How can I thank you?

La porte se ferma délicatement dans son dos après avoir pris soin de remercier le roi auto proclamé de Seattle. Sa main resta encore quelques secondes accrochée à cette poignée alors qu’il se refaisait la conversation qu’ils venaient d’avoir dans les grandes lignes. James ignorait combien de temps il était resté dans ce bureau, le temps passait toujours étrangement vite lorsqu’il était en compagnie du dandy anglais. Tout était aussi intéressant qu’intéressé entre eux. Et sans son aide, l’ancien garde du corps devait bien reconnaître qu’il n’en serait sans doute pas là aujourd’hui. Bill avait été le seul à lui tendre une main, aussi calculée soit-elle, pour le soutenir. Il était bien plus qu’une simple impulsion pour l’assister au départ. Les semaines s’étaient écoulées et le brun continuait de financer à sa façon le petit groupe qu’avait formé James. Alors la moindre des choses était donc d’accepter la présence chaudement suggérée de la militaire des Bastards ; quand bien même cette idée n’allait pas plaire à Isha.

Ses doigts finirent par se détacher et bien rapidement, le britannique se retrouva à dévaler les escaliers de la cage, pour rejoindre le bar. Il allait avoir besoin de réfléchir à comment annoncer cette nouvelle à la première personne qui s’était portée volontaire pour être à ses côtés. Machinalement, il commanda un verre avant d’aller s’assoir un peu plus loin, sur une table un peu excentrée. Il ne prêta pas réellement attention aux badauds présents ce soir. Le nez plongé dans son verre, qu’il descendit sans doute un peu trop vite, ses pensées vagabondaient. Sur la milice, sur Alex, sur Matéo. Sur ses doigts qui le démangeaient depuis quelques jours, sûrement en manque d’hémoglobine. Alors, pour compenser, il pianotait frénétiquement sur la table de sa main libre. Jusqu’à ce qu’une voix l’interpelle.

Cette voix, James la connaissait. C’était la petite brune insubordonnée des Bastards. Il l’avait déjà repérée, la première fois que son groupe était venu trouver les Devil’s Rejects. Une phrase particulière avait attirée son attention. Puis, il y avait cet interrogatoire du New Eden où la jeune femme avait joué avec les nerfs de l’anglais. Là encore, son attention avait été attirée. Bien-sûr, elle, elle ignorait que là avait été leur première rencontre. Et puis, il y avait eu cette mission chez les Divas. Mais ce qu’il se souvenait le plus, ce n’était pas comment il l’avait aidé. C’était comment elle avait achevé cette femme, sans sourciller.

Lentement, l’escort boy releva ses yeux vers elle, un sourire au coin des lèvres. C’était le moment pour lui d’enfiler son masque invisible. Il opina du chef à sa question qui semblait être plus pour la forme qu’autre chose. Il la suivit un instant du regard alors qu’elle s’asseyait en face de lui avant de jeter une œillade surprise vers le verre qu’elle venait de faire glisser à sa hauteur. Sans trop réfléchir, sa main s’enroula autour de celui-ci alors qu’il reportait son regard sur elle. Il se laissa détailler, sans se défaire de son sourire mais en arquant tout de même un sourcil interrogateur plutôt amusé.

- Je me souviens oui, ce qui est plus étonnant c’est que toi tu me reconnaisses sans ma magnifique chevelure finit-il par dire avec un brin d’ironie dans la voix

Mimant le geste de la jeune femme, James leva son verre en sa direction avant de le porter à ses lèvres.

- Pas besoin de me remercier pour ça, c’était de l’entre-aide

Il marqua une courte pause alors que son sourire s’élargissait un peu plus.

- Et puis, si mes souvenirs sont bons, c’est toi qui as fait le plus important

L’ancien garde du corps pouvait encore voir cette étincelle presque invisible qu’elle avait dans les yeux, son regard déterminé et la façon dont elle avait glissé sa lame sur la gorge de la garde. C’était presque… électrisant. Il n’avait pas choisi le terme important au hasard. Il aurait pu dire qu’elle avait fait le plus gros du travail. Mais en réalité, elle avait fait le plus important, le meilleur, le plus grisant du travail.

- Si j’avais su que t’étais aussi douée avec un couteau, j’aurais même pas cherché à intervenir

Il avala une nouvelle gorgée alors que ses yeux détaillèrent à son tour la brune en face de lui, pour finalement se poser ses les quelques blessures qu’il lui restait.

- Ça va mieux ?  

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How can I thank you?

Ses pupilles détaillaient presque impudiquement la jeune femme qui venait de s’assoir en face de lui, sans vraiment y être invitée. Ce n’était pas ça qui interpellait James, il n’avait pas la moindre intention de refuser sa compagnie. Il devait même avouer apprécier l’audace dont elle faisait preuve. Parce qu’après tout, lui aussi n’attendait jamais de réponse pour s’imposer aux autres. Lexie était une femme qui, sans doute malgré elle, avait réussi à capter l’attention du britannique. Elle l’intriguait, c’était indéniable. Ce qui était incertain, en revanche, c’était de savoir jusqu’où la nature de cette attention pourrait aller. Attiré l’esprit ravagé de l’homme n’était pas forcément une bonne chose.  Cela pouvait s’avérait dangereux, selon l’aspect que prendrait cet attrait. Pour elle comme pour lui.

Le seul problème, c’est que Lexie n’était pas une survivante esseulée. Elle appartenait à un groupe majeur de la ville, ils étaient même sur son terrain à l’heure actuelle. Mais s’il y avait quoique se soit à tirer de cette jeune femme, James se faisait la promesse silencieuse qui trouverait ce quelque chose. Plus elle parlait, plus elle faisait preuve d’aplomb. Et plus elle faisait preuve d’aplomb, plus elle piquait la curiosité malsaine de l’anglais à vif. À la réponse de la brune, un bref rire nasal lui échappa.

- Je sais​, se contenta-t-il de dire l’air à la fois amusé et sérieux.

L’ancien garde du corps ne prit pas le soin de préciser ce qu’il savait. Pour lui, il était séduisant, c’était un fait. Mais il savait également que la jupe lui allait à ravir. Un rien ne l’habillait, comme il se plaisait si souvent à penser.

Le regard, tout comme l’attitude de la jeune femme était bien différente ce soir. Ce qu’il avait cru déceler lorsque la lame avait flirté avec la gorge de la garde ne brillait plus dans les yeux noisette. Sa détermination laissait place à un sourire à la fois charmant et espiègle. Sans s’en rendre compte, sans être à même de le comprendre ; James adoptait ce même comportement tous les jours. La démence s’éteignait dans ses yeux dès lors que la pulsion était satisfaite et il retrouvait bien vite son sourire courtois et sans doute la même assurance que la femme qui lui faisait face. Il n’était pas un adepte de la fausse modestie et la remarque sur les talents qu’elle possédait ne manqua pas de le faire sourire un peu plus.

- Je crois que je m’en serais voulu d’être passé à côté de cette démonstration​

Sa voix avait beau être presque enjouée, James pensait chaque mot qu’il venait de dire. Il préférait être celui qui tenait le couteau, celui qui faisait couler le sang mais il ressentait toujours une certaine excitation à voir les autres le faire. Le faire de leur plein gré.

La suite de la conversation le fît se redresser furtivement sur sa chaise, rapprochant cette dernière au plus proche de la table. Il posa ses coudes sur cette même table et porta à nouveau son verre à ses lèvres ; sans relâcher son regard de Lexie. Elle affirmait ne pas pouvoir arrêter de penser à ce qu’elle avait fait. James mourrait d’envie de savoir ce qui se passait dans sa tête à cet instant. À chaque instant depuis qu’elle avait tué cette garde à vrai dire. La première fois qu’il avait enfoncé une lame dans la peau de quelqu’un, il s’en souvenait encore. Il avait longtemps tenté de mettre ça sur le choc avant de finalement admettre que c’était un sentiment beaucoup plus doux, beaucoup plus agréable. Plus délicieux. Serait-il possible que Lexie en soit à ce stade ? Il ne saurait dire, il n’était pas devin mais une chose était certaine, il tâcherait de faire le nécessaire pour avoir une réponse. Il inclina légèrement son visage, en fronçant un peu les sourcils. Il avait bien du mal à contrôler son regard, qui trahissait sûrement sa curiosité voir son enthousiasme.

- C’était la première fois que tu tuais quelqu’un… comme ça ?​

Il secoua la tête, se permettant d’ajouter quelque chose pour ne pas paraître trop malsain.

- Je veux dire, ça expliquerait pourquoi tu y repenses. C’est… humain.​

Un peu à l’opposé de lui, que beaucoup pourrait qualifier d’inhumain. L’escort boy avala une nouvelle gorgée alors qu’il écoutait les questions de Lexie. Il écarquilla un peu les yeux, le visage toujours plongé dans son verre ; devant tant de questions à la suite.

- Moi ça va, j’ai pas eu trop à me plaindre… Le plus dur pour moi c’était de voir mes jambes épilées pour te dire !​ lâcha-t-il ironiquement

S’il mettait de côté le fait qu’il avait aidé Alex à s’échapper et la découverte de ces nouveaux zombies, c’était tout de même la chose la plus difficile qu’il avait eu à faire. De subir une épilation.

- Je suis avec les sœurs Dean. Tu sais le groupe qui vend du savon et des cigarettes.​

Et qui pillent et massacrent des gens ? Ca, il devait le garder pour lui.

- Mais bien vu, je viens souvent voir Bill. Ça doit être notre côté anglais qui nous rapproche. Ça et le fait qu’il m’ait aidé sur quelques trucs. Après pour être honnête, même si je ne connaissais pas Bill, je viendrais quand-même ici. Pour la vue​, dit-il en levant les sourcils dans un regard entendu

Un léger rire plus tard, James termina son deuxième verre sans doute un peu trop rapidement. Ce soir, il avait envie de profiter. De tout ce dont il pourrait.  

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How can I thank you?

Un sourcil interrogateur vint arquer son arcade. Beaucoup d’hypothèses fusaient dans son esprit alors que la jeune femme continuait d’afficher une assurance qui, pour la plupart des survivants, pourrait s’avérer déconcertante. Les gens sûrs d’eux ne faisaient jamais l’unanimité, moins encore ceux qui maniaient la langue et les sous-entendus avec agilité. À l’heure où certains pourraient voir de l’impudence cynique et indigne dans l’attitude de la brune, James ne percevait que son appétence qu’il aimerait combler. C’était son problème, lorsqu’une personne éveillait sa curiosité, il voulait toujours aller au bout. Assouvir ce besoin, quelque soit sa nature, devenait une nécessité qui pourrait rapidement tourner en une obsession envahissante.

- Je vais devoir attendre une nouvelle mission suicide pour avoir une démonstration de ces autres choses que tu sais faire ?

L’anglais parlait sur le même ton que la jeune femme, affichait le même sourire mutin qu’elle. Si, bien souvent en public, il calquait son attitude sur la personne en face pour devenir ce qu’on attendait de lui ; il n’avait pas réellement besoin de se forcer cette fois-ci. Au contraire même, alors que Lexie venait à lui parler, lui confier peut-être même, ce qu’elle avait ressenti en tuant cette garde. La seule chose qu’il s’efforçait de faire, à cet instant, c’était de se contrôler. De contrôler le frisson d’excitation macabre qui le gagnait, de contrôler son sourire qui ne devait pas trahir sa malsanité, de contrôler son envie d’en savoir plus ; d’arracher les réponses même s’il le fallait. La seule chose qu’il ne maîtrisait pas, c’était cette lueur qui venait de s’allumer dans ses yeux. Une lueur courte mais vive qui dépeignait peut-être pour un œil attentif plus qu’il ne le voudrait. Elle se livrait, petit à petit. Et à chaque mot, James continuait d’appuyer son regard dans celui de la belle brune, inclinant légèrement le visage pour l’inciter à continuer. Et c’est à ce moment là que le mot qu’il espérait presque entendre sorti. Du plaisir. Il sentit son abdomen se contracter imperceptiblement, il se mordait doucement la lèvre inférieure, fronçant les sourcils pour retenir ce sourire perfide qui ne demandait qu’à percer son visage. Parce qu’il était sans doute le mieux placé pour comprendre le contentement ressenti lorsque la vie quittait l’hôte. Instinctivement, l’ancien garde du corps rapprocha encore un peu plus sa chaise, comme il pouvait le faire au moment où le film devenait le plus intéressant. Ce fût le regard fuyant de Lexie qui le ramena à la réalité où il se trouvait. Il était à La Cage, il y avait du monde autour d’eux. Peut-être même que la Bastard lui mentait, le genre à prêcher le faux pour savoir le vrai. Il secoua la tête, de gauche à droite.

- Non, non, je te prends pas pour une folle, lâcha-t-il le plus naturellement possible
   
Le britannique laissa un court silence planer, cherchant ses mots.

- Je me dis que la vengeance, c’est forcément toujours un peu… Libérateur.

Pour lui, ce n’était pas la vengeance qui était salvatrice, seulement le crime. L’action en elle-même. Mais il ne devait pas se montrer trop direct, il devait jouer ses cartes intelligemment pour savoir si la jeune femme couvait quelque chose qu’il avait lui-même bien longtemps refoulé.

- Le regard qui hante tes nuits comme tu dis, c’est parce que tu t’en veux d’avoir pris du plaisir ou parce que… T’aimerais le revoir ?

Son ton tâchait de rester neutre, malgré cette question intrusive. Mais l’escort boy s’intéressait réellement à ce qu’elle disait. Au mieux, il passerait pour un homme poliment intéressé ; au pire, il passerait pour un homme un peu trop curieux. Et dès lors qu’il aurait une réponse, qu’il pourrait être sûr de la sincérité de la brune, un nouveau jeu pourrait éventuellement débuter.

Le regard de Lexie retrouva finalement le sien et ses lèvres s’étirèrent en un sourire qui se voulait presque réconfortant. Sa façon à lui de confirmer, à nouveau, qu’il ne la prenait pas pour une folle. Tant et si bien qu’il n’eut aucun mal à passer d’un sujet à l’autre, comme si tout était normal. Un bref rire nasal lui échappa alors qu’elle affirmait que ce n’était qu’un juste retour des choses. L’air enjoué alors que la discussion virait sur Bill, sur les occupations de James.

- Le frangin ? répéta-t-il un brin interloqué.

Pour lui, elle était tout sauf anglaise ; sûrement était-ce donc une simple façon de parler.

- Il est pas trop dur non mais je dirais… Redoutable. Mais tu as raison, le charme et l’élégance anglaise, ce n’est pas qu’une légende urbaine, dit-il amusé

Il reprit une mine un peu plus sérieuse, sans pour autant se défaire de son sourire.

- Tu m’imaginais dans quoi, dis-moi ? Je t’avoue que le commerce du savon, c’est pas vraiment mon délire, je fais plus acte de présence qu’autre chose. La vitrine quoi !

Et l’arrière boutique, comme dirait l’autre. L’anglais ingurgita ce qui restait de son verre d’une traite avant d’afficher un air malicieux à la réponse de Lexie.

- Pas encore, insista-t-il en répétant les mots qu’elle avait employés mais si, tu as déjà montré quelque chose d’intéressant, même si je doute pas qu’il y a encore plus captivant.

Il détacha finalement son regard pour aller capter celui de la serveuse rousse qui passait par là, levant sa main pour l’interpeller. Quand bien même il était attablé avec une serveuse d’ici, il n’allait pas se priver pour passer une nouvelle commande. Le temps que les boissons arrivent, James regarda à nouveau Lexie. Il la fixa un court instant avant de finalement reprendre la parole.

- Dis moi, tu es quel genre de personne ? Celle qui parle beaucoup ou celle qui agit ? Ou les deux peut-être ?

Il n’avait rien contre les sous-entendus, au contraire. Mais il aimait encore plus l’action.  

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