Le pas traînant, je me dirige vers la Taverne. Nina m'a demandé de passer aujourd'hui pour l'aider à nettoyer le carnage cause par les intempéries. Comme à mon habitude, je ne me suis pas montré enthousiaste. Qui le serait à l'idée de nettoyer de toute cette merde. J'ai été tenté de trouver une excuse pour y échapper, ou de simplement lui dire oui pour lui faire faux bon ensuite. J'ai changé d'avis. Si j'ai un boulot à faire, je l'assume alors moi aussi je dois me retrousser les manches pour remettre l'endroit sur pied. J'aurais préféré que ce soit Mal qui me le demande, j'aurais préféré aussi qu'elle ne choisisse pas de déserté les lieux. Je ne comprends pas réellement son choix et je n'ai pas encore eu l'occasion d'en discuter avec elle. Quelque chose me dit que tout cela va s'avérer plutôt compliquer et je n'ai aucune envie d'y réfléchir pour le moment. Je quitte le camp des Devil's, sans manquer de jeter un œil vers le logement de Billie. Pas de signe de sa présence pour le moment. Je serre la mâchoire et fixe un point invisible droit devant moi en haussant les épaules. Tentant de me persuader que je n'en ai rien à faire de où elle est et de ce qu'elle fait. Je ne me dupe pas moi-même. Alors, en grognant, j'accélère le pas.

La pluie qui tombe toujours. Ça ne me dérange pas. Les années en prison m'ont appris que de pouvoir sentir ce genre de désagrément c'est en fait un putain de luxe. Alors, je ne fais aucun effort pour m'en protéger. Me laissant tremper, les gouttes qui imprègnent les tissus. Lorsque j'approche de la taverne, je passe par l'arrière comme je le fais toujours .Il fait calme, trop calme. J'entre à l'intérieur et cale une clope entre mes lèvres. Je me pose contre l'ouverture de la porte et fume sans rien dire en regardant Nina s'affairer à nettoyer le carnage. J'ai été aux premières loges pour voir son état après son avortement, et je ne peux m’empêcher cette fois encore de penser à Billie. J'espère que le démon en elle va s'accrocher plus férocement que celui de Nina et qu'elle n'obtiendra pas de résultats aussi concluants que la brune. Je me racle la gorge pour signaler ma présence avant de faire un pas en avant.

Ça pue la mort ici !

Et je ne dis pas ça avec dégoût, simplement comme une constatation. Je m'approche d'elle et lui adresse un clin d'œil.

Donc on vire les cadavres si j'ai bien compris...

Et sans plus attendre je prends un sac sur côté, je fourre mon bras à l'intérieur et l'utilise comme un gant à revers pour choper quelques cadavres de rongeurs. Me rappelant des souvenirs empli de nostalgie. Lorsque j'étais gamin et que je me plaisais à en choper pour voir ce qu'il y avait à l'intérieur et jouer à  retirer tout le contenu avec plus ou moins de minutie. Finalement, c'est une voix masculine qui résonne et me sors des mémoires d'un tueur en devenir. Je relève la tête. La voix appelle Mal, il va être déçu. Par précaution, je m'empare d'une de mes lames que je fais tourner entre mes doigts. Je me redresse pour faire face au nouveau venu et je déclare simplement...

Elle est pas là Mal.

Mon regard glisse alors sur Nina, voir si elle reconnaît l'arrivant et comment elle réagit à cette visite.

Je suis déjà blasé d'avoir à faire le nettoyage alors si c'est pour en plus recevoir des visites impromptues, je suis vraiment mal tombé aujourd'hui. Cela dit, j'en profite déjà pour laisser tomber le sac contenant les cadavres de rats. Lame qui tourne entre mes doigts tout en jaugeant la situation. Ils n'ont pas l'air de se porter en affection ces deux-là. Est-ce que ça vaut dire pour autant que la situation est risquée ? Je suis tenté de tout simplement les plantés là tous les deux, ce n'est pas mon problème après tout. Ce serait l'excuse parfaite pour retourner à mes occupations. Je relève pourtant un sourcil lorsque Nina évoque le fait que le mec serait le meilleur ami de Mal. Il s'agirait donc d'un des gars qui étaient avec elle avant qu'elle ne débarque ici. Ce passé dont elle m'a parlé... Et que donc il connaîtrait aussi la jeune femme que j'ai retrouvée dans ma cave occupée à foutre son nez là où elle ne devrait pas. Et cette bouffonne a bien intérêt à avoir respecté sa « promesse » de ne parler à personne de ce qu'il s'est passé ce soir là. Je penche la tête de l'autre côté.Rien ne transparaît sur mon visage, mais finalement il serait peut-être bon que je reste et que je veille à ce que rien de compromettant ne vienne à se dire en mon absence. Je cale une clope entre mes lèvres et l'allume tout en prenant appuis de la hanche contre une table. Je continue à jouer a avec mon couteau tout en laissant mon regard courir de l'un à l'autre au rythme de leurs échanges.

Je tique lorsqu'il évoque le fait que Nina aurait pu la laisser dans la merde alors que c'est Mal qui nous plante tous sans se préoccuper le moins du monde de ce qu'il peut se passer ici. Nina et son avortement par exemple. La taverne aussi et sans compté qu'elle m'a proposé ce boulot avant de commencer à disparaître régulièrement pour ne revenir que la nuit pour quelques échanges bestiaux avec moi. Il est évident que je ne vais pas en parler. Ce n'est aucunement dans mon intérêt. Je me contente de hocher la tête lorsque Nina évoque les changements de comportement de la petite blonde. Elle se tourne vers moi pour me demander si j'ai d'autres infos et je hausse les épaules.

Non. Pas d'infos de mon côté. Elle m'ignore aussi et je la croise à peine de temps en temps. Il est évident que ça ne tourne pas rond chez elle pour le moment.

Mon doigt qui tourne autour dans l'air autour de ma tempe avant de tirer à nouveau sur ma clope. Il attend quoi ce mec au juste et pourquoi il voulait trouver Mal? Il ne doit pas la voir si souvent s'il n'a pas remarqué qu'elle avait probablement besoin d'aide. Aide que je suis personnellement incapable de lui fournir quand je suis probablement l'un des acteurs de sa chute. Ça encore il est évident qu'il serait plus que mal venu que j'en parle. Je me tourne à nouveau vers le grand brun.

Tu la cherche pourquoi au juste. On peut ptêtre t'aider ? Et si t'as un message à lui faire passer on lui transmettra la prochaine fois qu'elle daigne nous accorder le plaisir de sa présence..

En vrai, ce côté serviable qui ressort là trahis juste l'envie qu'il se casse au plus vite. Nouvel haussement d'épaule, je me racle la gorge et passe mon poids d'une hanche à l'autre. J'ai l'air détendu, mais je suis à l'affût du moindre dérapage.