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Re: Comme un oiseau en cage
Mar 22 Sep 2020 - 21:54
Thaïs fronça les sourcils en entendant Chester. Elle tira sur sa cigarette avant d'expirer doucement la fumée vers le plafond. Tant pis si Bill n'appréciait pas l'odeur de fumée froide dans son bureau, les absents avaient toujours torts à ses yeux et là, il n'était pas là. "Tu as l'impression de travailler sous la contrainte là ?" lui demanda-t-elle après quelques secondes de silence. "C'est pas ce que tu voulais ? Peindre le buste ?" La militaire haussa les épaules. Elle ne pouvait rien faire de plus. Hors de question de laisser Chester seul ici dans le bureau de Bill ou de poser son arme plus loin. Elle ne le connaissait pas suffisamment bien pour cela. La militaire faisait difficilement confiance aux autres, encore moins quand elle les connaissait depuis quelques minutes à peine. "Alors vas-y, fais comme tu voulais, peins." Thaïs fit tout de même mine de se détourner légèrement tout en le gardant à l’œil. Elle s'attarda sur un livre qui traînait sur le bureau et le feuilleta quelques minutes.
L'inconnu se présenta. "Enchantée Chester." lui dit-elle en relevant la tête. "Suivre les chemins invisibles, hein ?" La militaire hocha la tête, faisant mine de le comprendre mais à ses yeux, de toute évidence, l'homme n'avait plus toute sa tête ou ils n'évoluaient pas dans le même monde. Allez savoir. Quant à la taverne, elle en avait entendu parler mais sans rien de concret et surtout, elle n'y avait jamais mis les pieds. Bill ne lui avait pas tenu un discours très élogieux sur l'endroit. "Et qu'est-ce que tu fais à la taverne ?" La militaire voulait le connaître un peu plus. Il l'intriguait et puis, autant pousser un peu la conversation pendant qu'il peignait, ça passait le temps de son côté...
La suite de la conversation lui plut beaucoup moins et prit une tournure moins drôle aussi. "Je suis Thaïs." répondit-elle constatant en effet qu'elle ne s'était pas présentée. "Des pigments humains..." répéta-t-elle ensuite, sceptique. Elle fronça les sourcils : "Tu veux parler de quoi, là ? Des crottes de nez ? Des peaux mortes ? Des ongles ?" Pitié, elle pria intérieurement pour que ce Chester ne soit pas une de ces personnes bizarres ayant péter un câble depuis l'épidémie, genre les cannibales ou ceux qui tuaient juste pour le plaisir. Ce Chester avait l'air sympathique, ça l’ennuierait un peu de le tuer quand même. A la limite Thaïs préférait même une autre option qu'elle lui soumit : "Ou tu parles d'excréments ?" Elle leva un sourcil attendant sa réponse. Ce choix là était certes absolument dégoutant mais elle préférait encore ça à un délire bizarre sur les boyaux ou le sang. Pourtant à l'évocation successive des mots "pigments" et "macabre", elle se doutait que la réponse de Chester ne lui plairait pas. Bon, autant elle trouvait ça drôle que Bill retrouve son buste peinturluré, autant recouvert d'excréments ou d'autres substances bizarres c'était un peu trop gore et moins drôle. Ah oui, puis hors de question que n'importe quelle partie du corps de Thaïs finisse sur le buste, que ce soit ses excréments, son sang ou même ses ongles. Beurk.
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Re: Comme un oiseau en cage
Dim 27 Sep 2020 - 21:05
Voler et s'envoler
EXORDIUM.
Quand elle me demande si j’ai l’impression de travailler sous la contrainte, je hausse simplement les épaules. Mon silence est pudique mais il parle de lui-même, j’hésite, je ne sais pas si elle comprendrait bien tout, ce sont des idées difficiles, âpres et dures, qui peuvent blesser quand elles sont dites, mais peut-être, peut-être qu’en y allant doucement, avec de la pédagogie… ? Je me tourne vers elle, je la regarde avec sérieux.
- Ce n’est pas seulement peindre, tu sais, c’est transformer les choses. Je désigne le buste. Tu ne trouves pas ça étrange, toi, une tête humaine en plâtre ? Ce sont des choses qu’on faisait avant, on bâtissait des reliques absurdes mais aujourd’hui le monde est plus brut, plus original, ce qui vient du monde d’avant, on doit le réinventer. Ce visage… je le montre encore. J’ai envie de lui trouver une nouvelle place, une nouvelle signification, ça ne s’improvise pas, tu comprends ? Je ne peux pas faire tout ça sur commande.
Je ne sais pas si je suis très clair, moi-même des fois je ne me comprends pas aussi bien que j’aimerai. Je soupire, cette situation me fatigue beaucoup, je m’en rends compte maintenant. Je préfère quand la discussion dérive, dérive vers des présentations, je suis curieux de la connaitre, elle a l’air curieuse aussi alors je lui souris.
- Bonjour Thaïs. A la Taverne… Je prends un instant pour remettre de l’ordre dans mes idées, ce qu’elle veut savoir c’est quelle utilité je l’y apporte, même si ce n’est pas cette réponse qui me vient dans un premier temps. Je trouve de l’alcool surtout. Ça je m’en fiche, je souris de plus belle. Je m’occupe du chien aussi, j’ai repeins un mur, tu verras si tu y vas, c'est beaucoup plus intéressant maintenant !
J’aimerai bien lui montrer, peut-être qu’elle comprendrait mieux ce que je fais ici, pourquoi ce buste m’a attiré. Ce n’est qu’un morceau d’une fresque immense, je désigne encore le buste.
- Tête, mur, ce sont des détails, des pigments eux-aussi, à force je les accumule, je transforme le monde, touches par touches, ça n’a pas de sens hors de son contexte, c’est pour ça qu’il faut que je l’emporte. J’essaye encore de plaider ma cause. Seul au fond d’un bureau, c’est triste mais surtout complètement inutile, tu vois ?
Voit-elle ? Comment savoir ? Lorsque les autres se ferment à moi, j’ai beaucoup de mal à les comprendre. Thaïs est sur la défiance, c’est normal, je le serai moi aussi à sa place, alors c’est difficile de bien comprendre ce qu’elle peut penser de toute cette situation. Je soupire mais je souris quand même, on va y arriver, je vais lui expliquer, lui parler des pigments.
Je m’assieds mieux, toujours en tailleurs, j’ai laissé le buste derrière moi, en face d’elle, je la fixe. J’ai bien senti sa réticence. C’est normal, elle n’a pas l’habitude.
- Comment est-ce que tu imagines le monde Thaïs ? Je demande. Je crois que beaucoup de gens voient l’apocalypse comme la continuité brisée du monde d’avant, un monde diminué, aux codes et aux structures pourrissantes, vermoulues, métaphysiquement bancale et boiteux, triste, dépossédé de son énergie ancienne, tous, tous ils se battent pour préserver les ruines, retenir encore un peu les archaïsmes qui s’écroulent, mais à trop retenir on se fait entrainer dans le gouffre.
Je souris calmement, je suis très concentré, j’ai des choses à dire.
- Le corps humain n’est pas sale, c’est une ressource, c’est une force, il dit des choses. Quand on meurt, tout ne s’arrête pas, on continue d’exister dans les mémoires et notre matérialité terrestre aussi reste, elle donne à voir, croiser un cadavre ce n’est pas anodin, c’est croiser un homme qui a été vivant, il existe encore.
Un regard au buste, je reviens à Thaïs.
- Le monde mue, l’art change de nature, il s’adapte, réinvente ses cercles symboliques, communier avec le monde c’est lui annoncer qu’on accepte l’époque nouvelle et ses règles ressurgissantes des tréfonds là où elles avaient été oubliées. Les pudeurs sont vouées à se sublimer.
Je ris, joyeux.
- Je voudrai faire une œuvre collective, laisser ma marque, que chacun avec ce qu'il a proclame, "nous qui sommes vivants aujourd'hui avons contribué à rendre ce buste mort un peu plus beau", regarde !
J'attrape une mèche de mes cheveux, je tire fort dessus, d'un coup sec. Dans un grognement, la mèche s'arrache, je la place dans la peinture, elle s'y confond.
- On s'en fiche d'avoir des cheveux, ils repousseront, faire de l'art aujourd'hui c'est dire qu'on s'en fiche, qu'on s'en fiche parce qu'on est vivant ou qu'on l'a été !
- Ce n’est pas seulement peindre, tu sais, c’est transformer les choses. Je désigne le buste. Tu ne trouves pas ça étrange, toi, une tête humaine en plâtre ? Ce sont des choses qu’on faisait avant, on bâtissait des reliques absurdes mais aujourd’hui le monde est plus brut, plus original, ce qui vient du monde d’avant, on doit le réinventer. Ce visage… je le montre encore. J’ai envie de lui trouver une nouvelle place, une nouvelle signification, ça ne s’improvise pas, tu comprends ? Je ne peux pas faire tout ça sur commande.
Je ne sais pas si je suis très clair, moi-même des fois je ne me comprends pas aussi bien que j’aimerai. Je soupire, cette situation me fatigue beaucoup, je m’en rends compte maintenant. Je préfère quand la discussion dérive, dérive vers des présentations, je suis curieux de la connaitre, elle a l’air curieuse aussi alors je lui souris.
- Bonjour Thaïs. A la Taverne… Je prends un instant pour remettre de l’ordre dans mes idées, ce qu’elle veut savoir c’est quelle utilité je l’y apporte, même si ce n’est pas cette réponse qui me vient dans un premier temps. Je trouve de l’alcool surtout. Ça je m’en fiche, je souris de plus belle. Je m’occupe du chien aussi, j’ai repeins un mur, tu verras si tu y vas, c'est beaucoup plus intéressant maintenant !
J’aimerai bien lui montrer, peut-être qu’elle comprendrait mieux ce que je fais ici, pourquoi ce buste m’a attiré. Ce n’est qu’un morceau d’une fresque immense, je désigne encore le buste.
- Tête, mur, ce sont des détails, des pigments eux-aussi, à force je les accumule, je transforme le monde, touches par touches, ça n’a pas de sens hors de son contexte, c’est pour ça qu’il faut que je l’emporte. J’essaye encore de plaider ma cause. Seul au fond d’un bureau, c’est triste mais surtout complètement inutile, tu vois ?
Voit-elle ? Comment savoir ? Lorsque les autres se ferment à moi, j’ai beaucoup de mal à les comprendre. Thaïs est sur la défiance, c’est normal, je le serai moi aussi à sa place, alors c’est difficile de bien comprendre ce qu’elle peut penser de toute cette situation. Je soupire mais je souris quand même, on va y arriver, je vais lui expliquer, lui parler des pigments.
Je m’assieds mieux, toujours en tailleurs, j’ai laissé le buste derrière moi, en face d’elle, je la fixe. J’ai bien senti sa réticence. C’est normal, elle n’a pas l’habitude.
- Comment est-ce que tu imagines le monde Thaïs ? Je demande. Je crois que beaucoup de gens voient l’apocalypse comme la continuité brisée du monde d’avant, un monde diminué, aux codes et aux structures pourrissantes, vermoulues, métaphysiquement bancale et boiteux, triste, dépossédé de son énergie ancienne, tous, tous ils se battent pour préserver les ruines, retenir encore un peu les archaïsmes qui s’écroulent, mais à trop retenir on se fait entrainer dans le gouffre.
Je souris calmement, je suis très concentré, j’ai des choses à dire.
- Le corps humain n’est pas sale, c’est une ressource, c’est une force, il dit des choses. Quand on meurt, tout ne s’arrête pas, on continue d’exister dans les mémoires et notre matérialité terrestre aussi reste, elle donne à voir, croiser un cadavre ce n’est pas anodin, c’est croiser un homme qui a été vivant, il existe encore.
Un regard au buste, je reviens à Thaïs.
- Le monde mue, l’art change de nature, il s’adapte, réinvente ses cercles symboliques, communier avec le monde c’est lui annoncer qu’on accepte l’époque nouvelle et ses règles ressurgissantes des tréfonds là où elles avaient été oubliées. Les pudeurs sont vouées à se sublimer.
Je ris, joyeux.
- Je voudrai faire une œuvre collective, laisser ma marque, que chacun avec ce qu'il a proclame, "nous qui sommes vivants aujourd'hui avons contribué à rendre ce buste mort un peu plus beau", regarde !
J'attrape une mèche de mes cheveux, je tire fort dessus, d'un coup sec. Dans un grognement, la mèche s'arrache, je la place dans la peinture, elle s'y confond.
- On s'en fiche d'avoir des cheveux, ils repousseront, faire de l'art aujourd'hui c'est dire qu'on s'en fiche, qu'on s'en fiche parce qu'on est vivant ou qu'on l'a été !
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Re: Comme un oiseau en cage
Mar 29 Sep 2020 - 21:15
Thaïs hocha la tête faisant mine qu'elle comprenait, un peu, un tout p'tit peu, mais en fait non, l'ancienne militaire ne comprenait rien du tout. Chester faisait de l'art, oui, mais que voulait-il dire par "pas sur commande" ? Étaler de la peinture sur une statue, ce n'était pas bien difficile, si ? Il fallait vraiment se compliquer la tête comme ça ? Thaïs étudia le visage en plâtre devant elle. "Si je trouve ça étrange ? Oui sûrement. C'est surtout le mec qui a fait faire sa propre tronche en plâtre que je trouve bizarre et surement un peu prétentieux aussi." Ouais, là, c'est tout ce que ça lui inspirait en fait. "De toute manière, il parait que c'est de l'art et c'est bien connu que l'art n'a ni queue ni tête." Un froncement de sourcils accompagna sa dernière phrase. "Enfin là si en l’occurrence, l'art a une tête, mais pas de queue. Enfin bref..." Thaïs se pencha légèrement pour observer plus attentivement le buste. Elle, elle ne voyait qu'une chose sans intérêt, pas utile pour la survie ni pour la vie au quotidien. A la limite, peut-être que ça pouvait servir à tenir une porte ouverte ou à assommer quelqu'un peut-être...
L'ancienne militaire acquiesça, notant dans un coin de sa tête de passer à cette fameuse taverne, histoire de se faire sa propre opinion des lieux. Elle pointa du doigt le buste. "Et donc, tu veux emmener ce truc à la taverne pour qu'il soit plus utile, moins seul, je vois." Thaïs croisa les bras. "Mais, tu n'as pas l'impression que c'est du vol ? C'est Bill qui l'a trouvé... Il sera sûrement triste de ne pas avoir son cher ami le buste pour lui tenir compagnie ici." Et oui, l'anglais semblait tenir à toutes ces babioles dans son bureau.
Chester s'assit en tailleur et la fixa. Elle ne se gêna pas pour lui rendre son regard. "Comment j'imagine le monde..." La brune réfléchit quelques secondes, ne sachant pas vraiment que répondre à sa question. "Je ne l'imagine pas, je le vis." Elle ne se posait pas de questions sur ce qu'était devenu le monde, si l'être humain avait mérité ce qu'il lui arrivait ou d'autres bêtises comme ça. Non, elle survivait sans se poser de questions. L'homme en face d'elle se lança dans une longue tirade sur le monde d'après, sur le corps humain et sur l'art. Thaïs resta silencieuse, l'écoutant sans rien dire. Que pourrait-elle répondre ? Tout ça lui paraissait si abstrait, si étrange. Ce n'était clairement pas le genre de conversations qu'elle tenait tous les jours. Heureusement d'ailleurs car elle sentait la migraine arriver à grand pas.
"Hmm..." Thaïs posa un doigt sur sa propre tempe. "Au début, je te trouvais complètement dérangé... Mais maintenant, j'ai des doutes. Je me demande si t'es pas plutôt un petit génie ?" Ouais parce que pour sortir autant de choses qu'elle avait du mal à suivre, fallait être un minimum intelligent, non ? Bon, disons aussi que Thaïs n'avait pas faite de longues études et que chez les militaires, on prenait pas vraiment le temps de s'attarder sur l'art. Elle était beaucoup plus terre à terre, plus dans l'action et moins dans ce qu'elle considérait comme une perte de temps pure et simple. L'art était trop abstrait pour elle. Il ne réveillait pas grand chose en elle. Chester était peut-être un homme d'un autre monde, un de ceux très intelligents qui vivaient en décalé du reste de la population...
Chester s'arracha une mèche de cheveux. Thaïs laissa échapper un petit cri de surprise. Dans son esprit, l'homme devant elle avait définitivement perdu toute raison. "Oh ! Ok..." Elle fixa la mèche de cheveux qui était maintenant recouverte de peinture. Elle secoua doucement la tête : "Plus personne ne fait de l'art ! On a plus le temps ! On doit survivre !" Chester paraissait si convaincu de ce qu'il disait que Thaïs finit par lâcher : "Hmm... Tu veux mes ongles de pieds ?" Ouais parce que être partante pour rentrer dans son délire pourquoi pas, mais sacrifier ses cheveux ou toute autre partie de son corps, c'était hors de question.
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