L’ombre imposante du capitole tombait sur les marches délavées par la pluie et le temps. Il faisait moche, il faisait froid, comme souvent dans la région. Ici, Apple avait une vue dégagée sur tout ce qui pourrait arriver. Humain comme non-humain. Dans son dos, les portes de l’impressionnante bâtisse institutionnelle étaient verrouillées. De part et d’autre, des corps de policiers, dépouillés de leurs armes et de leurs protections. Ce qui laissait entendre qu’au début, les lieux avaient été protégés puis dépassés ; et qu’au fil des années, on avait volé les cadavres de tout ce qui était utile.

Le regard de la trentenaire s’attardait sur les crânes squelettiques couverts de mousse et de champignons. Une allégorie parfaite du destin de leur espèce misérable. L’Homme était voué à disparaître… l’Homme méritait de disparaître. Et si elle était honnête avec elle-même, la community manager savait qu’elle ne valait pas mieux que les autres. Qu’elle aussi, avait sa place parmi les condamnés. Mais pas maintenant, pas aujourd’hui…

Ses pensées allèrent à ses captives. Toujours attachées, sans rien à manger – sinon le contenu de l’assiette qu’elles avaient renversé –, sans possibilité d’aller soulager leur vessie non plus. Une seconde, Apple eut ce doute, une fois de plus, de se tromper. Et si Keira et Emily étaient vraiment innocente ? Si celle qu’elle pensait être Sarah était véritablement cette… « Clara » ?

Non. Non, non, non, non, … focus. Il fallait qu’elle reste concentrée. Qui que ce soit qui vienne à sa rencontre, elle ne devait pas paraître ni hésiter, ni flancher. Au pire, ce ne serait que deux victimes de plus dans ce monde pourri ; deux victimes qui l’auraient amplement mérité, de toute façon. L’attente se poursuivit alors. Elle avait déjà fini de ronger ses ongles, alors elle s’était attaqué à la peau de chacun de ses doigts blanchis par le froid. Elle pouvait encore tout arrêter, elle pouvait encore s’en aller sans honorer le rendez-vous… mais non. Pour la gamine, il fallait qu’elle aille au bout. Il fallait qu’elle sauve cette Sarah-là, à défaut d’avoir sauvé sa nièce.

Et quand enfin une silhouette apparut, elle était prête. Batte de baseball à portée de main, posée contre un mur du capitole. C’était une femme a priori. Bien. Elle avait l’air d’avoir respecté la consigne de la solitude mais… parfois, les apparences étaient trompeuses.

Il ne manquait plus que ça, pestait silencieusement la jeune femme. Ça ne suffisait pas d’avoir perdu l’autre idiot de Zack, que Tori et Eli aient été blessés en essayant de le retrouver, il fallait qu’un fou furieux ait kidnappé deux des leurs. Encore fallait-il espéré qu’il ait agi seul… Elena ne savait dire ce qui l’énervait le plus dans tout ça : l’erreur évidente et dommageable de ce ravisseur ou le fait qu’il ait pu les observer en amont sans qu’ils ne s’en aperçoivent. La grecque commençait à douter de leur capacité de survie sur la durée. Elle avait le sentiment d’avoir perdu en vigilance et elle constatait amèrement les conséquences. Le moindre faux pas pouvait entraînait une chute mortelle, elle ne le savait que trop bien pourtant. Bougonne, le regard foudroyant, elle s’était rendue seule jusqu’à Capitol Hill, non sans qu’une certaine appréhension ne lui torde l’estomac sur le chemin. A quel genre d’individu aurait-elle affaire ? La situation pouvait rapidement dégénérer, et ce qu’elle redoutait par-dessus tout c’était que les filles soient blessées, ou pire. Elena sentait que son cœur était sur le point de s’échapper de sa cage thoracique, martelant comme un dément à tout rompre. Elle n’avait jamais été confrontée à une situation pareille jusqu’à présent. La dernière fois qu’elle avait dû libérer une petite fille otage d’un psychopathe ? Elle et les siens avaient lâché les chiens des enfers sur leurs ennemis, ils avaient mis à feu et à sang Renton pour retrouver Hope. Aujourd’hui serait forcément différent, ils allaient devoir entamer des pourparlers, négocier pour la vie d’innocentes. Comme si une vie pouvait se marchander contre une autre. La brune sentait la révolte crépiter sous ses mèches sombres noués en queue de cheval.
 
Elle plissa le regard en apercevant au loin une silhouette adossée contre les portes du Capitol. A première vue, il s’agissait d’une femme. Une femme seule en apparence. Ses yeux filèrent à droite, puis à gauche, s’attardant sur chaque ombre, chaque obstacle pouvant dissimuler un éventuel complice. Elle se dirigeait possiblement dans un piège ficelé et préparé depuis des jours, mais avait-elle vraiment d’autre choix que celui-ci ? Elle s’était proposée pour venir au rendez-vous dans un premier temps parce qu’elle pensait être la plus apte à garder son sang-froid - après avoir résisté à l’envie de coller une balle entre les yeux de Zack, tout lui semblait possible - mais aussi parce que si quelqu’un devait se sacrifier, il était hors de question qu’elle laisse un autre le faire. Elena s’arrêta dans les marches, à distance raisonnable de l’inconnue.
 
« Elles vont bien ? » s’inquiéta aussitôt la jeune femme en détaillant largement celle qui la dépassait d’à peine quelques centimètres. Elle était d’une pâleur à rendre jaloux un mort, des prunelles d’onyx, un gabarit aussi frêle que le sien. Mains sur les hanches, elle projeta le regard sur la place déserte, gangrenée par la végétation qui reprenait ses droits, avant de se pincer doucement l’arrête du nez. D’abord les types déguisés en rôdeurs, maintenant ça… « Bon, va falloir que tu m’expliques précisément ce que tu veux, parce que j’ai eu ma dose d’emmerdes pour la journée. Je veux juste récupérer les filles. Tu veux quoi ? De la nourriture ? Armes ? » Elle l'observa non sans cacher son mépris. Ce genre d'individus lui inspirait une franche aversion. Elle n'était pas particulièrement enchantée de négocier avec elle, mais du matériel contre deux vies, ça semblait dérisoire, la grecque ferait les efforts nécessaires pour garantir la sécurité des filles. Après ça elle aurait le loisir de la traquer jusqu'au bout de l'Etat.

Les yeux ternes d’Apple dévisagèrent la femme pratiquement sans ciller. Celle-ci s’était arrêtée à une distance raisonnable, ce qui était logique désormais. Si elle n’en savait rien, la trentenaire partirait du principe qu’elle avait des alliés planqués dans la zone boisée, juste en contrebas du capitole, derrière le parking. Le première question tomba, annonçant la couleur : l’inquiétude primait. La ravisseuse n’exprima pourtant pas grand-chose, ni ne répondit. Il manquait quelque chose, l’autre ne le voyait pas ? Le vent froid joua dans ses cheveux sales, sombres, et son interlocutrice enchainait déjà en s’agaçant.

Oh, alors si elle avait eu sa dose d’emmerde… Apple sourit. Un sourire sans joie, insolent, énigmatique, qui signifiait globalement qu’elle n’en avait rien à foutre du ressenti de l’autre. Surtout pas maintenant qu’elle avait clairement affiché son mépris. Pas étonnant, au final, que ses captives soient représentées par une telle personne… les êtres humains avaient tendances à se réunir par affinités – même quand elles étaient odieuses.

- Moi, je veux récupérer la petite fille que vous avez enlevée, c’était clair sur mon message, du moins, jusqu’à preuve du contraire, elle savait toujours écrire anglais, et je la vois pas.

Ce qui était pourtant une part du deal. L’autre partie devait venir avec Sarah, sans quoi… Apple ne céderait rien. Et si elle ne la laissait pas repartir ? Et bien ses deux prisonnières risquaient de mourir de faim ou de soif avant que leurs camarades ne trouvent dans quelle cave elles étaient enfermées. La community manager fixait encore son homologue. Elle avait l’air dure, ou peut-être était-ce l’impression donnée par son visage anguleux. Une partie d’elle songea à accepter l’accord pour de la nourriture… mais elle se ressaisit aussitôt. Ce n’était pas pour ça qu’elle était là.

- Du coup… on a rien à se dire, trancha froidement Apple, qui faisait de son mieux pour tenir ce rôle qu’elle improvisait au fur et à mesure, je vais m’en aller. Demain, je reviens à la même heure, elle marqua un silence, puis reprit d’une voix doucereuse et froide, quel morceau du corps d’Emily je dois ramener pour faire comprendre que je suis pas en train de jouer ?

Bluff ou pas bluff ? L’autre ne le saurait pas. Pas plus qu’elle n’avait de quoi la convaincre pour l’instant. La trentenaire ne lâcherait rien, tant qu’elle n’aurait pas vu les boucles blondes qu’elle était venue chercher.

Le sourire de la brune ne passa pas inaperçu, loin de là. Il fit germer une pointe d’agacement derrière les orbes sombres de la grecque. Elle n’avait ni le temps, ni l’envie de jouer avec la survivante qui persistait à réclamer Clara, à croire que la petite était réellement la raison de tout ça. Elle eut un froncement de sourcils. « C’est là qu’on a un soucis. » fit-elle en désignant le problème imaginaire du doigt. « Clara n’a été enlevée à personne. Si c’est là ton seul motif pour avoir kidnappé deux des nôtres, il semble qu’il ne soit pas recevable. » Autrement dit, s’il y avait ici une criminelle ici, elle était face à elle. Parce que Elena croyait Jeff. Elle choisissait de miser sur lui, elle se fiait sans crainte à son intuition aguerrie qui créditait le récit de l’homme plutôt que cette femme. Jeff ne les avait jamais déçu, et la petite ? Elle n’avait pas l’air d’une enfant que l’on aurait arrachée à sa famille. Faith avait longuement parlé avec elle dans le cadre de consultations, la jeune femme ne pensait pas que la sexologue ait pu passer à côté d’un traumatisme aussi gros. « Tu comprends, j’en suis sûre, que je n’allais pas risquer la vie d’une petite fille de huit ans en la conduisant à l’aveugle à la ravisseuse de sa copine ? » Elle se pinça les lèvres, l’air de l’inciter à y réfléchir, même si ça n’exigeait pas franchement une profonde et longue méditation.
 
Elena soupira profondément, comme pour se défaire de tout ce qui faisait de cette journée une date à rayer du calendrier. Elle était fatiguée par les kilomètres parcourus aujourd’hui, et la frustration de ne pas pouvoir simplement ramener Emily et Keira chez elles grondait comme un orage sous son crâne. Elle se gratta la tempe avant de sortir une roulée de sa poche, non sans jeter un regard amusé devant l’air suspicieux de la jeune femme. Elle avait presque soudoyé Gabriel pour ça ; bien qu’elle ait arrêté de fumer depuis le Fort, elle savait en partant du campement qu’elle aurait besoin de détendre ses nerfs soumis à rude épreuve. Elle alluma la tige de tabac avant de la pincer entre ses lèvres, tirant une longue bouffée salvatrice.

« Dans ces conditions, plutôt que d’évoquer la mutilation de deux innocentes, nous pourrions parler des termes de leur libération ? » Elle l’observa fermement, sans ciller. Elle était sûre d’elle, sûre de son groupe. Pour l’autre en revanche, qu’en était-il ? Etait-elle folle ? Etait-elle persuadée de ce qu’elle avançait ? Ou pouvait-elle encore flancher, se rendre compte de son erreur manifeste ? Elena tira une nouvelle fois sur la cigarette avant de la tendre à l’autre. « Si la petite et Keira rentrent sans problèmes, on t’en créera pas malgré le dérangement. Une erreur, ça peut arriver à tout le monde. J’imagine que… » Elle eut un haussement d’épaules en regardant avec douleur la brune. « Je serais prête à tout aussi si je pensais avoir retrouvé quelqu’un que j’aime. » Elle aussi aurait été incapable de rester sans agir. Elle fixa l’autre, un sentiment de pitié naissant à son égard. C’était peut-être juste une pauvre fille seule. Une pauvre fille qui se raccrochait à la première bouée qui passait. Comment lui en vouloir ?

Apple fixait l’inconnue dans les yeux, cherchant à y lire quelque chose. Elles avaient un problème, en effet, parce qu’aucune des deux ne semblait prête à lâcher l’affaire, n’est-ce pas ? Mais dans cette histoire, qui avait le plus à perdre ? Celle qui risquait de voir mourir deux de ses membres, ou celle qui risquait de mourir tout court ? Alors si elle comprenait que l’autre n’allait pas risquer la vie d’une enfant ? Pour l’instant, la community manager la soupçonnait toujours d’être la responsable du meurtre de ses parents. Alors…

Elle eut un réflexe animal en voyant sa cadette bouger pour prendre une roulée. Ses muscles s’étaient tendus, sa main s’était tournée vers la batte, appuyée contre le mur. Apple serra les dents. L’autre s’amusait ? Si sûre d’elle qu’elle était de s’en tirer à bon compte, hein ? La trentenaire non plus ne cilla pas. Elle campa droit dans ses bottes, se regard glacé et pénétrant. Un instant, elle fut tentée de l’attaquer elle aussi. De l’assommer de toute ses forces, d’en faire un otage de plus. Mais ses orbes crocodile dévièrent vers les arbres, où elle supposait que du renfort était planqué.

- Te compare pas à moi, gronda-t-elle d’une voix rauque, tu sais pas de quoi tu parles.

Comme la plupart des autres, comme tous les autres, en réalité. Il n’y avait jamais eu que Charlie pour la comprendre, mais celle-ci avait déjà une vie ailleurs. La community manager réfléchissait à toute vitesse, pour essayer de monter son prochain coup. Comment devait-elle réagir à ça ? Faire confiance, il en était hors de question. Mais elles étaient dans une impasse dont il fallait trouver la sortie.

- Je vais pas faire ça. Parce que je vais vous les amener et vous allez me tuer, je suis pas stupide, et elle avait pas besoin de sa pitié non plus, qu’elle garde ses moue compatissante, je ferai rien de plus, tant que j’aurais pas vu la petite.

C’était sa garantie. Et en même temps… ils étaient tellement à lui dire qu’elle faisait erreur que ça s’insinuait peu à peu dans son cerveau. Peut-être que l’enfant n’était pas la même, peut-être que les enfoirés qui avaient tué les parents de Sarah n’étaient pas le camp de ses otages. Mais il n’y avait qu’une manière d’en avoir le cœur net.

- Demain. Vous venez seule avec la gamine, je viens seule avec Keira. Si c’est pas celle que je cherche, je relâche Keira et je vous dis où trouver Emily.

C’était sa meilleure offre pour le coup, et la plus safe aussi. Et si jamais il s’avérait que l’enfant était bien celle qu’elle était venue récupérer, et bien… il n’y aura qu’une d’elles deux qui verra le soleil se lever après-demain.

“ Ok, ok, si tu le dis” s’excusa la grecque en levant les mains, l’air de capituler devant l’acidité de la brune qui pensait manifestement avoir le monopole des histoires tragiques. Si seulement c’était le cas… La vérité, c’était que les survivants qui erraient dans Seattle se ressemblaient tous pour la plupart ; des âmes ruinées, désolées, arpentant le monde en lambeaux avec le cœur lourd de regrets et de deuils, l’esprit écorché de souvenirs atroces. Cette femme ne faisait juste pas exception à la règle quoiqu’elle puisse penser. Elle l’observa toutefois, sondant les traits durs de son visage blême, la noirceur de son regard impénétrable qui la fixait sans ciller.

Elena ne tenta aucune protestation verbale qu’elle devinait vaine face aux certitudes de la ravisseuse quant au sort qu’elle et les siens lui réserverait si elle se dépossédait de ses deux otages en même temps. D’abord parce qu’il apparaissait évident qu’elle ne la croirait pas, cette extrême méfiance étant son meilleur gage de survie après tout. Mais aussi parce que si la jeune femme devait être honnête avec elle-même, elle n’aurait pas misé sur la capacité de self-contrôle des siens à la libération de Keira et Emily. Qu’il s’agisse de Peter ou Faith, leur soif de vengeance aurait réclamé un lourd tribut pour le mal et la peur causés ces dernières heures.

La cigarette pincée entre ses lippes gercées, la trentenaire projeta le regard au loin, réfléchissant à la proposition de sa vis-à-vis. Elle inspira profondément la fumée nocive qui tapissa l’intérieur de ses joues d’une effluve âpre. L’idée de devoir rentrer seule au camp, de patienter jusqu’au lendemain sans savoir dans quelles conditions étaient retenues les filles étaient à peine tolérable. Elle dévisagea de nouveau durement l’étrangère, frustrée par cette situation absurde à laquelle elle confrontait son groupe. “ Ce n’est pas celle que tu recherches.” répéta Elena. “Faisons comme ça. Demain, ici-même.” concéda la méditerranéenne en reculant de quelques marches pour venir écraser son mégot. L’autre ne céderait pas tant qu’elle n’aurait pas vu Clara de ses propres yeux de toute façon. Elle pourrait dégainer son beretta tout de suite, lui flanquer sur le front et tenter de la forcer à parler, mais quelque chose dans son attitude lui faisait croire qu’elle ruinerait ainsi sa seule chance de retrouver les filles. Elle darda ses prunelles sombres dans celles de l’autre avant de partir “ Si l’une d’elles est blessée, ou si Emily n’est pas à l’endroit indiqué, je te traquerai jusqu’en Patagonie s’il le faut.” Autrement dit, jusqu’au bout du continent, de leur monde réduit.

Apple n’avait rien répondu à celle qui lui promettait de la « traquer jusqu’en Pentagonie ». Les menaces, elle connaissait, ça ne l’effrayait plus vraiment. Elle attendait les actes. Et la vérité, c’était que son interlocutrice aux yeux glacials ne ferait rien sans la certitude de revoir ses amis en vie. Ainsi, elles s’étaient quittées. Et suite à cette rencontre, tout n’avait pas été rose à la planque…

[…]

Pourtant, elle s’était mis en route. Keira avait les mains solidement liées dans le dos, les yeux bandés par un ruban de tissu. Pour l’empêcher de parler, la trentenaire lui avait aussi enfoncé une serviette de table dans la bouche, puis avait noué un bâillon derrière sa nuque. Le deal était simple : tant que la jeune femme marchait sans faire d’histoire, Apple la protégeait. Si elle trainait, si elle faisait mine de vouloir s’échapper ou si elle la gênait d’aucune manière que ce soit… elle se ferait balancer telle qu’elle devant le premier rôdeur qu’elles croiseraient.

… et elles en avaient croisé. A défaut de les voir, la captive put les entendre. De quoi ne pas donner envie de tenter le diable. Arrivée à destination plutôt en avance, la community manager constata rien n’avait bougé. Bien. Pendant un moment, elle songea à forcer la porte du capitole pour y enfermer sa prisonnière, au moins jusqu’à ce qu’elle soit sûre que l’autre viendrait avec la gamine comme prévu, mais c’était trop risqué. Elle n’avait pas le temps de nettoyer l’endroit et elle ne pourrait plus surveiller Keira. Néanmoins, sa poigne se raffermit sur le bras de cette dernière, et elle lui dit à l’oreille :

- Ne fais rien de stupide, ok ? Sa voix était sèche, sans trahir la nervosité qui la dévorait, si t’essaye de t’échapper, ou de balancer quoique ce soit pour me mettre dans la merde…, elle s’humecta lentement les lèvres et poursuivit, quand tu reverras Emily, elle sera découpée en plein de tout petits morceaux, d’ailleurs, elle avait déjà commencé, alors ce n’était pas un mystère : elle en serait capable, si tu la revois. Alors tu restes tranquille et tu me laisses parler. Tout ça sera bientôt fini.

Dans son timbre filtra une once de soulagement. Car Apple aussi, avant envie que cette affaire soit réglée – une bonne fois pour toute.