IL m'apprend qu'il n'aime pas son surnom parce qu'il n'est plus un gamin. Je lui sourit et lui réponds d'un ton calme. - La dernière fois que je t'ai vu t'en étais un de gamin. Mais ok juste Eli Je peux comprendre que mes surnoms sont parfois un peu barbants et qu'aujourd'hui on a pas besoin de ça. Mais peut être au contraire qu'on en a besoin, des surnoms idiots qui font penser à autres choses qu'au monde où l'on vis aujourd'hui, un peu d'innocence dans ce monde monstrueux. Finalement on en viens à parler de ma famille, c'est aussi ça retrouver de vieux amis on dois faire le topo de qui est en vie, qui est mort et qui est on ne sait pas. Et bien ma famille à moi j'en sais rien.

IL parle d'une amie qu'il recherche, je lève les yeux vers lui, je crois qu'on est tous à la recherche de certaines personnes. Il n'y a pas grand chose à dire dessus, on cherche et on ne trouve jamais, ou rarement. C'est la vie, c'est notre vie à présent. Je n'aime pas la tournure de la discussion. On vient de se retrouver et ça devrait être la joie mais non toute la joie est retombée d'un coup comme un vieux soufflé. Je suis triste de penser à ma famille et le voyage au Canada n'a pas aidé. Ils étaient peut être tout proche au final. Mes yeux retrouvent mes mains alors qu'il parle à nouveau. Je n'ai pas su quoi dire pour son amie, je l'ai juste regarder avec de la compassion et une bouille désolée.

IL me dis qu'il faut que je fasse un choix entre chercher ma famille ou partir du principe qu'ils sont morts. Je sais qu'il a raison au fond mais ce n'est pas simple. Me dire qu'ils sont morts se seraient baisser les bras totalement sur une possibilité que ... j'ai survécu, pourquoi pas eux ? Je relève les yeux vers lui quand il pose sa main sur mon épaule et dis en soupirant. - Je sais que tu as raison et au final, au fond je me dis qu'ils sont surement morts c'est juste le fais d'aller au canada où ils étaient, de me rapprocher d'eux dans un sens et de voir la photo de famille de Caleb. Ils me manquent clairement ... Je ne comprend pas pourquoi j'ai survécu et pas eux ... Surtout mon père, putain rien n'pouvait le mettre à terre mon père. Je sent une boule monter dans ma gorge.

J'essaye quand même de lui sourire, je souffle doucement puis je lui dis. - Hey on va pas se mettre à chialer hian ? On viens de se retrouver c'est déjà un putain de miracle tu crois pas ? Mon sourire est triste mais sincère. Pleurer ne sert à rien et ne ramènera pas ma famille, cela ne fera que me rendre encore plus mal et puis je ne pleurs jamais devant les gens c'est comme ça, c'est plus fort que moi. Je baille un peu car au final le voyage m'a fatiguée je crois que je ne vais même pas entendre les autres ronfler cette nuit ! Je pose ma main sur l'épaule de mon ami. - En tout cas ça me fait plaisir de te voir en vie . Et papa en plus . C'est fou ... T'as raison mec, t'es plus un gamin. Un sourire nostalgique sur le visage je me rends compte qu'il n'est plus ce petite casse couille d'Eli qu'il était autrefois. Il a pris de la maturité, comme nous tous. Voir la mort en face tant de fois ça fais grandir les gens c'est une certitude !

"La chance, le talent... ?" J'me force un léger sourire quand elle se demande pourquoi elle a survécu plutôt que ses proches. Comme pour tous les habitants de ce camp, je crois que c'est en grande partie du hasard. Le reste... "C'sont les choix que tu as fait jusque là." Bons ou mauvais, ils ont en tout cas permis à ce qu'elle reste en vie. Le sort a fait le reste.. Et on s'rend sur un terrain probablement larmoyant, j'le sens. Ca n'me dérange pas, j'ai toujours été la bonne épaule pour pleurer, mais j'comprends qu'elle veuille s'épargner un tel moment après tout ce temps - et après tant d'efforts.

"C'est vrai, t'as raison." Faut pas trop s'apitoyer. Il y aurait de meilleurs moments pour s'épancher sur nos malheurs respectifs, faudrait déjà qu'on ait pris le temps d'se réjouir de s'retrouver entiers. Elle baille, place une main sur mon épaule alors que je relâche la sienne. Le voyage a dû être long. Je souris véritablement à sa remarque. Ca, c'est un compliment qui me touche en plein coeur, car j'ai tout fait pour qu'on perçoive ce changement durant ces dernières années, depuis le refuge d'Emerald Freedom au lycée. "Merci." Je hoche la tête, doucement, les yeux ancrés dans les siens. "Toi aussi Elisabeth, t'as bien mûri !" dis-je en m'amusant, respectant sa leçon sur le fait de rendre les compliments - celui-ci est d'ailleurs bien plus simple à formuler.

"Tu as l'air crevée, tu veux que j'te laisse ? Si tu veux on pourra s'voir demain matin. En c'moment j'reste dans l'coin, le temps de "reprendre des forces"." j'appuie les guillemets du geste qui va avec pour citer les recommandations médicales. En réalité, j'me sentirais la volonté de sortir, mais Lisandro est plus d'avis à ce que je reprenne encore du poids et du repos après mes mois de vadrouille et de rationnement. "On pourra aller pêcher sur la rive, ça te dit ? Tu dois avoir des trucs à m'apprendre là dedans." Un clin d'oeil à la chasseuse - gibier et poisson vont de paire, non ?