Elle se dévoile un peu plus, Oakley en apprend beaucoup sur Jolene en l'espace de quelques minutes. Elle a été ingérable à l'époque, est partie en école de redressement d'où la raison de sa présence à Seattle. Il hoche la tête, ne compte pas du tout la juger pour ce qu'elle a fait. Qui est-il pour juger ? Il n'est clairement pas la voix de la sagesse. En fait, il a fait des conneries plus jeune aussi. Pas au point d'être en cellule de dégrisement ou garde-à-vue, mais il en a fait quelques unes. Oh, je vois… Et aujourd'hui, tu es une jeune femme qui aide du mieux que tu peux sur le camp, c'est que ça t'a plutôt réussi. Il tente de trouver quelque chose de positif dans tout ça.

Ayant trouvé le jeu de carte et proposé le jeu du Rami, seul jeu qui vaut la peine d'être joué, Oakley commence déjà à faire le mélange des cartes avant de les distribuer. Jolene lui dit qu'elle risque de ne pas comprendre le principe du jeu, ça n'a jamais été dans son habitude. Le métisse sourit, ah les jeunes… Faut dire qu'avec les consoles, tout les petits trucs high-tech de l'époque, les cartes n'ont jamais été au goût du jour. T'inquiète, je ferai en sorte de tout bien t'expliquer, lui répond-t-il.

Alors que les deux ont leur carte en main et leur verre rempli de Schnaps, ils peuvent discuter plus librement. Oakley lui parle de sa journée au Dispensaire où rien d'intéressant ne s'est véritablement passé. Il lui demande alors à elle, comment sa journée s'est passée ? Elle a dû y passé la journée aux plantations. Bah, j'imagine que tu es plutôt douée maintenant ? Ce mec trouvera un autre endroit où ses capacités lui permettront d'aider la communauté.

Il n'en doute pas. Personne est inutile sur le camp, il y a toujours quelque chose où on est plus doué qu'un autre. Le métisse lui ne serait d'aucune utilité aux plantations, mais il permet aux femmes de pouvoir accoucher plus sereinement.

Le gynécologue jette une carte, puis en prend une nouvelle dans la pioche. Continue de trier le jeu qu'il possède dans les mains. De sa main libre, il vient à porter son verre à ses lèvres et en boit quelques gorgées. Tu sais... Moi, si je mets un pieds à l'extérieur des fortifications, je ne suis pas sûr de pouvoir m'en sortir et je n'ai jamais été quelqu'un de très chanceux, dit-il en souriant. A dire vrai, Oakley n'a jamais mis un pied en dehors du Fort depuis le début de l'épidémie.

Ouais, bon, Oakley qui disait que ça m'avait plutôt bien réussi d'être une merdeuse, je suis vraiment pas persuadée. Lui il voit que la personne qui aide à droite à gauche au mieux et qui sait pas faire grand chose alors qu'en réalité, je fais juste ça pour être acceptée, vue et connue, juste pour me servir des autres au besoin. Enfin plutôt, quand le besoin se fera sentir. Après c'était un gars cool, qui me voyait comme juste une bonne personne sans vraiment faire attention au reste, donc j'allais pas vraiment le contredire. "Je suppose ouais, peut-être que la fin du monde m'a remise dans le droit chemin, ironique non ?" Je voulais pas vraiment parler à qui que ce soit de mes pensées, des souvenirs qui venaient me torturer et me rappeler un bon nombre de regret.

À la place, je buvais un peu, en essayant de me convaincre qu'une minuscule gorgée parviendrait à contenir tout mes mauvais souvenirs. Je souriais, pour distraire potentiellement l'attention de ma malhonnêteté. "Je compte sur toi hein, puis si un jour on en récupère, je t'expliquerais comment te servir d'un portable." dis-je d'un air taquin, j'avais essayé de retenir un peu la blague, mais un rire avait fait place au calme. Je levais un peu mes mains comme une innocente, sans pour autant montrer mes cartes. "Sauf si tu penses que ça ira !" rajoutai-je avec un grand sourire. Je savais très bien qu'il devait savoir se servir de tout ça, mais ça me faisait marrer.

"Je sais pas si je suis douée en jardinage, en tout cas, je tue pas les plantes et je tombe pas dans des trous ! Enfin après c'est pas très compliqué hein, on les noie pas, on retire les mauvaises herbes, globalement y a d'autres trucs à savoir mais ça reste la base. C'pas comme ce que tu fais toi quoi !" Oui fallait pas s'en cacher, j'étais pas très utile, en même temps si quelqu'un avait le choix de me sauver moi ou un médecin, gynécologue et en plus canon. Je veux dire, faut pas être aveugle hein ! Moi ma carte a jouée c'est de séduire les autres, me rendre utile dans un sens moins classique.

Tout en parlant de ça, je déposais trois cartes, un 8, un 9 et un 10. "C'est bon non si je fais ça ? Je fais quoi là, je pioche ?" Ouais bon, j'avais peut-être déjà oublié la moitié des règles, et alors, on avait toute la soirée. Je relève les yeux vers l'homme alors qu'il me dit ne pas être une personne très chanceuse, j'ajoute simplement : "Tu sais la chance c'est relatif hein, y en a qui dirait que t'as de la chance d'être là depuis longtemps, tu vois ? Après, tout dépend le contexte ! Puis en plus, t'aurais tes connaissances de ton côté, les gens paient chers pour ça !" J'avais vu des familles qui survivaient aux lubies de Warren juste parce qu'elles savaient faire des trucs qui sont utiles. Ouais, dans le fond, si on devait choisir, j'avais aucune chance.

Il sourit, hoche la tête. Tu sais, Jolene, je t'apprécie vraiment, je pense que tu es quelqu'un de bien et je ferai tout pour te protéger. La Reed commence à devenir importante pour Oakley, il a cette envie de la protéger et qu'il ne lui arrive rien de mal. Enfin, probablement que c'est plutôt l'inverse étant donné que Oakley n'a jamais été doué, mais à l'avenir, lorsqu'elle se fera attaqué par Casey, elle se rendra bien vite compte que le métisse est là pour elle. Peu importe les situations.

Il se met à rire à sa réaction. Quoi ? T'as cru que j'avais soixante balais ? Tu sais que je jouais grave à la console avant ? Lui dit-il alors. Oakley avait toujours adoré passer un petit moment devant les jeux vidéos, presque un geek ou un nerd. Il ne sait pas trop comment les gens ont appelés ce genre de personnes. Elle parle de la profession d'Oakley, peu peuvent se targuer de le faire. Je pensais justement à créer une sorte de cours de médecine pour que les gens apprennent à se débrouiller seul, enfin tu sais, des trucs basiques. Il se met à réfléchir, ça peut être une bonne idée et ça éviterait d'engorger les chambres du Dispensaire si certains arrivent à se soigner tout seul.

Enfin, il doute que ce soit au programme du jour. Elle déposte ces cartes, un huit, un neuf et un dix. Parfait, elle a une suite qui permet d'atteindre cinquante-et-un points. Oui, c''est ça. Maintenant, tu jettes une carte et tu continues de jouer. A son tour, le gynécologue pose ses carte. Il ne lui en reste plus que trois dans les mains, Oakley a plutôt bien joué le coup. Maintenant, si tu as des cartes qui peuvent aller sur mon jeu, tu peux les poser dessus, t'as compris ? Par exemple... Si j'avais le sept ou le valet dans les cartes que tu as posé, j'aurai pu le mettre. Lui explique-t-il tout gentiment, alors qu'il vient porter ensuite son verre à ses lèvres pour en boire une gorgée. Il sent sa gorge le brûler, mais ne laisse rien transparaître.

Peut-être bien que je suis chanceux d'être là, ouais, répond-t-il finalement Il est là depuis le début, n'a jamais eu à faire aux rôdeurs. Oakley a toujours été en sécurité.