Le regard de Thaïs se posa sur les environs. En effet, nulle trace de panneaux solaire dans la pièce où ils étaient. Zola avait raison, cet endroit devait servir d'espace d'exposition pas de lieu de stockage. La brune entendait, tout comme ses camarades, les grognements des rôdeurs non loin. Elle fit quelques pas dans la pièce, contournant les cloisons encore debout, avant de se retrouver devant une porte. Les bruits lui semblaient plus proche derrière. Etait-ce une fameuse réserve comme le disait Zola ? "Je suis d'accord, on ne peut pas passer par là." Thaïs se recula tandis que les grognements se rapprochaient. La porte en tout cas, n'avait pas de serrure. Elle n'était donc pas fermée à clé. Elle se mordilla la lèvre, pensive, réfléchissant aux différentes options se présentant à eux.

Thaïs emboîta le pas à ses camarades et sortit du bâtiment. Elle avait une idée derrière la tête et se dirigea d'un pas déterminé vers l'arrière du magasin d'énergie renouvelable. Là, elle se pencha pour regarder à travers une fenêtre qu'elle pensait donner sur la pièce derrière la porte. Elle étudia quelques secondes les lieux avant de se tourner vers ses coéquipiers. "Bon, mauvaise nouvelle. Les rôdeurs sont bien là mais je vois des panneaux, une petite dizaine je dirais." En effet, se reflétant dans la pénombre, elle pouvait voir quelques uns des biens recherchés, entassés les uns contre les autres. Un mort remarqua alors sa présence et s'acharna sur la vitre, la faisant se reculer de quelques centimètres. "Les rôdeurs sont nombreux, 8 ou 9 je dirais." La militaire se recula afin de ne pas attiser davantage la charogne. Deux autres s'étaient déjà joints à lui et s'acharnaient sur la vitre. Ils donnaient des coups forts dessus et Thaïs jeta un coup d’œil nerveux autour d'elle. Il ne manquerait pas que le bruit qu'ils faisaient rameutent tous les morts du coin. Pour le moment, ils étaient safes, mais ils n'étaient pas dans une zone sécurisée. A tous moments, plusieurs morts pouvaient les surprendre.

La militaire souffla. "Bon, je vous propose un plan." Thaïs regarda autour d'elle et trouva une longue barre en fer, issue probablement d'un ancien chantier. "Je vais briser les fenêtres et attirer les rôdeurs loin de là. Pendant ce temps, vous faites le tour et vous passez par la porte." C'était risqué mais elle ne voyait pas d'autres solutions. "Si on rentre avec eux dans la pièce, j'ai peur que ça dégénère. L'endroit est trop petit, on va se faire surmener par le nombre." Dehors, Thaïs pouvait toujours s'enfuir et se cacher, ou les tuer au compte-gouttes. Des trois, elle était celle qui était la plus habile avec son couteau ou avec son arme, elle pourrait donc se débrouiller dehors. Zola, par contre était plus agile, elle pourrait donc se faufiler dans la pièce et sortir les panneaux avec Dani. "Est-ce que ça vous convient ?" Son regard se posa sur le bâtiment. Il y avait pas mal de pièces à visiter encore, mais autant commencer par celle-là. Au moins, ils étaient sûres d'y trouver des panneaux solaires. "On doit se dépêcher, j'ai peur qu'ils rameutent d'autres copains avec leur raffut." souffla-t-elle. Bon, c'était risqué, mais Thaïs était prudente, elle ne ferait rien d'inconsidéré. Elle allait juste les éloigner un peu, leur donner quelque chose d'autre à chasser et laisser le champs libre à Zola et Dani pour fouiller la pièce et sortir le plus de panneaux possibles. Après, ils devraient se mettre à la recherche des autres lieux de stockage car là, clairement, le contenu de la pièce ne serait pas suffisant.

Foutus rôdeurs à la con ! Oui, même après cinq ans en leur charmante compagnie, j’estime qu’on a encore le droit de s’indigner quand ils viennent gâcher une sortie par leur simple présence. Je soupire, même si je sais que c’était prévisible qu’on en trouve, et observe Thaïs se diriger vers une porte, hochant la tête à son attention quand elle rejoint mon avis, selon lequel on devrait éviter de passer par là, et de servir de buffet vivant à ces charognes. D’un même mouvement, on sort tous les trois de la salle d’exposition, ou ce qu’on devine être ça, alors que nos pas nous entraînent à l’extérieur du bâtiment, la militaire venant coller son nez à une petite fenêtre, alors que j’en profite pour regarder tout autour de nous, vérifiant qu’aucune mauvaise surprise ne s’apprête à venir nous choper par derrière.

Je me renfrogne un peu quand elle met “rôdeurs” et “panneaux solaires” dans la même phrase, tout en me faisant la remarque que j’aurai dû me douter que ça ne serait pas si facile que ça. Je me retourne quand j’entends des bruits secs contre une surface vitrée, pour découvrir une face émaciée, et des yeux vides de toute âme posés sur Thaïs, alors que le rôdeur s’acharne sur la vitre dans l’espoir de croquer un bout de la brune. “-8 ou 9, rien que ça ?” Je plisse le nez, glisse un coup d'œil sur les deux Bastards qui m’accompagnent, songeant qu’on aurait dû partir plus nombreux. S’il leur arrive quelque chose, aucune chance que je me le pardonne. Mais je n’ai pas le temps de songer à mes prévisibles réactions si on rentrait sans Thaïs ou Dany, que la jeune femme annonce avoir un plan, qui accapare aussitôt toute mon attention. Pourtant, au fur et à mesure des mots qu’elle emploie, la brune me fait froncer les sourcils, alors que je secoue légèrement la tête de droite à gauche.

Je n’ai pourtant pas le temps de dire que l’idée qu’on se sépare ne me plaît pas que Dany intervient déjà, pour dire tout haut ce que je pense tout bas, alors que j’hoche légèrement la tête. “-Je serais aussi d’avis qu’on reste ensemble.” Une chance, la militaire semble rapidement se ranger de notre côté, et on décide de rester tous les trois, cherchant une autre stratégie à mettre en place, pour nous débarrasser des charognes qui nous empêchent d’atteindre notre précieux butin. Mon cerveau s’attarde alors sur la configuration des lieux, sur notre environnement, sur comment se débarrasser de ce tas de viande morte, pour atteindre les panneaux solaires. Mais alors que ma matière grise est toujours en pleine ébullition, Dany reprend la parole, déroulant sous nos oreilles attentives un plan qui consiste à bloquer partiellement l’ouverture offerte aux rôdeurs, suffisamment pour réguler leur flot, et éviter qu’on se fasse dépasser par leur nombre, ce qui nous permettrait de les refroidir une bonne fois pour toutes. Le jeune mexicain va même jusqu’à aller récupérer la benne dont il parle, et qui empeste, venant la positionner pile au bon endroit, alors que je questionne Thaïs du regard, pour vérifier qu’elle est d’accord avec tout ça. “-Avec ton enthousiasme, tu pourrais me dire de me jeter tête la première dans une horde, tu arriverais presque à me convaincre !” que je réponds au jeune homme, avant de soupirer doucement. Bon, son idée est pas bête, il faut bien l’accorder, et la benne a l’air de tenir le coup avec ses freins.

Les rôdeurs commencent à faire un boucan d’enfer, c’est même étonnant qu’ils n’aient pas encore rameuter tout le quartier, et avant qu’on se retrouve avec d’autres indésirables dans le coin, je finis par hocher la tête. “-Okay. Bon...Thaïs, tu pètes le carreau. Ensuite, je récupère ta barre, elle est longue et me permettra d’atteindre les charognes depuis le sommet de la benne sans risquer de perdre l’équilibre. J’en laisse passer deux, et ensuite on les dégomme au fur et à mesure. Ça vous va ?” que je demande, tout en grimpant souplement sur la benne, prête à passer à l’action. Franchement...y’a aucune raison que ça se passe mal, non ? Je gigote un peu sur la benne qui ne bouge pas d’un millimètre, éprouve sa solidité en sautant un peu dessus, avant de hocher la tête, avec détermination. “-Thaïs, c’est quand tu veux !”

Bon, à priori, son idée n'avait pas le succès espéré, et ni Daniel, ni Zola ne comptaient la laisser agir seule. Elle finit par hausser les épaules, et bien, tant pis, ils resteraient ensemble alors. La militaire s'obstinait à penser que son idée était la plus rapide et la plus efficace mais elle se rangerait à l'avis du groupe. De toute manière, ce n'était pas comme si elle avait vraiment le choix. Elle devait apprendre à travailler en équipe, à nouveau. Ordonner ses idées, trouver un plan idéal, s'assurer que tout le monde était en sécurité et ne risquait rien, c'était ce qu'elle avait appris à l'armée mais tout cela lui semblait bien lointain depuis. La vie en solitaire l'avait pas mal affectée. Il y avait une grande différence à vivre seule et à veiller sur les autres lors d'une sortie.

L'homme à ses côtés eut une idée brillante. Il montra une grosse benne à ordures. Pour lui, il suffisait de bloquer l'ouverture de la porte et de laisser sortir les morts un à un. Il se rapprocha même du conteneur et entreprit de le pousser. Thaïs réfléchit quelques secondes, tentant de voir les problèmes que pouvait poser cette idée. Elle n'en vit aucun. Une fois les freins bloqués à proximité de la porte, elle tenta de pousser la benne à ordure mais sans succès. Elle ne bougeait pas d'un millimètre. Zola grimpa agilement dessus et fit de petits bonds dessus pour tester la résistance. A ce moment-là uniquement, la militaire donna son avis et se retourna vers Dany, un petit sourire aux lèvres. "J'en pense que c'est brillant, tout simplement !" Elle n'avait aucun mal à reconnaitre quand une idée était bien meilleure que la sienne.

La militaire tendit la barre à Zola, cassa un carreau pour attirer l'attention des morts et ouvrit légèrement la porte. Deux charognes se précipitèrent dans leur direction, mais, comme prévue, l'ancienne danseuse parvint à les éliminer vu qu'ils se retrouvèrent bloqués par la porte à moitié ouverte. L'ancienne soldat entreprit de tirer les corps des morts pour permettre aux autres de sortir à leur tour. "Deux de moins !" siffla Thaïs. Les prochains, se furent la militaire et Dany qui les cueillirent. A eux trois, ils réussirent à tuer tous les rôdeurs présents dans la pièce. Quelques minutes plus tard, le dernier mort tombait au sol. "Bien joué !" s'écria la brune. "C'est du bon travail !" Son regard fit le tour des environs, mais par chance, ils n'avaient attirer aucun mort supplémentaire.

Ils décalèrent la benne à ordures et rentrèrent enfin dans le local. A l'intérieur, une odeur étouffante flottait dans l'air, probablement dû à la présence en nombre des rôdeurs. Leurs corps pourrissaient lentement mais surement. Un peu partout, des tâches de sang étaient répandues au sol. Toutes étaient séchées. "Je pense qu'ils ont dû s'entretuer là-dedans." laissa échapper la militaire. Coup classique : un décès, un mort se relève et attaque les autres. "Une vraie boucherie." rajouta-t-elle. Dans un coin, un homme avait été dévoré vivant. Il grognait mais, sans jambe, il n'avait pas la possibilité de se diriger vers eux. D'un coup de crosse de son arme, elle lui explosa le crâne.

Après s'être assuré que tout était calme et qu'aucun danger ne viendrait les surprendre, Thaïs se retourna vers Daniel et Zola. "Vous voyez ce que je vois ?" Une multitude de panneaux solaire étaient entreposés là, de différentes tailles. Certains avaient été brisés, mais la plupart paraissait en très bon état. "Bingo !" s'écria-t-elle, contente de leur petite trouvaille.