Re: Staying afloat.

Sam 10 Oct 2020 - 21:51

Après la pluie

EXORDIUM.

J'aime bien Billie. Elle prend le temps de me répondre, de m'écouter, comme Kaz et comme Yulia. Par contre, elle est souvent à côté de la plaque : j'ai du mal à suivre ses raisonnements et elle parle peu d'elle-même, elle a l'air curieuse de moi alors elle me pose beaucoup de questions, je suis un peu flatté j'avoue, ce n'est pas désagréable d'être au centre de l'attention, je pourrai même m'y plaire, mais je suis aussi curieux, quand même, c'est vrai.

- Qu’est-ce que vous définissez comme étant de ‘’l’absence’’ ici ?

Je laisse trainer mon regard.

- Votre maison. Je dis. Elle est très vide. Pas de crasse, pas beaucoup de choses, tout est plutôt bien aménagé, ce n'est pas chaotique. Ce n'est pas désagréable, je le sais, même si je suis moi-même partisan de l’entropie. La plupart des gens essayent de dealer avec l'apocalypse, non ? De s'arranger. C'est idiot, ils essayent de préserver des fragments du monde d'avant comme si on pouvait le retenir, à trop s'y acrocher on tombe avec lui...

Je fixe Billie, je plisse les yeux, mortellement sérieux, mais souriant.

- Si vous aidez les gens, alors vous savez ça, vous aussi, pourtant vous vous accrochez à des décoration du monde d'avant : plantes dans des potes, propreté, murs blancs, hm. Tout ça est mort, c'était une mode stérile, sans avenir, sans espace, vide alors que le monde, le vrai monde est rempli, foisonnant. Vous devez vous raccrocher à ça vous aussi, en pensant que ça vous met en sécurité, la vérité c'est que vous tombez avec votre décoration Billie, elle ne va pas vous faire vous sentir mieux, c'est une illusion.

J'aurai envie de lui prendre la main, maintenant que je sais faire ça, que je m'y suis entrainé. J'aurai envie de l'aider, si c'est nécessaire, à moins que je ne fasse fausse route, que tout ce que je lui dis, au fond, elle le sache déjà, peut-être que le vide de sa maison fait référence à autre chose, un système qui m'échappe ? Oui, je suis vraiment curieux.

- Comment vous y prenez-vous pour essayer de sauver les gens Chester ?

Je souris, elle veut en savoir plus : je le savais. Je regarde autour de nous.

- Pour commencer, je commencerai par faire le deuil de tout ça. Si vous voulez, je peux vous aider à dévaster le bureau ? Je fixe mon sac. Il y a de la peinture, on peut tout refaire, refaire vraiment avec des couleurs et des idées ?

Lun 19 Oct 2020 - 15:29

Je l’écoute attentivement lorsqu’il m’explique l’absence qu’il perçoit dans mon cabinet. J’réprime facilement un sourire un peu moqueur et j’conserve mon air neutre, intéressé. Oui, parce qu’effectivement, c’est intéressant son charabia. Ça en dit long sur la personne que j’ai en face de moi et j’prends d’autres notes évidemment, ne le quittant des yeux que quelques secondes pour se faire.

- Les gens ont effectivement plusieurs façons à eux de gérer le deuil de l’ancien monde, la découverte du nouveau. Sans pour autant renier celui dans lequel nous sommes aujourd’hui, il est important de se faire plaisir avec des choses que l’on aime, que l’on apprécie même si celles-ci datent d’avant. Dans la mesure du possible, je conseille à mes patients d’être réalistes. Un combo burger sera bien plus difficile à trouver qu’une couette moelleuse pour orner son lit. Vu les horreurs que nous affrontons tous les jours, ce qui vous réconforte est important Chester, pour votre état mental. Que ce soit d’accepter pleinement ce monde, ou de s’accrocher à une propreté quelque peu révolue.

Je marquais une petite pause en l’observant attentivement. Je cherchais surtout à le faire réfléchir, à voir comment ses pensées allaient s’enchainer, comprendre la logique de celles-ci.

- Oh ! Et surtout, ceci n’est pas ma ‘’maison’’, simplement un lieu pour vous rencontrer que j’ai voulu accueillant. Je vous rassure néanmoins, ma sécurité n’est pas un immeuble ou des plantes. Ma sécurité son mes capacités, ce que j’ai appris, comment j’ai survécu et les gens avec qui je l’ai fait. Et vous Chester, qu’est-ce qui vous fait vous sentir en sécurité ? Comment voyez vous l’avenir des espaces que nous occupons ?

Je souriais doucement pour l’encourager, j’étais sincèrement curieuse et ça me changeait des autres patients que j’avais eus dernièrement. Il y avait un moment que j’avais pas rencontré un type pareil, c’était terriblement amusant et ma curiosité était piquée au plus haut point.

- Oh et, je vous remercie, mais je n’ai pas besoin que nous refassions le décor. Ceci dit, je suis persuadée que le fondateur de l’endroit serait ravi que vous voyiez ensemble pour la salle commune au rez-de-chaussée. Ce serait son genre à ce connard, ou pas, mais l’idée de lui envoyer Picasso pour l’emmerder un peu me plaisait beaucoup trop.