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Bombshell with Strings attached
Lun 21 Sep 2020 - 11:01
Lance s’essuya le front avec le bras tout en tapant légèrement du pied, inspectant le fond de la satanée Jeep.
Ce projet avait été un désastre du début à maintenant, vu qu’il était loin d’avoir fini. Quand Cendrillon l’avait approché avec le carrosse abandonné dans une grange, il avait été mi-horrifié, mi-intrigué. Lance aimait les défis, même si celui-ci était davantage une poubelle en feu qu’un diamant brut. Mais quand on cherchait toutes les manières possibles de ne pas laisser son esprit errer trop loin dans ses propres souvenirs…
Si la Subaru était un joyau d’ingénierie, la Jeep était en comparaison le résultat d’un coït interrompu entre un épisode de Sex and the City et Star Wars. Comprendre : plein de fashion et d’idées de science-fiction. Mais tout le budget du monde n’allait pas tout sauver.
Celle-là avait une transmission foutue, un carburateur foutu. Et il était à peu près à certain qu’il allait trouver un écureuil mort quelque part dans le radiateur. L’odeur y était en tout cas.
Il avait relevé la porte du garage double afin d’avoir un peu d’air frais dans la fin d’été. C’était à peu près le maximum de social qu’il se permettait en ce moment. Dans la lumière du soleil, la charpente décharnée du Jeep lui renvoyait son reflet. Wally, garée à côté, semblait elle regarder le jouet de luxe avec méfiance. Lance se demanda à quoi le résultat final ressemblerait, une fois retapée. Probablement quelque chose comme ça :
Il soupira. À quelque part, c’était le seul service qu’il pouvait lui rendre en ce moment. Le pilote était plus ou moins inutile à tout le reste. Si seulement il avait les mots pour lui parler…
L’homme secoua la tête. Ce n’était pas le moment. Il fit bouger la planche sur roues en dessous du véhicule avant de s’y allonger pour travailler sur la transmission et avec un peu de chance, déloger un animal mort ou deux. Mais surtout, occuper son âme torturée.
À un moment où un autre, il lui sembla entendre des bruits de pas. Dans le passé proche, il aurait senti son cœur battre plus vite, le mystère d’un infecté qui cherche sa prochaine victime, un voleur qui cherche une proie facile ? Ou quelqu’un avec des intentions encore plus sordides. Des pensées qui dataient de quelques années déjà. Mais certes l’île n’était pas sans danger, ça restait peu probable ici. Une grosse clé anglaise restait à proximité au cas où, mais c’était autant pour les autres… Que pour lui s’il se mettait à trop réfléchir. C’était une hyperbole. Probablement.
Il n’attendait que la blonde de toute façon. Ce n’est pas comme s’il avait vraiment d’autres amis dans la communauté. Il était juste Lance le mécano, Lance le pilote. Il était juste ce gars arrivé avec « l’autre groupe » jadis.
« Elle n’est pas prête, ce n’est même pas la peine de demander. Ces foutues Chrysler j’te jure… »
Lance n’avait pas levé le nez de son ouvrage, toujours penché sous le jouet de May. Vulnérable et à découvert.
Mais ça, il l’était depuis un moment déjà.
« Si ton postérieur de Barbie n’est pas trop ankylosé, tu peux me passer le tournevis ? Mais te penche pas trop, on n’essaie pas de recréer la scène de Megan Fox dans Transformer, hein… »
@Jill S. Blair
Ce projet avait été un désastre du début à maintenant, vu qu’il était loin d’avoir fini. Quand Cendrillon l’avait approché avec le carrosse abandonné dans une grange, il avait été mi-horrifié, mi-intrigué. Lance aimait les défis, même si celui-ci était davantage une poubelle en feu qu’un diamant brut. Mais quand on cherchait toutes les manières possibles de ne pas laisser son esprit errer trop loin dans ses propres souvenirs…
Si la Subaru était un joyau d’ingénierie, la Jeep était en comparaison le résultat d’un coït interrompu entre un épisode de Sex and the City et Star Wars. Comprendre : plein de fashion et d’idées de science-fiction. Mais tout le budget du monde n’allait pas tout sauver.
Celle-là avait une transmission foutue, un carburateur foutu. Et il était à peu près à certain qu’il allait trouver un écureuil mort quelque part dans le radiateur. L’odeur y était en tout cas.
Il avait relevé la porte du garage double afin d’avoir un peu d’air frais dans la fin d’été. C’était à peu près le maximum de social qu’il se permettait en ce moment. Dans la lumière du soleil, la charpente décharnée du Jeep lui renvoyait son reflet. Wally, garée à côté, semblait elle regarder le jouet de luxe avec méfiance. Lance se demanda à quoi le résultat final ressemblerait, une fois retapée. Probablement quelque chose comme ça :
- Spoiler:
Il soupira. À quelque part, c’était le seul service qu’il pouvait lui rendre en ce moment. Le pilote était plus ou moins inutile à tout le reste. Si seulement il avait les mots pour lui parler…
L’homme secoua la tête. Ce n’était pas le moment. Il fit bouger la planche sur roues en dessous du véhicule avant de s’y allonger pour travailler sur la transmission et avec un peu de chance, déloger un animal mort ou deux. Mais surtout, occuper son âme torturée.
À un moment où un autre, il lui sembla entendre des bruits de pas. Dans le passé proche, il aurait senti son cœur battre plus vite, le mystère d’un infecté qui cherche sa prochaine victime, un voleur qui cherche une proie facile ? Ou quelqu’un avec des intentions encore plus sordides. Des pensées qui dataient de quelques années déjà. Mais certes l’île n’était pas sans danger, ça restait peu probable ici. Une grosse clé anglaise restait à proximité au cas où, mais c’était autant pour les autres… Que pour lui s’il se mettait à trop réfléchir. C’était une hyperbole. Probablement.
Il n’attendait que la blonde de toute façon. Ce n’est pas comme s’il avait vraiment d’autres amis dans la communauté. Il était juste Lance le mécano, Lance le pilote. Il était juste ce gars arrivé avec « l’autre groupe » jadis.
« Elle n’est pas prête, ce n’est même pas la peine de demander. Ces foutues Chrysler j’te jure… »
Lance n’avait pas levé le nez de son ouvrage, toujours penché sous le jouet de May. Vulnérable et à découvert.
Mais ça, il l’était depuis un moment déjà.
« Si ton postérieur de Barbie n’est pas trop ankylosé, tu peux me passer le tournevis ? Mais te penche pas trop, on n’essaie pas de recréer la scène de Megan Fox dans Transformer, hein… »
@Jill S. Blair
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Re: Bombshell with Strings attached
Lun 21 Sep 2020 - 13:23
Hum… l’équipe partie à la cowboy moutain n’est toujours pas revenue et moi, je suis sur l’île à attendre. J’aurais probablement dû plus insister pour m’y rendre, c’est ce que me souffle ma conscience professionnelle ; mais… bon voilà. Stan et Arizona ne se sont pas entourés de rigolos, j’ai plutôt confiance sur le résultat. De mon côté, puisque Mayminem est absente, je me dévoue pour apporter en main propre les consommables de musique qui trainent dans ma piaule depuis 10 jours.
Cheveux au vent, mains dans les poches et blouson en cuir sur le dos, je traverse les rues de la communauté en direction de la baraque de Lance. Ouais, je sais comment il s’appelle, parce que honnêtement : qui oublierait le propriétaire d’une telle merveille ? Sa caisse est un bijou en plus d’être, parait-il, une véritable héroïne de guerre. J’étais pas sur place et tous les récits s’accordent pour dire que c’était moche, mais… s’extirper d’un champ de bataille dans une Subaru, ça démonte. Hollywood doit s’en mordre les doigts de ne pas pouvoir en faire une adaptation au cinéma. « Mordre »… ahah, cette expression prend un tout au visage désormais.
Bref.
J’admets que je reconnais ma destination au garage ouvert sur une véritable beauté. Aux côtés de celle-ci, une jeep qui a connu des jours bien meilleurs. C’est un euphémisme. Mon client est allongé sous la caisse – ou l’épave, difficile à dire – et doit sans doute m’entendre arriver au bruit de mes semelles sur le bitume. Par contre, je devine qu’il me prendre pour quelqu’un d’autre. Simple : j’ai rien d’une Barbie et mon cul est parfait. J’analyse rapidement ce qui entoure le mécano et chope le premier tournevis que je vois.
-Mon postérieur va très bien, merci ; mais ok, je fais gaffe à pas en mettre plein les yeux des voisins.
Je ne me penche pas, je m’accroupis. Entre ma voix et la main mutilée qui lui tend son outil – il n’y a ici aucune métaphore – Lance doit réaliser que ce n’est pas… qui il croit que c’est. Après, vu qu’il a parlé d’une illustre blonde et que je suis au courant pour son cercle d’ami qui se compte sur un doigt, je me permets de m’avancer :
-May est pas rentrée. Désolée , un vague sourire en coin flotte sur ses lèvres, mes prunelles étincelle un peu de ma malice ordinaire,j’viens pour une livraison.
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Re: Bombshell with Strings attached
Lun 21 Sep 2020 - 23:09
« Pas comme si je connaissais les voisins de toute façon »
Lance était un peu distrait par son ouvrage, comme si son cerveau avait assumé certaines informations un peu trop vite. Mais la voix de son interlocutrice, différent de ce à quoi il s’attendait, finit par le ramener dans la réalité, tout autant que la main endommagée qui lui fila le tournevis. Et pas le bon en plus.
Il soupire en s’extirpant de sous le véhicule, son regard vert inspectant l’inconnue avec une certaine appréhension. Par chance peut-être, la femme ne perdit pas de temps à justifier sa présence tandis que Walker s’essuyait les mains sur un chiffon avant de se remettre sur pied. Elle semblait connaître May, mais ce n’était pas un exploit. La blonde était une vraie tornade sociale. Lance était juste une vieille grange sur son chemin, la plupart du temps.
« Encore en sortie je suppose… »
Ou peut-être qu’elle l’avait avertie avant de partir ? Honnêtement, il n’écoutait pas toujours attentivement quand Cendrillon parlait. C’était comme un filtre pour protéger ce qui restait de sa santé mentale déjà fragile ces derniers temps. Son regard se déposa sur les fringues de la femme et il se gratta la tête.
« Une livraison ? »
Quel genre de livraison. Surtout quand May insistait sur le fait qu’il sorte et renoue avec la communauté… Bordel, elle n’aurait pas osé lui engager une… ?
« Écoute c’est sympa mais… J’ai rien pour échanger contre ta « livraison »… »
Un peu en proie à un certain malaise, il désigna la Subaru de la tête, rutilante en autant que c’était possible cinq ans après la fin du monde.
« C’est tout ce que j’ai de valeur, et elle n’est pas à vendre. »
Il souffla en posant le tournevis dans la boite avant de prendre celui qu’il cherchait, mais tout en cherchant à combler ce vide inconfortable.
« Sans rancune, je suis sûr que May a de bonnes intentions et que… hum… Tu en mettrais plein la vue aux voisins comme tu dis… »
Lance se détourna pour faire face au moteur de la Jeep, utilisant l’outil pour démonter une pièce défectueuse, mais s’arrêta après quelques instants en soupirant.
« Je suis plus ce genre de type, je pense. »
Il aurait une sérieuse discussion avec May à son retour, c’était un coup bas d’essayer ce genre de combine avec lui. Des plans pour qu’il installe des godes sur toutes les surfaces planes dans sa piaule à elle.
« Je ne sais pas ce qu’elle a dit pour te convaincre, mais ça ne vaut pas le coup, crois-moi. »
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Re: Bombshell with Strings attached
Mar 22 Sep 2020 - 0:00
-Euh…
Il me joue quoi là ? Il me faut quelques – longues – secondes pour comprendre. Temps pendant lequel je fixe le mécano de mes yeux écarquillés. Je ne réalise même pas qu’il change le tournevis que j’ai fait l’effort de lui donner, j’essaye juste de comprendre le quiproquo. Et quand ça me frappe, je ne peux pas m’empêcher… d’éclater de rire. C’est pas moqueur, c’est… enfin… un réflexe. C’est quand même vachement marrant je trouve. Mon visage se cache brièvement dans mes mains, mes doigts écrasent mes paupières.
-Je me marre mais en fait, je ne sais pas si j’dois me sentir flattée ou insultée , mon hilarité repart de plus belle ; j’y crois vraiment pas,relax’ Michael Knight, j’suis pas là pour une baise tarifée.
Mais non-tarifée, ça pourrait se discuter. Enfin, il n’était plus ce genre de type, ça voulait dire quoi ? Il est impuissant ? Stoïcien ? Gay ? Bref, oublions ça et ma référence à K2000, je fouille la poche arrière de mon jean pour lui tirer un petit lot de sachets plastiques. En tant que connaisseur, il devrait reconnaître, mais je prends la peine de lui préciser :
-Des cordes neuves pour ton ukulélé , je hausse les épaules et affiche une mine navrée,on a pas trouvé d’autre ukulélé par contre, désolée.
Et là, je me retiens de rire à nouveau. C’est le moment où il est censé réaliser qu’il a pris pour une pute l’honnête femme qui venait lui apporter des bricoles pour sa vie secrète de musicien. D’ailleurs je souris avec une impertinence espiègle. Du coup, j’ai le droit d’en profiter, non ? Tout de même, il s’est montré tellement indélicat…
-Si tu cherches une façon d’te faire pardonner de m’avoir pris pour une prostituée, tu peux m’emmener faire un tour , à mon tour, je désigne la Subaru de la tête,dans ton carrosse bien sûr, pas dans ta citrouille , aka la jeep en pleine autopsie à côté.
Qui ne tente rien n’a rien ! En vérité, je me contenterais aussi d’un café s’il puise dans ses réserves au lieu des miennes, mais je ne dis rien et attends. Mains sur les hanches, tête penchée sur le côté, demi-sourire sur les lèvres. Je sais, il laisse à tout le monde l’impression de plutôt se ranger dans la catégorie des asociaux bouffés par le poids de la survie, mais ça ne m’effraie pas plus que ça. Je n'ai pas peur de grand chose, en vérité.
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Re: Bombshell with Strings attached
Jeu 24 Sep 2020 - 18:26
Lance la regarda sans trop comprendre, du moins jusqu’à ce qu’elle lui donne les sachets de plastique. Il fit rouler ses doigts sur leur surface, comprenant en même temps qu’elle expliquait ce qu’ils contenaient. Ça lui arracha un sourire embarrassé, il ne pensait pas que May avait gardé ça en tête tout ce temps. Il y a quelques semaines, il avait brisé une corde après avoir malmené l’instrument pour… Diverses raisons.
« Ah… Je vois »
Il se redressa un peu.
« Jveux dire… »
Mais elle semblait avoir une longueur d’avance, verbalement du moins, et ne semblait pas outrée outre-mesure. L’inverse aurait normalement peu affecté Lance, mais considérant qu’elle venait de lui apporter quelque chose de précieux – aux yeux du pilote du moins – et que manifestement ça devait être une amie de May en plus…
« Un tour ? »
Elle désignait Wally et Lance suivit le geste de sa main, comme s’il avait besoin d’être rappelé de la présence de la voiture stationnée dans le garage. Un malaise plus profond le suivit, cherchant une excuse acceptable. Mais il n’en avait pas vraiment. Il n’avait pas conduit la bête depuis quelques semaines, ce qui n’était jamais une bonne chose mécaniquement. L’espace de conduite sur l’île était un peu limité mais Lance savait faire avec ce qu’il avait. Du moins, il l’avait pensé… Jusqu’à ce que Vic meure.
« Erreur honnête. Je veux dire, prostitué c’est un travail honnête de nos jours. Faut pas trop juger. T’as le physique de l’emploi en plus... »
Il soupira.
« - Mais je m’égare. On peut faire un tour. J’ai besoin d’une pause de ce tas de rouille, de toute manière. »
L’épave allait le rendre encore plus cinglé qu’il ne l’était déjà s’il ne faisait pas attention. Il posa ses outils et l’invita à le suivre distraitement, son esprit déjà ailleurs. Il posa les cordes de ukulele sur un meuble dans le garage, se promettant mentalement de les installer dès son retour. Jouer avec une corde en moins était définitivement un défi un peu malheureux.
Sa main se posa sur la carrosserie de l’avant de la voiture, un acier lourd et poli venu remplacer les ravages qu’avait causé la barricade de Renton, jadis. Lourde, pleine d’histoire. Comme le poids dans son crâne. Le pilote ouvrit la portière et monta à l’intérieur, attendant que la femme soit montée aussi.
« Ta ceinture. »
Pas une question de sécurité mais bien d’empêcher les objets de bouger de manière… Involontaire. Il mit la clé dans le contact, regardant la console s’illuminer avec la même fascination qu’au premier jour. Le moteur hésita avant de s’éveiller, un rugissement profond qui rappelait l’avant apocalypse. Il enclencha la premier et Wally bondit avec prudence, sortant de l’entrée de la maison de Lance avec une rage contenue.
Le système audio s’éveilla à moitié volume.
Le quartier résidentiel défila dans les fenêtres.
« Ta main, c’est arrivé comment ? »
Il n’avait pas oublié, lorsqu’elle lui avait filé le mauvais tournevis.
« Ça mis fin à ta carrière de mannequin de main, c’est certain »
Il avait dit ça avec un léger sourire moqueur. Lance ne pensait pas qu’elle s’en offusquerait outre-mesure. Si elle avait été sur la défensive par rapport à la cicatrice, elle aurait porté un gant ou évité de l’exhiber à tout va.
La voiture sortit du coin plus habité et Lance accéléra, évitant les dommages du temps qui parsemait la route dégagée.
« Tu connais May, donc… Depuis quand ? »
Et comment aurait été une bonne suite, mais le pilote ne voulait pas la harceler de questions non plus. Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas conduit cette voiture. Et encore plus longtemps que quelqu’un d’autre que May ou Vic y avait pris place.
I dreamed about you nearly every night this week,
How many secrets can you keep ?
« Ah… Je vois »
Il se redressa un peu.
« Jveux dire… »
Mais elle semblait avoir une longueur d’avance, verbalement du moins, et ne semblait pas outrée outre-mesure. L’inverse aurait normalement peu affecté Lance, mais considérant qu’elle venait de lui apporter quelque chose de précieux – aux yeux du pilote du moins – et que manifestement ça devait être une amie de May en plus…
« Un tour ? »
Elle désignait Wally et Lance suivit le geste de sa main, comme s’il avait besoin d’être rappelé de la présence de la voiture stationnée dans le garage. Un malaise plus profond le suivit, cherchant une excuse acceptable. Mais il n’en avait pas vraiment. Il n’avait pas conduit la bête depuis quelques semaines, ce qui n’était jamais une bonne chose mécaniquement. L’espace de conduite sur l’île était un peu limité mais Lance savait faire avec ce qu’il avait. Du moins, il l’avait pensé… Jusqu’à ce que Vic meure.
« Erreur honnête. Je veux dire, prostitué c’est un travail honnête de nos jours. Faut pas trop juger. T’as le physique de l’emploi en plus... »
Il soupira.
« - Mais je m’égare. On peut faire un tour. J’ai besoin d’une pause de ce tas de rouille, de toute manière. »
L’épave allait le rendre encore plus cinglé qu’il ne l’était déjà s’il ne faisait pas attention. Il posa ses outils et l’invita à le suivre distraitement, son esprit déjà ailleurs. Il posa les cordes de ukulele sur un meuble dans le garage, se promettant mentalement de les installer dès son retour. Jouer avec une corde en moins était définitivement un défi un peu malheureux.
Sa main se posa sur la carrosserie de l’avant de la voiture, un acier lourd et poli venu remplacer les ravages qu’avait causé la barricade de Renton, jadis. Lourde, pleine d’histoire. Comme le poids dans son crâne. Le pilote ouvrit la portière et monta à l’intérieur, attendant que la femme soit montée aussi.
« Ta ceinture. »
Pas une question de sécurité mais bien d’empêcher les objets de bouger de manière… Involontaire. Il mit la clé dans le contact, regardant la console s’illuminer avec la même fascination qu’au premier jour. Le moteur hésita avant de s’éveiller, un rugissement profond qui rappelait l’avant apocalypse. Il enclencha la premier et Wally bondit avec prudence, sortant de l’entrée de la maison de Lance avec une rage contenue.
Le système audio s’éveilla à moitié volume.
Le quartier résidentiel défila dans les fenêtres.
« Ta main, c’est arrivé comment ? »
Il n’avait pas oublié, lorsqu’elle lui avait filé le mauvais tournevis.
« Ça mis fin à ta carrière de mannequin de main, c’est certain »
Il avait dit ça avec un léger sourire moqueur. Lance ne pensait pas qu’elle s’en offusquerait outre-mesure. Si elle avait été sur la défensive par rapport à la cicatrice, elle aurait porté un gant ou évité de l’exhiber à tout va.
La voiture sortit du coin plus habité et Lance accéléra, évitant les dommages du temps qui parsemait la route dégagée.
« Tu connais May, donc… Depuis quand ? »
Et comment aurait été une bonne suite, mais le pilote ne voulait pas la harceler de questions non plus. Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas conduit cette voiture. Et encore plus longtemps que quelqu’un d’autre que May ou Vic y avait pris place.
I dreamed about you nearly every night this week,
How many secrets can you keep ?
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Re: Bombshell with Strings attached
Jeu 24 Sep 2020 - 22:47
Aïe. Quand je vois comme il répète après moi quand je propose de faire un tour, je me dis que le pauvre homme a l’air largué. Est-ce pour ça qu’il reste si discret ? Il est un peu attardé ? Genre le Quasimodo des bagnoles… sauf qu’il est pas moche ? Mais aller, même s’il est autiste, il me fait rire il faut dire. Je ne sais pas si ça relève d’une innocente maladresse ou d’un humour assez osé, sachant qu’on ne se connait pas.
-Une fois de plus… je n’sais pas si c’est supposé être un compliment mais… , fais-je en exagérant ma moue pensive.
Il ne rechigne pas pour le tour en bagnole – je m’imaginais déjà devoir insister comme une folle et accepter le râteau – alors je me fais pas prier pour me diriger vers la portière. C’est. Trop. Cool. Vivre à Fort Ward m’a réhabituée à un minimum de confort, certains un peu coupables d’ailleurs, mais prendre place dans un tel bolide c’est… genre un espèce de fantasme. De ceux qui n’ont jamais été réalisé que dans Fast & Furious.
-Oui monsieur !
Il me dit de mettre ma ceinture, je mets ma ceinture. Un petit sourire en coin s’éternise sur mes lèvres, à peine perturbé par le moteur qui hésite. On quitte le garage sur l’alternance grosse caisse / claps d’Artic Monkeys qui bat la mesure. J’ai une moue admirative qui approuve ses goûts musicaux et me permet même de monter un peu le volume. Je sais qu’on est censé éviter de rouler en bagnole dans les zones résidentielles mais… on va s’éloigner, promis. En l’honneur de sa gentillesse, je le dénoncerai pas.
-Hum?
Sa question m’amène machinalement à regarder ma main gauche et les stigmates qui la mutilent. Le doigt manquant, mais surtout mon annulaire un poil de travers et fendu d’une hideuse cicatrice. Sa petite plaisanterie fait mouche, j’ai plus de complexe avec ça. Je ris un peu, hausse les épaules et réplique avec détachement :
-Pas l’genre de truc qui se raconte en guise de small talk.
Je raconte pas trop ma vie et franchement… ça serait du genre à casser l’ambiance de toute façon.
-Ça dépend : je sais qui elle est depuis longtemps. Vous êtes pas passés inaperçus en arrivant ici , c’était le cas de le dire,mais j’ai fait une ‘tite mission en tête-à-tête avec elle seulement y'a... 10 jours , non, ce n’était pas une métaphore, même si je suis pas absolument contre,de votre petite bande, c’est Victoria que j’ai le plus connue , dis-je sans savoir le passif de mon pilote avec elle ; j’ai pu fréquenter la pigiste notamment car elle était restée quand tous les autres s’étaient barrés,c’est moche ce qui vous est arrivé.
Le tout. L’attaque, le massacre, la fuite, la scission, le départ, puis les emmerdes en cascade. Je ne suis pas là pour juger les décisions de June ou de l’autre blond là ; c’est jamais joli de perdre des gens, surtout dans ces circonstances. Je baisse ma fenêtre pour profiter du vent qui se fait un malin plaisir de chahuter ma chevelure. Je tourne la tête pour poser les yeux sur le profil de Lance. En fait, il ne me semble pas attardé. Juste… un peu lunaire.
-Et toi, May ? Ça fait combien d’temps ? J’ai cru comprendre que vous êtes proches , précisé-je à l’affirmative, bien qu’il s’agisse en réalité d’une question.
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Re: Bombshell with Strings attached
Ven 2 Oct 2020 - 16:55
« Évidemment que c’est un compliment. Si y’avait un marché pour les gigolos, je me casserais pas les couilles à réparer de vieux camions du matin au soir, hein. Food for thought»
Focalisé sur la conduite, il ne remarqua pas outre-mesure le renfrognement de la femme quand il lui demanda des détails sur l’état de sa main. Ça l’amusa plus qu’autre chose. Il était plutôt certain que la civilisation avait atteint un point où le smalltalk c’était une relique du passé mais bon. Tout cela dit, mais si elle ne voulait pas qu’on lui demande l’anecdote derrière la frankenhand, elle devrait peut-être porter des gants. Une allumeuse à conversation, rien de pire, non ?
Il l’écouta parler des circonstances de sa rencontre avec May, mais aussi de la réputation des deux zigotos de l’ancienne American Dream. L’entendre parler de leur arrivée, ça ramenait un certain nombre de souvenirs, et pas nécessairement que du positif. Ça semblait dater d’une éternité. Et d’un autre Lance, aussi.
Si elle s’était reculée devant la mention de sa main, c’était un peu le tour du pilote quand elle parlait de Vic… Pour autant, il ne voulait pas vraiment de sa compassion à elle.
« On n’est pas des victimes. La bande, je parle. »
Il avait dit ça d’un certain ton abrupt tout en prenant un virage à une vitesse bien excessive, sa main libre faisant jouer le frein à main alors que les pneus crissaient légèrement, faisant flotter la voiture sur le sol tel un aéroglisseur pendant quelques secondes avant que la physique reprenne sa loi et les propulsent vers l’avant.
« On a trop avancé notre jeu, et on a perdu. Aussi simple que ça. »
Lance connaissait bien la défaite. Tout pilote savait qu’il fallait perdre cent fois pour gagner une seule course. Pour autant, ça n’en réduisait pas l’amertume. Ça faisait que la justifier.
Mais rien ne justifiait la mort de Vic.
« May ? Un peu plus de trois ans. Pas tant que ça, mais en années post-apocalypse, je suppose que c’est significatif. C’est certain qu’elle et Vic on fait des vagues en arrivant ici. Moi j’étais juste le conducteur. »
La deuxième partie de la question ne lui avait pas échappé mais il haussa les épaules, ne savant comment l’aborder.
« Dans une autre dimension, mon père aurait lâché la bouteille deux minutes pour se remarier avec sa mère à elle, et on aurait été demi-frère et demi-sœur. À se ressembler sans être liés pour autant. »
C’était une manière de résumer leur liaison éclectique et désordonnée. Ils étaient des condamnés à vivre au milieu de leurs amis, copains et enfants morts. Surtout de son côté à elle, faut dire. Mais May s’était toujours liée à trop de gens, et c’était le prix à payer. Lance, lui… Lance ne ressemblait plus autant à May qu’avant.
« Une mission en tête-à-tête, tu dis ? Jvois mal May jouer au ciseau dans un magasin de musique mais je veux bien croire sur parole. »
Cette femme ne devait pas connaître la réputation de la Blonde ou plutôt, son funeste historique de collaboration. Ou l’histoire de la Maylibu, tiens.
« T’es sur cette île depuis longtemps, du coup ? Surtout si t’étais là quand nous, on est arrivés. C’est ça ta vision de nouvelle société ? »
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