Je suis pas sûre que ça soit utile. Ils sont probablement armés et ces cailloux n'arrêteront pas les balles.

Je hausse les épaules en grimaçant. Évidemment que ça n'arrête pas les balles ! J'ai bien envie de lui rétorquer que s'ils ont des intentions similaires à celles que j'ai eues pour elle, elle serait bien contente d'avoir au moins de quoi l'aider un peu. Une pierre coincée au creux du poing ça rend les coups plus puissants, moins de risques de se péter la main. Mais grand bien lui fasse au final, si elle préfère s'enfermer dans la passivité et l'attente. Je ne suis pas de ce genre-là. Même face à des armes je me servirais de tout ce qui passe et même si  ça veut dire crever au moins,  j'emporterais un de ces fils de pute avec moi. Probablement qu'il s'agit d'un excès de confiance lorsque j'imagine que si un gars passe cette trappe, je pourrais lui passer la corde autour du cou le temps qu'elle récupère l'arme...ou alors c'est elle qui ne sait pas saisir les opportunités où elles sont. Je grimace à nouveau pour moi-même tout en continuant à jouer avec la corde entre mes doigts. Je me sens irrité par sa façon de voir et de faire les choses. Son corps et une arme, son esprit en est un autre. Elle baisse la garde pour les deux il faut croire. Je ne relève pas. Chacun sa merde même si on est dans le même...aquarium.

Perdu dans mes pensées, je sursaute quand quelque chose s'écrase au sol. Le corps qui se tend, prêt à réagir quand je constate qu'il s'agit d'eau et de bouffe. Mon regard se pose alors sur Allïa et sur le mec qui est apparut de l'autre côté de la vitre. Pourquoi on nous envoie de la bouffe? Ce serait assez contraire avec l'idée de nous butter que de nous faire prendre des forces. La brune s'adresse à l'homme. Moi je reste en retrait. Et si c'était une diversion ? Je reste proche de la trappe, pendant qu'elle l'interroge. Il ne répond pas aux questions, regard fuyant qu'il lance vers le couloir.

Restez tranquille ou vous finirez comme lui.

Mon regard suit son arme qui désigne le cadavre flottant et je pousse un grognement. Il est totalement exclu que ces connards nous fasses subir le même sort. Je ne l'envisage même pas une seconde. Je me rapproche alors furieusement de la vitre en me plantant à côté de la brune. Mon poing qui s'écrase contre la barrière invisible et le mec qui fait un pas en arrière pendant que Allïa balance son avertissement. Les voix qui résonnent plus loin dans le couloir. Ok, ok. Mon regard se pose sur le gars et la mâchoire serrée je m'adresse à lui.

C'est pas toi qui tire les ficelles on dirait ! Tu nous aides ou c'est un ordre de tes « supérieurs » de nous filer de la bouffe ? Parce que si tu nous aides et que plutôt que des ennuis tu cherches un moyen de sortir d'ici toi aussi...Plus on est de fou..plus...

Le mec grimace, il ne semble pas avoir envie de me fournir une réponse. Pas l'envie ou peut-être qu'il a peur parce que je pourrais jurer avoir vu naître une lueur au fond de son regard. D'un signe de menton, il désigne l'eau et les sandwich avant d'ajouter quelques mots.

Prenez des forces tant que vous le pouvez. Vous en aurez besoin.

Il se recule et entame de disparaître par où il est venu en nous jetant plusieurs regards en arrière. Du fond du couloir, les bruits de voix augmentent, on dirait plusieurs personnes qui se défient, ou surenchérissent sur quelque chose. Je ne comprends pas un mot, seulement les intonations et quelques éclats de rire. Je me penche pour ramasser un sandwich et je suis bien tenté de bouffer les deux en la regardant. Elle ferait quoi au juste ? Je pousse un grognement en le lui lançant finalement. J'ouvre le sachet et inspecte le contenu.

C'est vraiment sage de bouffer un truc qu'ils nous donnes ? Je ne suis pas convaincu.

Encore une fois, je pourrais tenter de la forcer à bouffer voir ce que ça donne sur elle, mais je prends sur moi puisqu'on est censé faire équipe. Je renifle le sandwich. Mon ventre qui se met à gargouiller en signe de protestation à mes hésitations. Pareil pour l'eau. Je suis partagé à oser y poser mes lèvres. Au final peut-être que la faim et la soif valent mieux qu'un empoisonnement. Trop de questions se bousculent en moi et je relève finalement brusquement la tête vers Allïa lorsque un râle caractéristique se fait entendre lui aussi au bout du couloir, mêler aux exclamations humaines. Deux nouveaux visages apparaissent devant la vitre et semblent nous jauger l'un et l'autre entre deux éclats de rire. Ils se tapent dans la main avant de disparaitre au moins aussi vite qu'ils sont apparu.