Le trajet jusque Northgate avait été plus rapide qu'elle ne l'avait finalement supposé. Dune s'élançant sans réel mal à travers la neige qui avait envahi les ruines de la ville, ralentissant les coyotes dans leur course éternelle de cannibalisme. Jetant un bref regard à Tomeo pour s'assurer qu'il tenait en place alors que le cheval ralentissait doucement sa course, les faisant arriver devant un hôpital.
Du moins... Ce qu'il en restait. Si la neige recouvrait les horreurs des dernières années, elle ne possédait pas suffisamment de magie pour masquer les sévices du temps sur le bâtiment. Les portes vitrées depuis longtemps brisée offraient une entrée sombre qui ne laissait que peu de place à l'imaginaire pour deviner ce qu'ils trouveraient à l'intérieur.

Silencieuse, alors qu'elle observait le trou béant, venant s'assurer que son tomahawk tenait en place avant de tourner le regard vers son partenaire. Tu es sûr qu'il reste encore des choses utiles ici ? Ils en avaient discuté, pourtant. Longuement, même. De ces soirées qu'ils passaient régulièrement ensemble depuis les événements de Georges, se découvrant une amitié sans faille. L'hopital pouvait encore regorger d'objets utiles pour l'infirmerie. Compresses, gaz, pourquoi pas même quelques bouteilles d'alcool encore utiles. Pourtant, maintenant qu'ils se trouvaient là, et qu'elle observait l'état des lieux, un doute vint germer dans son esprit.

Fronçant les sourcils alors qu'elle dégrafait sa cape pour se laisser libre de tout mouvement en intérieur, venant la ranger dans les sacoches de Dune en tirant avec douceur sur la longe de l'animal pour venir l'attacher. Suffisamment serrée pour qu'il ne puisse se balader librement, et assez souple au cas ou des morts viendraient à sa rencontre. Caressant le museau de l'animal en lui murmurant quelques paroles de sa langue natale, avant de reprendre à l'attention du pompier. Je n'ai jamais aimé les hôpitaux. Ces lieux avaient quelque chose qui la révulsait au même titre que les maisons de retraites pour les ancêtres. Une sensation qui lui glaçait le dos à chaque instant, qui n'en fût que renforcée alors qu'ils faisaient leur premiers pas dans le hall d'accueil du centre.

Evitant de peu des morceaux de verre brisés au sol alors qu'elle observait le bureau d'accueil déserté depuis longtemps, fronçant le nez à l'odeur de pourriture qui déjà, émanait du rez de chaussée.

On commence par ou ? souffla t-elle au brun en venant effleurer du bout des doigts l'ancienne laque du comptoir, s'assurant qu'aucun corps ne risquait de se relever à l'arrière.

Il faut vraiment que je prenne des cours plus poussés pour monter à cheval moi. Je n’arrête pas de me dire ça en boucle alors que nous avançons, Nihima devant. Je suis aussi jaloux qu’admiratif de son aisance sur cette bête. On dirait qu’elle a fait ça toute sa vie. A côté, je suis bien raide et maladroit. Faut dire que des chevaux, j’en ai monté quand j’étais gamin, à la ferme, voilà quoi, mais je n’ai jamais fait d’équitation poussée. Je sais tenir dessus vite fait. Ça va qu’on m’en a donné un pas trop rétif. Et j’ai beau être sportif, ça fait bosser des muscles dont je ne me sers pas forcément tous les jours. Un vrai challenge d’arriver à destination sans me casser la gueule. Autant dire que j’ai été plutôt silencieux durant tout le trajet, super concentré pour ne pas tomber. Quel soulagement en voyant l’hôpital. Il y a quelque chose de beau et de lugubre à la fois, dans cette vision… Un hôpital abandonné, ça fout les jetons, mais la neige vient saupoudrer ça d’une certaine poésie morbide. Niquel.

Je tourne la tête vers Nima quand elle me demande si je suis certain qu’il reste des choses utiles ici. Difficile à dire… C’est certain que tout ce qui est médical a été pillé depuis bien longtemps, mais sait-on jamais. Surtout qu’on ne peut pas repartir avec l’hôpital en entier. Juste ce que peut contenir un sac. Une carriole à la rigueur… Bref, si on n’essaie pas, on ne saura jamais. « Non, mais je l’espère. » Je suis un indécrottable optimiste. Nima a pu s’en rendre compte après toutes ces soirées à discuter et apprendre à mieux se connaître. Je suis allé la voir tous les jours à l’infirmerie, alors que sa jambe et son bras guérissaient. Elle avait salement morflé quand même, ça avait été moche. Mais c’était une sacrée guerrière. Et si elle m’avait toujours impressionné au point de ne jamais cherché à l’approcher, on peut dire que les épreuves m’avaient permis de la découvrir. Alors… Je tirais au moins ça de bien de cette excursion en demies teintes.

Je descends de cheval, un peu raide. J’ai mal aux fesses. Cela me fait bizarre de marcher, le temps de m’habituer alors que je suis Nima. J’hésite, avant de lui tendre les rênes. « Je ne sais pas faire de nœud pour lui permettre de fuir si il y a un soucis… » j’ai pas appris ça. « Faut vraiment que je prenne des cours. » Je flatte l’encolure de l’animal, avant d’observer l’hôpital, tandis que la lakota murmure quelque chose que je ne comprends pas, avant de reprendre pour moi. « Ah ? Je peux comprendre. En vrai, peu de gens les aiment. Et là, c’est lugubre en plus. » Je hausse une épaule. « J’ai suffisamment amené de gens dans leur enceinte pour que cela ne me fasse rien. » Il n’aurait plus manqué que ça au vu de mon boulot. « Je sais pas trop comment ça se passe pour toi niveau énergies, ou fantômes ou esprits, mais les lieux comme celui-ci doivent être… repoussants, non ? » Je m’y connais peu concernant sa culture. Et je ne crois pas en l’occulte par exemple. Mais je suis respectueux et curieux à ce sujet.

Je suis tranquillement l’indienne, observant autour de moi. « Attends, je vais essayer de trouver le plan. Je suis déjà venu ici, mais seulement aux urgences. » Pour amener les blessés. Je n’ai pas visité l’hôpital. Mais il y a forcément un panneau pour aider les visiteurs à s’y retrouver. « Faudrait trouver la pharmacie de l’hôpital, même si chaque service a sa propre réserve. On peut visiter le bloc opératoire, les urgences, la chir. Si ça n’a pas été pillé, on trouvera du matériel pour les pansements, peut-être des antibio, pas encore trop périmés. De l’antiseptique. Des antalgiques. Même si le temps passant, tout se périme. » Je soupire. Trop d’années ont déjà passé. Si ce n’est pas trop grave pour le matériel de pansement, c’est plus emmerdant pour les principes actifs qui se trouvent moins efficaces. Mais c’est mieux que rien du tout. Je déniche le plan et essaie de le mémoriser tout en regardant la jeune femme : « Les urgences, c'est le plus évident et facile d'accès. Le bloc, c'est fermé normalement, plus difficile à atteindre. La chirurgie est pas loin du bloc, on ferait d'une pierre deux coups. » J'ai mon flingue avec moi, ainsi que mon pied de biche et mon couteau. Et un grand sac à dos pour prendre le maximum de matériel. Sans compter les sacoches sur les chevaux, mais là, c'est de l'optimisme.

Je peux t'en donner si tu veux ? S'était proposé la brune en l'écoutant annoncer que l'équitation n'était pas son genre. Posant un instant sa main contre le museau de l'animal pour lui prodiguer les caresses qui signifiait qu'elle revenait, reprenant. Dune est très calme. Il serait un excellent départ pour toi. elle n'avait définitivement pas à se plaindre de l'animal. Placide et obéissant, il ne lui avait encore jamais joué de mauvais tours. Pas même dans les pires situations. Mais l'ordre du jour restait néanmoins de fouiller les ruines de l'hopital, malgré son peu d'attrait pour ce genre d'endroit. Fronçant les sourcils en y pénétrant alors que Tomeo annonçait son habitude de venir ici par le passé, se tournant vers lui avec lenteur en l'écoutant la questionner sur les esprits. Mimant une brève grimace, avant de venir poser une main sur le comptoir de l'accueil en ouvrant un tiroir.

Les esprits sont constamment autour de nous. expliqua t-elle brièvement en ne trouvant rien d'intéressant hormis quelques badges de personnel et des blocs notes. Récupérant l'un des badges au cas, avant de reprendre à l'attention de son ami proche. Je n'ai pas besoin d'être chaman pour te confirmer que les lieux sont hantés. Des esprits qui n'ont pas pu rejoindre leurs ancêtres, remplis de chagrins ou de colère. Rien que de l'émettre à voix haute la faisait se sentir mal à l'aise, préférant se concentrer sur la recherche du plan dont avait parlé le brun.

Va pour les urgences alors. avait-elle concédé en suivant de près le brun, alors qu'ils rejoignaient l'une des lourdes portes battantes qui grincèrent à leur ouverture pour rejoindre un hall sombre, loin de toute lumière naturelle. Récupérant la lampe de poche qu'elle avait ramené pour éclairer les couloirs éclaboussés de sang et d'impact de balle en fronçant les sourcils. C'était un véritable carnage qui s'était déroulé ici, malgré l'absence de tout coyotes. J'ai cru comprendre que les hôpitaux avaient été une boucherie, au tout début. Mais je ne m'attendais pas à un tel charnier... avait-elle murmuré en suivant le couloir obscur, machoires serrées alors que son arme était en main, prête à s'enfoncer dans le premier obstacle venu.

Tu me demandais pour les esprits tout à l'heure... Tu es croyant, toi ? s'était-elle enquise en tournant le regard vers lui, curieuse de savoir. J'éviterai de te parler de nos légendes tant qu'on est ici pour nous éviter une angoisse supplémentaire, mais je t'avoue que je connais que peu de choses de la culture occidentale... J'crois que vous avez un penchant pour un type qui change l'eau en vin, de ce que m'a dit Kaya ?

Ce fût un bruit sourd qui la fit sursauter, venant se placer derechef devant Tomeo, lumière braquée vers le haut du plafond d'ou venait le bruit. Se mordant la langue en silence, avant de faire remarquer au brun.

Trop gros pour des rats...

« Avec plaisir. » Ce sera toujours utile. Après, je vais peut-être regretter, ça se trouve, Nihima est une prof absolument odieuse et intransigeante, va savoir. Mais je ne le pense pas. Et j’aime autant que ce soit elle qui pallie à mes lacunes finalement. « Je te fais entièrement confiance là-dessus. » Sur tout ce qui est choix de l’animal et façon de le diriger. C’est déjà bien que je sache monter dessus et tenir assis. Mais y’a pas eu de galop, parce que là, je pense que ce serait catastrophique par contre. Donc je rajoute cela aux trucs à faire en rentrant : prendre des cours d’équitation. En attendant, on a un hôpital à piller. Hôpital que je connais un peu, ce qui peut nous faire gagner un peu de temps, même si je n’ai pas du tout le plan de l’ensemble des services en tête.

Et j’en profite pour questionner un peu l’indienne sur ses croyances, alors qu’elle n’aime pas venir dans ce genre de lieu. Y’a quand même quelque chose de flippant à l’entendre répliquer avec le plus grand sérieux que nous sommes entourés d’esprit. Je ne suis pas superstitieux et je ne crois pas en ce genre de truc mais n’empêche que j’ai un frisson fugace. Ce n’était pas une super idée de parler esprit et hantise à cet instant en fait. « Bon et bien, espérons qu’on n’aura pas de poltergheist en plus de possibles rôdeurs. » Je dis ça d’un ton un peu humoristique, mais je ne suis pas plus rassuré que ça. Allez, si je vais m’imaginer des bruits imaginaires en plus des vrais dangers, on n’est pas rendu.

Je reviens donc a quelque chose de plus pragmatique. Par où commencer. Et j’opte pour les urgences donc. Mon cœur se serre en voyant les traces des premières heures de l’épidémie dans ce couloir lugubre. « Personne ne savait ce qu’il se passait, ni combien c’était dangereux… Il y a eu beaucoup de transformations dans les hôpitaux et dans un milieu avec autant de personnes affaiblies… Et du personnel qui soigne avant tout. A quoi s’attendre d’autre ? » Le ciel nous était tombé sur la tête. Et il avait fallu du temps pour comprendre. Mais c’était bien trop tard. Je jette un regard de surprise à Nima quand elle me demande si je suis croyant. « Je l’étais. Maintenant, je ne sais plus vraiment quoi penser de tout ça. » J’ai un léger sourire, ironique, quand elle m’épargne ses légendes. « Ouais, merci, j’aimerais éviter de céder à la psychose. » Et je retiens un rire à sa description du Christ. « Entre autre oui. C’est très réducteur quand même. Kaya a été élevée dans la religion ? »

Je sursaute et me tourne vivement quand un bruit sourd résonne, faisant immédiatement silence, figé, le pied de biche en main. « J’espère que c’est mort. » Je préfère des rôdeurs que des pilleurs. « On n’a pas besoin de monter tout de suite… Mais on peut s’assurer qu’on ai la paix ensuite, qu’est-ce que tu en penses ? » Ignorer un problème ne sert à rien. Si ce sont des rôdeurs, on peut les éliminer. Ou les coincer et s’assurer de ne pas être emmerdés. Si ce sont des vivants, on a intérêt à les prendre par surprise.

Pas de poltergeist ? Elle l'observa un temps sans comprendre, ne pouvant s'empêcher de le questionner. Qu'est-ce que c'est au juste ? Dit comme ça, ça ne semblait en rien positif... Et le fait d'évoquer les premières horreurs de l'épidémie n'était sans doute pas mieux pour rester positif dans ce mausolée. Je n'ai jamais compris cette manière... Tu sais ? Laisser les faibles dans un endroit. Son peuple avait le culte des ancêtres. Vu comme des sages, qui restaient au foyer tant qu'ils le désiraient. La maladie était toujours soigné par leur médecin, et si elle était trop grave, rare étaient ceux qui acceptaient finalement d'atterrir ici. Mais qui était-elle pour juger après tout ?

C'est à cause de tout ça que tu as cessé de croire? s'était-elle enquise, avant de lui rendre son sourire en hochant la tête, promettant qu'elle ne parlerait d'aucune légende inquiétante en ces lieux. Quand à Kaya... Je lui ai enseigné notre spiritualité. Le terme religion est un peu mal vu chez moi, après les conversions de masse. Et son père n'a jamais été contre, il ne croyait en rien d'autre que son business, et l'argent. Kerry ne jurait que par ça. Et sans doute que ça n'avait pas dû aider sa famille à le tolérer d'avantage, elle le savait au plus profond d'elle. Haussant les épaules en repensant au passé, reprenant.

J'ai toujours tenu à ce que ma fille trouve sa propre voie. Si elle avait choisi de croire en autre chose, je ne m'y serai pas opposé. A l'inverse de mes parents qui étaient ... Conservateurs.

Reniée, chassée pour avoir aimé quelqu'un de différent, au même titre que les colonisateurs des années plus tôt. Drôle d'ironie sur laquelle elle ne s'attarda pas d'avantage alors que le bruit au dessus les avaient alerté. Silencieuse, alors qu'elle écoutait les propositions qui s'offraient à eux. Régler le problème, ou passer outre.

Je ne suis pas sûre que ce soit mort. Souffla la brune en relevant les yeux vers le plafond. C'est trop net.

Un bruit en entraînait souvent un autre, quand les morts étaient de sorties. Incapable de véritable prouesses de silence, se contentant d'errer sur les routes qu'ils trouvaient. Mais un bruit sourd et net, suivi du silence ? C'était suspect, à ses yeux.

Le passage le plus court pour accéder à l'étage, c'est ces escaliers ? demanda t-elle en indiquant l'issue de secours, dont l'une des portes dégondées semblait presque les inviter à suivre l'obscurité pour en savoir plus.

Je cligne des yeux plusieurs fois, surpris par la question de la lakota. Qu’est-ce que c’est un poltergheist ? Euuuh… J’avais oublié que ce n’est pas forcément quelque chose qui est connu de tous et de toutes les cultures. « C’est un fantôme assez énervé… Qui déplace les objets, les fait voler contre les murs. C’est impressionnant. Enfin, dans les livres et les films. Encore faut-il que cela existe, ce dont je ne suis pas convaincu. » Parce que bon, comme beaucoup de mômes, je me suis amusé à appeler les esprits avec les potes dans ma jeunesse mais il ne s’est jamais rien passé, évidemment. Je suis très sceptique concernant tout ça. Et je suis comme Saint Thomas. Je ne crois que ce que je vois. Et la façon de penser de Nima me donne à réfléchir… Laisser les faibles dans un hôpital par exemple… Dans une maison de retraite plus tard, quand c’est trop lourd. C’est vrai que c’est une mentalité très occidentale. « Parce que parfois, on est dépassé et on veut mettre toutes les chances de notre côté pour sauver ceux qui nous sont chers… Il y a des maladies, des traumatismes, qui ne se soignent pas à la maison. Des opérations chirurgicales qui demandent beaucoup de surveillance… » Même si… Je suis peut-être de mauvaise foi. C’est sans doute possible à domicile quand on le veut. Je hausse une épaule. « En vrai… je ne me suis jamais posé la question… » Je dois bien avouer ce fait. Et que je peux comprendre son incompréhension.

Je ne pensais pas que partir avec Nima nous amènerait à parler de choses aussi graves et sérieuses. Mais c’est très intéressant et permet de mieux nous comprendre. « Je pense. Quand cela nous est tombé dessus… Difficile de ne pas se dire que c’est une punition divine pour tout ce qu’on a fait… Foutre en l’air la nature, jouer à dieu… une façon de nous rappeler notre place. Et en même temps, est-ce que ce serait vraiment ça, le dieu miséricordieux qu’on vénère ? Est-ce qu’il punirait si cruellement ? Ou bien tout cela n’est-il que le résultat logique de toutes nos erreurs et un juste rappel que la nature reste la plus forte ? » Je ne sais pas si je suis bien clair en fait… « Et pourtant, quand je vois que j’ai retrouvé Nolan alors qu’il aurait du mourir, qu’on est toujours en vie, je retrouve la foi. » Je l’observe et demande, curieux : « Et toi, qu’est-ce que tu penses de ça ? » Que c’est simplement la nature qui a repris ses droits ? Je grimace un peu quand elle me reprend sur le terme de religion. Ah oui… j’aurais du y penser. « J’aime bien ce terme… Spiritualité. » Cela a une connotation plus noble. « Ouais ben, le business et l’argent, maintenant, ça ne sert plus à rien. » Elle m’apprend qu’elle est très ouverte concernant l’éducation de sa fille. « Sans doute parce que tu n’as pas eu cette liberté. Tu ne souhaites pas l’imposer à ta fille. » Et c’est une bonne chose.

Il ne faut tout de même pas oublier que nous sommes là pour récolter du matériel et que nous ne sommes, a priori, pas seuls. Un bruit nous le rappelle. « Je l’espérais… » Je préfère les morts aux vivants. Mais le raisonnement de Nima est pertinent. Je hoche la tête à sa question. « Oui. Il y a ces escaliers de secours. Il y a des escaliers de service, vers là bas. » J’indique du menton la direction. « Et les ascenseurs. » Qui ne fonctionnent sans doute pas. « On a peut-être la chance qu’il n’y ai qu’un intrus. » D’un autre côté, si c’est un vivant, c’est possiblement un pauvre type (ou une femme), qui essaie juste de survivre. On ne va pas tabasser un possible innocent quand même ? « Nima, si c’est un humain, on ne va pas l’agresser direct… si ? » Je la sais… radicale. Mais là, j’ai quand même des scrupules. D’un autre côté, si c’est une bande dangereuse… On n’aura pas le temps de parlementer. Ou alors, on esquive les problèmes et on tend l’oreille.

Des esprits capable de bouger des objets ? Dans quel but ?

C'est ... Etrange. admit-elle malgré elle, un peu perdue dans cette idée que des êtres immatériels et sacrés puissent perdre leur temps à faire ce genre de choses. Mais pourquoi pas ? Tout comme cette histoire de soigner ailleurs qu'à domicile, par exemple.

Nos chamans faisaient des miracles. Si j'avais suivi cette voie... Je ne me serai pas vue laisser quelqu'un d'autre soigner mes proches. Mais nos vies sont différentes, je suppose. Tout semblait différent, dès qu'on sortait de la réserve. Et si certains cédaient à l'appel des médecins des hôpitaux de Rosebud, sa famille proche n'avait jamais su s'y résoudre. Pas même pour grand père Kwanita, qui avait développé une maladie grave suite à une abondance de plomb. Mais au moins était-il parti serein, entourés de ceux qui l'aimaient.

Et quelque part, elle s'entendait sur ce que disait Tomeo. Cette histoire de foi, à l'idée de retrouver Nolan, par exemple. Hochant la tête avec compréhension, haussant les épaules quand à son propre avis sur la question.

Je pense qu'à force de trop se prendre pour des divinités, vos dirigeants ont touché à quelque chose qu'ils auraient dû laisser à sa place. Et que les Nagi se sont contenté de reprendre leur droits. De renverser le verre et le béton pour permettre à la nature de rappeler qu'elle reste maîtresse de ce monde. Nagi. Tiquant sur le terme, reprenant. Les... Esprits, si tu préfère. Mon peuple part du principe que chaque élément de ce monde possède une âme. Et qu'il est apte à se défendre. Ca pouvait sonner étrange, dit comme ça, et pourtant. Concluant rapidement. Nous n'auront jamais la réponse, de toute manière. Pourquoi chercher à comprendre les origines ? On à appris à vivre avec, malgré nos deuils respectifs. Quand à cette éducation qu'elle avait enseigné à Kaya, elle ne put s'empêcher de rire légèrement.

Il n'y à pas d'obligations chez les Lakota. C'est plutôt une sorte de ... Culture. Et chacun l'adopte à sa manière, je suppose. Ses parents n'avaient jamais accepté Kerry. Lui avaient imposé de trouver un natif, et non un blanc. Mais d'autres familles acceptaient les mariages mixtes. Et le temps avait passé, depuis cette dispute.

Mais le bruit avait stoppé sa capacité à discuter, alors que Tomeo lui indiquait les endroits par ou passer. Peu amène de prendre les ascenseurs, et plutôt partante de suivre les escaliers de secours par lesquels elle avança la première, stoppant sa route à la question de Tomeo. Hésitant sur la marche à suivre, et cette hésitation dans sa voix à l'idée d'attaquer les premiers.

Je préfère attaquer la première que prendre le risque qu'il nous attaque. Mais si tu as une autre alternative... Elle était toujours preneuse.