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Re: Broken.
Lun 30 Nov 2020 - 12:50
J'ai un sourire un peu triste, un peu lointain quand elle prend la parole, portant ma cigarette à mes lèvres. J'ai même pas la force de débattre, d'expliquer que je préférerais ne rien ressentir, être vide plutôt qu'être victime de tout ça et de devoir endurer toutes mes émotions comme un spectateur.
Ça semble si simple quand l'évidence sort de la bouche de Faith. Si idyllique. De se réveiller un matin sans plus avoir de cauchemars, comme si le film était terminé.
Je me mordille l'intérieur des joues en hochant doucement la tête, comme si j'étais d'accord avec elle, comme si ça faisait sens dans ma tête. Relevant le museau vers elle quand elle me dit qu'elle m'aidera seulement si j'en ai envie. Un petit sourire se dessine sur mes lèvres, mon hochement de tête est un peu plus vigoureux, plus confiant. J'crois que je fonde beaucoup d'espoirs en elle. Un peu trop, sans doute.
J'dis pas que j'ai un déclic à ce moment-là. Mais je me dis que je peux essayer. Qu'après tout, je risque quoi ? J'ai déjà un pied dans la tombe, je sais que je suis bordeline et que j'aurais tendance à vouloir pointer le canon d'un flingue sur ma tempe si l'occasion se présentait. Faith peut m'aider. Essayer, au moins.
Mes émotions se mettent en mode off à sa dernière question. Je prends le temps de déglutir, de tirer une énième taff sur ma cigarette. Je ferme une seconde les yeux pour ne pas me perdre dans ma tête.
- C'est … surtout par flash, que ça arrive. Des flash avec des images brouillées, comme une vieille télé qui a du mal à fonctionner. Mais … le pire c'est les ressentis, les douleurs. L'impression d'étouffement. De danger. J'ai l'impression de sentir des mains sur moi, sur mon visage, sur mon corps. Et ça me brûle. J'vois des silhouettes autour de moi. J'ai … je me sens oppressé.
Ma voix est tremblante, elle porte peu. Je n'arrive pas à parler plus fort. J'inspire longuement, disparaissant dans mes souvenirs comme si je les vivais à nouveau.
- Y'a eu cette fois-là … où … où Jacob a voulu s'échapper … Ils l'ont tué dans la foulée. Et après ils sont venus vers moi. Pour me … pour me punir de sa tentative d'évasion, alors que j'essayais de le retenir. J'ai pris pour lui. Ils m'ont presque tué ce jour-là. J'ai prié pour qu'on me tue, les jours qui suivaient. J'ai jamais eu aussi mal de toute ma vie.
Je sais pas si j'ai un souvenir plus traumatisant qu'un autre, mais celui-là est encore différent. Parce que ce n'était pas pour du sexe qu'ils m'étaient tombés dessus, mais réellement pour me défoncer la gueule.
- Je survivais avec Jacob depuis le début de l'épidémie. Il me ... protégeait. On s'est fait attraper en même temps. Quand il est mort, j'ai perdu espoir, je crois. Parce que ... parce que je le voyais comme quelqu'un d'insubmersible. Et qu'il est mort.
Je pourrais aussi parler de toutes ces humiliations, toutes les positions immondes qu'ils m'ont fait prendre, toutes les insultes, toutes les pratiques que j'ai dû faire. Je pourrais parler de la fin du calvaire qui aurait dû signer ma fin à moi, quand j'suis resté attaché à ce radiateur pendant des jours avec un camarade changé en rôdeur, de l'autre côté de la salle.
Je ne regarde pas Faith. Je crois que j'ai honte. Honte qu'elle puisse imaginer tout ça, qu'elle puisse me voir dans cette position. J'ai honte de constater à quel point je suis faible et vulnérable.
Mon regard glisse furtivement sur la silhouette de Faith, presque pour lui demander si je fais bien, si c'est comme ça qu'il faut faire, comme un étudiant attendrait l'approbation de son professeur pour une réponse.
Ça semble si simple quand l'évidence sort de la bouche de Faith. Si idyllique. De se réveiller un matin sans plus avoir de cauchemars, comme si le film était terminé.
Je me mordille l'intérieur des joues en hochant doucement la tête, comme si j'étais d'accord avec elle, comme si ça faisait sens dans ma tête. Relevant le museau vers elle quand elle me dit qu'elle m'aidera seulement si j'en ai envie. Un petit sourire se dessine sur mes lèvres, mon hochement de tête est un peu plus vigoureux, plus confiant. J'crois que je fonde beaucoup d'espoirs en elle. Un peu trop, sans doute.
J'dis pas que j'ai un déclic à ce moment-là. Mais je me dis que je peux essayer. Qu'après tout, je risque quoi ? J'ai déjà un pied dans la tombe, je sais que je suis bordeline et que j'aurais tendance à vouloir pointer le canon d'un flingue sur ma tempe si l'occasion se présentait. Faith peut m'aider. Essayer, au moins.
Mes émotions se mettent en mode off à sa dernière question. Je prends le temps de déglutir, de tirer une énième taff sur ma cigarette. Je ferme une seconde les yeux pour ne pas me perdre dans ma tête.
- C'est … surtout par flash, que ça arrive. Des flash avec des images brouillées, comme une vieille télé qui a du mal à fonctionner. Mais … le pire c'est les ressentis, les douleurs. L'impression d'étouffement. De danger. J'ai l'impression de sentir des mains sur moi, sur mon visage, sur mon corps. Et ça me brûle. J'vois des silhouettes autour de moi. J'ai … je me sens oppressé.
Ma voix est tremblante, elle porte peu. Je n'arrive pas à parler plus fort. J'inspire longuement, disparaissant dans mes souvenirs comme si je les vivais à nouveau.
- Y'a eu cette fois-là … où … où Jacob a voulu s'échapper … Ils l'ont tué dans la foulée. Et après ils sont venus vers moi. Pour me … pour me punir de sa tentative d'évasion, alors que j'essayais de le retenir. J'ai pris pour lui. Ils m'ont presque tué ce jour-là. J'ai prié pour qu'on me tue, les jours qui suivaient. J'ai jamais eu aussi mal de toute ma vie.
Je sais pas si j'ai un souvenir plus traumatisant qu'un autre, mais celui-là est encore différent. Parce que ce n'était pas pour du sexe qu'ils m'étaient tombés dessus, mais réellement pour me défoncer la gueule.
- Je survivais avec Jacob depuis le début de l'épidémie. Il me ... protégeait. On s'est fait attraper en même temps. Quand il est mort, j'ai perdu espoir, je crois. Parce que ... parce que je le voyais comme quelqu'un d'insubmersible. Et qu'il est mort.
Je pourrais aussi parler de toutes ces humiliations, toutes les positions immondes qu'ils m'ont fait prendre, toutes les insultes, toutes les pratiques que j'ai dû faire. Je pourrais parler de la fin du calvaire qui aurait dû signer ma fin à moi, quand j'suis resté attaché à ce radiateur pendant des jours avec un camarade changé en rôdeur, de l'autre côté de la salle.
Je ne regarde pas Faith. Je crois que j'ai honte. Honte qu'elle puisse imaginer tout ça, qu'elle puisse me voir dans cette position. J'ai honte de constater à quel point je suis faible et vulnérable.
Mon regard glisse furtivement sur la silhouette de Faith, presque pour lui demander si je fais bien, si c'est comme ça qu'il faut faire, comme un étudiant attendrait l'approbation de son professeur pour une réponse.
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Re: Broken.
Mar 19 Jan 2021 - 20:58
Ces thérapies avaient toujours un double tranchant pour elle. Sachant qu'elle aidait quelque part la personne à mieux vivre, plutôt que simplement exister, tout en sentant une partie de son âme mourir un peu plus à chaque fin de séance. Parce que le mal qu'elle retirait à ses patients, n'était qu'un poison qui ne cessait de se glisser dans ses veines sans qu'elle ne parvienne à l'extirper de son côté. Il lui était tellement plus facile de soulager la douleur des autres plutôt que la sienne finalement. Mais ses songes cessèrent en l'écoutant reprendre la parole, évoquant ces flash, ou encore la mort de Jacob. Hochant doucement la tête en le laissant s'épancher un peu plus, ne reprenant une fois sûre qu'il avait terminé pour l'instant.
C'est normal que tu ai ressenti ça. On à tous vécu pas mal d'horreur, mais quand on la vit aussi près que toi.. Ce genre de choses peut nous changer à jamais.
Elle revoyait encore la balle s'enfoncer dans le front de John. Entendant son hurlement avant même de comprendre qu'il s'échappait de ses lèvres. Le sang brûlant sur ses mains qui continuait de teinter son visage alors que le meurtrier de son mari avait laissé échapper son dernier souffle depuis longtemps et qu'elle avait continué à le poignarder jusqu'à ce qu'il ne reste plus grand chose de son visage. L'espace d'une seconde son esprit s'égara, avant de reprendre à l'attention de Dani.
Jacob était une bonne personne. Et malgré tout ce que tu as enduré, regarde. Tu es à nouveau entouré. Apprécié. Ils t'ont peut-être enlevé beaucoup, mais tu as été bien plus fort que tu ne l'imagine, puisque tu es toujours là.
Il n'était pas question d'être protégé ou non. La protection ne servait à rien si la personne décidait d'arrêter de vivre, tout simplement. La vie savait être compliquée. La mort, simple. Il ne suffisait que de quelques secondes pour que tout ne s'arrête. Ca ne signifiait pas pour autant que les problèmes étaient réglés.
Ce n'est pas toi qui doit avoir honte. Souffla t-elle à ce regard un peu perdu qu'il avait semblé avoir par instant. A ces hésitations en détaillant la mort de Jacob, similaire à celle de tous ses clients qui se sentaient mal à l'aise en évoquant des faits ou ils s'imaginaient qu'elle allait trop loin dans leur représentation imagée de son esprit.
Mon jumeau est mort. Avait-elle lâché finalement, comme pour lui apporter un certain soutien. Lui apprendre qu'elle connaissait la douleur de la perte. Cette sensation de basculer dans le vide, sans rien pour se rattraper. Un accident stupide, il s'est fait mordre. A l'époque, c'était lui qui me protégeait. Et je te garantis qu'on finit par se relever. La douleur ne part jamais vraiment. Mais tu apprends doucement à vivre avec, et te relever.
- Faith Williams
- Modératrice
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