1 AVRIL 2021

J'avoue qu'on m'avait proposé un truc qui avait l'air sympa. Bon c'était pas comme les fêtes que je faisais avant, et je sais même pas si je voudrais en faire, là c'était un truc calme et dans la bonne humeur ! Y avait un type qui m'avait donc demandé si je voulais venir aider à l'école du camp pour le premier avril. Histoire de faire un truc quand même distrayant pour les enfants, de mettre en place quelques décorations, faire des dessins ! Faut dire que ça me motivait bien, ça me faisait presque oublier mes pensées un peu noires.

J'avais pas mal réfléchi, je savais pas trop dans quoi je m'embarquai et ce qui m'attendait, mais ça me plaisait. Je me suis dis que s'il y avait des enfants assez jeune, on pourrait créer des petits poissons en papier avec des gages à faire ! Et puis il pourrait avoir un jeu du chat où si on se faisait coller un poisson sur nous et bah, il fallait faire le gage ! Ça devait pouvoir se faire non ? Tout le monde ici vivait dans des conditions assez paisibles pour pouvoir offrir ce genre de moment qui appartenait à l'ancien monde. En tout cas, je ne pouvais m'empêcher de le souhaiter. Après tout, les enfants du monde n'avaient pas connu des enfances heureuses.

Et puis dans tous les cas, j'improviserais en fonction de ce qu'on me demande si jamais ce n'était pas possible, ou bien si le public n'était pas intéressé. J'avais pris toutes mes affaires de dessins, bon c'était pas grand chose, mais j'avais pu en récupérer un peu en aidant à droite à gauche, ou en faisant une tronche désespérée. Bref, je m'étais rendue à l'école où je devais retrouver le type qui m'avait proposé de venir. Je sais même pas pourquoi il était venu me voir moi à la base, peut-être que c'était connu que j'aidais où il y avait besoin ?

"Salut !" dis-je en rentrant dans une pièce où se trouvait l'homme. Honnêtement, je me rappelais pas qu'il était aussi grand. Je rentrais en me frayant un passage dans la pièce étonnement encombrée. Quoi que ça ressemblait un peu à un débarras, ou bien à un stockage pour des fournitures utiles. Je voyais du coin de l’œil quelques feutres qui me plaisaient beaucoup, peut-être que je pourrais le convaincre de me les céder ? Je prenais un grand sourire, si je voulais le persuader d'une tel chose, il faudrait que je me montre sous mon meilleur jour.

"Qu'est-ce qui est prévu au programme ? Je peux aider pour quelque chose de précis ?" ajoutais-je pour me montrer avenante.

Le 1er avril.. si on avait dit au professeur qu'un jour il aurait l'occasion de le refêter, sans doute vous aurait-il pris pour un fou et aurait vidé son chargeur sur vous, ne serait-ce que pour vous rendre service.. seulement c'était le cas.. le matin-même s'était-il levé à l'aube, prenant son café, se changeant après une nuit sans doute bien trop longue à lire et à vaquer à ses vastes pensées puis suivant le chemin jusqu'à l'école où déjà ses collègues étaient présentes, lui rappelant sans doute qu'il était bien trop en retard.. et surtout bien trop souvent. Les préparations auraient sans doute dû être plus tôt mais pour être franc le professeur n'était pas forcément enjoué à l'idée de fêter tout cela mais peut-être se laisserait il prendre au jeu une fois que les enfants seraient sur place.

Enfin, ça, c'était dans l'optique que les imbéciles qui lui servaient d'adolescents, parce que les enfants étaient à la charge de Sasha pour aujourd'hui, ne soient pas trop ennuyeux sur le concept sûrement ringard pour leur génération de ce qu'était le premier avril.. et ça c'était vraiment pas gagner connaissant les animaux. Dans un autre temps, l'on avait demandé au professeur de trouver des gens qui pourraient participer à l'organisation de tout ça, on lui avait même conseillé quelques noms lui soulignant qu'ils avaient besoin de s'intégrer : ordre plus ou moins clair qui signifiait en quelque sorte : dépêchez votre cul à les faire venir et à leur montrer que Fort-Ward était magnifiquement civilisationnel et que seul ce camp méritait d'être défendu parce que c'était la meilleure chance de vivre correctement.

Oui, le professeur n'était pas nécessairement des plus heureux de faire le sale boulot d'intégration mais après tout n'avait-il pas véritablement le choix et pour être franc, il saluait sans trop de convictions les efforts de la communauté pour aider à ce que personne ne soit mis sur la touche.. néanmoins sans doute serait-il un peu plus intéressant que de militer au sein même de l'école.

Quelques heures de préparation plus tard, l'une des personnes que le brun avait convié à le rejoindre pour cette journée fit son apparition, pointant le bout de son nez à la porte des stockages où le professeur essayait vainement de trouver quelque chose de plus intéressant à proposer aux élèves que simplement la création de poisson d'avril et autres balivernes du genre. La voix de la petite demoiselle le fit néanmoins comprendre que le temps avait filé plus rapidement que prévu et qu'il devait commencer, déjà, à se motiver et à se préparer à tout cela. Souriant, un peu plus par obligation que par réelle envie, le brun fit une effort pour être sympathique : "Jolene c'est ça ?" Normalement c'était ça mais le professeur ne voulait pas trop s'avancer ce serait bien sa chance que de se faire avoir et de se planter d'entrée sur le prénom de son invitée.

Mais déjà, la petite demoiselle se montrait investie, arrachant un sourire plus franc au professeur, soulignant qu'elle voulait aider : "Je pense que tu sais déjà pourquoi t'es là." Quelques instants de flottement plus tard le professeur continua sur cette lancée : "C'est le premier avril, on veut que les élèves passent une journée sympa, éviter de se prendre trop la tête avec le fait que c'est juste l'apocalypse." L'ironie sur le juste était à peine dissimulée mais d'un autre côté, il trouvait ça véritablement débile : "Je crois que tu sais dessiner c'est ça ? Tu pourrais faire découvrir ça à quelques jeunes, ils n'ont que le fait de tuer des rôdeurs à la bouche, ça leur changera peut-être les esprits." Il en doutait mais s'il pouvait découvrir une vocation de Pablo Picasso chez un de ces élèves plutôt qu'une vocation de Ted Bundy, ce serait tout de même une excellente journée.

L'homme, le prof, me demandait confirmation de mon prénom, c'est vrai que j'avais dis bonjour, mais je ne m'étais même pas présentée. Je crois que j'étais un peu trop emballée à l'idée de cette journée. On va dire que c'était mieux que de faire du jardinage, du ménage ou en fait, à peu près n'importe quoi d'autre. Et puis là, même dans mes pensées, je dérivais de nouveau, oups. "Ouais c'est ça !" dis-je sur un ton enjouée. Je laissais une petite pause, peut-être celle qu'il m'avait fallu pour réfléchir. "Euh, mais en fait, je connais pas ton prénom !" C'était pas vraiment tourné comme une question, ça n'en avait pas non plus le ton, faut espérer que ce soit pas un professeur de langue, sinon il allait craquer. Mais ça indiquait bien que je ne savais pas comment l'appeler.

"Je pense, mais je suis pas sûre !" répondais-je à sa question qui était sûrement rhétorique. J'étais là pour aider, et me rendre utile, après je savais pas ce qu'on voulait me confier à faire, j'y avais réfléchis, mais j'en avais aucune idée. À ses explications, je décrochais un grand sourire, tirant hors de mon sac en bandoulière mes petites fournitures de dessins. "Je dessine oui ! Je sais pas si c'est exceptionnel et tout, mais ça me ferait plaisir si ça donnait envie à d'autres personnes de dessiner !" Faut dire que même si cela me plongeait encore plus dans ma mélancolie, c'est peut-être ce qui m'aidait à continuer dans le fond... ou bien la peur de mourir. "Si ça peut distraire des personnes de tout ce qui se passe ce serait encore mieux, même si ici ça reste plus calme que dehors. Enfin calme, tu comprends non ?"

En vrai, c'était pas clair du tout, puis j'avais cette manie de rajouter le non interrogateur à la fin de ma phrase, comme si c'était une évidence. En tout cas, lui il parlait de jeunes, j'étais curieuse de savoir à quel genre de personnes j'allais avoir à faire, c'était vague jeune. Je veux dire, il avait pas l'air super vieux, mais plus on vieillit plus le terme gamin peut désigner pleins de gens. "Des jeunes ? Genre des ado ?" Je parlais comme ça, mais pour certains j'en étais encore une moi-même. Je partais pour cette option là, parce que pour n'avoir qu'à la bouche l'idée de tuer des rôdeurs, ils devaient pas avoir huit ans. Après peut-être que je me trompais, tout est différent maintenant, mais déjà moi si je pouvais éviter de me battre, j'y allais pas. Alors bon, parler de la violence gratuite. Remarque, j'étais pas violente, mais j'étais un peu comme ça avant l'apocalypse aussi.

Je rigolais un peu avant d'ajouter. "On va essayer de se focaliser sur le fait qu'ils tuent pas les feuilles de papiers alors ?" Moi je trouvais ça hilarant, pas certaine qu'il penserait pareil, mais ça me faisait bien rire. D'imaginer des personnes en manque d'adrénaline qui essaient de planter du pauvre papier qui leur à rien demandé. Enfin, ça me fait rire là, mais si ça arrivait devant moi, je crois que je me décomposerais.

Son ton semblait jovial à sa réponse, c'était déjà ça, il n'y avait sans doute pas grand chose de pire que de devoir accompagné quelqu'un avec des élèves qui faisait la gueule à être là et qui n'avait globalement qu'accepter d'être présent pour faire plaisir. Hors, ça ne semblait pas véritablement le cas avec elle et c'était plutôt une bonne nouvelle pour être franc, le professeur aurait eu du mal à cacher son agacement dans le cas contraire néanmoins pour saluer sa bonne humeur, il lui offrit un sourire en retour, un sourire amical, ce qui n'était pas rare mais pour une inconnue c'était l'équivalent d'un bon point. Puis la dévisageant face à sa réponse, le professeur haussa simplement les épaules avant de lui répondre : "Aodhan, Aodhan Kaines, les élèves m'appellent par mon nom de famille alors sans doute que c'est mieux que tu le connaisses." Qu'elle ne soit pas surprise et qu'elle ne se questionne pas en les entendant l'appeler par son nom de famille, sans doute savait-elle que certains aimaient se faire appeler par leurs prénoms pour signifier leur ouverture d'esprit ou autres conneries du genre mais c'était pas vraiment le cas d'Aodhan, il était sympa mais pas à ce point-là, il avait encore l'attachement à certains principes de base de l'éducation américaine.

Elle était pas sûre, elle le serait bien vite et elle serait certaine de pourquoi elle était là, le professeur ne comptait guère tourner autour du pot pendant des heures et lui signifiant immédiatement ce que l'on comptait lui faire faire, la réponse de la petite tête brune l'intrigua, il la considérait comme telle par la raison évidente qu'elle semblait à peine plus âgée que les plus anciens de ses élèves, pour être franc, il ne lui donnait pas plus que Sean au nombre d'années au compteur mais après tout, Aodhan était un être civilisé aussi ne se permettrait-il pas de la questionner au sujet du nombre d'hivers qu'elle avait connue. Puis l'exposition de ce qu'elle savait faire et le fait qu'elle souligne que c'était plus calme qu'à l'extérieur fit doucement rire le professeur : "Crois-moi, passe une après-midi avec les plus jeunes et tu comprendras que l'extérieur à côté d'ici c'est un véritable jardin japonais." Sans exposer son amour pour ces jardins, devait-il avouer que c'était particulièrement vrai. "Surtout que de la même façon que les bêtes, ils mordent." Ce qui le fit rire un peu plus pour être franc, un jeune enfant, parfois, c'était définitivement pire qu'un mordeur.

Puis, partageant son attention entre elle et quelque chose dans la réserve qu'il cherchait sans succès, une sorte de paquet de feuilles qui contenaient ces saloperies granuleuses avec laquelle son professeur d'arts à l'époque l'avait plus que trop traumatisé, son oreille se tendit à sa question concernant l'âge des futurs bourreaux de la jeune femme : "Avec moi, le plus souvent, ce sont les ados mais si tu préfères les plus petits je peux demander à ma collègue." Pour être tout à fait franc, tout dépendait de ce qu'elle souhaitait faire, il comprendrait aisément que de dessiner avec des adolescents pouvaient être moins mignon et moins intéressant pour une jeune femme que de s'occuper de jeunes enfants, après tout tout le monde n'était pas Ela capable de s'occuper de n'importe quelle tranche d'âge sans broncher, même l'américano-canadien n'en était pas véritablement capable, loin de là, et détestait s'occuper des plus jeunes qui demandaient parfois trop d'attention. "Si jamais, t'as peur de pas pouvoir les contenir, t'inquiètes pas, je m'occupe des arguments d'autorité, t'auras juste à faire ce que t'as envie de faire avec eux." En d'autres termes, le professeur s'occuperait de faire la police et elle de faire la gentille dessinatrice.

Puis la conclusion fut tout à fait satisfaisante, s'ils pouvaient préférer tuer des feuilles de papiers que des rôdeurs, ce serait tout de même une grande réussite à la fois pour elle et à la fois pour lui. "Si tu y arrives, je ne te libère plus de l'école parce que nous sommes désespérés." Il s'en amusait mais la vérité était tout de même dans le fond de sa phrase : les élèves n'avaient plus que ça à la tête et c'était quand même sacrément désespérant, les yeux de nouveau sur l'étagère, il fit enfin la découverte qu'il souhaitait et récupérant l'objet sacré, il redéposa son regard sur la jeune femme : "Si tu as besoin de quoique ce soit, sert toi avant que ça commence, on sera pas regardant si t'en prends pour chez toi, évite juste d'embarquer la moitié de la réserve." Notamment parce que sinon Stanley le tuerait s'il devait ressortir uniquement pour des fournitures scolaires pour les enfants.

Il avait bien compris ma question qui n'en était pas une, me donnant son prénom et son nom, ce qu'y était logique en fait pour un professeur qui s'occupe d'adolescent, il allait pas donner son prénom à tout le monde. Après bon, c'était plus le monde d'avant, ils le connaissaient sûrement, mais ça permettait de garder une certaine autorité. "Ouais très bien Monsieur Kaines." dis-je avec un petit clin d’œil. Cette sorte de hiérarchie me faisait rire, mais elle était nécessaire faut dire. À l'époque, si on m'avait donné le prénom d'un prof, je m'en serais donné à cœur joie de lui casser les pieds.

Il rigola un peu quand j'évoquais le fait que l'intérieur était plus calme que l'extérieur, soulignant que les gamins étaient bien plus chaotique que le monde qui entourait le camp. "Un jardin japonnais carrément ? J'sais pas, on va voir ça hein ! Tu me les présentes comme des bêtes enragées là." dis-je avec un grand sourire. Ils pouvaient pas être pire que je l'avais été non ? Bon, le monde était pas pareil et ils avaient grandi différemment, mais quand même. Je pouffais de rire à son dernier commentaire. "Au moins leurs morsures sont pas contagieuses." Bon on parlait plutôt d'un truc psychologique et tout, mais je trouvais le rapprochement amusant. Enfin, ce genre de blague étaient plus drôle dans un endroit où je risquais pas de me faire grignoter.

"Nan ça me va t'en fais pas ! C'est pas les même activités mais je sais pas trop si j'ai le contact avec les petits, j'avais réfléchis à des trucs justement pour des plus jeunes ! Mais ce sera amusant de partager ça avec des plus vieux." Il m'assurait qu'il pourrait s'occuper de tout ce qui touchait à l'autorité, c'est vrai que je suis pas sûre d'en avoir beaucoup, mais des fois, on peut faire autrement, on verrait bien comment ça se passerait. "Ouais, pourquoi pas ! Au pire je ferais comme mes profs avant : Vous allez vous calmer où je le dis à vos parents." Je retenais un petit rire. "Pas persuadée que ça marche très bien, je présume que la plupart n'en ont plus." Ouais en y réfléchissant pas sur que ça fasse rire Aodhan, mais bon, c'était déjà dit.

J'étais de bonne humeur, sans réel apriori aujourd'hui et cette discussion en était la preuve pour moi, je continuais à sourire. "Désespérés ? À ce point ? Vous avez pas assez de monde ou bien c'est vraiment des petits monstres qui ne pensent qu'à la destruction ? Tu leur as déjà dit qu'un jour y aurait plus de mort à tuer et que s'ils se bougeaient pas ils serviraient plus à rien ?" Ouais, c'était pas du plus grand tact possible, mais en même temps c'était vrai. Là ils s'amusaient à tuer des rôdeurs et tout, mais un jour, ce serait juste une anecdote surtout avec des communautés comme celle-ci. C'est vrai qu'ils doivent pas trop se projeter, mais ils y ont certainement pas vraiment pensé.

J'hausse les épaules alors qu'il se relève avec des feuilles granuleuses parfaites pour le dessin. Il me disait que je pouvais prendre des trucs pour chez moi, j'essayais de me montrer désintéressée alors que mes yeux glissaient de nouveau sur les quelques feutres que j'avais vu précédemment. Lui faisant un grand sourire. "Faut que je réfléchisse deux secondes à ce que je vais leur proposer pour prendre des trucs appropriés." dis-je en mettant ma main au niveau de mon menton, comme en signe de réflexion. Un truc autour des blagues ? Vu qu'ils aimaient tant les infectés... Hum, j'avais une vague idée. "Je peux leur proposer n'importe quoi ?" dis-je pensive alors que je fouillais un peu dans les fournitures pour en sortir quelques crayons de papier et de couleurs, des feutres, et un peu de peinture légèrement épaisse, super pour faire du relief.

Les yeux surpris quand elle l'appela monsieur, il faillit la reprendre avant que son air ne fasse comprendre à Aodhan qu'il s'agissait là d'une boutade, pour le coup, c'était tant mieux. Il espérait simplement qu'elle ne lui offrait pas la grande joie de l'appeler comme ça devant tout le monde, pour le coup, la situation était différente c'était une adulte, certes la petite brune se trouvait venir dans sa classe pour travailler mais si elle se contentait de l'appeler par son nom de famille, ce serait sûrement bizarre pour lui, trop étrange, de se faire appeler de cette façon par quelqu'un qui était majeur.. ou pas loin de l'être. "Appelle moi Aodhan, maître, c'est pour autre chose entre adultes." Ouais, bon, c'était une blague de merde mais après tout le professeur n'avait jamais été reconnue comme l'être humain le plus fin de l'univers quand il s'agissait de faire de l'humour, Layla pourra en témoigner et si elle n'était que la seule, Aodhan serait sûrement le premier surpris.

Qu'importe, la discussion fit son chemin et la jeune femme ne semblait pas vouloir croire que l'extérieur semblait bien plus calme qu'une salle de classe, quel plaisir ce serait que de lui montrer qu'il s'agissait exactement du contraire. Ceci dit sa dernière remarque fut juste, comparé aux bêtes qui traînaient dehors à la rechercher de quelque chose avec quoi se nourrir, les enfants évitaient de se servir d'eux comme des repas. "Je serais toi, je me méfierais des plus jeunes parfois on sait pas trop ce qu'ils ont fait, ils seraient capable de te refiler la rage." Si seulement il en rigolait.. le problème c'est qu'il en savait rien dans la mesure où il ne s'occupait pas d'eux, autant dire qu'il n'invitait personne à essayer ça à aucun moment.

Sans doute, c'est tout ce qu'il avait à dire concernant ce qu'elle avait préparée, les petits étaient différents des adolescents, il y avait quelque chose de particulier à créer une relation avec un adolescent, il fallait tout construire de la première pierre à la dernière pour qu'il ait suffisamment confiance pour réussir à apprendre, c'était sans doute ça que le professeur affectionnait particulièrement depuis des années d'enseignement, ou peut-être était-ce simplement que c'était la seule chose qu'il pouvait faire dans le camp pour pas tourner en rond dans sa maison et péter un câble sur les pauvres étagères au bout de six mois. Puis la tentative de solution que lui fit parvenir la petite demoiselle ne le fit que rire : "ça ne fonctionne pas, jamais, surtout que certains sont orphelins comparé à avant alors autant dire que ce genre de menaces les atteint pas vraiment." Le plus triste, c'est que c'était vrai, en général il n'y avait pas vraiment grand chose qui tournait autour des parents, les fêtes des mères et des pères n'étaient pas fêtés, du moins pas avec Aodhan. "Si vraiment t'as besoin de calme, demande moi, en haussant la voix, ça suffit à les calmer." Parfois.

Pour le reste, il s'était contenté que de sourire et de hocher la tête, elle se ferait sa propre idée sur place de ce que valait les petits monstres en question et quelque chose disait à Aodhan qu'elle ne serait pas venue pour rien. Puis, répondant à sa question après qu'elle eut réfléchit un instant d'une façon qui semblait absurde au professeur, les élèves allaient sûrement l'adorer : "Absolument n'importe quoi.." Enfin, "à la limite de ton domaine de compétence évidemment." Bon, il espérait qu'elle ne tente pas immédiatement de leur faire faire du Picasso pour être franc mais ça semblait assez improbable.

Bon, le prof me disait de l'appeler par son prénom et non son nom de famille, c'était légit. En même temps faut se dire qu'il a sûrement pas envie que je l'appelle comme une élève plutôt que comme un collègue, vu que j'étais là pour aider. Par contre sa remarque qui allia avec me fit échapper un rire, une sorte d'expiration d'amusement face à ses paroles. Maître C'était marrant et surtout totalement inapproprié de parler de ça, personnellement, j'en avais rien à faire, pas sûre que ce serait passé avec quelqu'un d'autre. "Quel dommage alors !" dis-je avec une touche d'ironie et sans la moindre gêne, c'est vrai qu'il était pas moche, mais j'étais pas là pour ça.

Au final, la discussion avait avancée bien tranquillement, que ce soit de son côté ou du mien. J'avais souris quand il indiquait que les plus jeunes pouvaient être les plus hargneux en quelque sorte. Et donc c'était plutôt d'eux qu'il faudrait que je me méfie. Du coup, est-ce qu'il se rendait compte qu'il pourrait dire que ses collègues avaient encore pire monstres que ses adolescents ? "Du coup, c'est compris, on évite de chopper la rage, c'est pas tip top quand même !" C'était complètement stupide, maintenant quand on se faisait mordre, c'était tellement pas de chopper la rage qui nous inquiétait ! En fait même se faire mordre par un animal n'était plus si flippant que ça.

J'avais bien blagué sur le fait que les gamins avant étaient menacés en faisant références aux parents, ce qui marchait plus du tout maintenant. Et justement Aodhan me le confirmait ça. Je crois qu'il l'avait pris au mot pour mot plutôt qu'à la rigolade, peut-être qu'il était trop affecté par le bien-être des gamins pour que ça l'amuse, je sais pas. Ou alors il avait pas compris ? Enfin, comme je le dis toujours, l'humour c'est à tout à chacun hein ! "Ouuuais bah écoute, maintenant on les menacera de les priver d'assassinat de rôdeur ?" ajoutai-je sur le ton de la question, pour relâcher la pression. Je reprenais toutefois mon sérieux, pour lui faire comprendre que j'avais bien compris. "T'en fais pas, ça devrait aller"

Il était quand même souriant comme type, il rigolait un peu, globalement, je me rendais compte que la plupart des personnes ici n'étaient pas désagréable. Ou alors j'ai une vision du monde positive, mais ça, non en fait, non. Il devait juste être sympatoche. "Bien sur ! Je vais pas leur demander de faire de la gymnastique ou je sais pas quoi, oh, ou des maths, qu'est-ce que je suis mauvaise en maths." Je m'imaginais déjà entrain d'essayer de leur apprendre des trucs du genre, ou moi-même je comprenais rien du tout. "On est d'accord que deux plus deux ça fait sept non ?" dis-je avec un grand sourire avant de proposer à l'homme de se rendre vers la salle. "Nan, des idées de trucs à dessiner, tu veux qu'on aille préparer la salle ?"