La militaire gagne enfin l’immeuble le plus haut du secteur et s’empresse d’atteindre le toit, non sans quelques peines. Habitude qu’elle conserve depuis le début de son apocalypse, un toit ou un arbre, tout est bon pour y voir clair et ne jamais filer à l’aveugle. C’est d’ailleurs ce qui l’a amené à Vancouver, une horde repérée au loin l’empêchait de progresser plein sud et la forcé à prendre la direction de l’ouest pour finir dans cette ville.

Droite comme un I malgré la fatigue, elle prend ses jumelles et commence à observer l’horizon à la recherche du meilleur itinéraire à emprunter. Elle n’a pas le temps de le coller sur son visage qu’un son l’arrête net dans son élan. La brune connait ce bruit, elle pourrait le reconnaître entre mille et pour cause elle l'a entendu bien souvent quand elle était sur le terrain. Est-ce une hallucination ? Nez en l’air, elle tourne sur elle-même pour ne louper aucun angle et finit par s’arrêter quand elle aperçoit l’hélicoptère. La bouche géante, elle reste figée, sans réaction, les yeux dans le vide, comme un chevreuil devant une paire de phares. Ce n’est pas une hallucination. Aussitôt la réflexion faite, elle se remue enfin et suit la trajectoire jusqu’à ce qu’il atterrisse avant de troquer ses jumelles contre son fusil et sa lunette bien plus précise. Le doigt sur la gâchette, plus un réflexe qu’autre chose, elle ne compte pas tirer et la distance est de toute façon trop grande pour réussir un tir pareil.

Elle reste sereine en surface, détachée par ce qu’elle observe par la lunette de son fusil. Pourtant, en dessous, son esprit passe d’une question à une autre comme un rat dans un tunnel. Qui sont-ils ? Leurs équipements sont conséquents mais ne font pas d’eux une unité de l’armée telle qu’elle a pu en connaître. D’où vient cet hélicoptère ? Vu la direction, possiblement le sud, direction qu’elle souhaite prendre. Sont-ils dignes de confiance ? Accepteront-ils de l’aider à quitter ce pays ? Pour ça, elle n’a aucune réponse. Elle évacue alors son agacement d’un soupir bruyant et s’empresse de replier les accessoires de son fusil avant de récupérer son sac à dos militaire pour partir en quête de réponses.

Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas couru aussi vite et aussi longtemps. Plusieurs détours ont ralenti son arrivée à l’hélicoptère, elle est donc sans surprise en retard et apparemment seule sur place. “Shit…" Planquée derrière un container, elle reprend son souffle avant de s’avancer avec prudence. Son arme de poing est dégainée et elle dévisage les alentours avec attention tout en gagnant doucement du terrain. Prudence mère de sûreté. Au loin, elle repère le corps de plusieurs loups, une indication de taille quant à la direction empruntée par les propriétaires de l’engin. Elle ne part pas tout de suite à leur poursuite et préfère jeter un œil à l’hélicoptère maintenant que les environs sont -semble t-il- sûres. Il y aurait pu être des chargeurs ou un peu de nourriture ? Elle ne serait pas contre, elle manque clairement des deux.

Spoiler:

La jeune militaire continue sa lente progression vers l’hélicoptère, l’esprit alerte et son arme de poing toujours en main. L’air soudainement lourd lui arrache seulement un petit soupir à peine audible, elle sait très bien ce qui arrive, la météo est autant l’ennemi que l’allié du tireur d’élite. Si le vent ne se lève pas et que l’orage prend son temps avant d'arriver, ce sera un cadre idéal pour tirer.

Enjambant les premiers cadavres, elle ne leur offre pas un regard, vu l’équipement et l’attitude des tireurs, il ne doit y avoir aucun “survivant” parmi eux. S’il devait y en avoir quelques-uns, elle devrait pouvoir les entendre râler. Quand elle gagne enfin l’hélicoptère, elle accélère la cadence et s’empresse de s’y engouffrer pour tout inspecter à vitesse grand V. Son attention est vite retenue par quelques vivres qui font crier son estomac et qu’elle s’empresse de ranger dans les grandes poches de son treillis. Les secondes suivantes, elle tombe sur un talkie, vérifie aussitôt sa batterie et prend bien soin de ne pas toucher à la fréquence quand elle le range à sa ceinture.

Le tour étant fait, elle ne touche pas au sac disposés au fond de l’hélicoptère et en sort bien rapidement. De là, elle grignote une sorte de barre de céréales tout en reprenant sa route vers les cadavres de loups repérés plus tôt. Elle ne marche pas directement vers ses derniers comme elle n’approche pas la route, elle marche toujours sous couvert des arbres ou bâtiments. Encore de la prudence, encore et toujours.

Résumé:

Les traces ne sont pas difficiles à suivre, question d’ancienne routine, l’habitude est là. Le pont n’est pas son passage préféré, elle se sait exposée sur celui-ci et il est traversé plus rapidement que pour le reste du trajet. Retour sur la terre ferme, elle reprend sa lente progression où la prudence est de mise.

Arrivée devant le laboratoire, les traces disparaissent et la militaire n’hésite pas longtemps sur la marche à suivre, elle ne compte pas foncer dans le tas et préfère miser sur l’observation, encore.

Un bourdonnement familier, trop familier la coupe dans son élan et elle gagne en paleur. Les râles sont bien trop nombreux pour s’agir d’un petit lot isolé. "Fuck..." D’après son expérience en termes d’horde, on en est pas loin, aucune certitude là-dessus cependant, seulement une sale intuition.

Sans perdre la moindre seconde, elle prend la direction de l'entrepôt voisin à huit cent mètres et gagne vite le toit depuis une échelle extérieure. En vitesse, elle déploie son bipied, stabilise son fusil de précision et dépose à ses pieds le talkie, les jumelles et son miroir de poche. Son œil vient ensuite se coller à la lunette de son fusil pour observer “de plus près” le laboratoire et ce qu’elle peut voir par les fenêtres. Elle s’y décolle de temps en temps pour voir si le groupe de rôdeurs - ou la horde - se décide à venir les voir où s’ils vont continuer tranquillement leur route.