Chester Chase
Sam 22 Aoû 2020 - 2:11
CHASE
Prénom(s) : Chester
Âge : 23 ans
Date de naissance : 28 décembre 1996
Lieu de naissance : Portland (Oregon)
Nationalité : américaine
Groupe : Travelers
Ancien métier : Étudiant (ça ne lui sert plus à rien)
Célébrité : Tom Holland
Naïf
Cruel
Décalé
Superstitieux
Charmeur
Créatif
Volontaire
Affectueux
Alors Chester a fait comme il a pu, bien sûr, mais rapidement quelque chose s'est enrayé au fond de son crâne, ce petit mécanisme qui lui permettait de voir le monde dans toute sa brutalité, ce rouage invisible, un peu mystérieux, a fini par sauter, et Chester n'a plus jamais été le même. Comme une avalanche incompréhensible, le voila submergé, complètement noyé dans ses blocages, réflexes de défenses, barrières qu'il érige pour se protéger du monde, souvent maladroitement, souvent bordéliques. Il se met à développer des toc, des pensées obsessionnelles, compulsives, pour essayer de remettre du sens, pour retrouver de l'ordre dans un univers qui n'en a plus. Pour oublier les images, les scènes, toutes ces choses affreuses qu'on lui a imposé, trop jeune, décidément trop jeune.
Chester est persuadé d'être un être magique. Forcément, puisque lui, contrairement aux centaines, aux millier d'autres, lui, il a survécu. A chaque fois, il s'en est tiré, ça ne peut pas être un hasard, non, dans sa petite tête, tout est lié. Alors s'il respecte scrupuleusement ses rituels, s'il répète bien les gestes, les manies, comme hier et comme avant-hier, alors il n'y a pas de raison qu'aujourd'hui se passe plus mal. Il est protégé, protégé par ses petits systèmes, par ses règles absurdes, irrationnelles, mais qui le rassurent, qui font de lui quelqu'un d'exceptionnel, d'immortel...
Et sur ce terreau étrangement fertile, l'imagination du jeune homme va s'en donner à cœur joie. Demain lui appartient, après tout, et qu'importe le froid, la faim et la peur, il sait, lui qu'il n'est pas sur terre pour rien. Non, il a une mission, il ne sait pas laquelle, aucune idée, mais elle est là, au dessus de sa tête, et tant qu'elle ne sera pas accomplie, Chester restera en vie. C'est obligé. Pourquoi s'en faire, alors ? Avec une forme de détachement, une forme de jeu, comme un gamin qui se cache, Chester observe de loin. Les civilisations, les camps, les factions qui se bâtissent et s'écroulent. Les petits drames, les petites joies. Deux êtres humains qui font l'amour dans un sous-bois. Un ami qui abat son compagnon par derrière. Une fillette qui vole de la nourriture. Et ce vieil homme qui la rattrape, l’emmène de force dans sa tente. Tout cela, Chester le voit, sans s'en mêler. Il observe, avec ses jumelles, son carnet à dessin et sa radio, il constate le monde sans y porter de jugement, le trouve... étonnant.
Il n'a pas aidé la fille, il a laissé mourir cet homme qui lui demandait à boire, il a sauvé une vieille dame des zombis puis la poussé dans la meute lorsqu'ils ont atteint un bel endroit. Une belle fin. Chester a quelque chose de dingue, mais il n'est pas méchant, il voit de la beauté partout, tout le temps. Cherche les meilleurs choses, les plus graphiques. Cela ne fait pourtant pas de lui un casse-cou, non, même guère téméraire. Comme tout le monde, il se cache, fuit, pleure sa mère et implore pour sa vie lorsqu'on lui met un canon scié dans la bouche. Mais au fond, Chester n'y croit pas. Tout ça ne peut pas être vraiment réel, tout ça n'est qu'une farce, un jeu grotesque qui prendra fin lorsqu'il en comprendra le dénouement, lorsqu'il en aura les clefs. Il faut juste gagner à la fin, s'en sortir pour enchaîner sur un nouveau chapitre.
Cette vision du monde bien à lui, bâtie sur du délire et du traumas, c'est pourtant bien elle qui structure le garçon qu'il est aujourd'hui. Probablement que si l'un de ses anciens amis le retrouvait aujourd'hui, il ne le reconnaitrait que difficilement. Adolescent lambda, parfaitement bien intégré dans une société dont il suivait les règles à la lettre dans l'idée qu'il finirait bien par être récompensé pour cela, que s'il se montrait docile, rien de mal ne pourrait lui arriver... cette conviction, bien sûr, s'est effondrée. Mais s'il faut reconstruire, autant le faire avec bonne humeur. Chester est devenu un garçon sympathique, enjoué, avenant. Un compagnon des plus agréable si on lui passe ses tocs - mais qui n'en a pas ? - et qui passerait lui-même pour normal, presque. Il y a dans sa manière de parler, de fixer parfois des choses longuement en silence, de changer de conversation brutalement ou de l'arrêter comme ça, comme kidnappé par une idée, quelque chose de dérangeant. Et ses émissions bizarres où il parle sans queue ni tête, tout seul ? Et ces peintures macabres ? Ces poèmes dérangés, minimalistes comme des prédictions, qu'il offre avec le sourire, comme on offrait des fleurs, pour être poli ? Décidément, quelque chose cloche.
Car pour Chester, le monde est tragique, dramatique et c'est ce qui le rend si incroyable, le garçon en est ébloui, fasciné. Alors qu'importe s'il a perdu tant de kilos à force de se nourrir de fond de poubelles et de pigeons maigres ? Qu'importe ses muscles qui lui font mal, les coupures, les chevilles foulées et cette toux infernale qu'il se traine depuis plusieurs mois maintenant et qui empire ? Il y a tellement de beauté ici bas et seul lui semble capable de la voir... mais il va leur montrer, oh oui ! Par ses mots, par sa plume, sa poésie, ses peintures qu'il laisse sur les murs de son passage, des fresques incroyables, des petits portraits de cadavres, abandonnés ici et là, semble-t-il au hasard mais dans un ordre que lui seul comprend. Peut-être même en avez-vous déjà croisé une ? Elles sont là, discrète, témoignage d'un certain regard qui perdure malgré la fin et la mort. Et qu'importe s'il faut peindre avec du sang et des tripes ?
Chester est maigre, les joues creusées, les yeux cernés. Déjà avant il n'était pas spécialement grand ni costaud, un ado dans la moyenne, un peu mal dégrossi. L'apocalypse ne lui a pas laissé le luxe de terminer sereinement sa croissance.
Dès le départ, les rations ont été limitées. Comme c'était un garçon, on a supposé qu'il pouvait donner un coup de main. Porter des trucs, soulever des machins, il avait jamais fait ça mais après tout, il n'y avait pas grand chose d'autre à faire dans un camp de réfugiés, non ? On l'a nourri tant que la civilisation a résisté. Lorsqu'elle s'est définitivement écroulée, que l'armée a été dépassée ou a fuit, alors plus personne n'était là pour nourrir Chester. Ni sa mère, ni l'Etat, rien que le pillage, la débrouille. Au début, ça allait, comme on le verra dans son histoire, il a trainé de-ci de-là, avec des groupes sympas. Il n'y avait pas encore trop d'embrouilles alors, et les denrées n'avaient pas eu le temps de pourrir dans les magasins. A cette époque, presque, il mangeait mieux que pendant sa première année à la fac. Après tout, quand on pille des boutiques abandonnées, on n'est pas limité en budget. Le jeune homme avait même commencé à prendre du muscle, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Au moins un truc sympa dans ce merdier.
Les choses, pourtant, n'ont pas cessé d'empirer. L'hiver, le pourrissement ont tué les récoltes et les vivres. Alors la faim est réapparue et avec elle, le stresse. Rapidement isolé, sans réelles compétences en survie, Chester a rapidement souffert. S'il a pu profiter de son âge et d'une relative bonne condition physique pour échapper aux morts, la gestion du quotidien se révélait bien plus chaotique. Comment refermer une plaie ? Comment savoir quelles baies manger sans risques de s'empoisonner ? Comment éviter une infection ? Comment régler ses maux d’estomacs ? Des questions qu'il n'avait bien sûr jamais eu à se poser de sa vie et qui s'imposaient maintenant à lui avec violence et cruauté.
Chester a bouffé de tout, appris à la dure. Il garde ici et là les cicatrices d'entailles mal traitées et ses côtes sont devenues de plus en plus saillantes à présent, à force de se nourrir de fruits en conserves et de petits animaux morts. D'autres, plus dégourdis, ont certainement développé de nombreuses compétences en survie mais lui, isolé, partant de rien, a simplement appris à se débrouiller. Se procurer chaque jour assez de protéines pour tenir, faire des stocks, bouffer n'importe quoi, le gras, le sucre, pourvu que cela procure de l'énergie. Chester n'a jamais touché aux cadavres, pas fou, il ne sait pas comment fonctionne l'épidémie, mais ce serait mentir que de dire que certains corps frais ne l'ont pas fait saliver, parfois.
Ce qu'il sait, il l'a surtout appris en observant. Espionnant, serait le mot juste. Dans l'ombre des communautés, il se cache, jumelles à la main. Si ceux qu'il guette ne sont pas bien organisé, il lui arrive de leur voler quelques provisions, mais toujours avec prudence et jamais si ce n'est pas absolument nécessaire. Un peu sauvage, il a appris à se faire invisible, s'enfouir sous les feuilles, grimper aux arbres. Des compétences plus amusantes que de prendre le temps d'apprendre à pêcher et préparer un poisson convenablement. Lui mange tout préalablement brûlés, au moins, pas de risques de contamination, et tant pis si ça un goût de charbon.
Ce régime fait de rapine, de courses poursuite, de longues planques et de débrouilles lui a creusé un physique sec, émincé, presque famélique, comme un chat errant. Chester s'en fout, maintenant, de son apparence, c'est peut-être aussi ça qui lui donne cet aspect si négligé. Paradoxalement, il prend grand soin de son hygiène, ne supportant pas la saleté, comme si laver les mains plusieurs fois par jour allait le sauver. Peut-être, après tout.
Ses cheveux sont en bataille et trop longs, son unique t-shirt est troué de partout, sa veste militaire aurait besoin d'être raccommodée et son pantalon est déchiré. Pourtant Chester garde le sourire, et se peigne compulsivement les cheveux avec ses doigts, dégingandé, à l'allure parfois un peu boiteuse du fait des entorses qu'il se fait en courant, le jeune homme a des allures de gamin des rues, petit voyou un peu trop sûr de lui, trop sympathique, trop avenant pour être honnête, le visage marqués des séquelles de multiples combats, bien que plus que les coups de poings, ce soient les ronces qui lui ont égratignées la peau. Chester ne cesse de sourire et c'est ce qui tranche avec son côté élimé, comme si le lent affaiblissement de son corps à force de froid, de dureté et de privations, n'était pas de taille à entacher son moral.
Tout, d'ailleurs, dans sa façon de parler, de bouger, exprime une certaine sérénité. Non pas de l'assurance, il n'a pas une âme de leader, mais bien une forme de dédain, de moquerie vis-à-vis du tragique. Blagueur, romantique, enthousiaste, il exprime en permanence une personnalité sombrement solaire aussi agréable qu'elle peut parfois être dérangeante tant il est malaisé de savoir quelles pensées saugrenues se cachent derrière son sourire doux.
Equipement :
Ce qu'il pouvait posséder de valeur, on le lui a souvent volé. Cible facile, de toute façon, la seule chose auquel il tient vraiment, c'est son vélo qu'il planque religieusement et cadenasse quand il en a le temps. C'est son avantage, un moyen de locomotion rapide, furtif, agile et qu'il maîtrise très bien, étant capable de réaliser sur commande des roues arrières et un ambitieux double back flip sur lequel il travaille. C'est assez inutile, mais c'est la classe !
Concernant ses armes, pas fan des armes à feu et très mauvais tireur de toute façon, il s'est toujours contenté de manier le couteau, de cuisine pendant longtemps, de chasse depuis peu.
Sinon, son sac se compose généralement de sa veste militaire, quelques fringues et beaucoup de carnets et crayons, feutres et craies indispensables pour ses travaux. On pourra également y trouver une paire de jumelles et des draps, tissus et écharpes. Il possède avec ça un talkie plutôt performant et récupéré dans une bagnole de flic, qui lui permet de capter la radio et d'émettre sur de courtes et moyennes distances. Fonctionnant à pile, sa "radio pirate" comme il l'appelle lui sert parfois à diffuser des messages d'espoir, le soir.
Enfin, ses poches débordent d'objets insolites et inexplicables, cailloux, morceaux de jouets, figurines, médailles, pièces, bouts de ferrailles. A son cou, des colliers absurdes pendent, faits de ressorts, trombones, douilles de pistolets. Ce sont ses grigris, ceux qui le maintiennent en vie.
Vous décrire la personne que fut Chester Chase avant l'apocalypse est un exercice risqué : vous risqueriez d'être déçu. Tout d'abord, il est bon de rappeler que le jeune homme n'avait qu'à peine dix-neufs printemps au moment de l'effondrement, et aurait normalement du bénéficier d'encore plusieurs longues années paisibles à la fac pour se forger une personnalité et une maturité. Ces opportunités là, on les lui a retiré, comme beaucoup du reste, bifurcant avec violence de l'adulte qu'il aurait pu être pour devenir... quelque chose d'autre. Plus étrange. Mais on y reviendra.
Chester Chase est né à Portland, dans l'Oregon où il a passé son enfance dans une banlieue pavillonnaire. Si ce n'est une certaine appétence pour les aventures en vélo et déjà un embryon de goût pour l'art pictural et les romans, on peut dire que le jeune homme était un pur produit de son milieu. Élevé au mythe de la méritocratie à l'américaine, de parents progressistes mais sans excès, petits bourgeois ayant réussi dans les assurances à obtenir de quoi offrir un cadre de vie confortable à leur fils unique, ils votèrent religieusement démocrate jusqu'à la fin de leur vie qui survint brutalement. Sa relation avec ses parents suivit les hauts et les bas de ses hormones et de son goût - peu prononcé - pour la rébellion. Proche de sa mère, surtout, ils ne partageaient au final pas grand chose si ce n'est que c'était elle qui le nourrissait, l'aimait et lui disait qu'il était merveilleux. En somme elle lui fournissait tout le nécessaire pour créer un cadre de vie fertile, sans pour autant l'enrichir d'une quelconque manière. Chester s’est beaucoup construit seul, dans une sorte de tension entre une âme plus colorée que celle de ses géniteurs, plus aventureuses et enthousiaste, et au fond une forme de paresse, de nonchalance qui le poussait à profiter de la vie comme elle se présentait à lui : sans faire d'histoires et sans chercher à obtenir plus que ce qui était facile à avoir.
Bien que ses parents soient eux-mêmes peu férus d'art, ils comprenaient l'importance de la culture classique et encouragèrent chez leur fils ses petites passions, lui offrant des palettes de couleurs et autant de feuilles blanches qu'il pouvait en souhaiter, tapissant les murs de sa chambre de dessins de robots et d'extra-terrestres d'abord, puis de scène de la vie quotidienne, qui cachaient parfois une feuille plus petit où il avait croqué une fille nue.
Chester fut un enfant sans problème et un adolescent indolent, assez populaire à l'école pour profiter de ces années là sans se soucier d'autre chose que de ses notes, ses petites amourettes ridicules, ses sortis entre copains et les dessins qu'il produisait à la chaîne dès qu'une idée lui traversait l'esprit. Relativement bon en classe, sans histoire, il n'eut toutefois pas besoin de cela pour partir étudier l'économie dans l'Etat de Washington, études financées par un petit prêt étudiant et par un grand coup de main de ses parents.
Le choix de l'économie avait été un non-choix. La famille Chase était ouverte d'esprit, mais avait ce pragmatisme des petits entrepreneurs qui se sont fait tous seul, et il était hors de question que leur fils unique s'engage dans des études qui ne lui assureraient pas une bonne situation financière. Il pouvait dessiner autant que lui plaisait, mais cela ne devait pas se faire sur les heures de boulot. De fait, Chester ne pensa jamais à remettre cela en question, pour lui c'était question de bon sens et il ne considérait pas le travail comme plus qu'un revenu alimentaire, une plaie qu'il fallait se coltiner pour pouvoir profiter de ses week-end la conscience tranquille.
A peine le temps de poser ses valises, de commencer à trouver ses marques, la première année était déjà passée et réussie avec succès et la seconde s'apprêtait à débuter. On était alors en septembre 2015 et l'avenir s'annonçait radieux.
→ • 10/10/2015 / University of Olympia:
- Chester, tu rentres tout de suite à la maison !
- Mais maman, arrête de paniquer, Seattle, c'est loin.
Effectivement, Seattle, c'est loin. Bon, pas si loin que ça, mais suffisamment pour que, comme beaucoup de gens encore à ce moment là, Chester regarde tout ça avec un certain recul, par internet, d'une espèce de fascination allant de l’effroi à l'excitation. C'est vrai que ça a pas l'air marrant, ce qu'il se passe là bas, mais bon, l'armée est sur place et ici, à Olympia, tout va bien. Pas trop de raisons de s'en faire, donc, après tout, c'est la capital de l'Etat. D'autant qu'il vient de terminer son premier mois de cours et que quelques profs un peu zélés ont décidé de commencer à distribuer les dates d'examens. Fais chier. Comme on met sur pause un film d'horreur, le jeune homme laisse un peu de côté l'actualité brûlante pour se plonger dans ses bouquins. De toute façon, il aura bien l'occasion d'en discuter avec ses potes demain sur le campus, et puis sa mère a toujours été du genre à s'inquiéter pour peu de chose. Rien que la semaine dernière, elle lui a envoyé une écharpe par la poste, au cas où il aurait froid. Merci maman, mais lâche moi un peu, là...
→ • Automne 2015 / État de Washington :
Tout est allé très vite, on ne le dit jamais assez, mais quand c'est la merde, ça vous tombe dessus sans prévenir. En l’occurrence, s'il avait été un peu plus malin, le jeune homme l'aurait vu venir, ce foutu bordel qui vient de s'abattre sur la côte Ouest. Il n'en faut pas beaucoup pour que le monde s'écroule, finalement, mais on ne le ressent jamais aussi clairement que lorsque cela vient perturber votre petit quotidien qu'on croyait si solide.
D'abord, l'université a fermé. Pas de quoi se réjouir, à ce moment déjà tout le monde avait compris que les choses étaient graves. Malheureusement, pour éviter les mouvement de foule, les routes ont également été bloquées, ainsi, chacun reste chez soi, personne ne cède à la panique. Chester passa les heures suivant l'annonce à tenter de rassurer sa mère, à lui promettre qu'il allait demander à rejoindre Portland dans tarder, que certainement il y avait moyen de s'arranger. Elle pouvait être sacrément casse-couille quand elle le voulait, quand même, mais au fond de lui, le jeune homme sentait bien que sa panique n'était peut-être pas complètement injustifiée. Mais de là à s'imaginer...
Deux jours plus tard, son quartier était sous couvre-feu. Le lendemain, on bouclait la ville. C'est grand Olympia, faut pas croire, des tas et des tas de gens avec des tas et des tas de questions et Chester qui prend son mal en patience. Au début, il a bouquiné, geeké un peu, , toujours un œil sur les nouvelles qui se voulaient rassurantes. Mais le calme a été de courte durée.
Assez rapidement, on a commencé à mobiliser les habitants, quartiers par quartiers. "Rendez-vous à tel ou tel point pour évacuation" alors faut faire sa valise, rien de trop encombrant, un sac à dos, et un bagage avec quelques fringues pour la route. A ce moment, on pense encore revenir, que tout ça se règlera vite.
On a mis Chester dans un camion, avec plein d'autres gens, direction un camp dans la banlieue de Seattle. On ne pouvait pas laisser les gens dispersés dans les buildings, alors on les a installé dans des tentes bien alignées. Ici au moins on les a sous les yeux. Parce qu'il était jeune et d'ailleurs aussi volontaire, on lui a demandé de participer, d'aider à distribuer de la nourriture, dans les premiers temps. Petit à petit, aux boîtes de gâteaux et conserves, on a rajouté des couvertures. Les jours passaient, et dans l’État de Washington, en hiver, c'est froid.
Mais jusque là, bon, ça va encore.
→ • Hiver 2015 / Washington :
Vous avez déjà été réveillé en pleine nuit par des cris ? Cet état de stress, mélange d'adrénaline et de sommeil qui vous fait vous demander où vous êtes, ce qui se passe ?
Fallait croire qu'on n'était pas si bien organisé que ça. Merci la civilisation, bravo, très efficace, tout ça pour ça ! Une horde, en tout cas c'est ce que le jeune homme a compris après, attirée par le bruit et la chaleur des vivants, leur est tombée dessus. Faute d'effectifs suffisants, les militaires ne pouvaient pas quadriller efficacement tous les alentours. En même temps, qui pouvait imaginer que des milliers de cadavres allaient soudain passer le coin de la rue pour forcer leurs barrages ? La mitraillette lourde a retenti plusieurs minutes, et puis ça a été la débandade.
Dans ces moments là, on ne cherche pas vraiment à comprendre, le cerveau reptilien prend le relais, Chester a pris son sac à dos et s'est barré en courant, comme tous le monde. Il a vu des gens tomber par terre, se faire piétiner et il les a vu, eux. Furtivement d'abord, sans bien y croire, des bonhommes couverts de sangs, parfois grotesques pour certains, tripes, os à l'air mais qui marchaient encore, putain de vision d'horreur.
C'est sans doute un peu à partir de là que le jeune homme a commencé à perdre pied. Normal, mais encore, ça allait.
→ • Printemps 2015 / État de Washington :
Difficile d'estimer l’ampleur du massacre, mais pas mal de monde avait quand même réussi à s'en tirer. Citadin par excellence, sans aucunes compétences particulières, Chester s'est rapidement greffé à un petit groupe de gens paniqués mais sympathiques. La société, il ne connait que ça, ne survit que grâce à elle, alors pas question de partir seul à l'aventure. Leur camp n'avait apparemment pas été le seul à s'effondrer. Une partie de la horde venait d'ailleurs d'un autre quartier, détruit quelques jours plus tôt mais dont la chute avait été gardée secrète par les autorités pour éviter l'hystérie.
Partout à quelques jours d'intervalles, des milliers de personnes ont fuit la ville, se répandent dans sa banlieue et à force de marcher, sa campagne. Traqués, mal informés sur les risques, la plupart ne s'en sortent pas mais Chester, lui, a de la chance. Il s'avère que les types avec lesquels il traine se révèlent plutôt compétents et malins. Récupérer des bagnoles, s'entasser dedans et mettre les voiles. Même si les mort-vivants s'échappent des agglomérations, un 4x4 va toujours plus vite qu'un cadavre.
Le temps s'adoucit, la chaleur revient et loin des grandes villes on pourrait presque croire à un semblant de normalité. Moment d'espoir pour le jeune homme qui vit dans cette communauté improvisée ses derniers moments de paix.
→ • Automne 2016 / État de Washington :
Vous connaissez les bail, on ne vous la fait pas à vous. Quand un gamin se retrouve seul après s'être intégré à une communauté, c'est qu'il y a du drame dans l'air. Bin en fait, pas tant que ça, du moins au début.
Passé la fuite de Seattle et le petit temps pour réaliser la situation, le premier réflexe est naturellement de penser à sa famille. Quel con, il aurait du rentrer à Portland quand il en avait l'occasion et avec la chute des télécoms, impossible de savoir ce qui peut bien se passer dans l'Oregin. Tant pis, va falloir faire ça à l'ancienne : y aller en personne. Problème, tout le monde a de la famille dans différents coins du pays et pas question de zigzaguer dans tous les États-Unis pour le simple plaisir d'être ensemble. Alors c'est le début de la scission. Chacun part un peu de son côté et Chester est déchiré. Bien sûr qu'il a envie de retrouver sa mère mais putain, traverser seul tout l’État en pleine apocalypse - car ce terme commence à s'imposer - c'est grave la flippe ! En plus il a jamais su très bien conduire, son truc c'était plutôt le vélo...
Alors comment faire ? Chester n'est pas quelqu'un de très courageux, c'est un ado dans la moyenne, sans guère de grandes qualités ou du moins que sa situation précaire n'est pas encore parvenue à réveiller. Finalement, il se sépare du groupe et parvient à embarquer avec lui une femme souhaitant se rendre elle aussi dans le sud. A deux, c'est déjà plus facile, et en plus elle sait conduire.
Le voyage se révèle rapidement plus compliqué que prévu. Les morts sont en pleine migration semble-t-il et les survivants n'ont pas encore les bons réflexes pour leur échapper, surtout en masse. Après plusieurs détours en catastrophe, la voiture finit par se planter dans la rue d'un village lorsque sa conductrice découvre à un tournant plusieurs dizaines de zombies. Il faut fuir en catastrophe, courir, se cacher dans une maison dont on défonce la fenêtre, grimper à l'étage. Ils n'ont pas été assez discrets, dehors, les morts tambourinent à la porte, cherchent les entrées, les trous, les faiblesses. La femme qui l'accompagne s'est fait griffée par un zombie mais a réussi à lui échapper et s'en tire avec une plaie bénigne.
Pris au piège, le grenier révèle finalement un velux qui leur permet de s'échapper par le toit et en progressant sur les tuiles, de passer plusieurs maisons pour échapper à la vue des monstres. Ils l'ont échappé belle, mais la ville est infestée.
→ • 02 octobre 2016 / État de Washington :
Cela va faire trois jours qu'ils sont retranchés dans une maison, la dernière du quartier. Devant les fenêtres passent et repassent des cadavres indolents. Le moindre bruit est susceptible de déchaîner sur eux une nouvelle horde, alors, c'est à peine s'ils osent parler. Finalement, une forte pluie leur offrira un échappatoire, c'est sortir ou crever de faim à l'intérieur. Sans qu'ils en comprennent tous les avantages, l'eau les sauve, masque leur odeur et le bruit de leur course, la ville n'est pas si grande, une heure de marche sous une pluie battante et les premiers champs sont en vue. Trempés, frigorifiés mais vivants et libres, reste à retrouver son chemin maintenant.
→ • 14 octobre 2016 / État de Washington :
Pas facile de faire le trajet à pieds mais impossible de remettre la main sur une caisse qu'ils soient capables de faire redémarrer. Aucun d'entre eux n'est fichu de connecter les fils sous le capot, comme dans les films, et la seule bagnole qu'ils ont essayé de forcer a déclenché une forte alarme qui a rameuté la moitié des morts du quartier. Obligés de se tirer en courant, de nouveau.
La fièvre de la femme s'est intensifiée depuis leur accident. Sans bien comprendre quel phénomène est à l’œuvre, il semble que la griffure se soit infectée. Chester n'est pas d'un naturel très compatissant mais échapper aux zombies ensemble, ça créé des liens, et puis son éducation de bonne famille lui refuse de l'abandonner à son sort. Alors il ralentit la marche, l'aide à se déplacer. De toute façon, il a la trouille de se retrouver tout seul.
Le 24 octobre précisément, la femme est morte. Poussée de fièvre pendant la nuit, Chester ne l'a même pas entendue s'éteindre. Par contre, il l'a entendu grogner. Putain de flippe ! Vous vous êtes déjà réveillé à côté d'un zombie ?! Ce jour là, le jeune homme s'est enfuit tout simplement, sans demander son reste, sans même prendre le temps de récupérer les affaires de son ex-partenaire. Cours petit gars, la mort est derrière toi.
→ • Hiver 2016 / Une ferme près de l'Alder Lake :
La neige bloque tout et les zombies occupent maintenant tous les lieux autrefois habitables. Épuisé, affamé et démoralisé par le temps qui passent, Chester a été obligé de faire de vastes détours pour échapper aux hordes, son voyage a pris sacrément de retard et cela fera bientôt un an qu'il est sans nouvelles de ses parents.
Sans doute que sans une aide providentielle, le jeune homme serait mort. Soit pris par surprise par un zombi dans la neige, soit tout simplement de faim ou de froid, incapable de se débrouiller efficacement seul. Il avait bien un temps squatté une ferme isolée mais tombé à court de fuel pour le chauffage central, le froid avait repris ses droits et la présence de cadavres dans les environs lui interdisait de faire un feu qui aurait signalé sa présence. Emmitouflé sous les couvertures, laissé aux températures négatives, le jeune homme passera presque deux mois blotti contre la gazinière qu'il laissait tourner en permanence dans le salon, à manger des fruits secs, des pâtes natures et bientôt plus rien, quand les petits placards furent vidés. Abandonné à lui-même et intimement persuadé qu'il allait mourir d'un jour à l'autre, Chester avait déjà alors commencé à développer d'étranges manies pour passer le temps.
Clairement, solitude, faim et désespoir ne lui réussissaient pas. C'était le début de ses petits rituels, pour passer le temps et les jours qui invariablement se ressemblaient, à compter et recompter dans sa tête les lattes du plancher, les jours de la semaine, ses doigts, pour vérifier qu'aucun n'était encore tombé. Toujours dix, ouf !
→ • Février 2016 / les routes de l'État de Washington :
La situation devint critique avec la fin des réserves de gaz et malgré son niveau général d'apathie, Chester ne pouvait pas ne pas s'en rendre compte. Profondément fatigué, il se résout à quitter la ferme sous une dizaine de couches de vêtements, craignant désormais bien plus le froid que les zombies. Cela tombe bien, ces derniers hibernent. Ou du moins, sont moins actifs avec le froid. Chose que le jeune homme découvre lentement et qu'il met à profit pour rejoindre un village à quelques dizaines de kilomètres de là en suivant la route. Au vue de sa lenteur et de son état d'hébétude, difficile de savoir s'il l'aurait atteint mais la providence met sur sa route une voiture de survivants qui décident de le récupérer.
Passés deux jours à dormir et à boire de la soupe chaude pour réhabituer son estomac à la nourriture, Chester se réveille dans une proto-communauté comme celle qu'il a quitté il y a de ça quatre mois maintenant. Les gens sont gentils, bienveillants et disposés à aider visiblement, quelle chance ! Vivant du pillage de magasins, leur petite base a été installée dans un complexe hôtelier sur la côte. Le temps de se remettre sur pieds et l'hiver commence déjà à s'estomper, ramenant littéralement un peu de douceur dans l'existence de Chester. Et des zombies. Putain, ils se réveillent ceux-là aussi...
→ • Hiver/Printemps 2016-2017 / État de Washington :
Chester avait un temps mis de côté sa volonté de rejoindre Portland. Pas que le sort de ses parents ne le préoccupe pas, au contraire d'ailleurs il avait appris récemment que la maladie avait gagné les autres États du pays et que Portland avait été évacuée dans plusieurs camps de la région. Mais il n'en sait pas plus, ses parents pouvaient être à peu près n'importe où et son état physique ne l'encourageait pas à envisager sereinement de reprendre la route en solitaire, alors même que les marcheurs - c'était ainsi que le groupe qui l'avait recueilli les appelait - battaient de nouveau la campagne, plus affamés que jamais. Bien sûr, Chester était loin d'être indifférent au sort de sa famille mais l'angoisse de la solitude et des mois passés dans la cabane était trop forte. Encouragé par les autres membres du groupe, il décida donc de passer encore quelques mois en leur compagnie.
→ • 23 mai 2017 / État de Washington :
Vous cherchiez le drame ? Le voici.
Chester s'était bien intégré dans cette faction naissante. Une petite vingtaine de personnes, assez hétéroclites, s'étaient associées par opportunisme et bientôt par camaraderie pour affronter l'apocalypse. Malgré ses idées parfois un peu délirantes et ses manies doucement étranges, le jeune homme avait facilement trouvé sa place, se révélant un compagnon enjoué et sympathique, bon conteur d'histoire mais surtout un ami honnête et fiable lorsque bien entouré.
En somme, il rebâtissait sur un esprit quelque peu fragilisé un semblant d'ordre dans sa vie. Évidemment, cette entreprise échoua au moment où tout le monde mourut. Ce genre de chose arrive, bien sûr, sur une négligence, un coup de malchance, un mauvais bruit qui attire une oreille mal intentionnée et les choses se précipitent, à nouveau Chester doit s'enfuir avec les autres et à force de courir, soudain, il se retrouve isolé. Seul comme dans la ferme ce qui réveille cette angoisse de mort plus sûrement qu'aucun mort-vivant n'a été capable de le faire. Il n'y a plus de cris derrière lui, juste des bruits de bouffe, de festin. Il faut s'enfuir, sans personne.
→ • Printemps/été 2017 / État de Washington :
Chester s'est procuré un vélo, maintenant il pédale à en perdre haleine. Direction Portland et tant pis si la ville a été évacuée, vidée, il n'a plus les idées claires. Il veut juste retrouver son foyer. Dans un état de panique constant, stressé en permanence, il dort peu, s'épuise jour après jour sur les chemins de campagne. Paradoxalement, cet état de paranoïa le maintient en vie, il avance discrètement, aux aguets, découvre de nouveaux groupes humains sans pour autant se révéler à eux. Quelque chose l'en empêche. L'avantage du vélo, c'est que c'est silencieux et que ça se cache facilement. Pas très pratique pour déplacer beaucoup de matériel mais le jeune homme s'est équipé du stricte minimum, une stratégie qui fonctionnera quelques mois avant de trouver ses limites. En effet, autour de lui le monde ne l'a pas attendu pour s'organiser. Des communautés émergent, se structurent, s'optimisent. Les magasins sont passés scrupuleusement à sac, des villages entiers peuvent être vidés en quelques jours par une opération méthodique. A mesure qu'il descend vers le sud, Chester s'en rend de plus en plus compte, vivre de pillage, quand on est isolé, devient de plus en plus difficile.
Le gouvernement est définitivement hors-jeu, la région appartient aux plus forts, semble-t-il, ce qui ne fait que le confirmer dans la nécessité de se faire discret désormais.
→ • Automne 2017 / État de Washington :
Il a tourné en rond. S'en serait-il seulement rendu compte si une famille n'avait pas consenti à arrêter leur voiture pour lui indiquer le chemin et lui offrir quelques paquets de chips et de cacahuètes ?
Cela va faire quatre mois que le jeune homme est sur les routes et les températures baissent de nouveau mais de plus en plus incapable de s'en tenir à un plan, bifurquant sans cesse pour éviter les zombies et les pillards, il ne progresse pas, fait des détours, se perd, s'aventure dans des zones perdues. En somme, il erre avec seulement quelque part au fond de son crâne cette pensée de plus en plus floue : retrouver ses parents. Un projet qu'il n'assume pas comme étant de plus en plus irréaliste, de plus en plus utopique. Avec acharnement, le jeune homme s'accroche à ses espoirs car au fond, c'est à peu près tout ce qu'il lui reste maintenant.
→ • Année 2018 / État de Washington :
On perd la trace de Chester pendant l'année 2018. Alors qu'il devient de plus en plus difficile de survivre seul, le jeune homme semble abandonner sa quête de Portland et se rabattre sur sa survie immédiate. Il a perdu beaucoup de poids à présent et ses angoisses ne font que s'intensifier mais paradoxalement, elles le désinhibes quelque peu. Lentement, il s'enfonce dans des idées obsessionnelles : la bouffe d'abord qui l'obsède, mais bientôt d'autres choses. Versant doucement dans le mysticisme, il se met à remercier la Providence qui met de temps en temps sur son chemin quelques vivres ou des rencontres heureuses.
Chester peut passer parfois plusieurs jours à suivre des groupes de survivants isolés à pieds, tel un animal charognard, il se nourrit de leurs découvertes, profitent qu'ils lui dégagent le terrain des zombies pour l'explorer sans risque. Parfois il se manifeste à eux, mendie avant de disparaitre, ou tente d'échanger un peu de nourriture et de chaleur contre un dessin. Le plus souvent, il vole ce que les autres ont le malheur de laisser sans surveillances. Vêtements à sécher, plat laissé sur le feu, malgré les carences et la fatigue, il court vite, se cache bien et son vélo n'est jamais loin lorsqu'il s'agit de disparaitre. La seule chose qu'il craigne, se sont les armes à feu, aussi ne s'en prend-il presque jamais aux gens qui en possèdent.
Poussé par la nécessité, il apprend à faire des collets, ou plutôt se fait apprendre, en observant de loin un vieux monsieur. Heureusement, l'hiver est moins rude et la faim, plus que le froid, est l'ennemie prioritaire. Un coup de chance inespéré, finalement, achèvera de le convaincre qu'il n'est pas complètement livré à lui-même. Tombé sur un cabane dans les bois, encore jamais visité, celle-ci possède un stock de nourriture conséquent, capable de le faire tenir un mois en mangeant à sa faim, six semaines en économisant. Chester verra dans cette petite maison un signe de la providence et attribuera dorénavant de manière arbitraire ses succès à des rituels précis, sorte de magie attirant la bonne fortune. Puisqu'il n'y a plus grand chose à quoi se raccrocher, pourquoi pas ça, après tout ?
→ • Hiver 2018 / État de Washington :
Le froid ne l'épargne pas et la toux qu'il pensait partie revient plus violente que jamais, provoquant chez lui de longues quintes qui lui semblent lui mettre les poumons à vif. Le danger est omniprésent mais le jeune homme semble un autre homme ces derniers temps. Plus joyeux, plus optimistes. Les trombes d'eau qui s'abattent sur le pays le clouent au lit plusieurs jours, fiévreux. Le sort pourtant est encore de son côté alors qu'il se remet finalement de sa maladie, à l'aide d'antibiotiques troqués au prix fort. Il conserve néanmoins encore sa toux qui ne le quitte plus depuis un an maintenant.
→ • Année 2019 / État de Washington :
L'année 2019 est celle de toutes les bascules, de toutes les évolutions. Chester a perdu pied maintenant, c'est à peine s'il pense encore à ses parents parfois, au confort d'autrefois. Comme un morceau de viande qu'on rend flexible à force de frapper dedans, les épreuves l'ont mis en pièce, il ne lui reste plus qu'à se reconstruire, se reconstruire en quelque chose de plus adapté à ce nouveau monde.
Obsédé, il suit, espionne, apprend. Il s'attache à des groupes qu'il peut suivre pendant plusieurs semaines, pour rien : un visage qui lui plait, un vêtement qui l'attire, une belle voix. Pour rester invisible, il fait preuve d'inventivité : se couvre de tripes et de viscères pour errer parmi les hordes indolentes, rampe sur le sol badigeonné de boue et de humus. Fantôme d'être civilisé, il apprend beaucoup en observant les autres. Les itinéraires, les habitudes, les camps et aussi leurs faiblesses.
Dans tout ce merdier, au fond, Chester s'amuse. Comme un gamin qui jouerait à cache-cache, il est l'âme damnée, invisible, de ce petit monde qui se réorganise. Il se croit immortel, laissé sur terre pour commenter la dernière épopée des hommes et assister à leur renaissance, ou à leur fin.
Parfois, il se fait prendre. Coup de chance, ou du destin, ses mots doux, son air inoffensif lui évite plus qu'un simple passage à tabac d'avertissement. Certainement qu'il n'est pas tombé nez-à-nez avec les survivants les plus violents...
→ • Été 2020 / État de Washington :
La nécessité a poussé Chester à rejoindre un nouveau groupe, aussi amoché que lui visiblement. Composé de marginaux, asociaux que la maladie, la peur et la faim ont regroupé en périphérie des villes, dans l'ombre des communautés plus dangereuses et solidaires, ils forment un réseau fragile et vaguement solidaire, troquant des informations, des abris et des restes contre ce dont ils manquent. Ils ne se connaissent pas vraiment, se fréquentent au mieux, s’associent parfois, se tiennent chaud. Plus qu'un groupe, il s'agit en vérité d'une constellation d'individus gravitant dans la même zone et se supportant. Fouilleurs de poubelles par excellence, voleurs, parfois chasseurs et pêcheurs, ils n'hésitent pas à recourir au rackette et à la violence pour parvenir à leurs fins, sans pour autant l'organiser et l'institutionnaliser : c'est le No man's land.
Vivotant dans ces banlieues suffisamment vastes pour permettre encore de parfois trouver des restes non pillés, Chester ne se joint aux autres qu'à contre-coeur. Seuls eux sont à même de lui offrir quelques services nécessaires dont il a besoin. A commencer par un médecin. Gagné pendant l'hiver précédent par une vilaine infection pulmonaire qui s'aggrave, on menace un temps de lui couper la tête en pensant qu'il est infecté. Le jeune homme leur expliquera alors que cette toux est tout simplement l'expression de la providence qui le prévient du danger sur sa route. Si l'explication ne parvint pas à convaincre grand monde, il obtint tout de même de pouvoir se joindre à une expédition dans une pharmacie du coin, à condition de la fermer.
→ • 2 août 2020 / Pharmacie du No man's land :
- Petite merde ! Ouvre ! J'aurai ta peau !
Un doigt sur ses lèvres pour intimer à l'homme de se taire. De l'expédition, aucun de ses deux compagnons ne reviendra vivant. Partis à trois, le jeune homme est "averti" par sa toux de la présence de mort-vivants dans la réserve - disons plutôt qu'une quinte soudaine l'a mis sur ses gardes - il y enfermera ses deux camarades en renversant une étagère sur la porte. Pourquoi ? Une envie soudaine de rendre les choses plus belles. Ces gars n'étaient que laideur et répugnance, un peu de purification par le virus ne leur a pas fait de mal. C'est également la première fois qu'il lui semble faire quelque chose de décisif, se défendre, contre le monde, les injures. Poussé par la fièvre, la fatigue, la peur, il a fait ce qui lui semblait intéressant, tout simplement.
Et puis, ça fait plus d'antibiotiques pour lui.
→ • août et 2020 / No man's land :
Chester ne tue jamais si ce n'est pas prudent. Il assassine dans le dos, dans le sommeil, avec précautions, prend son temps, tend des pièges, et seulement si la scène a quelque chose de dramatique. Cela reste rare. Le meurtre n'est pas vraiment son fort, il préfère s’adonner à d'autres de ses talents, dans un hangar où s'entassent des "Travelers" comme ils se font appeler, il peint des scènes étranges. Souvent, on lui demande des esquisses érotiques qu'il vend contre un peu de pain ou quelques portions de conserves. C'est la cour des miracles ici bas, du loqueteux, subsistant tant qu'il restera des ruines à piller, chaque jours moins nombreux. Sur les murs il trace fébrilement des panoramas étincelants, des images tirées de ses rêves et de ses pensées. Quand on pille un magasin, personne ne réclame les craies et les crayons de couleur.
Chester est laissé à son introspection. Perçu comme fou par ses compagnons, il est également considéré comme largement inoffensif, gamin brisé par les horreurs et par la faim. On le tolère vaguement, parce qu'il dit parfois des choses poétiques, parce qu'il a une vision amusante du monde et parce qu'avoir un bouc émissaire sous la main fédère les hommes.
Les marginaux, solitaires de tous horizons semblent comprendre qu'ils ne survivront pas en restant isolés ou en petits groupes. Le troc s'organise plus efficacement, commence à laisser place à une proto-société de services. Ses dessins se vendent un peu mieux mais c'est surtout sa capacité à tracer des cartes qui intéressent certains individus. Les rues sont gardées par les factions, les bâtiments écroulés, des quartiers entiers vidés de quoi que ce soit d'utile. Il est important de se tenir au courant des places stratégiques et pour cela, Chester peut aider. Chevauchant sa fidèle bicyclette, un peu ragaillardi par des rations de meilleure qualité, il se propose de servir d'éclaireur pour des groupes de pillards. Fend les rues en silence, trace, organise les trajets, note la présence des hordes, leurs orientations. Petit à petit Chester essaye de creuser sa place mais sans jamais s'attacher à un groupe précis, sans faire de vague, il ne leur fait pas confiance, à personne. Tel un mercenaire cartographe, il est celui qu'on peut envoyer en première ligne faire le sale boulot, mais le jeune homme ne s'en plaint pas. Tout plutôt que la faim et puis, la Providence veille sur lui.
Se lever. Réveillé par un bruit suspect, une branche qui craque, un peu trop de vent dehors, sans doute une fausse alerte, mais comment savoir ? Comment faire la différence ? J'ouvre les yeux sans faire de bruit, je m'habitue à l'obscurité ambiante. Vu que j'y vois que dalle, il doit faire encore nuit dehors, et puis je suis encore crevé. Ça fait combien de temps que j'ai pas eu mes huit heures de sommeil ? Genre, cinq ans ?
Ce qui m'a réveillé est très silencieux, ou juste parti, ou juste pas là. Dans le doute, j'attends une bonne dizaine de minute, sans bouger : surtout, ne donner aucun signe de vie. Peut-être que si je me concentre assez fort, je pourrai fusionner avec les couvertures ? Ne faire qu'un avec le lit, devenir une couette toute chaude, reposante, qui sent bon... pourquoi je mens ? Ça pue, putain.
Foutu pour foutu et parce que je vais pas passer encore deux heures dans cette merde, je m'extirpe du tas de linge que j'ai transformé en cocon pour la nuit. Impossible de fermer l’œil si je n'ai pas au moins un drap au dessus de la tête, c'est comme ça, ça me protège, rien ne doit dépasser sinon c'est un coup à se faire bouffer. Un coup d’œil à ma montre, je sais qu'elle retarde alors je la remonte de dix minutes. Ah mais non, c'est con. J'en rajoute cinquante pour revenir au point initial. C'est mieux. Ok, on peut commencer la journée.
D'abord, se laver, c'est hyper important. La maladie est partout, si je m'ouvre avec un clou, je sais que j'y passe. Pas question de devoir m'amputer pour un petit bobo. Et puis, j'ai toujours ces drôles de songes, j'ai vu des gens emportés par la fièvre, perdre l'esprit... il faut que je me purifie de la nuit. Désinfecter, laver, le stock de gel antibactérien diminue chaque jour, mais je sais que c'est la seule chose efficace : je sens le miasme brûler à la surface de ma peau. Je me passe de l'hydroalcoolique sur les mains, puis le visage, ça pique. Torse-nu dans le noir, je me badigeonne, je me sépare des impuretés du sommeil, des mauvais rêves. Voila, comme ça les zombies ne me trouveront pas. Que la maladie vienne, mon corps la détruira au simple touché !
Le temps d'enfiler pantalon, veste et t-shirt, je récupère mon sac à tâtons, y enfourne en vitesse les draps qui m'ont servi de lit et je m'extirpe du placard où j'ai élu domicile pour la nuit. La maison est vétuste, poussiéreuse et vidée, évidemment, ça devient de plus en plus difficile de trouver de la bouffe convenable du temps d'avant, galère. Un mur s'est effondré, dans la pièce d'à côté, heureusement ce n'est pas encore l'hiver, mon cinquième depuis l'effondrement. Ça rend quand même la baraque pas très sécure mais putain, ce que j'étais crevé hier soir. Je suis allé me poser dans le premier coin venu et puis c'est tout.
Mon premier pas hors du placard se fait du pieds gauche, c'est important, puis je touche la pointe de ma chaussure. Voila, la journée est sous bonne chance, je mourrai pas aujourd'hui non plus. Trente seconde à guetter les environs aux aguets, le bruit qui m'a réveillé semble décidément s'être fait la malle. Peut-être un zombi farceur ? Ceux-là ont le don de me faire rire et puis, quand ils sont dans le coin, isolés, je suis à peu près sûr qu'il n'y a pas d'autres êtres humains plus hostiles. Leur grognement serait presque rassurant.
Je tousse dans mon coude. Mauvais signe, mauvais présage. Quand je tousse, c'est qu'un danger n'est pas loin, c'est un message, je le sais, il va falloir être prudent, la journée pourrait ne pas être aussi tranquille que je l’espèrerai. Je m'installe dans le canapé du salon et j'ouvre au dessus de ma bouche un vieux paquet de céréales. Ils ont un peu goût de moisi mais c'est du chocolat, le pied ! J'en ai trouvé deux boîtes la semaine dernière, presque la même marque que celle que je bouffais, avant ! Le sachet était un peu trop ouvert, j'ai de la poudre brune partout sur la gueule, bon signe, ça veut dire que j'ai intérêt à me la jouer camouflage aujourd'hui, pas de risques inutiles.
La luminosité remonte légèrement, même s'il est tôt. Normal pour un mois d'août, il va bientôt être temps de se mettre en route, faut que je retourne à la cuve, presque plus d'eau, ça va devenir embêtant. Le temps de me repasser du gel sur les mains et de faire une dernière chose.
Avec douceur, j'effleure du bout des doigts les murs de la maison.
- Merci mon abri. Merci pour la nuit.
Si je me montre gentil, alors peut-être que j'en aurai d'autre. Non, pas peut-être, j'en suis certain. Après tout, ça a marché jusqu'ici. Mais pas question de s'en tenir à de simples politesses, j'ai encore un peu de temps, et encore des idées.
A l'étage, dans la chambre d'enfant, il y a des cadavres. Des vrais, du genre morts qui ne bougent pas qui sont devenus secs maintenant, plus squelettiques qu'humains. Des drôles de formes à voir, tout tendus, tout raide, un peu coincé peut-être ? haha ! Faut se détendre les gars, pas la peine de tirer une tronche d’enterrement ! En même temps, les pauvres n'ont pas eu l'occasion de se nourrir de chaire fraiche pour rester beau. Quand je les ai vu, hier soir, c'est à eux que j'ai demandé la permission de dormir dans leur placard. S'agirait de pas se montrer impoli. Puisqu'il ne m'est rien arrivé, il faut les remercier maintenant, c'est la moindre des choses..
Dans des fauteuils, deux formes aux visages éclatés par un coup de chevrotine s'enlacent. Par terre, ce qui a du être une petite fille, vu ses vêtements. Je l'observe, j'hésite un peu sur la marche à suivre, s'agirait de pas se planter, je n'ai pas tant de temps que ça, et pas tant de forces non plus, alors je laisse tourner mon imagination, j'attends l'idée. Je sais ! Et tant pis pour le fond de la gourde. Je verse le reste d'eau sur la gamine.
- Amen, je te bénis.
La peau parcheminée se ramollie au contact de l'eau, plus encore quand j'y enfonce les doigts, au niveau de l'abdomen. Il faut malaxer, c'est important pour faire de la pâte avec cette chaire sèche, inutilisable en l'état. Puis, quand j'ai enfin les doigts bruns, je vais au mur. Le touche. Y laisse ma marque, et celle de la petite. Il faut une petite heure pour réaliser ce type de portrait, sommaire. C'est moins du au manque d'inspiration qu'à la piètre qualité des matériaux, cette gamine fait un bien mauvais pigment. Pour peu, je lui en voudrait presque, mais ce serait se montrer ingrat.
Sur le papier-peint, un visage se dessine, entre le sourire et le rictus, entre le vivant et le cadavre. Un portrait de gamine, de ce qu'a pu être la gamine fut un autre temps, peut-être, difficile de savoir vu son état. Ca tombe bien, la peinture figurative, c'est pour les boloss. Du bout des doigts, je vieillis le portrait, lui rajoute des rides, c'est maintenant une enfant-vieille et une enfant-cadavre. Si j'avais eu plus de temps, j'aurai continué, fait une fresque, recouvert le mur, je me sens bien aujourd'hui ! Mais je commence à avoir soif, et sacrément envie de pisser aussi, faut aller à la cuve, en espérant qu'elle soit toujours saine.
Les dernières traces de bouilli finissent sur mes joues, comme des peintures de guerre. Un regard à la famille.
- Merci ! Bonne soirée !
Allez maintenant on se tire d'ici !
~ ~ ~ ~ ~
Un regard à ma montre, merde, c'est moi ou elle retarde de dix minutes ? Je la règle de dix, puis de cinquante, cette fois, tout est en ordre.
J'ai trouvé refuge sur le toit d'un garage, comme une terrasse improvisée. L'été est encore là pour quelques semaines, si j'ai correctement compté, alors, autant en profiter pour regarder les étoiles. Débarrassé de toute pollution lumineuse, le ciel a des airs incroyables, l'apocalypse a vraiment eu le don de révéler les plus belles choses du monde. La ville lentement se recouvre de végétation, elle redevient le royaume des animaux, des fleurs. Comme quoi, supprimer la vie ici, elle revient là à la charge...
Allongé sur le dos, je reste songeur, j'aime bien cet état de rêverie, même si je suis crevé, j'ai encore envie de parler. Oui, c'est l'heure, il faut délivrer la bonne parole, celle de l'optimisme, celle de l'avenir ! Je sors mon talkie de mon sac, l'allume. Rien d'autre ne répond que de la friture mais je sais que sur certaines fréquences, parfois, on peut entendre des mots doux, si on sait chercher. La radio me connecte au reste du monde, si je parle dans le combiné, même tout bas, je suis sûr qu'il m'entendra...
- Ici Chester, radio Chester, fréquence 9.99 comme toujours, en direct de nul part et on part ce soir pour un petit bulletin d'informations à vous retourner la cervelle à la tractopelle, vas-y qu'on crisse dans le crâne avec une ligne éditoriale toujours aussi criante de vérité parce qu'on le sait, les amis : visez la tête ! Les marcheurs ont bien compris, c'est là que tout se passe, si tu parles, si tu l'ouvres mon pote ça transperce le cortex tu t'insinues tu ramones ouais jusque dans les méandres des rêves, et tu parasites comme un champi tu donnes des airs hallucinatoires à tes vrilles de réflexions, la voila l'arme absolue, le charisme, la gouaille, la parlote, cause tant que tu peux, tant que t'es vivant, on reconnait les morts parce qu'ils râlent : ils râlent de pas pouvoir causer comme des êtres humains dignes de ce nom, pas pouvoir laisser germer leur paroles dans la têtes des autres, créer des imaginaires, des couleurs, diluer, encenser à l'encens aux parfums de mythologie des esprits crevés fatigués abandonnés à leur austérité pragmatique qui ne demandent qu'un peu de mirobolance ouais soyons les matamores du discours à l'arrache sans complexe, retourne la terre meuble le cerveau doux et frais de ton compatriotes vas chercher jusque dans le fond des vieux recoins fertiles explores le jardinage métaphysique !
Réflexion : pour les zombies meurent-ils quand on touche leur cerveau ? Les zombies rêves, tout simplement, rêves éveillés, plongés dans un coma lointain ils se relèvent marchent en dormant, s'agitant sous les spasmes de leurs grandes aventures oniriques ! Mais toi qui m'écoutes n'es-tu pas dormeur aussi ? Prends garde monstre errant sans but et sans passion, à force de trainer ta carcasse par le monde on te crèvera comme les autres : coup de pioche en pleine tête, pour te réveiller, si tu n'y prends pas garde ! Nourris ta gueule et ta tête à l'abreuvoir d'abondance, gueule comme un kalach' arrache toi pour te rappeler que tu n'erres pas comme les autres non rassure toi, toi t'es sûrement différents !
Si vous avez du mal à trouver le sommeil, c'est peut-être parce que vous n'êtes pas réveillés. C'était Chester on se retrouve un de ces quatre à la même heure.
Clic. Mon devoir est accompli.
• Âge irl : 24
• Présence : FRéquente
• Personnage : Inventé [X]
• Code du règlement : Validé par Kaya
Les top-site ~
• Qu'est-ce qui vous a convaincu de vous inscrire ? :
J'ai toujours aimé le post-apo et l'idée de faire du jeu de rôle autour de ce thème me titillait de plus en plus ^^ aussi, j'aime bien les forums bien remplis et structurés.
• Voulez-vous un parrain pour vous aider sur le forum : Oui [X]
• Crédits (avatar et gifs) :
Eilera (Bazzart)
passeport :≡ recensement de l'avatar. - Code:
Tom Holland • <bott>Chester Chase</bott>
≡ recensement du prénom. (prénom utilisé uniquement)- Code:
• Chester
≡ recensement du nom. (nom utilisé uniquement)- Code:
• Chase
≡ recensement du métier. - Code:
• Étudiant en économie
- Invité
- Invité
- Casier judiciaire
- Feuille de personnage
Re: Chester Chase
Sam 22 Aoû 2020 - 8:32
Bonne rédaction !
- Invité
- Invité
- Casier judiciaire
- Feuille de personnage
Re: Chester Chase
Sam 22 Aoû 2020 - 9:48
- Invité
- Invité
- Casier judiciaire
- Feuille de personnage
Re: Chester Chase
Sam 22 Aoû 2020 - 10:22
Bienvenue !
- Levi M. Amsalem
The Guardians | Leader
Administratrice
- Casier judiciaire
- Feuille de personnage
Re: Chester Chase
Sam 22 Aoû 2020 - 10:51
Bienvenue ici !
- Invité
- Invité
- Casier judiciaire
- Feuille de personnage
Re: Chester Chase
Sam 22 Aoû 2020 - 13:20
- Invité
- Invité
- Casier judiciaire
- Feuille de personnage
Re: Chester Chase
Sam 22 Aoû 2020 - 13:40
- Invité
- Invité
- Casier judiciaire
- Feuille de personnage
Page 1 sur 3 • 1, 2, 3