Euh, merci... Ruben dépose tout ce qu'il a dans les bras, donc tous les outils dont je pourrais avoir besoin pour les travaux à l'intérieur sans m'indiquer spécialement ce que je dois en faire. Tout est étendu sur une toile cirée, sous le préau monté par Fred quelques années auparavant. Je vais me débrouiller avec... J'imagine ?
Oublie juste pas de mettre tes protections, ok ? Qu'il me répond.

Je hoche la tête. Oui, les protections. Evidemment. Sauf que je n'ai pas vraiment d'idées de qu'est-ce qui sert à quoi à l'instant. Fred et une autre personne se ramène finalement avec les planches en bois qui serviront à faire la découpe des meubles à l'intérieur, apparemment Caleb a pensé à tout lorsqu'il a pris les mesures. Sauf qu'avec tout ça, je n'ai quand même aucune idée de ce que je dois faire, et c'est un peu frustrant. Je fronce les sourcils, fixant les allés et venus des hommes qui se complaisent à m'aider sans vraiment le faire.

Tu es sûr que... Je contourne le camion, à la recherche du mécanicien qui en a fini de remettre en état le moteur et qui m'a vaguement appris à conduire ce dernier. Très vaguement. Je sais que je vais devoir m'y mettre sérieusement si je veux aller m'aventurer au No Man's Land avec, c'est un détail que j'aurais préféré éviter. Fred ?

Disparu. Je pose les mains sur mes hanches soupirant. Très bien, je n'ai aucune idée de qui doit venir m'aider mais j'imagine que je vais compter d'abord sur moi même.

Ah bah sympa... Je marmonne ça et termine de soupirer. C'est bien ma veine.

J'essaie de faire montrer d'un peu d'optimisme actuellement, et j'imagine que comme c'est mon projet, j'ai plutôt intérêt à savoir me débrouiller. Je ne suis pas contre apprendre, mais je préfère forcément le faire correctement. Entre le bricolage et la cuisine, il y a quand même un monde. Soufflant en venant lever les yeux au ciel, je m'équipe néanmoins. Gants de protection, lunette, même un tablier que m'a confié Caleb qui est, parait-il, pas trop mal. Je crois que ça fera l'affaire. J'ai de toute façon déjà les épaules en vrac à force de vider l'engin la veille et l'avant-veille, celui-ci est propre et aura besoin d'un autre nettoyage quand j'aurais fini de tout monter... Je crois que je m'inquiète d'avantage pour le découpage de la taule, ça va être une drôle d'affaire encore...

Oh salut ! J'ai presque un sursaut en entendant la voix qui m'interpelle.

Je ne m'attendais pas à avoir vraiment de l'aide, les gars avaient l'air tellement motivé à juste me laisser me débrouiller que j'ai cru que ça serait tout simplement le cas. Je m'en serais pas forcément formaliser je pense, c'est mon projet après tout, à moi de savoir me débrouiller avec, non ? Enfin, l'homme s'avance, se présente, nous avons sensiblement le même âge de ce que j'analyse, et il m'explique rapidement ce qu'il fait, qui il est, et les questions qu'il se pose. Pas forcément dans cet ordre là cependant. J'essaie de suivre, et esquisse juste un sourire de circonstances :

Olivia, je suis surtout en cuisine, je lui précise la chose rapidement, d'un hochement de tête. En fait en cuisine, je suis la plus disposée à beaucoup de choses, notamment le stockage de la nourriture, leur transformation. Le travail que nous y fournissons est constant mais grâce à ça, nos stocks sont vraiment en très bon état, et c'est satisfaisant à voir. Enfin, autant prendre le temps de répondre à ce qu'il se demande : Oui le moteur fonctionne, Fred s'est occupé de le décrasser mais il aimerait pouvoir changer quelques pièces avant de m'en confier les clés... Et à m'apprendre à conduire aussi !

J'esquisse une petite grimace à la remarque, ce n'est pas encore gagné avec un oeil aveugle et l'impossibilité d'estimer les distances comme les autres mais, enfin, ce n'est pas impossible non plus. Il faut juste que je trouve les bonnes solutions à ça.

L'idée c'est de le reconvertir en sorte de foodtruck, si tu vois ? D'ailleurs, je fouille dans la poche arrière de mon jean. Le gant de protection me gène alors je le coince entre mes dents pour m'en libérer et reviens saisir le carnet pour l'ouvrir et lui présenter les quelques croquis que j'ai en tête. Les oeuvres sont assez ridicules, des crayonnés rapides, des schémas avec des traits et des carrés. Mais, on comprend où je veux en venir : J'ai griffonné quelques plans si tu as besoin...

Il faudrait sans doute les refaire au propre.

Par contre l'intérieur n'est pas très haut, pour moi ça ne me dérange pas mais pour d'autres gabarits, ça risque d'être rapidement étroit, je le lui signale pour l'inviter à peut-être aller voir d'abord de lui-même. La hauteur est d'un bon mètre quatre-vingt, peut-être un peu moins. Caleb, Fred et Ruben ne peuvent pas y rendre, les frères Gulbrandsen non plus d'ailleurs... Je ne sais pas si tu as besoin d'autre chose ?

Saseum parle, il parle et il parle beaucoup, et je ne suis pas sûre que ça soit à moi qu'il s'adresse. Je le regarde longuement en essayant de bien tout comprendre sur ce qu'il me raconte, plissant même les yeux pour avoir l'air concentrée. Très honnêtement, je crois que je n'en suis pas la moitié, mais on va dire que je lui fais confiance parce qu'il a l'air de savoir ce qu'il dit et ce qu'il fait. Je hoche la tête lorsqu'il porte un regard sur moi, comme s'il cherchait mon approbation, et je hausse les épaules pour tenter de donner l'impression que je fais partie de cette discussion. Je crois que pour le coup, je vais surtout être son employée, il a plus à m'apprendre que l'inverse :

Je te suis sur ce qu'il te semblera le mieux, de mon côté tant que j'ai tout ce qu'il me faut pour travailler, je suis prête à faire quelques concessions, notamment pour un four comme il a eu l'air de penser que ça serait compliqué. Il m'est toujours possible de faire autrement, ces dernières années j'ai d'ailleurs largement eu l'occasion d'apprendre à faire sans tout le matériel que j'utilisais à l'époque dans mon restaurant. Le système D est parfois tout aussi efficace que le reste, et on ne va pas se formaliser de ne plus être dans une grande cuisine : Je cuisine au feu de bois, à la gazinière, aux plaques à induction, bref, pour moi les uns ou les autres, tout me convient.

Et je ne ferais pas ma chieuse. Au pire, nous aurons toujours la possibilité d'améliorer les choses plus tard, avec d'autres méthodes, en attendant je saurais me débrouiller comme il faut avec ce que j'aurais à disposition. Pour avoir du faire ça parfois juste avec un réchaud de camping et un couteau à huitre, je pense que je n'ai pas de quoi me plaindre actuellement.

Tu as l'air de t'y connaitre, que je lui souffle alors qu'il grimpe à l'intérieur pour aviser l'endroit. Tu faisais ça avant ? Je lui demande ça avec curiosité. Parce que travailler à l'atelier, c'est assez vague et en même temps précis. Pas... Monter des cuisines dans des camions, mais... Enfin, quelque chose du genre ? Je hausse les épaules, en espérant m'être fait comprendre.

Et qu'est-ce que tu es venu faire aux USA alors ? Je suis trop curieuse peut-être ?

S'il ne m'arrête pas, je risque de lui faire un interrogatoire, ceci dit j'essaie de me retenir, nous ne nous connaissons pas et nous ne sommes pas là pour ça. J'aime juste découvrir les humains derrière leurs apparences, leurs métiers, leurs passions peut-être. Pour mieux les comprendre. Je ne suis pas une grande humaniste non plus, j'ai surtout le contact facile avec les gens.

On a un électricien, je lui poserais la question de si ça vaut le coup et surtout, je ne suis pas persuadée qu'une plaque électrique soit le mieux. Si ça ne tenait qu'à moi, je choisirais une plaque à gaz, ceci étant, au bois c'est aussi pas mal, et ça me convient tout autant, j'ai pris l'habitude de le faire comme ça dans la cuisine du campement. Je hoche alors la tête : Oui, ça serait parfait, que j'ajoute finalement.

Saseum a l'air de s'y connaitre, et de penser à tout ce qui, moi, ne m'effleure pas. Autant lui faire confiance sur le sujet, je crois que mon projet est entre de bonnes mains. Il me désigne le fond du camion, et je papillonne des cils à son explication. Je ne m'attendais pas à ça mais on va dire qu'on m'a déjà proposé des choses pires, non ? Un rire m'échappe, amusé :

C'est bien la première fois qu'on me demande de m'allonger pour aller regarder sous un camion, mais oui je m'en sens capable, je n'ai pas de vertige, ni de phobie particulière, je n'ai plus cinq ans pour avoir peur du noir, ou même des petits espaces. Dans le genre, il m'en faut plus pour appréhender. Je t'attends ici ? Ou tu as besoin d'aide pour transporter tout ça ? Que je lui demande.

Finalement, nous nous répartissons les tâches. Quand lui s'esquive et se saisit d'un diable de transport, moi je m'allonge comme il m'a dit et vient ramper pour passer en dessous et regarder ce qu'il s'y passe. Une petite lampe en main, je scrute à ce qui doit l'être, passant la main sur tout ce qui dépasse, et tout ce qui me semble étrange. Je l'entends revenir au bout d'un long moment, et je ressors comme je suis rentrée, en rampant pour le rejoindre. Maintenant ? Je suis couverte de crasse, mais qu'importe :

Il y a un jour, et c'est un peu grignoté par l'humidité, je pense qu'il va falloir la renforcer ou la changer, que je lui souffle. Je peux voir ça avec Fred, que je lui assure dans la foulée, ça doit être dans ses cordes.