Visiblement, Lisa et moi, la libraire et le militaire, sommes sur une longueur d’onde similaire… Sauf en ce qui concerne la notion de relations. Visiblement, pour elle, avoir quelqu’un dans sa vie, avoir quelqu’un à aimer, serait plus une force qu’autre chose, car être seul, c’est perdre des raisons de vivre – ou plutôt de survivre. Seulement, personnellement, je n’ai jamais réellement eu qui que ce soit dans ma vie par le passé, et encore moins depuis que le monde à commencé à capoter. Je ne sais pas réellement quoi penser de tout cela, cette discussion devient… Cela dépasse ma zone de confort.

Cependant, elle touche une corde sensible lorsqu’elle indique que nous ne sommes plus dehors, dans ce monde devenu fou. Nous ne sommes plus seuls, nous n’errons plus, nous ne survivons plus… Nous vivons. Aujourd’hui, cette vie est « posée » comme le dit si bien… Ne plus être au milieu de nulle part, ne plus vivre au jour le jour, ne plus être seul… Cela veut-il dire que tout est différent maintenant ? Que…

- Hum… Hum. Grommelais-je pour ultime réponse.

Elle embraye sur autre chose, sur le fait que la bibliothèque peut se passer d’elle quelques temps, qu’elle voudrait faire tout cela rapidement. Je me mis à réfléchir quelque peu : le terrain d’entrainement n’est pas loin, il est possible de passer à l’armurerie pour récupérer des armes et des protections, le terrain est sûr et nettoyé depuis longtemps. Cela pourrait être le bon moment de débuter un semblant d’entrainement. Enfin, un semblant de pratique. Pas sûr que cette frêle demoiselle supporte un véritable entrainement de SEALs, mais après tout, je ne puis lui en tenir rigueur.

- A ta disposition. Le terrain n’est pas loin, et emprunter un véhicule est faisable. Deux heures de pratique, ça devrait déjà te dérider.

Ah pour sûr, si elle désirait de la douceur et de la classe, il lui faudrait un autre militaire. Il faut dire que la douceur, dans ce monde, n’a pas du tout sa place. Enfin, comme dit tout à l’heure, ce sujet, je n’en veux pas. Non.

Elle semble surprise de me voir m’enquérir de son état de santé. Pourquoi donc ? Ai-je réellement l’air d’une bête sauvage ? Ou d’un solitaire sans cœur ? Ou quoi que ce soit de ce genre ? C’est alors que j’apprends que, contrairement à ce que je pensais, elle n’a pas dix-huit ans, ou vingt ans… Elle a la trentaine, ce qui veut dire qu’elle et moi n’avons que quelques années de différence… Comment peut-on être si proche en âge, et à la fois si éloignés physiquement ? C’est comme si elle venait tout juste de fêter sa majorité bordel ! Je suis tout à fait stupéfait lorsqu’elle s’enquiert de mon état, ce qui me sort de ma torpeur.

- Heu… Non, non, ça va. J’te donnais pas trente ans c’la dit. Aheum… Bon eh bien… Quand tu veux pour l’entrainement.

Ouais bon, un peu désarçonné c’est vrai… Mais tout de même ! Je me suis rarement autant trompé sur l’âge de quelqu’un. Ressaisi toi Logan.

Ainsi, c’était dit, c’était peut être pas écrit, mais c’était noté en nos esprits : elle pourrait solliciter mes services pour apprendre les rudiments du maniement des armes, et les rudiments de l’auto-défense, et moi… Eh bah… Elle cherchera apparemment quelques livres pour moi. Je n’ose lui dire que cela n’est point utile : qu’importe le livre, le problème sera toujours le même, il faut des outils et des machines très précises – trop – pour pouvoir créer la pièce qui me manque pour ma mitrailleuse. Il me fallait de la chance dorénavant : trouver une arme similaire et en extraire la pièce nécessaire, trouver une nouvelle caisse militaire, que sais-je encore… Mais pas de livre, ah ça non. Mais c’est gentil de sa part, alors autant ne rien dire cette fois.

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25 Août 2020 – Aux détours des habitations.

Les choses allaient bon train par ici. J’avais du repos, mais je mettais ce repos à profit : sport, entrainement, sport, et quelques verres au bar. J’attendais avec impatience ma prochaine mission, non pas parce que je m’ennuyais… En fait, si… Je m’ennuyais à en crever. Cette routine avait quelque chose d’agréable, je ne pouvais pas le nier, mais j’avais besoin de me sentir utile pour le groupe. Et depuis l’attaque de New Eden – et dire que j’étais en poste dans un autre endroit, bordel – j’avais plus qu’envie d’en découdre, et de sortir afin de faire de nouvelles expéditions et missions extérieures.

On m’avait proposé de changer d’habitation. Bien évidemment, j’acceptais tout de suite ! Un nouveau lieu de résidence, paraît-il plus grand et moins peuplé que celui que l’on m’avait attribué depuis mon arrivée. Je ne connais ni les noms des habitants, ni la raison de ce changement. Sans doute avais-je obtenu une sorte de bonus, via mes actions ? Aucune idée, mais ce genre de changement est toujours bon à prendre. Parfois, il ne faut pas poser trop de questions.

Je m’étais donc échappé de mon ancien lieu de résidence tôt le matin, emportant avec moi mon traditionnel sac tactique – un sac d’une capacité d’environs 180L, utile pour emporter tout un tas de choses en expédition, et pas trop lourd de telle sorte à rester discret – ainsi qu’un sac de paquetage bien plus conséquent, où se trouvaient toutes mes affaires. J’emportais aussi des ustensiles personnels, comme par exemple de tabac, une ou deux bouteilles, bref, des bricoles. J’arrive enfin sur le palier… Je sonne… On m’ouvre et…

- Bonj… C’quoi c’bordel ? Dis-je avec stupeur, de manière très classe et ô combien douce… Sarcasme, évidemment. Heu… Merci. Dis-je timidement, alors que je passais le pas de la porte avec tout mon barda, comme un éléphant dans un corridor étroit garni de trophées en porcelaine. Je m’installe donc dans l’entrée, regardant l’entièreté de la demeure du sol au plafond, et toutes les pièces que je pouvais voir depuis l’endroit, afin de jauger les lieux. Lisa me parle, je n’entends qu’à moitié mais je peut tout de même répondre. Ouaip, c’est moi. J’sais pas pourquoi ni comment, mais j’préfère ça à l’endroit où j’étais avant, c’est sûr ! Heu… Un p’tit café s’rait pas de refus, si t’as ce qu’il faut pour en faire un bien-sûr. Je lâche la sangle de mon paquetage. Il est bien là, dans l’entrée. Il m’attendra. Et si tu peux m’montrer où est-ce que j’crèche ? Que j’dépose tout ce bordel. Y’a personne à c’t’heure ? Ou ils ronquent tous encore ?

On y repassera encore pour la finesse et la reconnaissance hein… Heureusement que Lisa est bonne pâte, sans quoi, j’aurais sans doute déjà prit un revers de main dans la truffe.