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if I don't really care, is that really such a crime ? (SOOYAN)

Lun 12 Juil 2021 - 17:06

Depuis un an qu’elle s’échignait à faire fonctionner ces vieux tas de ferraille, Ryan aurait espéré qu’ils se montrent un peu plus reconnaissants envers son acharnement. N’importe qui aurait décidé de laisser tomber, de les faire fondre et d’en faire des piques à barricade. Parce que c’était comme ça que finissaient les vilaines radios qui ne voulaient pas fonctionner. Capiche ? La réparatrice improvisée fronça durement des sourcils, donnant son pire regard noir à la pièce d’électronique en fin de vie. “Ouais, je te menace. Tu m’entends, saleté de morceau de ferraille ? Je vais te jeter dans les flammes et te regarder brûler jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de toi ! Ouais ! T’es inutile ! T’es une ratée !” Saisissant la radio éventrée à deux mains, elle la regarda droit dans les yeux. Pourquoi était-ce si difficile de réparer ce truc ? A chaque fois qu’elle faisait un petit pas en avant, sa merveille se dégotait tout un tas de MST à cause des morceaux provenant d’autres machines ce qui finissait par lui faire faire trois pas en arrière. “God help me… Je parle à une putain de machine…” Elle crispa une dernière fois les poings et, dans un soupir frustré, reposa plus délicatement la pièce.

Ok.
On rembobine.

Dans la théorie, Ryan savait qu’elle avait raison. Elle avait suffisamment bidouillé ce genre de modèles pour savoir quel fil toucher et lequel éviter à tout prix. Mais si elle avait su que ce serait si difficile de trouver des radios suffisamment puissantes (après l’apocalypse, s’entend) elle aurait embarqué la sienne lorsqu’ils avaient abandonné le domicile familial. Ceci dit, ce barda lui aurait sûrement coûté la vie depuis le temps. Il avait fallu tout d’abord dénicher un fer à souder, puis de l’étain pour les éventuelles soudures. Ensuite de quoi, elle avait tenté de pallier à l’absence de parabole, avant de réaliser que ce serait sûrement impossible de contrebalancer la demande de puissance sans cela ; elle avait bien passé le mot aux équipes d’expéditions (sa liste de courses n’était pas bien compliquée en soit, elle demandait plus de talkies, des émetteurs, des récepteurs, des outils… bref, le minimun syndical) sauf qu’ils avaient du mal à réunir tous les ingrédients pour la recette parfaite. Alors elle essayait de bricoler à partir de rien. Ce qui prenait du temps.

Et finissait par la rendre totalement cinglée.
Dire que des années dans le No Man’s Land n’y étaient pas arrivé… ou peut-être que si, en fait.

Après avoir passé plus d’une année sur ce projet, Ryan commençait à perdre patience. Ce qui était parfaitement compréhensible vu qu’elle avait le sentiment de piétiner sur place – pourtant, elle faisait des avancées, elle avait déjà établi des plans pour la position des relais, elle possédait un prototype en état (théorique) de marche. Mais elle voulait plus que ça. Elle voulait réussir, maintenant. Immédiatement. Elle voulait qu’en allumant ce truc, elle entende la voix de Milow et qu’elle puisse lui demander pourquoi il l’avait abandonnée.

Pourquoi ils le faisaient tous, à un moment où un autre.
Sa mère. Son père. Jesse. Milow.

N’était-elle jamais assez pour quiconque ?
Était-ce entièrement sa faute ?

Elle avait dormi sept heures en deux jours, elle était frustrée et à bout de nerfs. C’était sûrement pour ça qu’elle finissait par s’en prendre à des objets inanimés. Elle n’était pas folle, juste épuisée. Le visage enfoui entre ses mains, Ryan refoula les larmes qui brûlaient ses yeux. Pleurer ne servirait qu’à lui refiler la migraine. Il fallait qu’elle fasse encore un effort. Qu’elle mette encore un pied devant l’autre. Juste un peu. Jusqu’à ce que ce soit plus facile. Mais est-ce que ce jour arriverait ? Après de longues minutes, la jeune femme entreprit de se lever, remettant un ordre sommaire dans ses cheveux et sur le bureau. Elle devait sortir, peut-être aller passer sa frustration entre les obstacles imaginaires d’un parkour improvisé. Mais avant… Elle crevait la dalle. Littéralement. Direction la salle de rassemblement, non-négociable. Sur le pas de la porte, Ryan s’immobilisa et jeta un dernier regard aux machines. “Vous avez intérêt à changer de discours quand j’reviendrai.

Toujours maintenir la pression, pas vrai ?
Fière d’elle, l’artiste s’engagea d’un pas conquérant vers la sortie et manqua de percuter un petit tourbillon d’encre noire. Lequel avait probablement entendu sa crise de nerf (et ses derniers mots dignes d’une mafieuse). Elle cilla. Le regard de Soo était clair, attentif, et elle se sentit esquisser un sourire gêné malgré elle. N’importe qui d’autre aurait eu droit à un « quoi, tu veux ma photo ? » en plus vulgaire, mais comment aurait-elle pu agir ainsi face à ce condensé d’innocence ? Bon sang, elle détestait les gosses.

Bonjour, Soo.T’inquiètes pas, j’prends mes médocs.Au revoir, Soo.

Et elle fourra assurément ses mains dans les poches de sa veste avant d’essayer de dépasser rapidement l’enfant. Si elle sortait de son champ de vision assez vite, elle pourrait peut-être s’en sortir.
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Re: if I don't really care, is that really such a crime ? (SOOYAN)

Mar 13 Juil 2021 - 16:02

Une journée sans école, c'était un moment presque libre qu'on pouvait savourer à loisir. Pour faire plaisir à maman-Andrea, la petite fille avait passé un bon moment à la bibliothèque, à lire un gros livre aussi rigolo que fantasque ; puis elle avait joué au ballon avec Hope avant d'aller passer une partie de l'après-midi auprès de Saseum, à accomplir de menus tâches pour aider les bricoleurs. Ce jour-là, pas d'infirmerie - elle en avait profité pour faire beaucoup de chavl, câliner, nourrir Chicco, et trotter avec lui.
Elle aimait ses yeux si doux, son poitrail lisse, son tempérament joueur ; sur lui, elle riait, lui confiait tous ses secrets -même si elle n'en avait pas beaucoup. Petit à petit, elle avait pris de l'assurance avec lui, et devoir le quitter pour aller manger la rendait triste.

Et puis elle eut une idée.

C'était bien beau de savoir monter peu ou prou, mais peut-être qu'elle trouverait des informations sur les chevaux, comment les soigner, comment trouver de quoi les nourrir dans un livre ? Alors, au lieu d'aller manger, l'enfant trottina à la bibliothèque - il n'était pas si tard que ça, le repas n'était pas encore commencé - et s'apprêtait à y entrer, quand, en passant devant le bâtiment-radio, elle entendit vociférer et crier.

Soo s'immobilisa. N'étais-ce pas la voix de Ryan ? Maintenant qu'elle y pensait, elle se rappelait que cette dernière s'occupait de la radio, et bien qu'elles ne se connaissaient pratiquement pas, la gamine n'y tint plus. La curiosité était trop forte, et elle entra doucement dans le bâtiment.

S'immobilisa.

Au moins, la jeune femme convenait qu'elle parlait à une machine, et que c'était bizarre...!

Et puis l'adulte se retourna.

Soo fit une grimace gênée, rougit assez fortement.

- "Bonjour, Ryan... Au.. revoir... attends !"

En courant, la fillette la rattrapa, lui prit la main, se mit devant elle.

- "Attends ! Je suis désolée d'avoir entendu. D'être entrée sans frapper. Mais je t'ai entendu en passant devant la porte, et... Est-ce que tout va bien ? Les machines rapio sont cassées ? Euh.. Ratio."

Elle la couva d'un regard rayonnant d'innocence, assez inquiet, puis, finalement, fouilla sa poche et en sortit un gros caillou blanc et nacré.
D'un geste leste, elle le lui tendit.

- "Quand j'en ai trop marre et que ça fonctionne pas comme je veux, je la prends dans mes mains et je la fais sauter pour me calmer. Si tu veux, tu peux essayer. Je te la prête. Ça.. ou le seau d'eau froide, ça marche aussi, mais c'est un peu plus radical. Et puis faut pas gâcher l'eau."

Elle se sentait un brin gênée. C'est vrai que s'immiscer dans les affaires des autres, c'était pas poli. Mais elle ne pouvait pas passer juste à côté d'elle, regarder sa tête à la peau bistre et aux grosses cernes sous les yeux, et puis repartir sans rien faire. Tout à coup, elle crut avoir compris, et ajouta d'une petite voix inquiète :

- "T'es malade ? ...T'as la GRIPPE ...?!"

Oh non, pourvu que ce soit pas la grippe ! Fallait pas qu'elle meure !
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Re: if I don't really care, is that really such a crime ? (SOOYAN)

Mar 13 Juil 2021 - 20:34

Soo était infernale. Elle avait ce regard de biche impossible à éviter. Son joli minois sur lequel fleurissait un demi-million d’émotions à la minute. Sa voix fluette qui débitait un nombre de mots effarants à la minute – avec beaucoup d’éloquence, de maturité aussi sans surprise. Ryan oubliait souvent que la gamine n’avait connu que ce monde. Elle était trop joyeuse, trop optimiste pour convenir à l’idée qu’on se ferait d’une enfant dans l’apocalypse. Tout ce qu’elle espérait pour Soo, c’était qu’elle ne finirait pas par bouillir de la même colère teintée de souffrances qu’eux tous. Mais malgré tout le bien qu’elle pouvait penser à son sujet, la jeune femme ne voulait pas passer plus de temps que nécessaire avec elle. Elle l’avait senti lorsqu’elles avaient travaillé sur l’eau courante, cette petite l’attendrissait beaucoup trop. Or, appelez-la cynique, mais Ryan ne lui donnait actuellement pas beaucoup de chances de survie si The Haven était détruit.

Elle voulait juste lui échapper.
Et Soo fut plus rapide.

Le contact avec sa petite main fraîche était apaisant. Instinctivement, l’artiste s’immobilisa pour ne pas la percuter. L’enfant s’excusa vivement, butant sur le terme technique de la machine qui avait fait sortir de ses gonds Ryan, et lui proposa aussi de se relaxer à l’aide de son caillou. Ou un seau d’eau froide. Ugh, ouais, non. Les pommettes de la mascotte étaient devenues rouge vif et Ryan pinça les lèvres, elle-même gênée. Blesser les adultes ne la dérangeait pas, mais les enfants… Et surtout Soo, ils avaient tous cette aura d’innocence qui donnait envie à Ryan de les protéger envers et contre tout. Un besoin primaire, presque. Ceci dit, elle savait qu’en répondant, une discussion allait s’enchaîner et qu’elle ne pourrait plus s’en défaire. La sœur de Milow secoua donc simplement la tête, assez vigoureusement, balayant les craintes de l’enfant par un geste de la main. C’est pas toi, c’est moi, désolée pour la rupture kiddo.

Elle essayait de libérer délicatement sa main de son emprise quand Soo reprit, sa voix un brin plus aigüe que d’ordinaire. Oh, non. Pas la grippe. De sa paume libre, Ryan couvrit subitement la bouche de la gamine, les yeux écarquillés. “Non ! Non, non, non, non, j’suis pas malade ! Pas de panique, pas d’épidémie, tout va bien.” Ayant libéré sa main, elle pointa un index devant le faciès surprit de Soo. “Je vais enlever ma main, d’accord ? Et on ne va plus parler de vilaines maladies qui peuvent provoquer une hécatombe, ok ?” Lentement, elle joignit le geste à la parole, se redressant par la même occasion.

Elle la détailla des pieds à la tête (ce qui ne prit qu’un regard, finalement), poings sur les hanches, et lâcha un soupir à fendre l’âme. On aurait dit un chiot pris sur le fait. Non, franchement, les enfants, c’était pas son truc. “J’abandonne.” Ses épaules s’affaissèrent et tapota d’une main maladroite le sommet du crâne de la demi-portion. “Merci pour le caillou, Soo, mais j’ai surtout besoin de manger quelque chose là. Et j’suis fatiguée, pas malade.” Une pause, elle fourra ses mains dans les poches arrière de son jean. “Promis.

Elle aurait pu tenter, à cet instant (et ce malgré l’abandon déclaré plus tôt) de fausser compagnie à la gamine. Peut-être qu’elle avait une chance, elle l’avait sûrement traumatisée en essayant de la bâillonner après tout. Ou alors, elle n’avait qu’à prétexter vouloir aller dormir justement. Sauf que… sauf que c’était Soo, et son visage irradiant de bonne volonté et ses prunelles qui la regardaient avec une attention toute particulière. Elle la dépassa d’un pas, lui donnant un petit coup de hanche en passant. “Allez, viens, Minimoys, on va se chercher un truc à manger et tu pourras vérifier que je ne me prends pas aux couverts. Je veux garder toute ma rage pour les Radios,” fit-elle avec nonchalance, glissant au passage un petit indice à l’enfant.

Soo n’avait jamais connu leur monde. Leurs problèmes. Leurs avantages, aussi.
Peut-être que c’était l’occasion pour eux de réellement se reconstruire, à travers elle et sa génération.

De faire mieux.
Alors elle pouvait bien lui accorder quelques minutes, non ?

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Re: if I don't really care, is that really such a crime ? (SOOYAN)

Jeu 15 Juil 2021 - 15:56

Brusquement, Ruan lui mit la main sur la bouche, appuya un peu. Comme pour l'empêcher d'émettre un son de plus.
Cette dernière nia être malade, avec un emportement surprenant, presque effrayé ; et agita un doigt devant le fasciés surprit de la petite fille, qui hocha sa tête rapidement, dans l'espoir que l'adulte la relâche rapidement.

Ce qui fut d'ailleurs le cas, mais Soo ne put s'empêcher de faire un pas en arrière, en se frottant un peu les joues. Pauvre Ryan ! Elle devait avoir peur qu'on pense qu'elle allait contaminer les autres, et l'enfant comprit qu'elle avait fait une gaffe.

Elle fit une moue désolée, contrite. Elle n'osait plus trop parler ; mais l'adulte déclara qu'elle abandonnait, avant de lui tapoter la tête. Une conduite un peu étrange, mais bon, comme elle semblait, fatiguée, voir carrément épuisée, c'était sûrement une bonne raison ! Docilement, Soo se laissa prendre par la main, et se dirigea d'un pas en direction de la salle de rassemblement.

- "Si tu veux, après le repas, je pourrais t'emmener chez moi déguster une tasse de chicorée. J'en fais pour maman, quand elle rentre tard le soir. Ou mieux, je te l'apporterai à l'atelier."

L'adulte semblait très occupée, et si elle ne voulait pas aller dormir tout de suite, sans doute voudrait-elle reprendre son boulot après manger. Ses Radios.

Avec plus d'assurance, la gamine pénétra dans la grande salle, déposa sa veste sur une chaise, à une table pour deux, offrit un sourire ingénu à la jeune femme, avant de déclarer d'un ton ferme, joyeux et assuré :

- "T'as l'air d'avoir besoin de bien manger. T'as pas dormi depuis combien de temps ? Je vais te chercher ta ration, et après, tu me parles de ce qui va pas. Ça fait toujours du bien de parler, tu sais. On se sent soulagé après."

Et, vive comme un petit lutin, elle partit en direction de la cuisine, d'où elle rapporta un plateau qu'elle déposa entre elle et Ryan, où leurs deux rations avaient été entassées tant bien que mal. La surprise passée, l'enfant compatissait à l'état de son interlocutrice. C'était vrai que les adultes n'aimaient jamais parler d'épidémie - après tout, c'était ce qui avait détruit le monde. Peut-être fallait-il s'excuser ?

- "Je suis désolée, Ryan. J'aurai pas dû dire que tu étais peut-être malade. Tu sais, le maitre d'école, et puis papa aussi, ils disent que c'est pas de notre faute, que personne y peut rien quand il est malade. Il faut essayer d'avoir une bonne hygiène, de bien manger et de bien dormir, mais qu'au-delà de ça, ben.. on y peut rien ! J'avais été très malade quand y'a eu la grippe, mais tu vois, j'ai guéri. J'imagine que si on est vivant et ici, alors on a beaucoup de chance !"

Un nouveau sourire, doux, angélique et empli de bonne volonté.

Tout allait aller très bien - il fallait juste que l'adulte y croit aussi. C'était aussi simple que ça !
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Re: if I don't really care, is that really such a crime ? (SOOYAN)

Ven 16 Juil 2021 - 1:00

Soo était une enfant, et cela voulait dire qu’elle n’avait pas encore appris à retenir ses émotions. Ryan eut le loisir de lire chaque sentiment dans son regard et son visage. Elle vit qu’elle l’avait surprise, effrayée, inquiétée et que malgré tout, elle voulait sincèrement lui venir en aide. Être un soutien, en dépit de son âge, sa taille, ses capacités limitées. C’était un comportement qu’elle voyait tout le temps avec Soo, ce besoin d’apporter sa pierre à l’édifice, de faire partie de la communauté. Une attitude qui devrait inspirer tout le monde, d’après l’artiste, mais elle avait aussi de trop nombreuses fois assisté à l’infantilisation de chacun de ses actes. Toutes les idées étaient souvent repoussées, et ce même si elles étaient valides. Ils ne pouvaient pas se permettre de faire taire les gens, pourtant. Et l’angle d’approche de Soo, bien que régulièrement trop naïf ou utopique même, pouvait apporter une nouvelle lumière sur leurs problèmes. Quant à ceux qui pensaient que ce n’était pas la place d’une gosse, qu’elle devait avoir l’enfance la plus normale possible… Cela faisait longtemps que ce rêve était mort. Et puis, « une enfance normale » ? A courir avec d’autres enfants, à apprendre les lettres à l’école, à aller à la plage avec sa famille ; était-ce si horrible qu’elle apprenne plutôt à recoudre un accroc, bander une plaie ou comment mettre en place l’eau courante ? Elle avait été adoptée par Andrea et Lisandro, elle mangeait à sa faim, était libre de ses mouvements au sein du camp. Ryan savait que si elle lui demandait si elle était heureuse, Soo répondrait à l’affirmative. Pas seulement parce qu’elle n’avait connu que ça, mais parce qu’elle le ressentait vraiment.

Du moment qu’elle était entourée de personnes aimantes, quel mal y avait-il à l’aider à survivre ?
Sans vouloir tomber dans le mélodrame, c’était sa génération qui avait le plus de chances de prospérer dans ce nouveau monde.

On rediscutera de ton addiction à la chicorée plus tard. On y va.” Elles rejoignirent la grande salle dans un silence apaisé, et à peine arrivées, la gamine lui intima de s’installer pendant qu’elle se chargeait du service. Sa petite remarque sur les bienfaits des discussions arracha un sourire à la jeune femme, qui roula exagérément des yeux au ciel en lui faisant signe de filer. Pire qu’un pitbull, celle-là ! Mais un gentil pitbull, avec un nœud rose Barbie et de petits yeux attendrissants. Le temps que la fillette revienne, Ryan reposa son visage dans le creux de son menton, reposant ses yeux fatigués. Elle entendait, au loin, le bruit de la vaisselle et les petits pas précipités de Soo. Paupières closes, elle pouvait presque s’imaginer dans une véritable maison, sans la menace des zombies au-dessus de leur tête. De retour dans un monde de technologie et d’abondance. Où en serait-elle si l’apocalypse n’avait pas éclaté ? Aurait-elle terminé ses études ? Se serait-elle lancée dans ce projet de comics qui lui trottait à l’esprit ces derniers temps ? Jesse et son père seraient encore en vie. Milow… Impossible de savoir dans quel état émotionnel serait Milow, mais au moins elle aurait eu un moyen de le joindre. Bordel, ce que les téléphones lui manquaient.

Peut-être s’endormit-elle quelques minutes, car le retour de Soo la fit légèrement sursauter.

Ryan secoua la tête pour reprendre conscience plus vite, se redressant et rapprochant le plateau surchargé entre elles deux. La petite fille sembla hésiter à la rejoindre, finissant par s’excuser pour son inquiétude, essayant de la rassurer dans le même temps. Elle devait avoir quoi, neuf ou dix ans ? Une enfant était en train de lui remonter le moral. Ça n’aurait pas dû être le contraire ? La joue de Ryan se creusa d’un sourire attristé. “Non Soo, c’est pas de ta faute. Je devrais plutôt m’excuser moi. Je voulais pas te faire peur, et t’as raison : on a beaucoup de chance ici. Je…” Elle soupira, s’étira et haussa les épaules avec un air désolé. “C’est juste qu’entendre quelqu’un parler de grippe, ça pourrait en faire flipper plus d’un. Surtout avec ce qui s’est passé la semaine dernière.” Le son de sa voix avait légèrement baissé à la mention de l’attaque. La veillée avait été forte en émotions, même pour quelqu’un qui se targuait de garder ses distances avec les autres. Ils avaient perdu trois personnes. Trois. En l’espace de dix minutes, The Haven avait dû supporter le deuil. Et pire, ils avaient dû les tuer eux-mêmes (même si techniquement ils étaient déjà morts). “Tout le monde est débordé et à fleur de peau. Je voulais juste éviter un mouvement de panique inutile. Tu comprends ?” Elle tapota le bout de son nez, mutine, essayant d’alléger le ton. “Et puis je sens d’ici que t’es un vrai p’tit putois, alors je sais que j’suis pas malade !

Un rire s’échappa d’entre ses lèvres étirées par un sourire. Elle ne sentait pas mauvais, Soo, mais c’était trop tentant. Honnêtement, Ryan devait sentir bien plus fort – et mauvais – qu’elle. Il fallait d’ailleurs qu’elle y remédie très vide. “Allez, mange, comment tu veux devenir forte si tu restes aussi minuscule et aussi fine qu’une feuille ?” Elle poussa le plateau dans sa direction, attrapant une ration pour montrer qu’elle se plierait également à l’exercice. L’américaine servit deux grands verres d’eau et vida la moitié du sien en une traite. Maintenant que l’eau courante avait été installée dans la plupart des habitations, elle espérait qu’ils finiraient par trouver un moyen de faire de même avec les cabanes (ou en tout cas, les plus proches du centre) pour qu’elle n’ait plus à utiliser les douches communes. Se balader en serviette avait son charme, mais quand même. Suçotant son pouce, elle jeta un coup d’œil vers Soo. “Y’avait pas cours, du coup t’allais à la bibliothèque ? Tu peux pas juste jouer dehors et profiter du soleil, toi.” De sa main libre, elle tapota la table du bout des doigts comme les pattes d’un petit animal. “T’es la petite souris de The Haven, toujours à se faufiler partout, à faire plein de choses. Tu peux te reposer un peu aussi, tu sais. Et -” Ryan s’interrompit pour quelques gorgées, puis pointa son index entre les deux yeux de la gamine. “Tu devrais vraiment diminuer ta consommation de chicorée, jeune fille. Un hamster sous caféine, voilà ce que t’es,” déclara (très fière d’elle) la jeune artiste sans animosité aucune avant de rediriger son attention sur sa ration.

Un hamster sous caféine adorable.

Hey, kiddo, toi qui sait tout, tu me conseillerais qui pour essayer de construire quelque chose d'un peu technique en-dehors du périmètre de défense ?” Bien évidemment, Ryan avait déjà des idées (et puis elle pouvait toujours se pointer simplement à la scierie) mais c'était ce que Soo cherchait : un moyen de se rendre utile. Si elle pouvait au moins lui donner ça, ce n'était pas cher payé pour voir son regard s'illuminer.
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Re: if I don't really care, is that really such a crime ? (SOOYAN)

Ven 16 Juil 2021 - 22:00

Un hamster sous caféine.

Soo s'agita sur sa chaise. A vrai dire, elle ne savait pas s'il s'agissait d'un compliment ou d'un défaut ; mais pencha plutôt pour la première option, au vu de la tête de son interlocutrice. Tout le problème était qu'elle ne comprenait rien de ses référence - mais il serait toujours temps de poser des questions. Voilà maintenant qu'elle était une petite souris, et pouffa d'un rire doux, alors qu'on lui reprochait gentiment de pas jouer au ballon au soleil. C'était vrai qu'elle avait eu une journée bien remplie.
Et pourtant, elle n'avait pas beaucoup travaillé.

La petite fille commença à picorer son assiette, croquant avec conviction dans une demi-carotte, considérant la jeune femme qui lui faisait face. Elle se sentait étrangement en phase avec cette phase, peut-être, avant tout, parce qu'elle semblait aussi bavarde qu'elle. D'habitude, les adultes parlaient moins, et s'exprimaient parfois devant elle avec condescendance.

Mais elle semblait la traiter comme son égale. La gamine esquissa un grand sourire, heureuse de ne pas se sentir trop sotte, avant de pincer ses lèvres fines. Ses yeux charbonneux brillant d'un éclat plus grave et plus mature, triste aussi. Dans un sens, elle se sentait coupable : elle avait été si heureuse de savoir qu'Olivia et Saseum aillent bien qu'elle n'avait eu qu'une pensée fugace pour les trois morts.
Et même si elle avait prié à la veillée, c'était aussi pour remercier le Ciel de ne pas avoir rappelé ses proches à lui.

- "Les adultes sont souvent à fleurs de peau, et tendus. Avec moi, ils sont toujours gentils, sauf quand on était à la chasse à l'ours. Mais... Je sais qu'ils ont peur pour notre survie. Ils ont beaucoup de soucis parce qu'il faut assurer la sécurité de tout le monde. A l'intérieur et aussi à l'extérieur. Parce qu'il y a des gens qui ont fait du mal aux gens du fort dehors. Alors avec ses rôdeurs plus rapides, et qui savent escalader les arbres, je pense.. que je comprends. C'est toujours difficile de perdre des gens... A la tentative de soulèvement, il y a quelques mois, Vivan et Albert sont morts devant moi."

L'enfant plissa le nez, reposa son légume à moitié grignoté dans son assiette. Ca avait été un moment terrible, dont elle n'avait que des souvenirs flous, qu'elle chassa vite de sa tête.

- "J'imagine que c'est normal d'être tendu et très occupé. C'est pour ça que j'essaie toujours de les aider. Et puis d'apprendre. Comme ça, si jamais y'a un problème, et que je dois aller dehors, je serai pas trop un poids. Ou ils ne seront pas trop inquiets parce que je pourrais me débrouiller le temps de trouver d'autres adultes."

Soo connaissait à peu près ses limites. C'était loin d'être gagné d'être indépendante, très loin. Mais elle avait pris conscience que ça pouvait s'avérer urgent, parce que des choses inimaginables s'étaient produites dans son monde presque paisible.

- "Et puis tu sais, maman dit que je dois bien savoir lire et écrire, alors je fais des efforts pour lire plus. Mais en vrai, je voulais surtout trouver un livre sur les chevaux. Parce que je monte un poney qui s'appelle Chicco et c'est le plus beau et parfait des animaux !"

Ses joues prirent une douce teinte rosée, heureuse et un peu excitée, à l'évocation d'une si grande partie de ses plaisirs ; et elle émit un petit rire, comme si le soleil était revenu après l'orage dans le ciel de ses pensées un peu éparpillées.

- "Bref, t'inquiète, je m'amuse, tu sais. Mais jouer au ballon, j'ai moins envie maintenant. Je vais avoir dix ans, alors je vais bientôt devenir une ado. Et puis, de toute façon, moi aussi, j'suis comme toi. J'ai du mal à dormir. C'est nul de dormir !"

Elle secoua sa tignasse lisse, reprit son repas, les yeux plus vagues tout à coup.

- "Si t'as besoin de construire un truc technique, c'est à Saseum que tu dois t'adresser. Il s'occupe des défenses, il a inventé un métier à tisser, il sait tout réparer, tu sais. Une fois, il a fait des écharpes pour les blessés avec des nappes. Il sait tout faire. ... Et toi, c'est quoi, ton projet ? C'est avec les radios ? J'ai oublié ce que c'était, une raDio, mais ça a l'air compliqué. C'est comme un talkie-walkie ? Maman en a un à la maison. C'est parce qu'elle est au Conseil, mais j'ai pas le droit d'y toucher."

La petite fille laissa planer - o surprise - le silence durant quelques secondes. Puis elle ne put s'empêcher de rajouter :

- "C'est quoi, une addication ? C'est quand on aime la chicorée ?"
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Re: if I don't really care, is that really such a crime ? (SOOYAN)

Lun 19 Juil 2021 - 21:47

Ryan avait conscience que les mots qu’elle choisissait avec Soo n’étaient peut-être pas adaptés. Que ce soit parce qu’ils étaient trop vulgaires, ou trop spécifiques. Pourtant, elle n’avait jamais songé à se comporter différemment avec elle parce que c’était une enfant. Ce n’était pas en s’adressant à elle comme à une idiote qu’elle s’en sortirait dans la vie. Peut-être que c’était pour ça qu’elle ne se sentait pas prête à être mère : n’étaient-ils pas supposés la protéger physiquement et psychologiquement ? Sujet à débat. Pour l’artiste, c’était un angle d’approche qui fonctionnait peut-être avant, mais plus maintenant. Et comme pour lui donner raison, la gamine se fendit d’un monologue trop mature pour ses traits de lutin. Elle se rendait compte de ce qui se passait, sans doute bien mieux qu’on ne pouvait le croire. Progressivement, Soo s’imbibait de ce qu’elle voyait, traitait l’information et agissait en conséquence. Elle se savait trop jeune et faible pour réellement être utile, alors elle essayait d’alléger le fardeau des autres de son mieux. Habituellement, Ryan parlait peu, mais c’était devenu un exercice plus facile ces derniers mois. Sans Milow à surveiller, ou plutôt à gérer (il fallait être honnête, vers la fin, ils ne faisaient que se disputer) elle avait eu nettement plus de temps à elle. Pour le meilleur et pour le pire, l’abandon de son frère l’avait marquée. Et parfois, aussi cruel soit-il, son départ lui semblait avoir apporté un peu de lumière dans sa vie. Elle n’était toujours pas totalement rassurée à l’idée de laisser ses racines pousser ici, néanmoins The Haven savait s’installer dans nos pensées sans que l’on s’en rende compte. La sécurité de ses murs et la chaleur de ses colons mettraient à mal la plus froide des armures.

Une carotte coincée entre les molaires, elle écoutait l’enfant avec attention. Soo semblait connaître ses limites. Et elle était étrangement lucide sur ses chances de survie à l’extérieur. “Milow aurait pu apprendre de ça,” marmonna l’artiste en croquant bruyamment dans son légume en faisant la moue. Leurs rations étaient malgré tout encore assez spartiates. Elle rêvait d’un gros hamburger bien gras et… de boissons gazeuses. Bon sang, ce que ça lui manquait toute cette malbouffe. De frustration, elle sectionna un bout de sa carotte avec ses incisives et le mâchonna avec puissance. Soo mentionna le poney dont elle s’occupait avant d’embrayer sur le fait qu’elle grandissait. Dix ans. Elle avait raison sur ce point : elle allait bientôt devenir une ado. Avec ses sautes d’humeur et ses hormones en furie. Elle avait un peu pitié d’Andrea et de Lisandro en cet instant. Soo pourrait rester un petit ange, ou devenir un démon au sourire angélique qui n’en ferait qu’à sa tête. Un sourire lui vint à cette vision. “Prends ton temps pour grandir, kiddo, être adulte apporte trop d’emmerdes si tu veux mon avis.” Pas bien de jurer devant une enfant, Ryan, pas bien.

Elle la questionna au sujet d’aide éventuelle pour son projet et Soo eut l’obligeance de la pointer dans la bonne direction. Peut-être qu’elle pourrait effectivement en toucher deux mots à Saseum. Si tant est qu’il ne soit pas déjà en train de crouler sous le travail ; depuis l’attaque, elle avait vu beaucoup de gens aller faire réviser leur équipement là-bas. D’ailleurs, il faudrait sûrement qu’elle fasse quelque chose au sujet de son couteau – et peut-être qu’elle pourrait le faire toute seule, histoire de ne pas rajouter un maillon sur le boulet qu’il se traînait. Parce que maintenant, leurs défenses actuellement n’étaient pas suffisantes, et Saseum était probablement l’un des rares à pouvoir y changer quelque chose. Ryan pointa sa carotte à moitié mangée vers Soo : “Merci. Et… c’est un peu ça. Une radio pourrait nous permettre d’utiliser des talkies plus loin, pour garder contact avec les équipes d’expédition par exemple. On pourrait aussi savoir s’il y a des gens autour qui en ont et qui ont besoin d’aide. Ou entendre d’autres trucs.” Comme intercepter des messages entre d’éventuels ennemis de l’enclave. Mais c’était peu probable. “C’est pas compliqué à faire, j’ai juste beaucoup de mal à trouver les pièces. C’est pas la priorité des équipes, donc ils prennent un peu ce qu’ils peuvent quand ils tombent sur des choses utilisables. Mais si jamais j’arrive à mettre ça en place, il faudra sûrement mettre en place d’autres antennes pour augmenter notre portée, et mettre la main sur d’autres talkies, aussi…” Elle s’était perdue dans son monologue et elle le réalisa devant le regard insistant de la gamine. Ryan croqua vigoureusement dans sa carotte. “En gros, les antennes… tu as déjà joué au relais avec quelqu’un ?” Peut-être qu’elle arriverait à mieux comprendre le concept comme ça.

La jeune femme reposa son trognon dans l’assiette et attrapa son verre d’eau pour le vider, le remplissant dans le même mouvement. “Une addiction, c’est… quand t’as super, super, suuuper envie d’un truc. Tout le temps. T’y penses tout le temps. Et par exemple, pour la chicorée, même si un jour t’essaie de ne plus en prendre, tu vas toujours y penser. Des fois, même, notre corps nous montre qu’on est dépendant. On tremble, ou on panique quand on ne peut pas avoir notre dose de d… chicorée.” Ouais, même Ryan a ses limites. On ne parle pas de drogue à un enfant. Pas de cette manière, en tout cas. “Et toi, je suis sûre que des fois dans ton ventre y’a que d’la chicorée.” Elle tendit le bras pour enfoncer doucement son index dans le bidou de Soo, la chatouillant au passage. “Ça fait les mêmes bruits qu’une gourde quand tu marches ! C'est sûrement pour ça que t'as du mal à dormir, d'ailleurs.
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Re: if I don't really care, is that really such a crime ? (SOOYAN)

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