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in your likeness

Jeu 17 Juin 2021 - 23:39

IN YOUR LIKENESS
I know I'm not made in your likeness
You're not made for my darkness
I know I'm not made in your likeness
I do try, but I'm hopeless

@victor a. ross

Voilà un mois qu’elles étaient arrivées, et le décret promulgué quelques jours plus tôt avait achevé de la terrifier.

Certes, tout ici semble idyllique, paradisiaque. Comme avant. La nourriture est abondante, bien plus, en tout cas, que dehors. Leur logement est parfaitement isolé, doté de l’électricité et de l’eau chaude – un luxe qu’elle n’imaginait plus connaître. Pour autant, tout cela lui paraît n’être rien de plus que de la poudre aux yeux ; un vernis idéal généreusement appliqué pour cacher la pourriture. Pour faire avaler la pilule, et faire accepter sans révolution les lois toujours plus dures, toujours plus restrictives.

Et Grace, bien qu’elle soit toujours en période de probation, d’adaptation, est déjà pressée de se fondre dans la masse.

L’invitation d’aujourd’hui, elle le sait, n’en est pas vraiment une. Car on doit pouvoir décliner une invitation. Or, le ton de la missive indiquait clairement qu’il était vain d’opposer une quelconque résistance. La signature apposée au bas de la lettre, délicate mais ferme, laissait deviner le nom de Sœur Mary. A tous les coups, la vieille chouette s’était empressée, sitôt Neela et elle sorties de son appartement, de fomenter ce complot ignominieux. Il n’y avait pas d’autres mots pour décrire le traquenard dans lequel elle avait été jetée, et qui la contraignait maintenant à rencontrer un garçon qu’on avait choisi pour elle, sans la consulter.

En abordant la petite église paroissiale, Grace shoote dans un caillou, autant par ennui que par esprit de rébellion. La pierre rebondit quelques instants sur le bitume avant de s’arrêter, insensible aux malheurs de la jeune fille. Renfrognée, elle tripote machinalement la lanière du petit sac bandoulière qui lui a été offert et qui complète sa panoplie de poupée idéale. Grace, l’interpelle une voix qu’elle reconnaîtrait partout, et lui fait relever la tête. Sœur Mary se tient dans l’encadrement de la porte de la petite maison du prêtre, attenante à l’église et surtout dédiée à ce genre de rencontres.

Bonjour, ma soeur, répond-t-elle machinalement, ralentissant inconsciemment le pas. Décidément, elle n’a aucune envie de se rendre à cette rencontre. Elle n’a pourtant pas le choix, et finit par rejoindre la religieuse. Celle-ci la salue en lui pinçant les joues, se fichant pas mal que Grace la dépasse largement, et ne soit plus une enfant. Viens, ma petite, viens. Ton fiancé n’est pas encore arrivé, annonce la vieille femme d’une voix aussi joyeuse qu’innocente, entraînant la jeune fille dans son sillage.

Bien sûr, Grace ne manque pas de relever la formulation. Pardon ? Je croyais qu’il ne s’agissait que d’une simple rencontre, dit-elle en fronçant les sourcils, perplexe. La pauvre vieille doit sûrement dérailler un peu. Il n’a jamais été question qu’elle épouse l’homme qu’on entend lui présenter aujourd’hui. Le décret ne lui accorde-t-il pas, à partir de sa publication, un délai de six semaines avant d’être contrainte d’accepter l’offre qu’on lui fera ? Peut-être a-t-elle mal compris, et son temps est déjà presque écoulé. Se crispant à cette idée, Grace freine des quatre fers. Oh, je suis sûre que tu lui plairas tout de suite. C’est quasiment décidé, minaude la vieille d’un air angélique. Foutue bonne femme.

Indiquant à Grace une place sur le canapé du salon où elle l’a guidée, Sœur Mary se met en devoir de servir le thé, tout en menant seule la conversation. S’impatientant, et ne répondant que par monosyllabes, Grace joue sans y penser avec les plis de sa jupe. Lorsqu’enfin la sonnette de la porte d’entrée résonne, la jeune fille sursaute, comme tirée d’une transe. Ravie, sautillant sur ses guiboles maigrelettes, la nonne repart en direction de l’entrée, pour revenir en poussant devant elle un géant d’homme.

Ainsi donc, voilà son futur mari.
Déjà, Grace grince des dents.  
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Re: in your likeness

Lun 21 Juin 2021 - 22:50


Au départ, j’ai vraiment cru qu’il s’agissait d’une erreur. Pourtant, après avoir lu une dizaine de fois le nom inscrit sur l’enveloppe, il a bien fallu que je me rende à l’évidence ; des Victor Ross, il ne doit pas y en avoir beaucoup à Walla-Walla. Aucun doute, cette lettre reçue quelques jours plus tôt, m’était bien destiné. Une fois encore, il a fallu parcourir les lignes plusieurs fois avant d’en saisir le contenu. Une invitation – ou plutôt une convocation – à aller prendre le thé chez l’une des sœurs du District. Autant dire que j’ai commencé à me faire tout un tas d’idées sur le pourquoi de rendez-vous. Mis à part le lieu, l’heure et quelques formules de politesses, il n’y avait pas grand-chose de plus, outre le fait qu’une jeune femme serait également conviée, une certaine Miss Osborne.

Forcément, avec le décret sorti il y a quelques jours… Je n’ai pas mis longtemps à me faire des films. J’ai parlé de mes craintes à Papa, lui demandant si je devais vraiment y aller. Il m’a dit d’arrêter de m’en faire, qu’il fallait que j’aille à cette entrevue sans m’imaginer le pire. Cela ne m’a pas rassuré pour autant. Heureusement, il m’a aidé à choisir mes vêtements. Une tenue plutôt sobre et élégante, des cheveux coiffés pour une fois… Il m’a accompagné sur une partie du chemin avant de me rappeler de ne pas trop m’en faire…

Une fois devant la porte, à l’heure – Papa m’a toujours dit qu’il était important d’être ponctuel – j’ai hésité quelques instants. Je me suis finalement décidé, appuyant sur la sonnette. La porte s’est finalement ouverte et Sœur Mary m’a accueilli. « Oh le voilà ! Que vous êtes élégant jeune homme ! Entrez ! » Je n’ai pas vraiment le temps de réagir qu’elle empoigne mon bras pour me tirer vers l’intérieur de la bâtisse. Je reste bouche bée un instant, laissant finalement mes yeux s’arrêter sur la jeune femme installée sur le canapé. « Bon-Bonjour. » Je l’interroge brièvement du regard, ne comprenant pas vraiment ce que je fais là. Peut-être qu’elle est plus au courant que moi ? « Je vous présente Grace Osborne ! Miss Osborne, voici Victor Ross, votre fiancé. » Et là, c’est bug complet. Mon regard s’arrête brusquement sur la nonne qui m’interpelle. « Asseyez-vous ! » Dit-elle en désignant la place libre près de la jeune femme.

Une fois assis, mon regard va de l’une à l’autre sans que je ne parvienne à dire un seul mot. « Oh quelle sotte, j’ai oublié le sucre ! Je reviens, profitez-en pour commencer à faire connaissance. » Les pas de la vieille femme résonnent tandis qu’elle s’éloigne. Mon regard se tourne finalement vers Grace que je fixe d’un air perplexe. « C’est quoi cette histoire de fiancé ?! La lettre parlait d’un rendez-vous… Excuse-moi mais… J’étais pas au courant… » Je lui dis ça à voix-basse, commençant à me dire qu’il s’agit forcément d’une erreur.
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Re: in your likeness

Dim 27 Juin 2021 - 12:17

Grace n’est pas habituée à lever les yeux pour parler à quelqu’un. Et pourtant, même de sa place assise, elle devine que le garçon qu’on lui présente est plus grand qu’elle. Vraiment plus grand. Merde, t’es géant, marmonne-t-elle en arborant une expression de stupeur qu’elle ne tente même pas de dissimuler. Malgré l’air réprobateur de la religieuse, Grace ne détache pas son regard de la haute stature du jeune homme. Il doit approcher des deux mètres, putain… A tous les coups c’est une brute, consciente de sa force, et qui n’hésitera pas à la contraindre à l’obéissance. Aussitôt, sa stupeur se transforme en colère et ses poings se serrent sur le tissu de sa jupe.

Alors que Sœur Mary les présente l’un à l’autre, la jeune fille reste obstinément assise, refusant même de tendre une main à Victor pour le saluer. Fusillant du regard la vieille dame tout en se décalant ostensiblement le plus loin possible de lui, Grace reste mutique. Si la nonne espère la faire plier, elle se fourre le doigt dans l’œil. Hors de question qu’elle accepte ce plan à la mords-moi-le-nœud, ce mariage arrangé, cette escroquerie, cette arnaque, ce… cette prison ! Fulminant, elle fixe la sœur alors que celle-ci s’éclipse vers la cuisine. Quelque chose lui dit que trouver le sucre va prendre un temps considérable à la vieille chouette, justement pour leur permettre de faire connaissance.

J’vais la buter, grince-t-elle entre ses dents serrées. Vieille conne, mal baisée, salope, putain… Les insultes s’égrènent, comme autant de prières. Tout d’un coup, elle regrette de ne pas avoir volé les affaires personnelles de la religieuse, trouvées en fouillant son secrétaire alors qu’elle cherchait la lettre de Neela. Comme elle rêve maintenant d’y mettre le feu, de voir le visage souriant de cette vieille photo s’effacer, grignoté par les flammes…

La voix de Victor perce la rengaine de son esprit et la distrait un instant. J’en sais rien, p’tain, mais ça va pas se passer comme ça. Ils peuvent pas m’obliger, ils peuvent pas, répète-t-elle comme un mantra. L’idée même que Victor soit dans la même galère ne l’effleure même pas. Ou plutôt, elle ne le voit que comme un ennemi, un adversaire. Quelqu’un qu’elle devra combattre, renverser, pour échapper à ce traquenard. Car elle ne doute pas que, malgré sa surprise, il se rangera assez vite à l’avis de Mary, trop heureux qu’on lui refile un trou dans lequel se soulager.

Cette pensée la fait frissonner et l’espace d’un instant, elle s’imagine clouée au lit par le poids du jeune homme, se débattant inutilement contre sa poigne alors qu’il s’acharne sur elle, transpirant et râlant comme un animal en rut. Dégoûtée, elle adresse un regard mauvais au jeune homme. Faut lui dire qu’on refuse, qu’on veut pas. Merde, c’est du délire cette histoire, on se connaît même pas. Sa voix grimpe, malgré elle, de quelques notes, et elle jette un coup d’œil en direction de la cuisine, craignant d’être entendue de la vieille. Et puis merde, après tout. Elle va s’opposer à ce mariage, de toute façon. Peu importe que la marieuse l’entende ou non.

D’ailleurs, elle pourrait aussi bien partir tout de suite. Se lever, traverser la maison et claquer la porte derrière elle.

Elle se lève déjà, sans un mot à l’adresse de Victor, lorsque Sœur Mary émerge de la cuisine, un petit pot de sucre à la main. Vous veniez m’aider, très chère ? dit-elle avec un petit sourire narquois, et avec l’air d’avoir anticipé la fuite de Grace. Ou tout du moins, d’avoir entendu ses récriminations. Sans attendre sa réponse, elle prend place dans un fauteuil, faisant face au canapé et, après avoir déposé le sucre sur la table basse, croise ses longs doigts osseux sur son ventre. Alors, Victor, que pensez-vous de ma petite Grace ? Charmante, n’est-ce pas ? Bien sûr, elle a épié toute leur conversation et le met au défi de faire un choix : lui mentir, ou dénoncer le refus de la jeune fille.
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Re: in your likeness

Lun 12 Juil 2021 - 23:53


Ok. L’accueil n’est vraiment pas des plus chaleureux. Seule Sœur Mary me regarde avec un grand sourire, visiblement ravie de me voir ici. Quant à Grace, c’est autre chose. Si sa première remarque m’a surpris, je la regarde avec de grands yeux quand elle profite du départ de la nonne pour jurer comme un charretier. Franchement, je ne sais pas où me mettre. Entre l’annonce subite et imprévue de mes « fiançailles » et l’attitude de la métisse, ce n’est pas vraiment la joie.

Bon, faut que je garde mon calme. Ce n’est qu’une simple erreur, j’en suis certain. Après tout, je n’ai même pas encore dix-neuf ans, c’est trop tôt pour se marier non ? J’essaye de lui faire comprendre que tout ceci n’est qu’une énorme méprise, qu’il n’a jamais été question que je me marie avec elle. Mais cela ne semble pas vraiment apaiser sa colère, elle souffle de nouvelles injures avant de me jeter un regard noir, comme si tout était de ma faute. Je fronce à mon tour les sourcils, levant finalement les yeux au ciel face à son agacement. Si elle croit que je vais la laisser faire ?! Je lui réponds avec autant d’animosité, commençant à perdre patience. « Oui bah c’est bon ! J’y suis pour rien, je t’ai dit ! Laisse-moi lui parler. » Parce que visiblement, elle ne sait pas aligner deux mots sans jurer.

Lorsque Sœur Mary refait son apparition dans la pièce, je regarde Grace se lever brusquement. Mais qu’est-ce qu’elle fout ?! Elle ne va pas s’en aller quand même ? Apparemment non, le retour de Sœur Mary l’a dissuadé on dirait bien. Mais cela n’a pas calmé sa mauvaise humeur. Je croise le regard de la jeune femme, lui faisant un signe de la tête pour lui indiquer que je vais essayer d’arranger les choses. Notre aînée reprend finalement, me demandant comment je trouve la jeune femme. Je lui accorde mon plus beau sourire avant de lui répondre « Pour être franc Sœur Mary, il est difficile pour moi de me faire un avis en aussi peu de temps… Et surtout… Je crois qu’il s’agit d’une erreur. Votre lettre parlait seulement d’un rendez-vous… Il n’est pas dans mes intentions de vous offenser, mais… Jamais il n’a été question de fiançailles, ni Grace, ni moi… Nous ne sommes pas prêts pour ça… »
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Re: in your likeness

Ven 16 Juil 2021 - 22:15

Le nouveau venu a l’air horrifié par son langage, ce qui ravit la jeune fille. Bien. Plus elle sera désagréable, meilleures seront les chances qu’il exige d’être défait de ce lien que d’autres ont tissé pour eux. Après tout, elle a cru comprendre qu’ici, on exécutait sans sourciller les moindres désirs de ces messieurs. Annuler cette mascarade ne devrait donc pas poser de problème. Redoublant de fureur, Grace continue de marmonner dans sa barbe, injuriant en long et en large la religieuse.

Alors qu’elle s’apprête à quitter la pièce, le retour de la concernée l’interrompt brusquement, et Grace ne se prive pas de la fusiller du regard, alors qu’elle rejoint son fauteuil. Sous ses airs de petite vieille fragile, Sœur Mary est en réalité une adversaire redoutable, à l’esprit bien aiguisé. Le regard acéré qu’elle renvoie à Grace la conforte dans son idée : cette femme ne connaîtra la paix qu’en mariant le plus de ses semblables et en les poussant à la procréation, par la violence s’il le faut. Très bien. Elles peuvent être deux à jouer ce jeu-là.

Sans masquer sa rage, la jeune fille se laisse tomber dans le canapé, sans une once de délicatesse. Plantant ses coudes dans ses genoux, elle enfonce résolument son menton dans ses mains, se tenant légèrement voûtée. Le regard de désapprobation de la religieuse ne lui échappe pas, mais Grace se contente de lui tirer la langue, avant de détourner le regard. Il faut qu’elle garde le cap. Être infecte, pour pousser Victor à la rejeter. Ça va marcher, elle le sait.

Et heureusement qu’elle y met un peu du sien parce que franchement, si elle devait compter uniquement sur Victor, ils seraient déjà devant l’autel. Sérieusement, ce type cherche à obtenir l’oscar de la politesse, ou quoi ? Il enrobe sa réponse de chocolat, la parfume à la rose, et la décore d’un joli petit nœud. Ça se voit, qu’il se pisse dessus face à la vioque. Et Sœur Mary semble vraiment se délecter du spectacle. En même temps, un géant de deux mètres dix qui rampe devant une petite vieille, on voit pas ça tous les jours.

Ne vous en faites pas, jeune homme. Je suis persuadée que d’ici au mariage, vous aurez largement appris à vous connaître, et vous serez même impatients. Et elle a le culot d’adresser un clin d’œil au duo. Non, mais vraiment ! De surprise, Grace sent sa mâchoire se décrocher. Parce que vous avez déjà choisi une date ? Merde alors, elle est en train de leur faire exactement le même coup qu’à Neela. C’est tout juste si elle ne lui indique pas un rendez-vous pour les premiers essayages de sa robe.

Bien sûr ! La saison est déjà bien avancée, organiser quoi que ce soit avant la fin de l’été sera difficile, et je suis sûre que vous ne voudrez pas attendre l’année prochaine. Décembre sera parfait, ajoute-t-elle avec un air gourmand, anticipant déjà les festivités. Sous le choc, Grace lance un regard à Victor, guettant sa réaction. Est-ce que Monsieur « Laisse-moi lui parler » va tenter à nouveau la diplomatie ?
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Re: in your likeness

Lun 9 Aoû 2021 - 23:08


« Quoi ?! » Ma voix résonne en même temps que celle de Grace lorsque Sœur Mary me réponds que je finirais par m’y faire, que j’aurais même hâte de me marier. Non... Mais c’est une blague ? Je jette un nouveau coup d’œil vers Grace, fronçant davantage les sourcils. Moi ? Aimer une fille comme elle ? Vu le nombre de jurons qu’elle sort à la minute, je doute qu’elle soit réellement faite pour moi. Qu’a-t-il bien pu se passer dans la tête de la vieille femme pour qu’elle me coltine l’autre tarée ?! Parce que clairement, y’a un truc qui ne va pas chez la métisse. Est-ce qu’elle vient vraiment de tirer la langue à la religieuse ? Bon sang…

Il faut que je reste calme, que je prenne sur moi. Peut-être que toute cette histoire n’est qu’un malentendu. C’est ce que j’espère, vraiment… Mais quand Sœur Mary précise que la date de notre futur mariage est déjà fixée, je me lèvre brusquement, surplombant les deux femmes de toute ma hauteur. « Mais non ! Il est hors de question que j’épouse qui que ce soit ! Vous ne pouvez pas ! » J’ai beau parler fort, la nonne n’a pas l’air impressionnée. Elle relève les yeux vers moi, un petit sourire pincé sur les lèvres. « Victor, voyons ! Ne vous énervez pas ! Je suis certaine que vous vous entendrez à merveille ! » Prêt à lui rétorquer une nouvelle fois que je refuse, elle me coupe dans mon élan. « Cela vous laisse six mois pour faire connaissance, tout se passera bien, je vous le promets ! Bien sûr, Miss Osborne doit apprendre à mieux se comporter en en société. Mais avec un jeune homme aussi adorable et gentil que vous, je ne me fais pas de soucis ! Allez, asseyez-vous, s’il vous plaît ! Vous prendrez bien du thé ? » Je reste figé quelques instants, me sentant terriblement bête. L’envie de partir en claquant la porte me traverse l’esprit mais je plie finalement les genoux pour m’asseoir à nouveau sur le canapé… J’évite le regard de Grace, me contentant d’attraper la tasse que me tend Sœur Mary. Le rendez-vous se poursuit dans un silence pesant, seulement perturbé par la voix mielleuse de la nonne qui semble un malin plaisir à évoquer notre future union, nous voyant déjà heureux avec tout un tas de marmots. Je n’ai qu’une envie alors, que cet entretien se termine le plus rapidement possible…

***

Quelques jours plus tard, et après réfléchit à tout ça… J’aperçois finalement Grace à la sortie de la messe dominicale. Vêtue du costume que je porte chaque dimanche, je m’excuse auprès de Papa, lui expliquant que je les rejoindrai plus tard, pour le repas du midi. Mains dans les poches, je m’avance finalement jusqu’à la métisse, l’interpellant finalement. « Grace ? Est-ce que je peux te parler s’il te plaît ? » Je la regarde d’un air sérieux, bien décidé à avoir une conversation avec elle au sujet de notre rencontre chez Sœur Mary.
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Re: in your likeness

Dim 29 Aoû 2021 - 21:19

Est-il vraiment nécessaire de préciser que la religion et Grace ne font pas bon ménage ? Engoncée dans ses habits du dimanche – qui ne diffèrent pas beaucoup des autres jours de la semaine – la jeune fille jette des regards alentours, observant les fidèles assis sagement sur les bancs de l’église. Tous semblent écouter attentivement, mais à y regarder de plus près, il est évident qu’un certain nombre d’entre eux fait semblant. À ses côtés, Ruth lui expédie son coude dans le bras pour mieux la rappeler à l’ordre. Sa tante n’est pas plus croyante qu’elle – et surtout, elle a divorcé de son mari pour vivre avec une femme – mais l’ancienne policière est plus douée que sa nièce pour préserver les apparences.

Plongeant le nez vers le livre saint qu’elle a reçu en arrivant, quelques semaines auparavant, Grace ne parvient pas à feindre plus de quelques minutes. Très vite, elle relève la tête et épie, plus discrètement, les présents. Soudain, son regard capte une silhouette qui, même assise, domine toutes les autres. Victor. De rage, son cœur loupe un battement, et elle tourne la tête vers Ruth pour lui murmurer quelques mots, lui désignant le jeune homme du doigt. Celui-ci ne semble pas les remarquer, et après que sa tante se soit détournée, Grace continue d’observer Victor. Un homme plus âgé, mais visiblement aussi grand, est assis à côté de lui, absorbé par ses psalmodies. Il y a un air de ressemblance entre eux, et elle suppose qu’il s’agit de son père.

Soudain, tout le monde se lève et Grace les imite avec un temps de retard. La messe est terminée, et elle a à peine le temps de rassembler ses affaires avant d’être poussée vers la sortie par les fidèles de sa rangée. Oh, ça va, les culs-bénis, poussez pas. Grognant encore quelques insultes, elle se faufile à l’extérieur, laissant à Ruth le soin de s’excuser pour elle.

Avec soulagement, elle respire l’air frais et s’étire, ankylosée par le temps passé sur ce banc inconfortable. Comme à son habitude, elle ne fait aucun effort, baillant ouvertement, un bras passé derrière la tête et la main opposée agrippant son coude. Elle est néanmoins surprise d’entendre une voix l’interpeller, et se retourne, pour découvrir Victor. Fronçant les sourcils, elle ne lui adresse pas un sourire.

T’as pas peur qu’on nous traîne tout de suite devant le prêtre ? lâche-t-elle d’un ton acerbe. Il est juste là, autant en profiter. Elle n’a, bien sûr, pas décoléré depuis le piège tendu par Sœur Mary, et si Victor n’y est pour rien, il n’est pas à l’abri de ses foudres. Devant son air sérieux, elle roule des yeux et croise les bras sur sa poitrine.

Qu’est-ce que tu veux, alors ? Je t’écoute. Aimable comme une porte de prison, comme toujours. Du coin de l’œil, elle aperçoit Ruth qui sort enfin de l’église et se dirige vers eux, visiblement furieuse. Il faut dire que Grace n’a pas été particulièrement tendre avec les pressés qui l’ont pour ainsi dire mise dehors. Oups. Viens par là. Sans réfléchir, la jeune fille attrape Victor par le coude et l’entraîne à l’écart, derrière l’église. Avec un peu de chance, Ruth ne les aura pas vus se fondre dans la foule et disparaître.
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