Re: A la pêche aux...| Joey

À la pêche aux...

Les quais seront encombrés de pendus
Laissant claquer leurs mâchoires dans le vent
En guise de discours de bienvenue

Se faire battre par un membre de sa famille, qui est censé être un protecteur, un point de repère... Quelque chose qui avait formé Joey, qui avait fait ce qu'il était aujourd'hui mais qui l'avait modelé selon certaines conditions qui l'avait empêché de s'épanouir pleinement. Joey haussa les épaules avant de se braquer, comme physiquement verrouillé en écoutant l'anecdote de Farah. La soeur de cette dernière avait subit ce que sa propre mère avait enduré pendant des années. À l'écoute de son récit, le jeune photographe revoyait encore sa propre mère, recroquevillée sur le sol à se protéger le visage pendant que son mari l'assénait de coups.

Secouant la tête, reprenant ses esprits, il écarquilla ses yeux bleus comme des soucoupes avant de se masser la nuque. « Ouais... C'est plutôt horrible... » Articula-t-il avec difficulté, ne sachant pas trop comment faire paraître son absence comme normale. Joey soupira en laissant ses épaules s'affaisser de nouveau avant d'esquisser un sourire maladroit à l'adresse de Farah. « Désolé... J'aime pas trop parler de ça. Ça me met mal à l'aise.» Avoua-t-il alors. Bizarrement, il ne rougit pas en livrant ses impressions à la photographe et se sentit même mieux après avoir verbalisé la chose. C'était donc ça, être en confiance avec quelqu'un ?

Il adressa alors un sourire sincère à Farah, acquiesçant pour confirmer son envie de parler d'autre chose. Concernant Nolan, cela le surprenait. Bien sûr, le médecin qu'il était prouvait qu'il était tout à fait intelligent et compétent... Mais surdoué ? Joey hocha la tête en rythme alors que Farah lui en disait, son sourire s'agrandissant à mesure qu'elle ramenait le sujet vers la photographie, une vocation, une passion qu'ils partageaient tous les deux. Décidément, ces deux-là c'étaient bien trouvé ! « À qui le dis-tu... Ludwig fait des portraits des gens qui ont disparu, des dessins d'autres trucs... Je dessine aussi, mais la photo c'est tellement plus... Efficace. Je rêverais d'en trouver un ! » Son nouvel aveux rebondissait, comme un écho, contre le sourire d'excuse que Farah affichait, comme une enfant effrayée à l'idée de décevoir ses proches.

Joey avait déjà eu envie d'en retrouver un. Il en avait déjà parlé à Alexander et Akiko à l'époque, mais n'avait jamais pris la peine de concrétiser son idée. Comme Farah, il pensait sûrement que l'idée était trop saugrenue, vraiment pas urgente... Joey agissait avec pragmatisme. Alors, il n'y avait aucune raison à l'époque qu'il ne se livre dans une telle aventure, tout ça pour un appareil photo. Haussant les épaules pour dédramatiser, Joey n'argumenta pas plus. Peut-être que c'était inutile, peut-être qu'ils n'en trouveraient jamais, ou peut-être qu'il fallait simplement attendre que le destin leur mette un appareil photo sur leur chemin ?

Observant l'horizon, de plus en plus grisâtre, Joey mit sa main en visière et plissa les yeux pour observer le large. « Si on tarde trop, ça risque de se gâter... » Il poussa un soupire, déçu lui aussi et échangea un sourire avec Farah. « On se met doucement en route mais... Wow ! » Tout comme la jeune femme, le brun sentit la secousse du vent, bousculant le bateau sur lequel ils se trouvaient. Joey fléchit instantanément les genoux pour maintenir une certaine stabilité avant de poser sa main sur le bras de Farah pour l'aider se redresser. « Ça va ? T'inquiètes, on va s'mettre en route, attend.» Reprenant les reines de la machine, Joey dirigea la barre pour redresser le petit bateau et lui faire prendre la direction du quai. Le petit moteur n'était pas de trop pour l'aider à se diriger, à cause du vent capricieux.

Les cheveux en bataille ébouriffés par le vent, Joey lança à Farah un regard d'excuse, comme si le caprice météorologique était de sa faute. « Tu sais... Ça nous donne quand même une excuse pour trainer. Ça m'fait du bien de sortir un peu du campement et de passer du temps avec toi ! » Ses paroles étaient sincères, Joey se sentait en confiance, il savait que Farah était une amie chère sur qui il pouvait compter.

Je n'aime pas parler de ma sœur, ou de ce qu'elle a vécu. Pas tellement par empathie, mais juste parce que, quelque part, j'avais honte de moi même. Peut être que j'aurais du la forcer a se battre, a quitter ce type, mais ça je ne l'avais pas fait. L'ado que j'étais avait même fini par penser qu'elle le voulait...Ah. La bonne blague. J'avais subit ce genre de traitement que peu de temps comparé a elle...Et jamais je ne l'avais voulu. En aucun cas. Je capte le regard un peu perdu de Joey et je fronce un peu les sourcils. Mince, j'avais dû raviver de mauvais souvenirs pour lui et, franchement, ce n'était pas le but. « T'en fais pas pour ça. » Alors qu'il s'excuse. Évidemment qu'il n'aimait pas en parler. Moi même je n'aimais pas parler de ce que j'avais supporté durant quoi ? Une seconde comparé a Joey. « Il n'était ni mon père, ni mon frère, juste un inconnu, mais... Je n'ai pas oublié l'humiliation, ni la douleur, donc franchement, ne t'excuse pas. » J'esquisse un sourire un peu las ou éteint, je ne sais pas trop. Mais clairement, il n'y aucun malaise de mon côté.

Je crois que lui comme moi avons sauté sur un autre sujet. Et quel sujet, j'adore mon frère, quoiqu'on en dise. Et qu'il soit surdoué semble surprendre mon compagnon. Pour le coup, sa tête est rigolote alors j'enfonce un peu le clou avant de me perdre. La photographie a toujours été, depuis les 14 ans, ma passion. J'avais quitté un garçon que j'aimais pour ça. Je crois que, quelque part, j'aurais tout sacrifié pour ça. Plus maintenant, mais la passion n'en était pas moins violente. J'avais juste d'autre priorités. « Je ne suis pas douée en dessin. »fis je avec une petite moue avant qu'un sourire aussi large que la mer devant nous ne s'imprime sur mon visage. « Je peux te prêter le mien, Nolan m'a dit avoir encore des piles ! Bon, ce ne sera pas aussi pratique qu'autrefois et juste sur petit écran mais... Porter un appareil a son œil et entendre le clic de l'objectif.... » Ah. Ca n'a pas de prix, enfin pour nous, pour les autres, c'était une fantaisie. Mais pour moi, ça avait été ma vie et j'avais l'impression que c'était le cas aussi pour Joey. Il avait cette âme artistique qui vibrait avec la mienne, je pouvais parler de ça sans être jugée, sans que l'on ne ricane et ça faisait un bien fou. J'aimais aussi Joey pour ça. Il ne penserait pas futile ma frustration de ne pas pouvoir coucher sur papier glacé ce que je ressentais. « Et si je trouve un appareil perdu, je penserais tout de suite a toi. »

Mais cette bonne humeur disparue après un simple coup d'oeil sur l'horizon. Je n'aime pas ces nuages. Je sais la mer dangereuse, enfin l'océan même, mais honnêtement, j'aurais aimé que le temps soit avec nous. Juste un peu. C'était trop demandé apparemment. Même pas le temps d’attraper une morue, ou un thon, quoique vu la taille du thon pas sûre que j'aurais sût le remonter. Mais j'en suis a hocher la tête vers Joey quand une bourrasque m'envoie contre un vieux siège défoncé. « Fais pas cette tête ! C'est pas bien grave, mais la prochaine fois, je choisirais un jour ensoleillé... » Sous nous le moteur ronronne doucement....Avant de crachoter et....De s'arrêter... Je jette un coup d'oeil a Joey, un peu inquiète... « Dis moi que le moteur n'a pas rendu l'âme... » Non parce qu'a part la voile, on était pas prêt de rentrer et... Le bateau tangua sur la droite et j'eus un peu de mal a conserver mon équilibre. Si on avait plus de moteur, ce serait tellement la merde !

À la pêche aux...

Les quais seront encombrés de pendus
Laissant claquer leurs mâchoires dans le vent
En guise de discours de bienvenue

Voilà une des raisons pour laquelle Joey appréciait sincèrement Farah au point de se sentir en totale confiance. Il se sentit bien mieux en avouant ne pas être à l'aise concernant cette conversation. Le jeune photographe poussa un soupire et haussa les épaules. Ce genre de sujets avaient le don de ponctionner son énergie et son enthousiasme renaissant. Instinctivement, il repensa à sa soeur et fût prit d'une panique intérieure à l'idée de ne jamais réussir à la retrouver.

L'idée de reparler de leur passion commune était nettement plus stimulante, ce qui arracha un noueau sourire sur le visage barbu du jeune homme. « Oh, dis-pas ça, ils étaient pas mal tes dessins de la marina quand on y avait été ensemble. » La rassura-t-il alors en penchant la tête sur le côté. Oh bien sûr, rien de trop incroyable, mais Joey trouvait cela tout à fait correct. L'idée de récupérer un appareil fonctionnel fit lever les sourcils bien plus haut qu'ils ne pouvaient se le permettre. « Quoi ? Mais, non, je ne pourrais pas... Ce serait incroyable... Wow, je n'savais pas qu'il fonctionnait de nouveau le tiens ! » Moitié choqué, moitié admiratif, Joey entrouvit la bouche avant d'éclater de rire. « Si tu savais à quel point ça me manque ! » Lui confia le jeune photographe, sans se douter une seule seconde que Nolan lui réservait une surprise de choix pour Noël.

« Si tu en trouves un, on se fera une garde alternée aha ! » Ajouta Joey en gloussant, complice avec la jeun femme. Mais l'air inquiet de Farah à la vue du ciel qui se couvrait fit perdre le sourire du jeune photographe. Il pressa alors le bras de Farah en acquiesçant avant de tourner la voile dans le sens du vent pour pouvoir diriger leur embarcation jusqu'à la marina. Car effectivement, le moteur venait de lâcher son dernier soupire. « T'inquiètes pas Farah. Avec le vent qu'il y a on va regagner la marina plus vite que prévu. Y a une paire de rames télescopiques sous ton siège normalement. » Joey avait la faculté de conserver son sang froid dans les pires situations. Son regard bleuté croisa celui de Fahra et il esquissa alors un sourire rassurant.

Le voyage fût fastidieux, les bras de Joey étaient tendus, les muscles contractés à force de changer la voile de côtés à chaque fois que le vent, capricieux, tournait. « Bon, là ça va secouer okay ? Gère la rame et je prends les rames pour faire demi-tour, la marina est là-bas ! » Dit-il d'une voix forte alors que la pluie commençait à tomber sur leur pauvre embarcation. Donnant le cordage à Farah, lui montrant comment le manier, Joey prit sa place en s'empara des rames avec lesquelles il donna une grande impulsion pour que le bateau tourne. Il y eut une grosse secousse, puis, enfin, le vent se stabilisa dans une direction. La pluie tombait paresseusement sur leurs têtes, tandis que Joey remontait la capuche de sa veste sur sa tête. « C'est nous les poissons maintenant ! »