J’écoute ce qu’elle me dit quand elle me parle de sa fille qui a disparus. J’ai surement un air un peu miné qui s’affiche sur mon visage, je ne suis pas du genre à partager la peine des autres et en règle générale les soucis des autres ne m’intéressent que s’ils peuvent me rapporter quelque chose, en bien ou en mal d’ailleurs. Mais je ne sais pas, là je me dis que perdre sa fille, ça ne devait surement pas être marrant, et même si j’étais totalement anti-enfant, ces petits trucs qui courent partout et ne servent à rien, je pouvais comprendre qu’on y attache de l’importance « Désolé pour votre fille »

J’observe alors Hope prendre elle aussi deux gorgées. Oui, bon après tout, mes deux premières questions semblaient assez simples. Qui n’avait jamais tué depuis le début de l’épidémie. Moi j’aurais pu prendre deux gorgées, j’avais tué mort et vivant. Mais enfin bon, ce n’est pas non plus la peine qu’elle le sache.

Je la vois ensuite observer autour d’elle et le début de sa question m’arrache un sourire. Forcément, venant de la part d’une femme qui monnaie ses charmes, j’aurais dû m’y attendre. Je comprends qu’elle a envie de boire. Mais finalement, elle donne un détail supplémentaire. Sur le comptoir hein ? Bien joué. Je lève les yeux au ciel, faisant mine de réfléchir. Alors théoriquement je ne devrais pas boire, car sur ce comptoir-là, promis, je n’ai jamais rien fait mais … Je prends quand même une gorgée, une petite et j’ajoute pour me justifier « Sur ce comptoir-là, non. Mais sur un comptoir … Oui » Et je lui fais un clin d’œil.

Je prends un nouvel instant pour réfléchir en lâchant un petit « A moi, donc … » Je fais comme elle et balance mon regard de gauche à droite pour essayer de trouver l’inspiration. Je décide de rester sur le même sujet qu’elle et lui dis « Je n’ai jamais couché avec plusieurs personnes à la fois » Et je lève mon verre, pour trinquer, mais je ne le bois pas. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, j’aime profiter des choses simples dans la vie comme le sexe, mais je n’ai jamais été avec plus qu’un partenaire à la fois. Bon, je n’ai pour autant rien d’une sainte, mais dans mon immoralité concernant ce sujet, j’ai une certaine estime des choses que je suis prête à faire et ça, ça n’en fait pas partie.

Je la fixe alors dans les yeux, je suis curieuse de savoir si elle va boire ou non.

Je souris à la remarque de la jolie blonde. C’est vrai que question cul, on n’y sont pas aller de main morte et ce n’est peut-être pas forcément le meilleur moyen d’apprendre à connaitre quelqu’un. Encore que … ça en dit long sur les personnes, mais parfois, certains sujets étaient mieux quand ils n’étaient pas exposés. Pas que j’ai finalement honte de quoi que ce soit, mais bon, si je pouvais éviter de crier sur tous les toits que j’ai été prête à un moment dans ma vie de faire le tapin pour une dose de drogue, je préférais éviter. Je me contente alors de lui répondre « Un film de cul hein ? Après tout, pourquoi pas. Un métier comme un autre » Et j’accompagne ma remarque d’un clin d’œil. Encore une fois, je ne juge pas. On avait tous une partie de nos vies dont on n’était pas forcément fier. Et si pour ma part, c’était autant avant l’épidémie qu’après, pour certain c’était juste l’inverse.

J’écoute ensuite sa question à elle. Honte d’un plan cul ? Mon verre va malheureusement devoir se vider un peu. Je prends une gorgée et réfléchis à l’explication que je vais bien pouvoir donner. Je reprends finalement ses mots à elle « J’ai pas mal déconné aussi, pendant une bonne partie de ma vie. Je ne dis pas que c’est mieux aujourd’hui, mais … j’essaie de faire en sorte de pas continuer à trop abuser des bonnes choses » et je souris.

Je prends ensuite quelques secondes pour réfléchir à la suite. On a dit que le cul c’était bon. Mais du coup, de quoi allons bien pouvoir parler. Entre deux inconnues assises à un bar et jouant à un jeu d’alcool. Restons pour le moment sur des sujets simples, même si parfois, douloureux pour certains « Je n’ai jamais été mariée » Et forcément, je ne bois pas. Non pas que le mariage ne m’intéresse pas, mais disons que je n’ai pas vraiment la notion de fidélité comme le monde l’entend, surtout dans un mariage. Je suis déjà fidèle à moi-même et c’est pas mal. Et puis, je ne me suis jamais assez attaché sincèrement à quelqu’un pour avoir envie de passer à l’acte. Une seule personne, continue de hanter mes pensées, mes rêves et mes cauchemars, mais, pour le coup, le mariage est impossible.