À cet instant, lorsqu'il finit par me prendre contre lui, contre sa poitrine où je pouvais agréablement écouter les battements de son cœur, je ne voulais me trouver nul part. Tout mes soucis sont balayés en un instant d'un revers de la main, comme il sait si bien le faire depuis de nombreuses semaines maintenant. Et comme toujours dans cette position il commence à dodeliner de gauche à droite, d'avant en arrière, me bercer pour me rassurer. Tout les couples ont une habitude bien précise, et celle-ci c'est devenue la notre. Je n'ai d'ailleurs plus envie de bouger et je serais même prête à apprendre à dormir debout, dans cette position ! Mais toutes les bonnes choses ont une fin et après un rapide baiser dans le creux de son cou, sans bouger mes bras, je recule doucement ma tête pour me plonger dans son tendre regard. La voix faible d'émotions, je reprends la parole. Sache tu es mon bonheur aussi, même si j'ai parfois du mal..à m'exprimer. Ma douce main revient caresser le coin de sa mâchoire, le bout de mes doigts vagabonds sur sa joue. J'attends un bref instant avant de revenir glisser mes lèvres sur les siennes, avec hésitation mais amour, comme si j'avais peur qu'il ne s'envole. Mais il était bien là et je ne compte pas le laisser filer.

Je recule davantage alors que l'adrénaline du bonheur s'estompe peu à peu. D'un geste rapide j'essuie les dernières larmes qui s'invitent sur la peau abîmée de mon visage, que je tente de cacher derrière quelques mèches de cheveux, l'air de rien. Un ravalement de gorge et je reprends. Et si.. Je désigne notre table d'un geste hésitant de la main en quittant ses yeux des miens. .. on profitait de ton magnifique repas pour en parler ? Je serais tellement gênée de ne rien goûter, surtout que mon grand canadien était un véritable cordon bleu ! Même si je risque de finir malade - et je le sais - mon estomac ne peut pas s'empêcher de crier famine. D'un geste tendre je viens prendre ses mains dans les miennes pour y déposer un baiser. Installe toi. Joignant le geste à la parole, je l'invite de nouveau à s'asseoir sur sa chaise.

Sans attendre j'ai moi aussi rejoins ma chaise en face de lui, évitant son regard malgré la joie du moment, soudain stressée par notre future discussion. Sûrement que dans son cas non, mais j'avais besoin d'éclaircir certains points pour qu'il ne se fasse pas d'idée à l'avenir, ou qu'il soit envahi par le doute. Ou peut être que je devrais me taire ? Après tout.. Il ne me semble pas avoir donnée les détails de ma récente détention.. Tu aimerais.. savoir quelque chose ? Assez vague, mais c'est un bon début. Je saisis mes couverts entre mes mains et respire un coup pour tenter de paraître détendue. Je veux dire.. Enfin je sais pas en fait pourquoi je te dis ça ! J'ai un rire nerveux mais j'essaye de faire bonne figure, l'air de rien, je me concentre sur le contenu de mon assiette. Je suis désolé.