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Germination et pourriture
Dim 24 Jan 2021 - 0:43
L'intérieur est mort
EXORDIUM.
Comme je ne savais pas trop si Kaz allait m'en vouloir d'être parti aussi longtemps, sur le chemin du retour j'avais eu la très bonne idée de lui ramener un cadeau, des fois que ça le calme un peu. J'étais très content de mon idée jusqu'à ce qu'à mi-chemin je réalise que cela impliquait de vraiment en trouver un, et qu'il ne suffisait pas de juste imaginer pour que les choses se produisent. Enfin, des fois, avec moi ça pouvait suffire, mais là je voulais être certain d'assurer le coup, parce que se retrouver comme ça les mains vides en rentrant, c'était juste pas possible.
Le problème c'est que si Kaz aimait les colliers et les jolies choses, fallait bien avouer que depuis le temps Seattle avait un peu pourri sur place, à l'image des intestins où la merde se condense et s'accumule pour mieux putréfier, tous les endroits que je visitais germaient comme un tas de fumier laissé en jachère ce qui était très enthousiasmant pour la suite, mais pas très pratique pour trouver des objets un peu présentables.
J'avais déniché d'abord tout un tas de vieux couverts en argent très beaux parce qu'ils étaient gravés avec des plantes dessus mais finalement j'avais préféré les garder pour moi ce qui n’arrangeait pas mes affaires. Ensuite, j'étais tombé - littéralement - sur un tas de tuyaux lors d'une chute à vélo. Petits intestins de grands intestins comme une maquette miniature des boyaux de la ville, mes boyaux qui digèrent et transforment tout en une nouvelle énergie et j'étais certain que Kaz y serait sensible, mais je ne sais pas, leurs formes étaient étranges dans le mauvais sens du terme et au final, j'avais laissé tomber.
En pédalant vers le camp, j'étais de plus en plus stressé à l'idée de ne rien avoir encore trouvé et je me demandais s'il fallait que je cherche une bouteille d'alcool ou je ne savais pas trop quoi, mais ça faisait un peu naze quand même, on n'allait pas se le cacher. Le problème c'est que cette petite excursion avait élargi mon champ de connaissance sur Seattle et moi-même, je comprenais maintenant beaucoup mieux le processus de digestion de la ville et les cycle organiques qui la traversaient. Malheureusement autant le destin était toujours de mon côté pour m'appuyer, autant je crois que mon esprit avait parfois du mal à tout percevoir à la fois de ce gigantisme processus gargantuesque, comme si j'étais perché sur un géant dont même en plissant les yeux je ne parvenais jamais à voir l'entièreté du corps car il était si grand que sa conception même en imagination m'était difficile.
Tout ça me déprimait un peu. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas senti comme ça et sans doute que cette mélancolie m'avait finalement poussé à rentrer. Mais certainement pas les mains vides !!
Et puis je l'avais vu. Les roues de mon vélo crissent sur le sol alors que je pars en dérapage contrôlé... quel endroit formidable ! J'en pousse religieusement la porte. Une fois encore le destin m'a mené à bon port, alors je trace un cercle sur le sol et touche mon épaule. Il faut toujours garder confiance, même pour des choses anodines... j'attrape un sachet et m'éclipse. Je n'en prends pas plus, il en faut pour tout le monde.
Je pédale à toute vitesse à travers la ville, finalement je rejoins le camp. La journée est loin d'être terminée, j'attendrais le soir.
~ ~ ~ ~ ~
Je toque à la porte de sa caravane. D'avance je sais déjà quelles odeurs il y aura à l'intérieur, c'est le genre de chose que je retiens. Aussi, je mets ma main en visière, je sais qu'il y a beaucoup de couleurs là dedans, après la grisaille des derniers jours mieux vaut ne pas s'aveugler. Il ouvre.
- Salut Kaz ! Je dis, en lui souriant. Je t'ai trouvé des graines, regarde.
Le problème c'est que si Kaz aimait les colliers et les jolies choses, fallait bien avouer que depuis le temps Seattle avait un peu pourri sur place, à l'image des intestins où la merde se condense et s'accumule pour mieux putréfier, tous les endroits que je visitais germaient comme un tas de fumier laissé en jachère ce qui était très enthousiasmant pour la suite, mais pas très pratique pour trouver des objets un peu présentables.
J'avais déniché d'abord tout un tas de vieux couverts en argent très beaux parce qu'ils étaient gravés avec des plantes dessus mais finalement j'avais préféré les garder pour moi ce qui n’arrangeait pas mes affaires. Ensuite, j'étais tombé - littéralement - sur un tas de tuyaux lors d'une chute à vélo. Petits intestins de grands intestins comme une maquette miniature des boyaux de la ville, mes boyaux qui digèrent et transforment tout en une nouvelle énergie et j'étais certain que Kaz y serait sensible, mais je ne sais pas, leurs formes étaient étranges dans le mauvais sens du terme et au final, j'avais laissé tomber.
En pédalant vers le camp, j'étais de plus en plus stressé à l'idée de ne rien avoir encore trouvé et je me demandais s'il fallait que je cherche une bouteille d'alcool ou je ne savais pas trop quoi, mais ça faisait un peu naze quand même, on n'allait pas se le cacher. Le problème c'est que cette petite excursion avait élargi mon champ de connaissance sur Seattle et moi-même, je comprenais maintenant beaucoup mieux le processus de digestion de la ville et les cycle organiques qui la traversaient. Malheureusement autant le destin était toujours de mon côté pour m'appuyer, autant je crois que mon esprit avait parfois du mal à tout percevoir à la fois de ce gigantisme processus gargantuesque, comme si j'étais perché sur un géant dont même en plissant les yeux je ne parvenais jamais à voir l'entièreté du corps car il était si grand que sa conception même en imagination m'était difficile.
Tout ça me déprimait un peu. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas senti comme ça et sans doute que cette mélancolie m'avait finalement poussé à rentrer. Mais certainement pas les mains vides !!
Et puis je l'avais vu. Les roues de mon vélo crissent sur le sol alors que je pars en dérapage contrôlé... quel endroit formidable ! J'en pousse religieusement la porte. Une fois encore le destin m'a mené à bon port, alors je trace un cercle sur le sol et touche mon épaule. Il faut toujours garder confiance, même pour des choses anodines... j'attrape un sachet et m'éclipse. Je n'en prends pas plus, il en faut pour tout le monde.
Je pédale à toute vitesse à travers la ville, finalement je rejoins le camp. La journée est loin d'être terminée, j'attendrais le soir.
~ ~ ~ ~ ~
Je toque à la porte de sa caravane. D'avance je sais déjà quelles odeurs il y aura à l'intérieur, c'est le genre de chose que je retiens. Aussi, je mets ma main en visière, je sais qu'il y a beaucoup de couleurs là dedans, après la grisaille des derniers jours mieux vaut ne pas s'aveugler. Il ouvre.
- Salut Kaz ! Je dis, en lui souriant. Je t'ai trouvé des graines, regarde.
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Re: Germination et pourriture
Lun 25 Jan 2021 - 1:38
Don't Forget To Open Your Eyes --Don't forget to open your eyes, there's a lot to see. If you keep em' closed you're missing out on what life really means. Empty out my pockets and you'll know just what I'm worth. I'm a person that feels everything, recovering from hurt.
Je suis toujours plutôt chamboulé par ce qu'il s'est passé avec Alan. Ok, j'étais plus ou moins au courant qu'une partie obscure de lui pouvait prendre le dessus. Je l'avais sentie gronder sous sa peau cette autre facette de lui tapie dans l'ombre. Mais de là à voir la chose prendre vie sous mes yeux ! J'en ai encore des frissons dans tout le corps. Je le revois bien trop souvent lorsque je ferme les yeux. Ce qu'il a fait à ces deux gars qui s'en sont pris à moi. Celui dont les tripes ont dégouliné au sol et puis l'autre dont les orbites ont explosés sous la pression de ses doigts. Oh on en voit des horreurs dans ce monde, ce ne sont ni les premières, ni les dernières. Seulement, c'est différent lorsqu'il s'agit des personnes proches de nous. Et en général j'ai tout autant de mal à voir subir que à voir infliger. Je secoue la tête et remonte ma couverture par-dessus mon visage. Je n'arrive pas me défaire de ce frisson désagréable. Est-ce que je devrais avoir peur de ce qu'il serait capable de faire. Est-ce qu'un jour cela pourrait être un danger pour moi ? Il est plus que normal que je me pose ce genre de questions. Même si je me connais, je vais fort probablement finir par les ignorer et me jeter dans la gueule du loup.
Comme à mon habitude, lorsque je fais face à un trop plein d'émotions, j'ai besoin de me retrouver seul. Besoin de pouvoir faire le vide, me ressourcer loin des autres. J'ai donc erré depuis trois jours en pyjama. Manger, lire, dormir. Voilà en quoi se résume mon quotidien. Et oui j'ai pu être tenté d'aller voir Milow ou Alex, mais la personne que j'ai le plus envie de voir manque à l'appel. Chester. Où peut-il bien être ? Quelque chose au fond de moi semble me dire qu'il est vivant et relativement en sécurité. Sinon, même à distance un truc ce serait brisé non ? Et puis, j'ai aussi cette sensation qu'il va bientôt revenir, c'est ce que disent les cartes en tout ça. Je pousse un profond soupir. J'aurais aimé qu'il aille plus vite que ça. Et je ne veux surtout pas lui couper les ailes. Un Chester on le laisse libre d'aller ou le vent le porte, mais je ne peux pas m'empêcher de me ronger d'inquiétudes. Peut-être que la prochaine fois, je pourrais partir avec lui. Prendre un peu de recul, cela pourrait me faire du bien.
Onyx vient se glisser sous les draps. En voilà un qui ne s'échappe jamais bien loin ! Ok on ne compare pas son meilleur ami à un chat. Enfin quoi que ! Je lui caresse les oreilles en tentant de me forcer à ne pas penser. Sauf que c'est impossible parce que au minimum tu penses à ne penser. Voilà une discussion qu'il serait digne d'avoir avec Chester. Finalement, je suis sorti de ma léthargie par quelqu'un qui frappe à la porte. Je pousse un grognement, d'abord tenté d'ignorer cette intrusion. Je suis moi-même surpris quand mon cœur se met à battre un peu plus vite. Une intuition ! Une putain d'intuition qu'il faut absolument que j'aille ouvrir. Je bondis hors du lit. L'allure plus que débraillée. Pyjama dans tous les sens et les cheveux en batailles pour me précipiter à la porte. Je l'ouvre pour faire face à la surprise que j'attendais. Lui ! Il est là comme s'il n'était jamais parti. Entier. La même tête. Le même Chester. Pas un usurpateur. Enfin je crois.
Salut Kaz !Je t'ai trouvé des graines, regarde.
Mon regard se pose sur le sachet avant de revenir à son visage. J'oscille entre incrédule, fâché et hyper excité. Ok, on repassera pour faire genre je sais gérer mes émotions. Je fronce les sourcils et lui adresse un regard un peu dure avant de laisser pointer un large sourire. Je viens saisir la manche de sa veste avec force et je l'entraîne à l'intérieur en claquant la porte derrière lui. Qu'il ne lui vienne surtout pas l'idée de faire marche arrière. J'ai été un peu brusque, mais je ne pense pas l'avoir cassé. Je l'ai poussé à l'intérieur et il me tourne le dos. Alors, sans même réfléchir, je me précipite vers lui entoure mes bras autour de ses épaules pour le serrer contre moi.
Ok je sais que t'es pas fan de ce genre de truc, mais putain je suis beaucoup trop content de te voir alors si tu veux m'en coller une vas-y. Je m'en fou.
Et je ne lâche pas tout en laissant échapper un gloussement. Mon bras descend jusqu'à sa main où je m'empare du sachet de graines que je monte devant nos regards.
C'est quoi comme graines ? On va devoir les planter pour savoir ce que c'est ? Ce serait encore mieux ça. Des graines surprises ! T'as eu une idée de génie. Merci !
Et cela ne m'étonne pas de lui, je suis le plus grand fan de ses idées. Je pousse un grognement avant de lui rendre sa liberté et de tenter de ne pas laisser sonner de reproches dans ma voix.
T'étais où Ches ? Je ne sais pas tu pouvais pas m'envoyer un signe ? Un pigeon voyageur? J'étais hyper inquiet.
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Re: Germination et pourriture
Lun 25 Jan 2021 - 19:42
L'intérieur est mort
EXORDIUM.
Est-ce que j'étais un peu stressé à l'idée de rentrer au camp ? Franchement ça allait, j'avais même préparé une petite explication si besoin, parce que je ne m'étais pas tourné les pouces pendant tout ce temps, loin de là ! J'avais compris un certain nombre de choses désormais, sur Seattle, sur nos objectifs ici bas et sur la raison des derniers évènements. L'apocalypse, les zombies, la violence, la pourriture et la mort, tout cela faisait parti d'un organisme beaucoup plus grand et complexe : le mien, agencé dans une circulation digestive, un appareil de destruction et de création perpétuelle qui renforçait au jour le jour un certain nombre d'êtres vivants assez ouverts sur le monde... Tout s'expliquait, et mes talents également, et certainement ceux de Kaz ! Il fallait que j'en parle avec lui.
Quand la porte s'ouvre, je lui souris, lui tend les graines, j'espère que ça lui plaira parce que j'ai de grands projets, et aussi je n'ai pas trop envie de ressortir tout de suite. Les longues excursions m'épuisent encore, mauvais sommeil, mauvaise nourriture, fuite sans cesse, je suis comme assommé par ma digestion, comme on erre hagard et sans force après un repas perpétuellement trop copieux. J'ai faim souvent mais mon être lui est nourri en permanence de tout ce qui m'entoure !
Kaz a un drôle de regard, mon sourire s'affaisse un peu l'espace d'une seconde. Il y a des gens que je comprends très facilement, parce que ce sont des coquilles, leur âme est externe comme un exosquelette, leurs veines comme leurs émotions sont apparentes. Kaz, eh, c'est plus compliqué, il laisse tout paraitre, mais c'est souvent complexe, enfin pour moi ça l'est, ça doit expliquer la raison pour laquelle je lui ai ramené mon cadeau, dans le doute, je pense que tout le monde est toujours content d'en recevoir.
Finalement il sourit, je suis le mouvement, j'ai rien compris à ce qui vient de se passer.
Kaz me tire par la manche sans rien dire alors j'entre un peu précipitamment à l'intérieur. Kaz aime bien faire ce genre de truc et voila qu'il passe ses bras autour de mes épaules. Ah. Je me raidis un peu, mais pas longtemps, déjà parce que c'est Kaz alors ça va, ce n'est pas quelqu'un que je ne connais pas, et puis ces derniers temps j'ai petit à petit commencé à me resocialiser, avec le reste du groupe, alors les contacts physiques sont moins étranges, je commence à reprendre le contrôle sur ça.
- Ok je sais que t'es pas fan de ce genre de truc, mais putain je suis beaucoup trop content de te voir alors si tu veux m'en coller une vas-y. Je m'en fou.
- Non, ça va. Je dis en secouant la tête. De toute façon j'ai pas mon couteau.
Ça fait longtemps que j'ai compris qu'à coups de poings, j'étais un peu nul, et ça prend du temps, alors qu'une lame dans les côtes ça fait tout de suite bien plus facilement l'affaire, alors pourquoi s'embêter ? Mais là, j'ai laissé ma lame sur le vélo et je n'ai pas du tout envie de poignarder Kaz, c'est comme ça, ça m'embêterait franchement, même si je suis certain qu'il y survivrai.
Je m'agite un peu entre ses bras et le laisse récupérer les graines. C'est bizarre comme position pour discuter, non ?
- C'est quoi comme graines ? On va devoir les planter pour savoir ce que c'est ? Ce serait encore mieux ça. Des graines surprises ! T'as eu une idée de génie. Merci !
- Heu, attends...
Trop de questions, mais au moins Kaz a l'air joyeux, alors je ça va, je peux prendre mon temps pour trier les informations, une par une.
- Ce n'est pas pour les planter... enfin ! Pas dans la terre. Je souris aussi, enfin, j'imagine qu'il sourit mais je n'entends que le ton de sa voix alors impossible d'être sûr. C'est une métaphore Kaz, c'est pédagogique, tu vois ? Parce que je me rends compte que la communication rouille comme tout le reste, tu vois, si tu laisses trop fermenter tes idées en toi, hm, ça peut faire du fromage ou bien de la rouille, le vin, la pourriture, tout ça fermente mais tout n'est pas comestible, enfin, ça dépend de la manière dont on les traite bien sûr...
J'ai l'impression de m'être encore perdu, tiens.
- Je pense qu'il est temps de faire preuve de plus de pédagogie, voila.
J'agite ma tête de droit à gauche, dans un mouvement de balancier : remuer les idées pour faire le tri entre les questions et ne pas en oublier. Finalement il me lâche, à nouveau il a l'air contrarié, une vraie girouette ce type, je ne sais jamais sur quel pieds danser.
- T'étais où Ches ? Je ne sais pas tu pouvais pas m'envoyer un signe ? Un pigeon voyageur? J'étais hyper inquiet.
- Heu... je ne peux pas mourir, je t'ai dit. Pourquoi il s'en fait comme ça ? Moi je crois en lui, je suis certain qu'il ne mourra pas non plus. Son manque de confiance en moi me vexe un peu. J'ai souvent pensé à toi tu sais. Je pensais qu'il y aurait des signes ?
Quand la porte s'ouvre, je lui souris, lui tend les graines, j'espère que ça lui plaira parce que j'ai de grands projets, et aussi je n'ai pas trop envie de ressortir tout de suite. Les longues excursions m'épuisent encore, mauvais sommeil, mauvaise nourriture, fuite sans cesse, je suis comme assommé par ma digestion, comme on erre hagard et sans force après un repas perpétuellement trop copieux. J'ai faim souvent mais mon être lui est nourri en permanence de tout ce qui m'entoure !
Kaz a un drôle de regard, mon sourire s'affaisse un peu l'espace d'une seconde. Il y a des gens que je comprends très facilement, parce que ce sont des coquilles, leur âme est externe comme un exosquelette, leurs veines comme leurs émotions sont apparentes. Kaz, eh, c'est plus compliqué, il laisse tout paraitre, mais c'est souvent complexe, enfin pour moi ça l'est, ça doit expliquer la raison pour laquelle je lui ai ramené mon cadeau, dans le doute, je pense que tout le monde est toujours content d'en recevoir.
Finalement il sourit, je suis le mouvement, j'ai rien compris à ce qui vient de se passer.
Kaz me tire par la manche sans rien dire alors j'entre un peu précipitamment à l'intérieur. Kaz aime bien faire ce genre de truc et voila qu'il passe ses bras autour de mes épaules. Ah. Je me raidis un peu, mais pas longtemps, déjà parce que c'est Kaz alors ça va, ce n'est pas quelqu'un que je ne connais pas, et puis ces derniers temps j'ai petit à petit commencé à me resocialiser, avec le reste du groupe, alors les contacts physiques sont moins étranges, je commence à reprendre le contrôle sur ça.
- Ok je sais que t'es pas fan de ce genre de truc, mais putain je suis beaucoup trop content de te voir alors si tu veux m'en coller une vas-y. Je m'en fou.
- Non, ça va. Je dis en secouant la tête. De toute façon j'ai pas mon couteau.
Ça fait longtemps que j'ai compris qu'à coups de poings, j'étais un peu nul, et ça prend du temps, alors qu'une lame dans les côtes ça fait tout de suite bien plus facilement l'affaire, alors pourquoi s'embêter ? Mais là, j'ai laissé ma lame sur le vélo et je n'ai pas du tout envie de poignarder Kaz, c'est comme ça, ça m'embêterait franchement, même si je suis certain qu'il y survivrai.
Je m'agite un peu entre ses bras et le laisse récupérer les graines. C'est bizarre comme position pour discuter, non ?
- C'est quoi comme graines ? On va devoir les planter pour savoir ce que c'est ? Ce serait encore mieux ça. Des graines surprises ! T'as eu une idée de génie. Merci !
- Heu, attends...
Trop de questions, mais au moins Kaz a l'air joyeux, alors je ça va, je peux prendre mon temps pour trier les informations, une par une.
- Ce n'est pas pour les planter... enfin ! Pas dans la terre. Je souris aussi, enfin, j'imagine qu'il sourit mais je n'entends que le ton de sa voix alors impossible d'être sûr. C'est une métaphore Kaz, c'est pédagogique, tu vois ? Parce que je me rends compte que la communication rouille comme tout le reste, tu vois, si tu laisses trop fermenter tes idées en toi, hm, ça peut faire du fromage ou bien de la rouille, le vin, la pourriture, tout ça fermente mais tout n'est pas comestible, enfin, ça dépend de la manière dont on les traite bien sûr...
J'ai l'impression de m'être encore perdu, tiens.
- Je pense qu'il est temps de faire preuve de plus de pédagogie, voila.
J'agite ma tête de droit à gauche, dans un mouvement de balancier : remuer les idées pour faire le tri entre les questions et ne pas en oublier. Finalement il me lâche, à nouveau il a l'air contrarié, une vraie girouette ce type, je ne sais jamais sur quel pieds danser.
- T'étais où Ches ? Je ne sais pas tu pouvais pas m'envoyer un signe ? Un pigeon voyageur? J'étais hyper inquiet.
- Heu... je ne peux pas mourir, je t'ai dit. Pourquoi il s'en fait comme ça ? Moi je crois en lui, je suis certain qu'il ne mourra pas non plus. Son manque de confiance en moi me vexe un peu. J'ai souvent pensé à toi tu sais. Je pensais qu'il y aurait des signes ?
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Re: Germination et pourriture
Jeu 28 Jan 2021 - 23:46
Don't Forget To Open Your Eyes --Don't forget to open your eyes, there's a lot to see. If you keep em' closed you're missing out on what life really means. Empty out my pockets and you'll know just what I'm worth. I'm a person that feels everything, recovering from hurt.
Non, ça va. De toute façon j'ai pas mon couteau.
J'éclate de rire. Genre une claque non ça va, mais si il avait son couteau j'aurais pris cher ? Ça me fait marrer et mon éclat de rire me semble pur et naturel. Il n'y a aucun jeu, aucun faux semblants. C'est un de ces éclats de rire que seul Chester provoque et putain ça me fait plus de bien que je ne pouvais même le concevoir. Peut-être que je m'attache trop vite et trop fort aux personnes qui gravitent autour de moi, mais je sais une chose ; je n'ai plus envie qu'il parte comme ça, si longtemps. Il s'agite un peu entre mes bras et ouais prête qu'on a vu plus pratique pour tenir une conversation. Probablement même. Pourtant, moi ça me conviens assez bien comme ça. Comme quand on se pose sur le lit la tête à l'envers et tout paraît pareil, mais différent à la fois. Comme lui. Si ça se trouve il a vécu une grande aventure ! Ou les pneus de son vélo ont crevé trop loin et il a mis trop longtemps à faire le chemin inverse à pied. Je finis par lui rendre sa liberté, parce qu'il ne faut pas abuser non plus et allons savoir ce qu'il se passerait s'il venait à loucher sur un des couteaux dans ma cuisine.
Heu, attends... Ce n'est pas pour les planter... enfin ! Pas dans la terre. C'est une métaphore Kaz, c'est pédagogique, tu vois ? Parce que je me rends compte que la communication rouille comme tout le reste, tu vois, si tu laisses trop fermenter tes idées en toi, hm, ça peut faire du fromage ou bien de la rouille, le vin, la pourriture, tout ça fermente mais tout n'est pas comestible, enfin, ça dépend de la manière dont on les traite bien sûr...
Je hoche la tête même si je ne comprends pas trop où il veut en venir. Ce ne me frustre pas le moins du monde parce que je sais que je finirais par comprendre. Mais si on ne les plantes pas dans la terre, on les plantes où au juste? Il y a probablement bien de possibilités que ce que j'envisage pas à l'instant. Fromage et vin c'est approuvé, par contre la rouille et la pourriture c'est tout de suite moins vendeur comme concept. Je fronce les sourcils tout en continuant d'acquiescer. Je n'ai pas besoin de savoir où il va pour avoir envie d'y aller avec lui.
Je pense qu'il est temps de faire preuve de plus de pédagogie, voila
Ah oui toujours. C'est le meilleur moyen de se faire comprendre non ? Enfin je suis un peu perdu, mais je ne m'en formalise pas. Je le regarde balancer la tête et je souris en le regardant avant d'affiche un air plus sérieux. Je ne parviens pas à me retenir de lui exprimer mes inquiétudes.
Heu... je ne peux pas mourir, je t'ai dit. J'ai souvent pensé à toi tu sais. Je pensais qu'il y aurait des signes ?
Je grimace. Ce qu'il dit me bouscule pas mal, parce que j'ai peur de croire que c'est vrai qu'il ne peut pas mourir. Je serais beaucoup trop déçu si ce n'était pas la vérité. Puis c'est même pas vraiment ça que j'insinue en fait.
Bah oui, je sais que tu peux pas mourir. C'est pas pour autant qu'il ne pouvait pas t'arriver autre chose. Je ne sais pas t'aurais pu te faire chopper par les enfileuses de concombres en série dont l'autre grand gars brun nous parlait l'autre fois !
Je hausse les épaules. Ce n'est qu'une possibilité parmi tant d'autres. Ce qui me touche pourtant c'est qu'il dit avoir pensé à moi et je m'en veux subitement terriblement de peut-être les avoir ratés ces signes qu'il m'a envoyés. Je me mords l'intérieur de la joue avant de lui répondre.
Ouais, je pense que au fond de moi je les sentais. Je n'ai peut-être pas assez écouter pour que ce soit évident, flagrant...Faudrait qu'on puisse convenir d'une fréquence imaginaire sur laquelle se retrouver dans ce genre de cas. Enfin ça ne presse pas...j'espère bien que tu restes au moins un peu...
Je m'agite brusquement et je me précipite vers la petite cuisine ouverte. J'ouvre un placard et manque d'en reverser la moitié du contenu dans ma précipitation. Je remplis un grand verre d'eau pour Chester et je le pose sur la table.
Faut rester bien hydraté.
Je retourne vers la cuisine et je m'empare d'un morceau de pain que je découpe. Bon ok il est plus au top ce pain, mais ça se mange encore. Je sors une boite dans laquelle il y a des restes d'un lapin que j'ai chopé récemment, je pose ça aussi sur la table avant de me laisser tomber sur une chaise et de faire un signe de tête à Chester pour qu'il s'installe et se serve. Je prends un morceau de lapin du bout des doigts et entame de manger. Je prends la parole la bouche pleine.
Alors ? C'est quoi cette histoire de graine ? Tu veux en faire quoi au juste ?
Je m'attends à tout ou presque. S'il me dit qu'on doit les manger je ne serai pas surpris par contre si il envisage qu'on les fasse bouffer à des rôdeurs ça risque de s'avérer plus compliqué. Je continue à manger en ne le quittant pas des yeux, impatient de savoir de quoi il en retourne.
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Re: Germination et pourriture
Ven 29 Jan 2021 - 21:00
L'intérieur est mort
EXORDIUM.
- Bah oui, je sais que tu peux pas mourir. C'est pas pour autant qu'il ne pouvait pas t'arriver autre chose. Je ne sais pas t'aurais pu te faire chopper par les enfileuses de concombres en série dont l'autre grand gars brun nous parlait l'autre fois !
Je hausse un sourcil et les épaules par la même occasion. Kaz n'a pas totalement tort sur ce coup là, enfin, j'imagine. J'ai une vague conscience de ce qui a pu se passer autrefois, dans les premiers temps de la catastrophe : sans souvenirs clairs, juste un malaise sourd et le sentiment terrible de quelque chose qui pourrait remonter un jour et que je dois garder tapis au fond de mon crâne sans quoi il me dévorerait et le monde avec. Il faut vivre avec l'apocalypse au fond du cœur, prêt à ressurgir à chaque instant, ce n'est pas pour rien que la merde et la pourriture sont dans nos intestins : ce qui est sale et chaotique se cache toujours, mais c'est aussi fertile. Maintenant heureusement, je sais mieux me débrouiller, je suis plus attentif au monde alors il me guide presque toujours dans la bonne direction...
- Ouais, je pense que au fond de moi je les sentais. Je n'ai peut-être pas assez écouter pour que ce soit évident, flagrant...Faudrait qu'on puisse convenir d'une fréquence imaginaire sur laquelle se retrouver dans ce genre de cas. Enfin ça ne presse pas...j'espère bien que tu restes au moins un peu...
L'allusion à notre rencontre de la dernière fois me fait sourire, c'est vrai que c'était un drôle de type, finalement on n'a jamais su s'il mentait ou non, à propos de ses agresseuses. Je me demande s'il est mort aujourd'hui ? Peut-être, il avait l'air un peu fou.
- T'inquiète pas, là je t'aurai envoyé un message si c'était le cas, t'avais l'air intéressé. Je dis.
Je ne sais pas trop pourquoi, je me sens plus à l'aise en ce moment. Comme si j'avais réglé certaines choses, et du coup j'ai l'ironie plus facile. Je crois que le camp a aidé, et Kaz aussi, mine de rien, à me stabiliser un peu. Je suis moins feuille morte, j'ai des objectifs maintenant, le destin me souffle à l'oreille, oui, mais je comprends de mieux en mieux ce qu'il attend de moi. Comme j'ai sauvé Kaz de la pluie la dernière fois, je dois essayer de continuer, ne pas abandonner les gens à leurs vacuités, mais ça demande de la concentration, je ne peux pas me permettre d'improviser. En plus je suis assez mauvais pour ça. Je passe ma main sur mon crâne, l'endroit où Thea m'a assommé la dernière fois, pendant la distribution de médicament. Combien ont crevé chimiquement à cause de ça, empoisonnés par le monde d'avant, introduction d'éléments stériles comme une vague qui ravage l'intérieur, purifie et aseptise la faune gigantesque, l’intellect microbien qui copule et guerroie à l'intérieur de notre tube digestif ? Quel enfer...
Je vais pour lui répondre mais soudain il s'en va chercher... quoi ? De l'eau. Et manque d'en renverser la moitié. Je rigole, quel maladroit !
- Ah ! Oui ! Il ne reste presque plus d'eau en surface maintenant, même les caniveaux sont vides, la ville a tout englouti jusqu'à la prochaine dégueulerie, comme la dernière fois !
Alors qu'il s'en retourne fouiller de nouveau dans ses placards, j'attrape le verre et l'engloutit d'une traite. On n'a jamais assez bu, enfin, sauf quand on a vraiment envie de pisser, le reste du temps il faut considérer que le corps se dessèche, préserver la faune intérieur nécessite de régulièrement arroser tout ça. Je prends une chaise, songeur, avant de reprendre la parole.
- Tu sais, je parle souvent à la radio. C'est bizarre que je ne l'ai jamais dit à Kaz, ou à personne en fait. Je pense que si les gens tombent sur ma fréquence par hasard, alors c'est qu'on devait se parler, c'est comme ça. Souvent les gens ont plus de choses à dire qu'ils ne le pensent mais comme ils n'ont pas d'auditoire, ils n'osent pas, c'est idiot, il y a une infinité de bestioles qui écoutent en permanence, tu sais, sur la peau, à l'intérieur et même des plus grosses, la ville grouille Kaz, je le vois partout c'est très étonnant ! C'est sa faune à elle, tu vois, nous notre faune est intérieure, invisible enfin le plus souvent, elle elle a d'autres créatures, à l'échelle de la ville, un rat c'est sans doute invisible, comme à nous, ce qu'on a dans le ventre, si Seattle se redressait pour regarder. Je ris un instant à cette idée. Enfin, j'imagine qu'on tomberait tous ! Mais si elle se redressait, elle ne nous verrait presque pas, on est si petit, mais pourtant c'est pareil...
J'ai parlé assez longtemps pour qu'il y ait du lapin sur la table. Cool !
- Cool ! Du lapin !
Je disais quoi déjà ? Ah oui les graines !
- Je peux te donner la fréquence si tu veux, mais je pense que c'est mieux de tomber dessus par hasard. Si tu ne la trouves pas, alors on n'a pas besoin de se parler ce soir, c'est tout, et c'est rassurant et si tu tombes dessus, alors je saurai qu'il y a quelque chose d'important à dire.
Je désigne le sachet de graine.
- Il faut les donner à manger aux gens, et à nous. Dans le ventre elles se dissolvent et se chargent de toute la société qu'il y a à l'intérieur. Ensuite quand tu chies, hm, ça repousse, mais c'est différent.
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Re: Germination et pourriture
Sam 6 Fév 2021 - 2:46
Don't Forget To Open Your Eyes --Don't forget to open your eyes, there's a lot to see. If you keep em' closed you're missing out on what life really means. Empty out my pockets and you'll know just what I'm worth. I'm a person that feels everything, recovering from hurt.
Est-ce qu'il y aurait tout de même un petit quelque chose qui aurait changé chez lui ? Certainement ! On change un peu tous les jours alors il est parti assez longtemps pour ne plus être tout à fait le même. C'est lui pourtant, y a pas de doute. Je m'égare dans mes pensées en le regardant du coin de l'œil. Je me sens soulagé qu'il soit revenu, qu'il soit là. Tout ce temps, il m'a manqué quelque chose et je pourrais presque jurer que ça ressemble à un ajustement, à un focus qui se fait, rien que de le voir évoluer dans mon univers. Je hoche la tête en retenant un sourire satisfait.
T'inquiète pas, là je t'aurai envoyé un message si c'était le cas, t'avais l'air intéressé.
J'éclate de rire. Chaque fois que je repense à cette rencontre, j'ai le sourire aux lèvres. Je l'ai revu à la fête de Noël, Isha, mais sans Chester ce n'était pas pareil. Je suis rassuré aussi de savoir qu'en cas de problèmes, il m'aurait envoyé un message. Je ne m'arrête pas un seul instant sur le fait qu'il aurait pu en être empêché. Non, parce qu'au fond de moi, je suis désormais persuadé que si on le veut, lui et moi on peut très bien communiqué sur un autre plan que celui qui paraît conventionnel au commun des mortels. S'il devait repartir, maintenant qu'on s'est mis d'accord, je serais beaucoup moins inquiet. Je lui rapporte un verre d'eau et lorsqu'il rit à ma maladresse, mon rire lui répond en échos.
Ah ! Oui ! Il ne reste presque plus d'eau en surface maintenant, même les caniveaux sont vides, la ville a tout englouti jusqu'à la prochaine dégueulerie, comme la dernière fois !
Ouais ce sera ça ou autre chose. Ça fait plusieurs jours que le ciel semble annonciateur de neige. Il est blanc, lourd et bas. Je ne serais pas étonné que bientôt le paysage soit recouvert de blanc. Un frisson d'excitation me parcoure le dos à cette idée. Pendant que je fouille dans la cuisine, j'écoute tout de même avec attention ses paroles. Mon regard qui se pose sur lui par intermittence alors qu'une foule d'expressions me passent sur les traits au fil de ses explications. De la radio, c'est beaucoup trop cool et comme bien souvent, je suis tout à fait d'accord avec ce qu'il raconte sur les gens et leur manque d'auditoire. Lorsqu'il parle des bestioles qui nous écoutent, j'affiche une brève grimace de dégoût parce que je ne peux m'empêcher de penser à tous ses micro organismes. Puis les poux, les acariens puis le reste aussi à l'intérieur...Je ne ressent pas le besoin de savoir comment je fonctionne, comment l'être humain fonctionne, je suis bien trop occupé à me laisse vivre. Par contre, la métaphore qu'il fait sur le monde, sur la ville ça je la saisis totalement et je ris pile au même moment que lui. Je pose le lapin sur la table en constatant une fois encore qu'il frôle le génie. Certain que tout le monde ne va pas comprendre ce qu'il raconte, mais moi je ne m'encombre pas du superflu, je percute sur le fond du message. Je m'empresse de lui répondre parce que je sais que le sujet risque de partir aussi vite qu'il est venu.
Oui tout petit, ça grouille et c'est invisible...mais participant tout de même à un tout au sens globale.
Je mange avec avidité en réalisant que je pense avoir sauté les trois derniers repas. Ça m'arrive souvent, quand je me focalise sur un truc. Je pourrais parfois presque oublier de respirer, alors manger n'en parlons même pas.
Je peux te donner la fréquence si tu veux, mais je pense que c'est mieux de tomber dessus par hasard. Si tu ne la trouves pas, alors on n'a pas besoin de se parler ce soir, c'est tout, et c'est rassurant et si tu tombes dessus, alors je saurai qu'il y a quelque chose d'important à dire.
Je secoue la tête avec un peu trop de vigueur tout en m'empressant d'avaler ce que j'ai en bouche pour lui répondre. Je lève une main devant moi et l'agite dans les airs.
Ah non tu me la donnes pas. Surtout pas! Oh, je serais vraiment un medium pourris si je ne pouvais pas la trouver moi-même. On s'en remet au destin, on n'est pas fou. Si besoin on se trouvera, c'est une évidence.
Je hausse les épaules en lui adressant un regard confiant et satisfait. Maintenant que je sais que c'est sur les ondes radio que j'aurais le plus facile à le trouver, ça me réduit pas mal le champ des possibilités et au final ça me paraît subitement facile. Plus facile encore que de communiquer par la pensée, même si je suis toujours convaincu que malgré mes craintes on en serait largement capables. Il en revient finalement aux graines et je pose les yeux sur le sachet.
Il faut les donner à manger aux gens, et à nous. Dans le ventre elles se dissolvent et se chargent de toute la société qu'il y a à l'intérieur. Ensuite quand tu chies, hm, ça repousse, mais c'est différent.
Aux gens ! C'est mieux qu'aux rôdeurs, ça c'est certain. Cette fois encore je ne remets pas du tout son jugement en cause, je crois que je n'ai pas du tout conscience qu'à le suivre aveuglément comme je le fais, je pourrais me retrouver dans une situation complexe. Non, moi j'ai envie de l'encourager, envie qu'il s'épanouisse, alors si pour ça je dois bouffer des graines, je n'y vois pas le moindre problème. Je pose mon coude sur la table et me penche en avant.
Tsais tu m'aurais dit ça quand j'té gamin, j'aurais eu peu d'avoir un arbre qui pousse à l'intérieur et finisse par me sortir de tous les orifices.
J'éclate de rire et mime avec de grands gestes des branches imaginaires qui me sortiraient des oreilles avant de me pencher à nouveau sur la table. Je m'empare du sachet de graines et l'ouvre délicatement pour en prendre quelques-unes que je saupoudre tel un condiment sur le lapin. Je repose le sachet et redresse la tête vers lui.
Ça peut le faire comme ça tu crois ?
Avant même de le laisser répondre, je m'empare d'un morceau de lapin couvert de trois petites graines et le tends devant moi comme pour trinquer. Je lui adresse un signe de menton pour l'inviter à en faire de même alors que je reste figé dans mon geste en l'attendant. Je m'empresse d'ajouter.
Tu penses qu'il faut les donner à quel gens ? Ceux du groupe ? Pas certain qu'on parvienne à faire bouffer des graines à Milow. On peut peut-être convaincre Ava qui sait et si j'insiste beaucoup peut-être qu'Alan acceptera.
Je hausse les épaules.
Sinon si tu ne penses pas au groupe, peut-être que je connais un mec qui pourrait être dans ce délire-là.
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Re: Germination et pourriture
Ven 12 Fév 2021 - 18:06
L'intérieur est mort
EXORDIUM.
Alors que j'essaye d'être le plus attentif possible aux signes que m'envoie le monde pour me guider, un repas chaud avec un ami est à mon avis un très bon signe du destin. Si j'éprouve du contentement, alors c'est certainement que j'ai raison de me trouver là où je suis, sinon, il existe tout une gamme d'émotions très divers pour me dire de partir. Peur, colère, malaise, douleur... avec Kaz je ne ressens rien de tout ça, donc j'ai bien fait de rentrer. Tant mieux, je commençais à en avoir un peu marre de vagabonder tout le temps, et le jour où il faudra repartir, j'imagine que le monde me le fera savoir, tout simplement.
- Oui tout petit, ça grouille et c'est invisible...mais participant tout de même à un tout au sens globale.
Je hocha la tête en avalant une bouchée de lapin avant de tendre ma paume vers lui pour lui donner raison.
- Oui ! C'est ça ! Macro et micro se confondent mais fonctionnent ensemble, si on n'arrive pas à les prendre en compte c'est parce qu'on est bloqué sur une vision des choses d'échelle, tu vois ?
Je suis content qu'on soit d'accord. Pour moi, cette histoire de fréquence radio, c'est pareil : il y a des plans gigantesques qui demandent à avoir des rouages bien huilés et en tant que rouage je peux m'attendre à ce que tout aille bien comme il faut au moment où il faut. Si un jour je dois m'engrenager avec Kaz, alors on arrivera à se contacter, j'en suis certain, et si ça ne fonctionne pas c'est que le temps n'est pas encor arrivé pour ça. Je lui propose quand même de lui passer la fréquence, par politesse, mais heureusement il refuse. Je suis content qu'on soit d'accord, et puis ça m'évite de devoir mentir parce que je ne lui aurait rien donné de toute façon.
On revient sur mon histoire de graine, j'ai bien mangé, le corps content la tête peut fonctionner à plein régime si j'ose l'expression. J'ai un plan. Enfin, pas moi, mais je l'ai interprété, je sais ce qu'il faut faire maintenant.
- Tsais tu m'aurais dit ça quand j'té gamin, j'aurais eu peu d'avoir un arbre qui pousse à l'intérieur et finisse par me sortir de tous les orifices.
Je souris.
- Peut-être que c'est le cas mais qu'il est minuscule ? Peut-être que c'est une forêt entière et que quand tu as le ventre qui gargouille ce sont des petites bêtes qui rugissent parce qu'elles ont faim ? Peut-être ? On pourra pas savoir sans ouvrir.
Je rigole.
- T'inquiète on va pas faire ça. Peut-être quand il sera mort, pour vérifier.
Je regard Kaz saupoudrer son lapin avec mes graines. Finalement on a presque cuisiné à deux en fait, lui s'occupe de la nourriture et moi de l’assaisonnement. Cette idée m'amuse, je regarde son geste, sa main. C'est étonnement une main, ça se dessine difficilement parce que c'est étonnant : ça bouge dans tous les sens, comme si chaque doigt avait sa vie propre. Les mains de Kaz sont particulièrement agiles, je crois que c'est par rapport à ce qu'il faisait avant, je pense que je pourrai regarder ça tout le temps.
- Hm ?
Je me suis un peu perdu dans mes pensées et je vois que Kaz soulève maintenant un morceau de lapin avec sa fourchette. J'ai un peu du mal à recâbler la conversation tout d'un coup mais comme il me fait signe du menton j'imagine que je dois faire quelque chose ? Alors je me penche au dessus de la table et attrape le morceau de lapin avec ma bouche avant de l'avaler, et les graines avec.
Je lève les pouces vers le haut.
- Cooool !
Je désigne le lapin.
- A toi. Je dis.
Il faut que je lève aussi un morceau de lapin du coup ? C'est quand même une drôle de manière de manger. En tout cas je hoche la tête en rebondissant sur sa dernière question.
- Il faut en donner au plus de monde possible, Kaz. C'est pédagogique : de la digestion vient la floraison, nos intestins sont des terreaux fertiles, comme la ville, et les zombies, il n'y a rien de mal dans ces processus Kaz, ils sont complètement naturels et souhaitables et germent de nouveau derrière. Notre société aussi va germer encore, c'est évident, mais seulement si on digère, aller contre le processus de digestion et alors c'est la fin du monde... pour nous en tout cas.
Formuler ainsi les choses me fait réaliser l’ampleur de la tâche qui nous attend. Je relâche mes épaules, un peu abattu.
- Pff... on n'est pas rendu.
- Oui tout petit, ça grouille et c'est invisible...mais participant tout de même à un tout au sens globale.
Je hocha la tête en avalant une bouchée de lapin avant de tendre ma paume vers lui pour lui donner raison.
- Oui ! C'est ça ! Macro et micro se confondent mais fonctionnent ensemble, si on n'arrive pas à les prendre en compte c'est parce qu'on est bloqué sur une vision des choses d'échelle, tu vois ?
Je suis content qu'on soit d'accord. Pour moi, cette histoire de fréquence radio, c'est pareil : il y a des plans gigantesques qui demandent à avoir des rouages bien huilés et en tant que rouage je peux m'attendre à ce que tout aille bien comme il faut au moment où il faut. Si un jour je dois m'engrenager avec Kaz, alors on arrivera à se contacter, j'en suis certain, et si ça ne fonctionne pas c'est que le temps n'est pas encor arrivé pour ça. Je lui propose quand même de lui passer la fréquence, par politesse, mais heureusement il refuse. Je suis content qu'on soit d'accord, et puis ça m'évite de devoir mentir parce que je ne lui aurait rien donné de toute façon.
On revient sur mon histoire de graine, j'ai bien mangé, le corps content la tête peut fonctionner à plein régime si j'ose l'expression. J'ai un plan. Enfin, pas moi, mais je l'ai interprété, je sais ce qu'il faut faire maintenant.
- Tsais tu m'aurais dit ça quand j'té gamin, j'aurais eu peu d'avoir un arbre qui pousse à l'intérieur et finisse par me sortir de tous les orifices.
Je souris.
- Peut-être que c'est le cas mais qu'il est minuscule ? Peut-être que c'est une forêt entière et que quand tu as le ventre qui gargouille ce sont des petites bêtes qui rugissent parce qu'elles ont faim ? Peut-être ? On pourra pas savoir sans ouvrir.
Je rigole.
- T'inquiète on va pas faire ça. Peut-être quand il sera mort, pour vérifier.
Je regard Kaz saupoudrer son lapin avec mes graines. Finalement on a presque cuisiné à deux en fait, lui s'occupe de la nourriture et moi de l’assaisonnement. Cette idée m'amuse, je regarde son geste, sa main. C'est étonnement une main, ça se dessine difficilement parce que c'est étonnant : ça bouge dans tous les sens, comme si chaque doigt avait sa vie propre. Les mains de Kaz sont particulièrement agiles, je crois que c'est par rapport à ce qu'il faisait avant, je pense que je pourrai regarder ça tout le temps.
- Hm ?
Je me suis un peu perdu dans mes pensées et je vois que Kaz soulève maintenant un morceau de lapin avec sa fourchette. J'ai un peu du mal à recâbler la conversation tout d'un coup mais comme il me fait signe du menton j'imagine que je dois faire quelque chose ? Alors je me penche au dessus de la table et attrape le morceau de lapin avec ma bouche avant de l'avaler, et les graines avec.
Je lève les pouces vers le haut.
- Cooool !
Je désigne le lapin.
- A toi. Je dis.
Il faut que je lève aussi un morceau de lapin du coup ? C'est quand même une drôle de manière de manger. En tout cas je hoche la tête en rebondissant sur sa dernière question.
- Il faut en donner au plus de monde possible, Kaz. C'est pédagogique : de la digestion vient la floraison, nos intestins sont des terreaux fertiles, comme la ville, et les zombies, il n'y a rien de mal dans ces processus Kaz, ils sont complètement naturels et souhaitables et germent de nouveau derrière. Notre société aussi va germer encore, c'est évident, mais seulement si on digère, aller contre le processus de digestion et alors c'est la fin du monde... pour nous en tout cas.
Formuler ainsi les choses me fait réaliser l’ampleur de la tâche qui nous attend. Je relâche mes épaules, un peu abattu.
- Pff... on n'est pas rendu.
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