CenturyLink Field. C'est là où tout à merdé.
Elle avait quittée le motel tôt aujourd'hui, le sac à dos plein, son fusil vide dans le dos pour faire peur et son petit flingue cachée à la ceinture. Son but aujourd'hui, et comme les jours précédents, c'était de retrouver sa petite fille en vie, saine et sauve. Depuis son arrivée dans la famille d'Oxana faut dire qu'elle a un peu délaissée ses recherches ce qui ne l'enchante pas tellement, et avec le bordel qu'on foutu ces émissaires de New Eden elle était bien plus pressée de retrouver son enfant.

Elle a donc rejoint le stade assez rapidement, là où ils s'étaient perdus de vue lors de la cohue. Même si ça remontait à plus de cinq ans, la jeune femme ne perdait pas espoir et priait tout les Dieux possible de pouvoir trouver le moindre indice sur la direction qu'a pu prendre son enfant ; et accessoirement son ex-mari. Hope ignorait sur quoi elle pouvait tomber, trouver, même si évidemment il allait y avoir un beau gang de morts. Peu importe, le plus important est de retrouver la trace de Violet.

Elle a tournée autour du stade une matinée entière. Elle ne laissait rien au hasard, prenait n'importe quoi comme indice. Mais plus les heures passaient, et plus la jeune femme sentait sa motivation la quitter. Comment elle a pu imaginer réussir à trouver quoi que ce soit ici ? Elle décida donc de grimper les longs escaliers qui allaient lui permettre d'avoir une vue plongeante sur l'intérieur du stade et noter les dégâts sur une échelle ; et rien qu'en voyant le nombre de morts à l'intérieur, c'était un bon gros dix.

Le point positif, c'est qu'ils n'avaient pas remarqué sa présence, et qu'ils ne risquaient pas d'aller bien loin, enfermés comme des poissons dans un bocal trop petit. Déprimée, Hope s'est empressée de grimper les treize étages de la tour pour se poser juste en dessous du score. Dans un coin, elle s'est assise au bord d'une rambarde, les pieds dans le vide, bouteille de... quelque chose dans la main. C'était l'heure de boire un peu.

Hope sentit un frisson désagréable la parcourir lorsque la voix d'un homme, inconnue dans ses souvenirs, vient jusqu'à elle pendant qu'elle tenait son visage dans sa main libre. Levant doucement ses yeux dépareillés vers l'inconnu qui lui fait face, en plus de ça armé, la blonde se redresse tant bien que mal même si elle ne ferait pas de mal à une mouche. Elle fait mine de se gratter le mollet, s'assurant surtout de la présence de son couteau à cet emplacement, juste au cas où. Si elle devait quitter ce monde, la jeune femme voulait surtout le faire de son plein gré, et pas sous la main du premier venu.

— La vie elle-même est risquée depuis plus de cinq ans, alors, pourquoi pas ?

Lui souffle Hope avec un faible sourire en coin en haussant machinalement les épaules. Elle le laisse s'approcher sans bouger d'un pouce, si ce n'est qu'elle se décale légèrement sur la gauche pour faire de la place à cet inconnu. La jeune femme préfère l'avoir le plus proche de son couteau, qu'elle a bonne distance de son fusil. Elle retient un léger rire cependant face aux remarques de l'homme armé.

— Oui, je m'attendais à beaucoup mieux de la part de l'équipe des grogneurs. L'équipe il manque une partie de mon corps se débrouille pas mal.

Hope décide de jouer la carte de la jeune femme sympathique, avec de l'humour -  qu'il soit bon ou non. Peu importe. Elle va même jusqu'à tendre sa bouteille vers l'homme pour lui proposer une gorgée, en espérant qu'il ne compte pas rester ici bien longtemps pour qu'elle puisse tranquille peser le pour et le contre de se jeter de cette hauteur. Mais son sourire disparu bien vite lorsqu'il demande, d'un coup, si elle avait perdu quelqu'un ici. Son regard se pose aussitôt sur le terrain du stade, revoyant dans son esprit la horde de morts tout piétiner sur son passage, les militaires surmenés, et sa main lâcher celle de son ex-mari avec leur fille dans les bras.

— Mon ex-mari et ma petite fille, mais je sais qu'elle est toujours vivante.

Et ça, personne ne pourra lui enlever. C'était une sensation puissante et indescriptible qui lui permettait de se lever tout les jours, mais pas assez pour faire disparaître ses tendances dangereuses. L'observant du coin de son œil bleu, elle ajoute ensuite à son tour :

— Toi aussi ?

C'est ce qui expliquerait sa présence ici, ou alors c'était tout simplement un pillard et après une chasse sans succès dans un stade beaucoup trop peuplé, il a jeté son dévolu sur une femme seule. Elle se décide ensuite à descendre de sa place pour se tenir debout à côté de l'homme à qui elle demande enfin le nom, main tendue.

— Je suis Hope, et toi ?

Alors qu'il refusait poliment de prendre une gorgée de sa bouteille, Hope hausse machinalement les épaule en portant le goulot à sa bouche, prenant sa part et la sienne. Elle serre les dents alors que le liquide ambré coule le long de sa gorge et l'enflamme. Elle sent malgré tout un frisson électrique la remettre d'aplomb, d'un coup, et elle dépose son regard dépareillé sur l'homme à sa gauche, qui se présente finalement sous le nom de Richie. Prénom étrange, peu commun pense-t-elle en se disant que ça devait sûrement être un diminutif. Mais elle n'y prête pas plus attention.

— Elle s'appelle Violet, une petite tête brune, les yeux bleus, on a toujours l'impression qu'elle boude alors que c'est son visage au naturel.

Elle émet un léger rire, pensive, bloquée dans les souvenirs de sa petite princesse avant qu'elles soient séparées. Cinq années se sont écoulées, et elle ne se doute pas que cette dernière à bien évidemment changée pendant tout ce temps. Elle espère que le jour des retrouvailles, elle se souvienne de sa mère. Hope tourne ensuite son visage vers Richie lorsque ce dernier commence à se confier aussi sur la vie de ses filles. Un sourire courbe doucement ses lèvres avant de se transformer en un petit rire étouffé, amusée.

— Oui, je pense aussi que c'est un truc de parent. Comment peut-on imaginer son enfant décédé sans l'avoir vue ?

Hope refusait tout simplement d'y croire. À la cage, les clients étaient même habitués à voir la blonde se pavaner avec une photographie, en demandant à qui le voulait bien si ils avaient aperçu son enfant. Son regard plongé dans les deux prunelles glacées de son interlocuteur, elle s'y perd le temps d'un instant, alors que le silence s'installe et ponctué par de simples grognements de rôdeurs. Elle finit par se racler doucement la gorge, son dos quittant la rambarde pour retourner près de son sac, où elle range sa bouteille.

— Et sinon, Richie, tu faisais quoi dans le coin ? Tu cherches quelque chose en particulier ?

Une fois la bouteille en sûreté et le sac zippé, elle l'installe contre son dos en se retournant vers l'homme qu'elle venait à peine de rencontrer. Il ne semblait pas être un ennemi, et Hope préfère continuer à glisser sur la pente de la sympathie plutôt que l'inverse.

— Si ça te dis.. On peut se fouiller le coin ?

Hope hoche doucement la tête lorsqu'il annonce avoir bêtement pensé trouver des vivres dans le coin. Un petit sourire courbe les lèvres de la prostituée qui lui donne une légère tape amicale sur son épaule.
— C'est pas idiot, j'ai pensée moi aussi la même chose à plusieurs reprises. Mais comment tu veux réussir à traverser cette marée noire toi ?
C'était tout simplement impossible. Hope aussi avait donc pensée la même chose, mais surtout dans l'optique de retrouver des indices sur le cheminement de son ancien époux et de sa fille. L'idée d'y trouver des vivres ou autre objet utile ne lui a jamais traversé l'esprit. Et pourtant, c'est tout à fait logique. Elle se souvient très bien que les tentes aménagées sur le stade étaient très gonflées niveau nourriture, vêtements, et objets du quotidien. Même si certaines vivres ne doivent plus être consommables, certaines boîtes de conserves seront sûrement encore mangeables. Et aujourd'hui, elle n'était plus seule pour chercher, même si Richie pouvait être le grand méchant loup, Hope espérait que non, et faire de lui un bon allié. Sauf lorsqu'il devient trop curieux, comme en cet instant où, pendant qu'ils descendent, il lui pose une question assez dérangeante.
— Oui.
Réponds la masseuse à ses heures perdues, de but en blanc, sur le même ton employé par son vis-à-vis. Elle n'a jamais été du style à mentir, la blonde n'y trouvait aucun intérêt. Ce qui ne l'empêche pas d'être gênée. Elle passe doucement une main dans sa nuque, avant de reprendre.
— J'ai la mauvaise habitude d'être un peu.. Suicidaire. J'ai ni amis, ni famille pour m'aider, et j'évite d'en avoir pour ne pas risquer de les perdre.. Du coup, enfin.. Excuses moi c'est pas logique ce que je dis.
Un rire nerveux quitte la barrière de ses lèvres, avant de reprendre la marche, remerciant son compagnon du regard lorsqu'il change de sujet finalement.
— J'ai un petit groupe oui, je travaille pour le motel, je fais des massages ou alors je danse à la Cage. Et je suis prostituée aussi.
La pause entre ses deux premières occupations et la dernière étant voulue, c'est pour mieux observer la réaction de Richie et tenter de connaître le fond de sa pensée, ses yeux vairons glissant sur le visage de ce dernier. De cette manière, elle pourra peut-être savoir si il est vraiment de bonne compagnie ou faisait-il simplement semblant. Elle manque d'ailleurs de tomber en loupant une marche, se rattrapant au bras de Richie qui marchait devant elle. S'excusant d'une petite voix, elle reprit ensuite, comme si de rien n'était.
— T'as un groupe toi aussi ? Ou tu es plutôt du genre solitaire à aider les âmes égarées ?