Le retour de l'homme me sort évidemment de ce qu'il se passe sous le véhicule. Epoussetant mes affaires, je viens relever les yeux vers lui et esquisse un sourire. Il se penche sur les mesures à l'intérieur, et je viens l'aider lorsqu'il le demande. Je suis son employée aujourd'hui, en formation si on peut le dire comme ça, dans l'idée de me rendre le plus utile possible. Je ne sais pas si ça sera une franche réussite mais nous verrons bien en temps voulu. Ceci étant, je m'attarde sur les mots qu'il me donne, et surtout sur l'histoire qu'il me raconte.

Une partie de sa vie sans doute, de celle qui l'a conduit sur le continent. Je suis attentive et à l'écoute, sans doute parce que je suis du genre à aimer les histoires, toutes les histoires. Un fond, c'est la petite fille en moi qui essaie de s'imaginer tout ça sans rien pouvoir trouver, et puis finalement j'ai un bref sourire triste à la fin de sa remarque. Jusqu'à ce que tout ça commence. Nous n'avons pas traversé les mêmes choses mais c'est évident difficile de ne pas être sensible à ce qu'il a connu et qui doit lui manquer. Il n'a pas besoin de développer son malheur pour que je sache que, comme tout le monde, il est réel.

Mais nous passons à autre chose, ça me semble plus judicieux pour nous empêcher de broyer du noir sans dire un mot. Saseum se concentre sur ce qui importe à l'instant :

Le plus loin possible du contenant des produits frais de préférences... Disons de ce côté là, que je lui souffle en lui désignant le fond du camion, dans le coin ça me semble bien oui. Et ici, je mettrais les aliments pour qu'ils ne cuisent pas par défaut, que je souffle en m'écartant pour désigner l'endroit le plus proche de la porte arrière. Tu penses pouvoir travailler sur tout ça en combien de temps ?

Mes yeux se posent sur lui un instant, je le fixe.

Je ne dis pas ça pour te presser, il y a pas mal de boulots mais... Je hausse les épaules, esquisse un sourire de circonstances à nouveau en tâchant de ne pas avoir l'air d'une enfant : Je suis un peu impatiente de voir le résultat, que je lui admets.

Ne t'en fais pas, priorise ce qui est une priorité, je me débrouillerais, je lui souffle ça avec un sourire qui se veut rassurant, il a l'air d'avoir énormément de travail et j'ai beau être impatiente, je sais que ça n'est pas une urgence vitale. Le confort du campement passe bien avant tout le reste de toute façon, je ne vais pas faire ma capricieuse pour si peu : Au pire, je suis aussi là pour apprendre, que j'ajoute dans la foulée en haussant les épaules.

Nous avons du travail comme il l'a dit, et je mettrais les bouchées double pour l'occasion.

____________

Il faut carrément enlever l'ancien, je vais voir avec Caleb pour la découpe du nouveau plancher, souffle Fred a côté de moi. L'avant-veille, Saseum est venu m'aider, là, autre chose le retient pour l'instant mais il sera là ensuite de ce que j'ai compris. Quoi qu'il en soit, je ne perds pas mon temps non plus. Ca demande de l'entretien évidemment mais je pense que ça tiendra, c'est là où vous voulez mettre le poêle c'est ça ? Donc là où y'aura tout le poids, me demande Fred.
C'est ça, je hoche fermement la tête en lui répondant, lui désignant les plans redessiné par le Coréen.

Apparemment, mon propre talent en matière de plan prête plus à rire qu'autre chose. Je ne m'en formalise pas, si j'avais des talents pour ça, ça se saurait. Au moins, je sais cuisiner, c'est un bon début, tout le monde ne peut pas en dire autant.

Dans ce cas, je vais tenter de renforcer surtout cette partie pour que ça tienne bien le choc, me répond-t-il dans la foulée.
Merci de ton aide, Fred, j'esquisse un sourire.
En attendant, vous devriez retirer l'ancien, il est vraiment pourri, j'avais pas vu à quel point, fait-il d'un air désolé. Rien tiendra dessus, ça passera à travers, ajoute-t-il.

Ok, il me confie les outils, m'explique vaguement comment m'y prendre. Mais comme il n'y a rien à sauver de ce sol, il m'indique de ne pas faire dans la dentelle. Tant mieux j'imagine ? Quand on voit comment le bois s'effrite, je ne suis pas sûre que je pourrais de toute façon.