Faudrait faire un nettoyage de la zone. Laisser un gros groupe comme les New Eden, par exemple … Le problème serait que le bruit des armes à feu puisse attirer toujours plus de rôdeurs.

Il fit la moue, haussa une épaule. À leur époque, les survivants parvenaient de mieux en mieux à se débrouiller. Culture, pêche, chasse, renouvellement de matières premières … la société se remettait petit à petit en marche, revenant à un essentiel que le monde avait perdu depuis longtemps.

À la question de Richie concernant de possibles pensées suicidaires, Hope répondit par l'affirmative, sans prendre de pincettes, confirmant la supposition du père de famille. Il n'était pas étonné. Pas du genre à se montrer réellement empathique.
Le visage grave, il l'écouta et finit par hocher la tête.

Non, c'est tout à fait logique, au contraire.

Il n'avait pas de pitié pour elle, seulement de la peine, pour l'infime différence entre ces deux termes. Et il n'était personne pour l'empêcher de faire quoique ce soit, pour l'obliger à rester dans ce monde-là. Lui-même était du genre à songer à la mort. Il aurait été le plus grand des cons à vouloir prôner la vie à cette femme qui avait tout perdu. Et de toute manière, si elle comptait réellement se foutre en l'air, elle le ferait. L'arrivée imprévue de Richie n'avait fait que retarder l'inévitable.

Ils descendirent calmement les escaliers, restant malgré tout attentif, ne faisant pas trop porter leur voix, au cas où.

Hope admit qu'elle ne vivait pas seule finalement, et qu'elle parvenait même à travailler. Pas le genre de travail qu'il enviait, en revanche. Son regard croisa le sien quand elle avoua être prostituée.
Imperturbable, Gordon se contenta de hocher la tête avant de rebraquer le bleu de ses yeux droit devant lui.

Pas par passion, j'suppose, hasarda-t-il comme s'il parlait de n'importe quel travail.

Il était personne pour apporter un quelconque jugement, et était loin d'être du genre pervers. De toute façon, même s'il aimait les femmes, son attrait était beaucoup plus tourné vers les hommes. Jamais il ne lui viendrait à l'idée de payer pour soulager ses pulsions, parce qu'il n'en avait tout simplement plus du tout depuis le début de l'épidémie. Mais il imaginait sans peine le nombre d'hommes qui devaient passer au môtel d'Oxana. Et il plaignait Hope. C'était une manière de survivre, et nul doute qu'il aurait pu, en désespoir de cause, faire de même s'il avait été une femme.

Ils passèrent finalement la porte de sortie et s'arrêtèrent devant. Autour d'eux, c'était calme. Les rôdeurs s'étaient visiblement tous regroupés à l'intérieur du stade, excepté ceux que Richie avait abattu dans les escaliers, avant de rencontrer Hope.

Je suis seul. Depuis un moment maintenant. Au départ je pensais que c'était un choix, mais je me rends compte que la solitude ça me rend complètement fou. Mais ... de façon contradictoire, j'crois que j'ai pas vraiment envie de nouer des liens, avoua-t-il, songeant à voix haute.

C'était pas peut-être. Richie refusait de s'attacher. Très égoïstement, même. Vu comment s'était fini son histoire avec la faction qu'il avait créée, vu comment il avait tout gâché, il refusait de se replonger dans tout ça et de refaire les mêmes erreurs. Une fois, on lui avait pardonné. Pas sûr qu'il soit lui-même capable de s'octroyer le pardon s'il recommençait.

Dur de se trouver un but, ou un intérêt à continuer. Seul ou dans un groupe, d'ailleurs. Tout paraît ... tout est vain, j'ai l'impression.

Il lui offrit un sourire un peu triste. Dans toutes les mauvaises actions, les meurtres qu'il avait commis et qu'il allait encore commettre, Richie restait une personne protectrice. Que lui aille mal, c'était une chose, mais il était souvent touché par les malheurs des autres. Il ne connaissait pas Hope, mais … ouais, ça le faisait chier, d'être une fois de plus confronté au désespoir.