta a ses lèvres. Ce village était froid et moche. Il y avait quelques maisons abandonnées, un commerce vide et des meubles abandonnés sur les trottoirs, déjà une petite couche de neige se formait sur ce paysage sinistre. Amir, lui, s’assaillait en face de Raoul et prenait sa tête entre ses mains. Au bout d’un moment l’égyptien s’était déjà mis à sangloter. Puis il y eu un petit tintement métallique. Raoul tenait les clés du bateau dans sa main droite avec un air moqueur.
29 aout 2016, plateforme pétrolière « Carmela », Océan Pacifique.
Ça ferait bientôt un an que Raoul et Amir étaient arrivés sur Carmela. Cette plateforme pétrolière, l’une des plus grandes de la côte ouest avait fait partie, avant eux, du projet pétrolier d’ExxonMobil appelé The Way to the North ; un immense entreprise de forage dans le but de profiter de la fonte glacière pour pouvoir mettre main basse sur une partie des ressources naturelles du grand Nord, la chaîne de plateformes commençaient en face de la baie de Seattle et devait aller jusqu'au large de l'Alaska. Carmela était la première et unique pierre de cette construction. Comme à son habitude Raoul récurait les toilettes. Au fond il faisait ce qu’il avait toujours fait, il travaillait comme un forçat pour avoir le droit de manger et de dormir. Il s’essuyait le front, marquant une pause ; il était là, jean et basket, un t-shirt et des gants en train de laver les toilettes à six heures du matin. Carmela c’était une petite société à part entière : Il y avait un chef, une aristocratie et des larbins. Le chef c’était Hugh Fawlers un garde côte américain. Il portait toujours son magnifique uniforme parfaitement repassé. C’était un grand type roux avec une épaisse moustache. Il y avait Junior son fils, un petit tyran avec la même bouille que son paternel mais sans la moustache il portait aussi son uniforme mais de façon moins soigné, il passait son temps en expédition ou complètement saoul dans ses quartiers. L’aristocratie de ce petit monde c’était l’ensemble d’un bateau de patrouille des gardes côtes, ils avaient été les premiers à rejoindre la plateforme et ses ouvriers. Ils étaient armés et si au début ils agissaient comme des restes de la civilisation et de l’ordre américain ils avaient finis par devenir les maîtres du lieu. Après il y avait les ouvriers de la plateforme c’est eux qui avait trouvés son petit nom, ils assuraient la maintenance des lieux. Et enfin il y avait quelques poignées de gens comme Raoul qui avait reçu le message d’accueil des ouvriers par radio. Ces réfugiés maritimes étaient le bas de cette petite société, ils faisaient les tâches les plus ingrates, comme le nettoyage, l’entretiens des machines et les plus chanceux pouvaient partir en expédition avec Junior, souvent ils ne revenaient pas tous, mais il arrivait que d’autres réfugiés maritimes, de moins en moins, viennent remplacer les disparus. Sur cet éden des mers on ne comptait pas moins d’une centaine d’individus.
Et déjà presque un an. Presque un an que Raoul était sur Carmela. Il n’avait participé qu’à une petite dizaine d’expéditions. Junior ne faisait pas confiance dans les « chicanos », il préférait partir avec des « braves gars de chez nous ». Amir lui avec ses connaissances en mécaniques avait rejoint les ouvriers, cela faisait quelques mois qu’il ne prêtait plus vraiment attention à Raoul ; les larbins dorment dans des conteneurs et mangent dehors. Les ouvriers ont des chambres communes, une cantine et des douches, seul lieu qu’ils doivent partager. L’aristocratie, les garde-côtes, se partagent des chambres individuelles ou des bureaux réaménagés, le chef a sa propre salle de bain et ils ont un petit réfectoire. Pas de place pour les rencontres entre les différences couches sociales.
Si l’ambiance grisâtre du large de l'état de Washington, les lumière blanches de la plateforme, l’odeur de pétrole et la hiérarchie sont difficilement supportables, pour la plupart c’est toujours mieux que d’être sur la terre avec eux, les mordeurs. Car la règle est stricte, avant de monter sur la plateforme tous les membres des expéditions sont inspectés de la tête aux pieds. Et si quelqu’un se fait mordre devant les autres il est abandonné sur le continent.
Pourtant Raoul en avait assez. Il était épuisé de cette vie. Il n’allait pas nettoyer les chiottes de quelques connards de militaires américains jusqu’à ce qu’il crève dehors à cause d’un fils à papa capricieux. Mais il n’y avait pas de vent de révolte, les larbins se contentaient de ce qu’ils avaient, car tous avaient vu ce que le monde était devenu, comment la terre ferme était devenu un enfer. Raoul conspirait seul en frottant le sol. Il aurait voulu pouvoir prendre le large lors d’une expédition. La prochaine fois qu’il serait de corvée de sortie avec Junior, il s’était juré de le faire. Mais ses plans d’évasion s’évanouirent en un instant lorsqu’il entendu un râle dans les couloirs. Justement, encore Junior qui était ivre à tous les coups, il allait venir vomir ici sans considération pour le travail de Raoul. Alors il s’arrêtait de travailler et sortait de la cabine des toilettes pour attendre l’ivrogne. Au bout de deux minutes il n’y avait toujours personne il y avait toujours ce bruit qui venait du couloir. Il finit par pousser énergiquement la porte et s’apprêtait à faire une réflexion à Junior lorsqu’il le vit. Ce n’était pas Junior. Ce n’était personne. Du moins ça avait été quelqu’un. Raoul claquait la porte pour s’enfermer. Le dos contre la porte il respirait fort et commençait à chercher une solution.
« Santa mierda ! »
Comment est-ce que ce mordeur avait bien fait pour arriver là ? Puis il prit quelque seconde. Mais ce mordeur avec un uniforme de garde-côte lui aussi ! Mais oui, c’était ce vieux type qui gardait toujours les larbins lorsqu’ils mangeaient, un certain Ken ou Kenny. Un vieux type qui finissait toujours par s’endormir. Mais qu’est-ce qu’il fichait là en mordeur ? Le protocole du Chef n’avait visiblement pas tenu cette fois. Le bruit qu’il avait fait avait attiré le mordeur qui grattait contre la porte en poussant de longs râles roques. Raoul se jetait sur son balai en aluminium, une chance que ceux-ci n’aient pas été en plastiques, il retirait la serpillière au bout pour ne garder que le manche. Ce n’est pas l’arme rêvée mais c’était soit ça soit de l’eau savonneuse. Il se retournait pour faire face à la porte et du bout de son manche à balai il faisait glisser lentement le verrou. Finalement le mordeur entrait dans la pièce, les bras tendus vers l’avant et les dents claquants. Il avait les yeux vides et le coup à moitié arraché par une morsure. C’était la première fois que Raoul en voyait un d’aussi prêt. Pendant les expéditions il se contentait de dire aux gardes où il y en avait un et eux tiraient dessus. Et puis ils n’allaient que dans des petits villages qui avaient été en parti abandonnés. Raoul avait machinalement et sans réfléchir poussé un cri de rage et enfoncé le balai dans l’un des orbites de la créature qui s’effondrait à ses pieds. En retirant son arme il pouvait admirer un mélange sanguinolent de cervelle et de peau. Après avoir repris son souffle il passa la tête par la porte. Le couloir était vide. Il entendait juste au loin quelques cris mais surtout, comme toujours le bruit des vagues.
Après avoir monté les escaliers qui menaient au grand air Raoul respira profondément, il entendait distinctement des cris, des coups de feux, des moteurs de bateaux. C’était l’anarchie. Carmela venait de tomber. Il n’avait pas le temps de réfléchir, armé de manche à balai dégoulinant il avait pris la direction de la passerelle inférieur, là où tous les bateaux étaient accessible, y compris le Princess of Yukon. Un autre mordeur était apparu devant lui, cette fois c’était Chris, un garde de l’équipe de Junior. Le mort avançait surement et donnait des grands coups de mâchoires dans le vide, Raoul avait alors envoyé son arme d’un grand coup circulaire dans la face du mort. Aïe. Cette fois le balai en aluminium c’était tordu sous le choc et il n’avait qu’abimé le crâne de Chris. Alors que le mordeur était presque sur lui Raoul avait pris la barre tordue des deux mains et l’avait glissé entre les dents du mort qui s’agitait de plus belle. Ils tombaient tous les deux, Raoul était au-dessus du mordeur, il en profitait pour donner des coups violents avec son arme sur le visage du mort et quand la barre avait fini par rompre il planta le bout le plus court dans l’amas de chair qui restait du visage de Chris mettant fin à la lutte. Raoul n’avait pas oublié de prendre le pistolet automatique encore à la ceinture de son adversaire. Direction la passerelle inférieur.
La plupart des bateaux avaient déjà pris le large, ceux qui pouvaient fuir fuyaient, tant pis pour ceux qui au fond des bâtiments dormaient encore ou ceux qui restaient enfermés dans les conteneurs. Il restait un bateau encore attaché, un des hors-bords des garde-côtes, il était rempli de « larbins » don un qui se défendait contre un mordeur avec une énorme clef à molette. Raoul s’était jeté sur le porte-clefs mural, cherchant un trousseau aux couleurs militaires. Il l’avait. Le « larbin » qui se défendait était Jacob il avait finalement réussi à éclater le crâne du mordeur. Raoul c’était alors rué sur les commandes du hors-bord tandis que les passagers défaisaient les liens. Ça y est. Il avait réussi. Ils étaient partis.
30 septembre 2016, Olympic National Park, Washington, Etats-Unis d'Amérique.
Des dizaines de jours qu’ils marchaient dans une nature sans fin. Raoul menait le groupe. Il avait faim, tellement faim. Il faisait de plus en plus froid, chaque matin le gel était plus présent. Depuis qu’ils avaient accostés, le petit équipage de fortune avait décidé de longer les côtes vers le sud. Au début ils avaient marché à travers un paysage de bord de mer, en traversant des paysages extraordinaires et des maisons abandonnées, la majorité de ces maisons étaient vide, c’était ce qu’il y avait de mieux, il restait parfois des denrées abandonnées par les fuyards et voir remplis de quelques de mordeurs dans les pires situations. Alors finalement ils avaient décidé de passer par les grands parcs forestiers. De véritables tableaux de Bob Ross, la nature y était ce qu’on y attend des grands espaces d’Amérique du Nord, des forêts de pins immenses, des montagnes, des plaines vertes et des grands courts d’eaux.
Raoul avançait, avec un blouson fourré de garde-côte qui avait été laissé sur le hors-bord, il avait aussi récupéré un fusil à pompe. Le pistolet automatique était revenu à Jacob, un des larbins de la plateforme pétrolière un petit bonhomme pâle avec un début de calvitie sur ses cheveux bruns, le menton en avant, une vraie tête de bulldog, il terminait la marche. Il y avait Emily, une ingénieure de la plateforme, une petite femme rousse avec des lunettes qui regardait ses chaussures et pleurait la nuit. Il y avait aussi Joss, un larbin assez famélique qui gardait un gros marteau toujours serré contre lui, son frère Jimmy un habitué des expéditions était déjà plus costaud, ils avaient tous les deux une tignasse blonde et des lunettes verte et bleu. Enfin il y avait Dawson un ouvrier qui avait lui aussi le blouson bien chaud d’un garde-côte il avait aussi un fusil à lunette trouvé dans l’une des maisons qu’ils avaient fouillés, surement du matériel de garde-forestier. Puis juste derrière Raoul, comme d’habitude on trouvait Ida une jeune amérindienne d’une vingtaine d’année armée d’une batte de baseball à clous. Ils marchaient tous en file indienne dans une grande forêt de pins immenses. S’ils buvaient assez régulièrement, ces espaces montagneux regorgent de sources d’eaux pures, ils n’avaient pas mangé depuis trois jours. Et avancer avec l’estomac vide c’était désormais la nouvelle pire expérience de Raoul.
« J’en peux plus »
Joss tombait sur ses genoux. Il se cramponnait toujours à son marteau en le tenant contre son cœur, comme si sa vie dépendait de la pression sur l’outil. Tout le monde était fatigué mais Joss inquiétait Raoul depuis quelques jours, ce garçon n’était pas très costaud, cette marche forcée, cet exode était un véritable enfer à vivre. Raoul d’un geste de la main ordonnait une pause au reste du groupe, on ne pouvait commencer à abandonner des membres sinon c’était le début de la fin et il n’y aurait plus personne à la fin du voyage, c’était ce qu’avais dit Raoul et tout le monde était tombé d’accord. Au moins s’en était fini de la hiérarchie infernale de la plateforme. Ils n’en parlaient pas, d’ailleurs le groupe ne parlait presque pas.
Jacob commençait à réunir quelques bouts de bois autour, c’est vrai que le soleil commençait à doucement baisser. Tout le monde s’asseyaient, ravis de cette pause forcée. Raoul avait décidé de s’assoir contre un tronc d’arbre et d’étaler ses jambes, il était exténué mais pour le moral du groupe, il se disait qu’il fallait le cacher, il fallait donner le change pour continuer. Il n’eut pas le temps de fermer les yeux une seconde que Joss leva le bras vers Raoul, Ida, empoignait sa batte et se levait pour aller dans le dos de Raoul, il n’avait plus la force de se battre, à peine avait-il compris qu’il devait attraper son fusil que un simple « poc » jaillissait de l’autre côté du tronc. Ida revenait vers le groupe, des morceaux de cervelles coincés entre les clous de sa batte. Ce n’était, hélas, pas un élan ou un cerf qui était venu se faire tuer gentiment pour servir de repas au petit groupe mais un mordeur. Il y en avait partout. Emily allait encore se mettre à pleurer après ça. Comment avec la faim trouvait-elle encore la force pour pleurer ?
19 mars 2017, Hoodsport, Olympic National Forest, Washington, Etats-Unis d'Amérique.
Un matin doux. Un matin clair. Raoul frottait ses yeux, un oiseau chantait dehors et il se réveillait à peine, il faisait déjà jour et le soleil était assez haut dans le ciel. Il ne pleuvrait pas aujourd'hui. En s'asseyant sur son lit il prenait le temps pour se débarbouiller et se regarder dans le petit miroir qui trônait au dessus du bac à eau de sa chambre. Il avait changé en quelques années, depuis la catastrophe. Ici dans la forêt le temps semblait suspendu, il avait l'impression d'être arrivé hier à Hoodsport. Il avait réussi à mener son groupe jusqu'à la survie et désormais ils vivaient tous ensemble à la Scierie, c'était un havre de paix. Ils s’installaient lentement mais surement. Raoul était content aujourd'hui. Il allait partir pour la réserve amérindienne de Quinault, Ils avaient trouvés une vieille carte il y a quelques jours en fouillant dans les maisons de Potlacht, un autre petit village à deux miles au Sud. Wyatt, un des habitants qui était un grand marcheur, un vétéran du célèbre marathon de Boston, allait mener une expédition, le petit groupe s'était dit que s'il y avait bien des gens qui savaient vivre dans la nature sans rien, c'était les amérindiens. Raoul avait bien tenté de leur expliquer que cette époque là était finie et qu'ils avaient l'électricité comme tout le monde, l'image romantique et cliché de l'indien dans sa réserve qui vivent d'amour et d'eau fraîche restait imprégnée dans l'esprit de ce petit groupe de personne qui n'avaient, en majorité, jamais quitter les grandes villes. Ida, la seule amérindienne du groupe avait pourtant, elle aussi tenter de leur expliquer les réalités des réserves. Mais rien à faire « Les réserves en Alaska sont surement très différentes de celles ici. »
Raoul avait lu dans une brochure que la réserve vivait principalement de la pêche, une activité effectivement très pratique mais peut utile quand on réside à plus quatre-vingt-trois miles de la côte. Mais il s'était trouvé dans l'impossibilité de convaincre qui que ce soit de l’intérêt de faire des recherches dans un périmètre proche plutôt que de tenter de longs voyages fatigants et inutiles. Bien évidemment qu'ils n'étaient pas les seuls survivants, même si à certains moment, on pouvait se demander comment la vie avait-elle pu quitter à ce point les zones rurales et forestières ? Les gens devaient s'entasser et se terrer dans des villes mortes à la recherche des restes du monde civilisé, inspectant chaque fin de boites de conserves. Il fallait mieux mourir loin des mordeurs sur le haut d'une montagne que dévoré vivant dans une cave de Los Angeles. Raoul enfilait sa parka et comptait les balles de son fusil à pompe. C'est bon il était près à partir pour suivre Don Quichotte dans sa quête de moulins indiens.
30 juin 2018, Matlock, Washington, Etats-Unis d'Amérique.
Peu à peu la nature reprenait du terrain. La déforestation intensive dans la région avait marqué le paysage d'une cicatrice qui se refermait à peine. Les arbres repoussaient sur des routes où seuls des camions de transports avaient pu défiler pendant des années, ils repoussaient là où tant d'arbres étaient tombés. On voyait encore la différence entre la forêt primaire et ces jeunes bois encore timides. Mais, avec la fin de la civilisation ce n'était pas que la flore qui avait repris du terrain, la faune aussi même si les mordeurs se nourrissaient de viandes animales, il est plus aisé d'attraper un humain lorsqu'on est à son image qu'un élan qui fend l'air. Raoul était parti avec Ida s'essayer à la chasse. Tâche ô combien complexe, n'est pas chasseur qui veut. Ils n'avaient qu'un fusil à lunette qui avait été trouvé par Dawson, il s'agissait d'une carabine linéaire de chez Browning Maral. Maîtriser une telle arme prend du temps. Beaucoup de temps. Raoul se posait avec fracas sur le haut d'une petite butte de terre, il en profitait pour allumer une cigarette sèche, presque poussiéreuse, il gardait un œil sur Ida qui allongée semblait vouloir suivre la direction du canon, comme pour précéder la tir.
« On a tout notre temps niña. »
Elle le regardait l'air agacé, très sérieuse. Elle avait toujours une moue boudeuse lorsque Raoul lui donnait un petit surnom ou lorsqu'il se prenait pour une sorte de grand frère. Après tout elle n'était plus une enfant. Mais elle aimait bien Raoul, elle préférait Raoul aux autres membres du groupe, il était moins con, il était plus naturel. C'était un homme assez ferme et presque bestial mais il respirait la franchise et la camaraderie. Il y en avait peu dans le groupe qui se donnait réellement à la concorde de la Scierie et depuis la fuite de la plateforme Raoul s'était montré comme un véritable élément de cohésion. Peut-être était-ce seulement par nécessité ? Pour survivre ? Mais au moins était-il assez intelligent pour le comprendre et cela suffisait pour Ida.
« Attention ! Un renard ! »
3 janvier 2019, Lake Cushman, Olympic National Forest, Etats-Unis d'Amérique. /!\
(Oops, c’est peut-être un peu fort en chocolat cette date ci…)
(Oops, c’est peut-être un peu fort en chocolat cette date ci…)
Raoul était très content de lui. Il avait trouvé face au Lake Cushman une sorte de petite cabane de garde forestier, genre de petite maison en rondin avec un poêle à bois en fonte, des fourrures tendues, un chapeau de western et de l’équipement de survie. C’était la caverne du père noël. Il fallait choisir méticuleusement ce qu’il ramènerait. Il faudrait revenir à plusieurs pour trainer le poêle. Mais c’était pour lui l’occasion de trouver des vêtements neufs. Il regardait par la fenêtre qui donnait sur le lac, une magnifique étendue d’eau claire entre quelques montagnes de pins enneigés. Il avait choisis de prendre pour lui une paire de botte fourrée en cuir marron à sa taille, un poignard de trappeur dans un étui en daim, une de ses grosses chemises chaudes à carreaux, un piolet usé, un gros bonnet noir et un fusil qui trônait au-dessus du petit lit. C’était une carabine à levier sous garde de calibre 44 magnum de chez Winchester, ce genre de fusil qu’on rechargeait d’un mouvement de la main sous la détente, comme dans les vieux films de cow-boys et d’indiens. Il y avait aussi une boite de munitions sous lit. Seul bémol, les pantalons présents étaient bien trop grands pour lui. Son butin en main il se dirigeait vers le camp à une dizaine de kilomètre vers l’est.
Son groupe de survivant et lui avait, il y a plus de deux ans, trouvé au bout de leurs péripéties un campement de survivants dans une scierie à l’entrée de la petite ville de Hoodsport dans le comté de Mason. Une petite vingtaine d’habitants s’étaient réfugiés derrière les clôtures de l’entreprise et avaient décidés de construire une sorte de muraille en planches. C’était une réussite. Ils avaient accueillis tout de suite le groupe, sans trop poser de questions, on ne croise pas grand monde hormis des rôdeurs dans ces régions-là. C’est amusant comme finalement le mot « rôdeur » avait peu à peu remplacé le mot « mordeur », comme si au fur et à mesure du temps ils étaient passés du statut de prédateurs à celui « chose qui rôde ». Avec le temps la plupart avaient pourris et un simple coup de bâton à la tête les terrassait. Il devait rester dans les grandes villes, des hordes fraîches de rôdeurs. Mais tout cela était bien loin de Raoul après quelques heures de marches allait pouvoir rentrer avant le coucher du soleil.
Hoodsport c’était le petit village américain du nord dans la grande nature comme on se l’imagine. Des petites maisons en bois, une vie rude mais au centre de la nature. Ce n’était pas loin de « ma cabane au Canada ». Les contours de la partie nord de la ville avec la scierie étaient entourés par des longues planches en bois de deux mètres cinquante, au-dessus on y trouvait des barbelés et les alentours étaient parsemés de pieux de tailles diverses et variés. Les portes étaient de grands battants en planches et on y accédait après avoir passé une petite clôture en fil de fer. Ce n’était pas un camp romain mais ça suffisait amplement, les hordes de rôdeurs ne dépassaient jamais la cinquantaine et étaient assez rare dans le coin, il suffisait généralement d’être suffisamment discret pour ne pas être assiégé. Et quand cela arrivait, très rarement, la petite communauté était assez nombreuse pour les éliminés petits à petits. Depuis l’arrivée de Raoul et de son groupe ils n’avaient perdus qu’un membre. Emily avait fini par se suicider un matin, puis était revenue sans même avoir été mordue : le constat était clair n’importe quel mort devenait un rôdeur. Et même si généralement Fabrice, un « french canadian » avait la mauvaise habitude de tomber malade à chaque coup de froid ,ils ne risquaient pas grand-chose : ils avaient la chance d’avoir Sarah, une vétérinaire. Finalement c’était plutôt la belle vie. Du moins pour Raoul. Tous les autres pleurait encore leurs familles, leurs proches, la fin de la civilisation, ça énervait profondément Raoul de les voir si « faible ». Après tout, on avait compris que le monde était comme ça maintenant. Il fallait faire avec. Raoul lui-même avait toujours fait « avec » dans la vie. Il avait fait sans parents, sans maison et sans argent.
Enfin il se retrouvait devant la grande porte en bois, fatigué après quelques heures de marches dans le froid il avait perdu cette étincelle de joie qu’il avait eu au moment de sa trouvaille. Il voulait juste rentrer et dormir dans un lit bien chaud. Il tira sur la cloche quatre fois. Au bout d’une minute personne ne répondait. C’était les problèmes qui revenaient. Il y avait toujours des petits problèmes. Ce groupe était complètement inconscient, pour le plus grand damne de Raoul. Ils oubliaient les tours de gardes, ils se disputaient pour des histoires de chiffons et ça avait le don de mettre rapidement Raoul hors de lui. Si seulement ils n’acceptaient que tout ne tourne pas toujours rond et qu’il suffit de passer outre. Mais non. Qu’est-ce que c’était aujourd’hui ? Ils étaient tous chez eux et personne n’entendait la cloche ? Il était hors de question de Raoul dorme dehors si une horde rôdeurs arrivait.
« Montón de pendejos ! Vous allez ouvrir à la fin ?! »
Finalement il y eu du mouvement derrière la porte et c’était Fabrice le québécois qui ouvrit, il avait le visage lugubre. D’habitude c’était un peu le plaisantin de la bande, il faisait toujours des bonnes blagues, des moins bonnes aussi, mais il essayait de mettre un peu de vie dans cette vallée désertique. C’était un grand bougre filiforme avec des cheveux gris coupés très court. Il restait un moment devant la porte entrebâillé comme pour essayer de cacher quelque chose. Finalement Raoul énervé et inquiet avait fini par pousser lui-même la battant de la porte. Quelle ne fut pas sa surprise de voir tous les habitants dehors, le visage défait, regardants le sol recouvert de neige boueuse au milieu des maisons. Il y avait un corps par terre. Raoul n’avait pas tout de suite reconnu de qui il pouvait s’agir et s’était délesté de ses affaires à Fabrice qui tenait maladroitement et le fusil et les vêtements amassés. Il s’était approché pour voir de plus près et son visage se décomposait à mesure qu’il comprenait. Par terre il y avait Ida, sa petite protégée, il l’aimait bien son Ida, comme un grand frère, une sorte d’amour pur. Alors d’abord il y eu des larmes.
« Non, non, non… Pas ça, pas toi… María madre de Dios! Porque ella ? Por qué no yo ? »
Raoul ne pouvait pas retenir un sanglot lorsqu’il se mit à genoux pour retourner le corps. Il y avait au milieu de son front un trou. Du sang avait taché la neige tout autour, elle avait le regard dans le vide, au moins elle ne s’était pas transformée en rôdeur. Sa peau était pâle et son corps commençait déjà à refroidir. Raoul avait la tête contre elle et ne pouvait plus s’arrêter de pleurer. Elle, la petite Ida, une gamine encore toute taquine, il l’avait salué avant de partir de ce matin. Comment c’était possible ? Oui, comment c’était possible ? Il releva la tête vers Trevor. Trevor était l’un des habitants de Hoodsport, il avait participé à la construction des remparts, c’était un cinquantenaire qui affichait un bouc brun et un crâne chauve, un type costaud et grand qui avait été artisan avant l’épidémie, il tenait dans sa main un Colt 1945 avec un silencieux tout droit sorti de la petite réserve d’armes à feux qu’ils gardaient bien précieusement. Ni une ni deux, Raoul se jetait, sans un mot, sans un bruit sur Trevor, d’un grand coup dans la main il envoyait valdinguer dans la neige le pistolet puis se jetant sur lui il le rouait de coups, le colosse se protégeait le visage avec ses avant-bras.
« Non, non, Raoul, j’ai pas eu le choix, c’est de sa faute à elle ! » Raoul vit rouge. Comment ce gros porc pouvait-il dire ça ? Toujours sans un mot il saisit son nouveau poignard à sa ceinture et alla l’enfoncer dans le ventre de Trevor qui surpris poussa un râle de douleur. Raoul ne voyait plus rien que ce sale type qui avait tué une pauvre gamine. Puis il recommença, une fois, deux fois, trois, quatre fois, cinq fois, six fois… Tout le monde hurlait autour suppliant Raoul s’arrêter, la femme de Trevor essayait de chercher le pistolet dans la neige et suppliait :
« Arrête- le ! Arrêtez-le ! » La pauvre était à quatre pattes dans la boue à tâtonner dans l’espoir de mettre la main sur l’arme que Raoul avait envoyé d’un coup à terre. Au bout d’un moment le colosse avait tenté de rendre les coups, frappant Raoul au visage, essayant de l’attraper à la gorge puis finalement il tomba les mains sur le ventre en hurlant de douleur de peur et rage :
« Fils de pute de mexicain de merde ! Bordel ! Je devrais de tuer toi aussi connard ! Putain regarde ce que tu m’as fait enculé ! » Raoul se pencha sur sa victime toujours plus enragé, il frappait en silence, il ne pleurait plus, il avait le visage déformé par la haine. Voyant que son adversaire était au sol les mains sur le ventre il se mit, du tranchant de sa lame à lacérer le visage de Trevor. Alors que celui-ci hurlait de plus belle, Raoul retrouva enfin l’usage de parole.
« Regarde ce que je te fait, espiece de cerdo, je vais te crever la maintenant, comme la mierda que tu es. » Au bout de quelques secondes les cris de Trevor avaient été remplacés par des gargouillements, finalement comme sortant de nulle part Fabrice arrivait, le canon du fusil que Raoul lui avait passé, pointé sur sa tête. Quelle ironie.
« Range ce couteau et casse toi. » Fabrice avait cet accent particulier des francophones du Canada, pas vraiment français mais pas vraiment canadien non plus. C’était assez chantant on aurait dit qu’il avalait la moitié des mots et qu’il appuyait ces « r » comme un européen. Raoul se relevait en essuyant sa lame sur les vêtements de sa victime qui gargouillait encore, sa pauvre femme qui venait d’abandonner sa quête d’une arme se jeta sur son mari, elle pleurait et tentait de le rassurer. Une fois debout Raoul avait pu remarquer que tout le monde le regardait avec frayeur, les yeux écarquillés d’horreur. Qu’est-ce qu’ils croyaient ? Ce gros con avait eu ce qu’il méritait, voilà ce qui arrive à ceux qui assassine des gamines. Fabrice tenait le fusil pointé sur le torse de Raoul, il ignorait surement comment on se servait de ce genre d’arme là.
« Pourquoi ? » Raoul montrait le corps de la femme. Il était essoufflé. Il voulait dire qu’il ne partirait pas avant d’avoir compris. Fabrice, qui semblait avoir compris et qui n’était pas si décidé à tirer malgré ce qu’il essayait de laisser paraître.
« Elle volait les affaires de Trevor et Sarah. Trevor a voulu la corriger, elle a eu peur, elle a pris une arme et Trevor a essayé de lui prendre des mains. » Raoul regardait le corps de Trevor qui ne gargouillait plus, peut-être était-il mort ? Sa femme, Sarah lui parlait toujours, elle lui disait des mots doux, elle le rassurait. Raoul cracha en direction du couple. Putain tout ça pour quoi ? Elle avait dû vouloir voler un chemisier de Sarah. « C’est normal, c’est une gamine. » Se disait-il. « C’était. » Il n’en revenait pas. Ces ploucs blancs étaient vraiment cons, ils tuaient pour un rien, on me vole ? Je tire !
Raoul s’essuyait le pantalon, Fabrice en profitait pour aller chercher les nouvelles affaires qu’il venait tout juste d’apporter. Raoul s’équipait rapidement. Comment pouvaient-ils le foutre à la porte ? Il avait mené à travers le pire climat pendant des semaines presque la moitié de cette communauté, et pour s’être vengé d’un gros con voilà que personne ne l’empêchait de partir. Des hypocrites. Fort avec les faibles. C’était facile d’assassiner une gamine, quand on avait un vrai chico en face ça faisait moins les malins. Alors qu’il se préparait à sortir du camp il eut un dernier regard pour le corps d’Ida.
21 avril 2019, Olympia, Washington, Etats-Unis d'Amérique.
Lorsque Raoul avait pénétré dans Olympia la première fois, il avait été subjugué par l’état de la ville. La nature avait pris possession des lieux. Beaucoup de routes étaient enfouis sous la terre ou seul des morceaux craquelés de goudron ressortaient. Longer les immeubles s’était prendre le risque qu’une vitre s’effondre sur vous, qu’un rôdeur se jette depuis le troisième étage ou même qu’un bâtiment s’écroule au mauvais moment. Les villes étaient des pièges géants. Il y avait des quantités parfois astronomiques de rôdeurs, dans certains immeubles, des centaines attendaient piégés depuis des années. Mais pire que tout, il y avait les autres survivants. Parfois il était difficile de dire s’il avait encore affaire à des êtres humains. Certains se comportaient comme de petits animaux craintif et solitaire, d’autres étaient des prédateurs à la recherche de la mort.
Raoul s’était trouvé une « petite bande ». Ils étaient quatre en tout, Raoul, James un jeune garçon d’environs dix-neuf ans, les cheveux brun qu’il portait en queue de cheval il maniait l’arc à la perfection. Ethan, le genre ancien père de famille modèle, physique assez normal avec des cheveux blonds grisonnants et une grosse cicatrice sur la joue droite, il avait une grande hache d’incendie qu’il avait peinturluré en rouge. Puis il y avait Tess, une jeune femme environ le même âge que Raoul, le crâne rasé et des tatouages pleins la figure, elle avait un revolver et une belle collection de couteaux. Ce n’était pas un groupe très homogène, plutôt un ramassis d’individus qui se serrait les coudes. Car il était impossible de vivre seul dans cette jungle. C’était une vie de chien mais jamais Raoul n’avait eu l’idée d’abandonner. Ce monde merdique il savait qu’il pouvait le faire, de toute façon le monde avait toujours été merdique, c’est qu’il n’y avait plus personne pour faire croire l’inverse mais ce n’est pas pour autant qu’il aimait traîner dans des ruelles vides, se défendre pour vivre, passer son temps en quête d’eau et de nourriture, il regrettait son petit camp dans la nature. Ils étaient surement tous morts là-bas. « La garde manquée de trop » se répétait Raoul, comme pour exorciser la perte d’un paradis. Chaque jour il croisait un vieillard qui guettait depuis un parking en hauteur, tous les soirs lorsque sa bande et lui revenait d’une journée de fouille vers le campement, une ancienne école qu’ils essayaient en vain d’aménager, il voyait ce vieux bonhomme barbu qui les toisait du haut de son perchoir. Ce soir Raoul nettoyait son M16, il avait trouvé le fusil d’assaut sur un rôdeur aux abords d’un hôpital. Chaque jour il remontait l’arme et comptait précieusement ses munitions, il avait deux chargeurs et demi. Pas de quoi faire des merveilles, mais c’était surtout le poignard tactique qui servait de baïonnette au bout du fusil qui était intéressant. Comme un soldat des tranchées il était devenu expert dans le maniement de la baïonnette et du piolet.
Le déroulé des événements de la soirée allais néanmoins s’emballer précipitamment. Alors que le petit groupe se reposait une fois la nuit tombée à la lumière d’une lampe à gaz dans une des salles de classe de ce qui avait été il y a longtemps une école, les fenêtres avaient été peintes en noires bien avant leur arrivé, tous avaient entendu le bruit d’une horde. Jusqu’ici rien de bien inquiétant, sauf que Ethan était resté dehors et dans l’acte le plus idiot de sa vie avait décidé de se précipiter à l’intérieur de l’école au nez et à la barbe des rôdeurs, qui bien évidemment, lui emboîtaient le pas. Ainsi l’ambiance détendue d’une fin de journée se transformait en cauchemar lorsqu’Ethan déboulait dans la pièce en renversant tout sur son passage. Sans un mot tout le groupe se levait cherchant à s’armer le plus rapidement. Déjà les morts tambourinaient à la porte. James et Tess essayaient de retenir la horde en faisant coulisser un bureau contre l’entrée de la pièce, pendant ce temps Raoul s’exécutait à trouver une sortie de secours en ouvrant le plus délicatement possible l’une des fenêtres. Mais la horde était trop importante, elle dépassait de l’entrée du bâtiment et certains rôdeurs étaient déjà attirés par les couinements de la fenêtre. Raoul siffla vers ses compagnons et sorti le premier.
Dehors une bonne vingtaine de morts se dirigeait vers lui, voulant retenir le groupe le temps que ses camarades puissent sortirent, il appuya sur la queue de détente du M16, délivrant une première rafale qui envoya une dizaine d’individus au sol. C’était trop tard. Le bruit de l’arme allait attirer des dizaines voire des centaines de rôdeurs. « Putain le con » se disait Raoul. Seul Ethan restait devant l’école, un rôdeur, fauché par la rafale était toujours « en vie », il attrapait la jambe de Ethan qui, stoppé dans son élan s’écroulait par terre le souffle coupé et les yeux exorbités de peur. S’en était déjà fini de lui, il disparaissait sous un amas de morts en hurlant, Tess pestait en courant. La horde savait où aller. Alerté par les cris d’Ethan ils abandonnaient l’école pour suivre le groupe. Bientôt, ils étaient suivis par des centaines de rôdeurs. Raoul encore une fois, se retrouvait à guider le groupe, la ville n’était pas la même la nuit, les racines devenaient des pièges discrets et les morts sur leur passage étaient plus que jamais des obstacles à éviter. Tess donnait des coups de couteaux aux quelques rôdeurs qui se trouvaient devant eux. Puis un des poignards s’enfonçait si fort qu’il resta coincé, prenant le temps de le retirer Tess avait commis à son tour sa dernière grande erreur, profitant de sa distraction un rôdeur se jetait sur l’épaule de Tess lui arrachant un cri de douleur.
Raoul et James venaient de perdre la moitié du groupe en quelques minutes seulement. James essayait tant bien que mal de décocher quelques flèches en courant, le mort qui tombait était tout de suite remplacé par un autre. Ils avançaient comme ils pouvaient, entre les carcasses de voitures.
« C’est trop dangereux, de continuer comme ça ! » S’écriait James et sans prévenir il prenait la direction de l’entrée d’un des immeubles.
« Non ! Non ! Il faut avancer ! » A peine Raoul avait prononcé ces mots qu’un mort surgissait de l’entrée de l’immeuble, agrippant James et lui dévorant le cou. En quelques secondes c’était fini. Il était seul. Il repensait à tout ce qui lui était arrivé depuis cette fichue sortie en mer. Si seulement il était resté bosser au dock peut-être que rien de tout cela ne serais arrivé.
Raoul marchait comme ça quelques heures, suivi de près par la meute. Un mort s’était jeté sur lui, il lui avait enfoncé son piolet dans le crane, devant laisser son arme derrière lui. Il avançait dans les rues de Vancouver qu’il connaissait par cœur. Bientôt ce serait le jour, Raoul se demandait s’il aurait le temps de voir une dernière fois le soleil. Avec une détermination d’acier il continuait. Il ne pouvait pas se laisser mourir, pas après tous ses efforts pour survivre. Il avait toujours survécu, à tout. Il n’allait pas mourir aujourd’hui dévoré sans même revoir son Mexique natal. Il aurait aimé n’avoir jamais quitté l’orphelinat. Peut-être qu’il serait devenu quelqu’un de respectable au pays ? Finalement il repassait devant le parking. Il croyait même revoir le vieux lui faire signe. Raoul plissait des yeux. Non. Le vieux lui faisait réellement signe. Raoul se retournait et pour se donner du temps balançait la dernière rafale de son fusil d’assaut. Il y avait de la vigne vierge tout le long des énormes pilonnes en béton qui soutenaient les différents étages du parking. Prenant l’initiative de l’escalade Raoul montait le plus rapidement possible et avait failli tomber une bonne douzaine de fois.
Enfin arrivé sur le dernier étage de cette forteresse de béton il s’étalait de tout son long, le souffle court. Il essuyait la sueur de son front, et respirait comme un buffle pour reprendre sa respiration, finalement il ne pouvait pas se retenir de vomir. Après quelques minutes il relevait la tête pour voir enfin ce vieillard. Il n’était pas si vieux, ça devait être un homme de cinquante ans, des cheveux gras et une barbe grisâtre très fournie, il portait une chemise brune et tenait une vieille carabine à verrou qu’il pointait dangereusement sur Raoul. Il tenait son index sur sa bouche pour lui intimer le silence.
« Moi c’est Allan, et toi ? » chuchotait le vieux.
13 juillet 2020, Seattle, Etat de Washington, Etats-Unis d'Amérique.
Après seulement quelques heures de marches dans les alentours de la ville d’émeraude Raoul apercevait quelque chose d’intriguant à quelques centaines de mètres devant lui. Il croyait rêver. Ça faisait au moins deux heures qu’il était totalement perdu dans la banlieue sud de Seattle, Raoul préférait désormais prendre le chemin de villes moyennes en contournant les grandes agglomérations, les banlieues étaient généralement plus vide que les mégalopoles. Mais cette fois ce n’était pas un ensemble de petites maisons familiales qui retenait son attention. Il se rappelait des mots d’Allan : « Le mieux, ce serais un village Hamish, eux ils savent survivre ». Il tenait contre lui la carabine de son ami. Peut-être qu’enfin ? Pourtant Raoul avait appris que ces gens vivaient plutôt vers la Pennsylvanie. De toute façon peu importe, il en avait assez de voyager pour le moment. Ça pouvait bien être vide, être une sorte de musée de colon, les quelques maisons en bois qu’il avait aperçu restaient un bon présage. C’est ce qu’avait décidé Raoul. De toute façon il avait bientôt fini le peu de nourriture qui lui restait dans son sac, la viande fumé c’est pratique mais ça ne tient pas au corps très longtemps. A peine avait-il sorti le nez de son sac qu’il se faisait prendre en embûche par un groupe de personne, visiblement près à en découdre.
« Bienvenue à Fort Nisqually. »
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Re: Road-trip macabre : Destination Seattle - Raoul Aguirre
Sam 25 Juil 2020 - 23:54
Merci tout le monde !
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