Sacré combat qui faisait rage sur ce terrain. Je m'amusais bien plus que prévu ! Voir les deux autres s'insulter sur leurs âges respectif, ça redonnait un peu d'énergie. Surtout quand ils furent les premiers à mettre un point.
Je savais Valérian assez enclin à la lutte, mais je le trouvais changé. Il voulait en découdre, pour sauver son honneur. Et j'étais presque emporté par son élan. Moi aussi, j'avais envie de les écraser. Peut-être pour me vanter un peu.
Et ce tempérament de guerrier, je l'avais pleinement ressenti en voyant le ballon glisser à travers l'anneau. De la déception. Fort. Il fallait qu'on se concentre. Les deux en face jouaient bien ensemble.

Puis il y eut une fulgurance. Valérian s'était élancé sur le terrain. Rien ne semblait l'arrêter. Rien du tout. Sauf le ballon. La scène était un peu drôle, mais j'étais un peu soufflé de voir que mon coéquipier s'était infligé ça tout seul. Je m'approchais de lui, pour voir dans quel état il était. Et ça avait l'air d'aller. En tout cas, il était vexé.

Personne ne fit de commentaires, sans en penser moins, mais le match repris. Cette fois, c'était à moi. J'avais le ballon entre les mains, et j'avançais plutôt bien. Epaule en avant, ballon entre le sol et ma main. C'était pas mal du tout. Encore quelques pas, et je pouvais tenter un lancer. Isha et Cez n'arrivaient pas à me prendre la balle des mains.
Moment suspendu dans le temps, mon tir. Tout le monde regardait la balle dans les airs, avec des grands yeux. Elle suivi un arc de cercle, qui semblait durer une éternité, pour terminer sa course en tournant tout autour du cercle, pour finir par passer au travers.

Effusion de joie. Je regardais Valérian, sans trop comprendre, et son air réjoui fut communicatif. Je levais les deux poings au ciel en criant.

- Allez ! 1 partout les nuls !

C'était bon, je sentais l'excitation et le challenge couler dans mes veines, le long de mes bras. On pouvait gagner, c'était sûr.

Réré:

Spoiler:

Ce match de basket, supposément amical, prenait une tournure bien plus sérieuse que Valérian ne l’avait escompté. À mesure qu’il progressait, les insultes fusaient et il semblait en découler un honneur tout particulier. Aussi, lorsque Jaren marqua un panier, un véritable rugissement de triomphe échappa-t-il au grec : « OUI ! » s’écria-t-il en brandissant un poing en l’air. Il en avait presque oublié tout sens de la retenue. Ses cheveux étaient ébouriffés et une espèce d’adrénaline se déversait dans ses veines, gorgeant son regard d’une détermination sans faille. Avec un grand sourire carnassier, Valérian s’approcha de son partenaire et lui donna une bourrade amicale : « Bien joué ! »

D’une certaine manière, cette compétition abattait les remparts qui avaient existé entre eux. Si le grec s’était toujours comporté de façon ombrageuse, réservée, en compagnie de Jaren, il n’en était rien en cet instant. Leurs différends avaient soudain disparu au profit d’une franche camaraderie, et ils se comportaient comme s’il n’en avait jamais été autrement. Valérian se sentait, en vérité, plus détendu qu’il ne l’avait jamais été au cours de ces derniers mois.

Le commentaire impatient de Cesare le fit, contre toute attente, éclater de rire. Il s’esclaffa ouvertement, le regard brillant, et appuya même ses poings contre ses cuisses. Bon sang, il y avait longtemps qu’il ne s’était pas autant amusé !

Le rire de Valérian s'évanouit face à l’expression incompréhensible qui jaillit de la bouche de Cesare. Stupéfait, il dévisagea l’italien tandis que celui-ci s’emparait de la balle et se mettait à dribbler, talonné par Isha. Ils se renvoyèrent la balle, une fois, deux fois, puis atteignirent le panier où Cesare grimpa sur le dos de son partenaire pour marquer un point. « Quoi ?! » s’indigna aussitôt le grec, comme s’il avait assisté à un acte des plus révoltants. « Vous n’avez pas le droit ! »

Ses protestations étaient celles d’un enfant révolté. Il bomba le torse et secoua la tête. « C’est contraire aux règles du jeu ! » comment pouvait-on outrepasser les règles de cette façon ! C’était proprement scandaleux !

La remarque de Isha le hérissa davantage. « Je ne suis pas vieux ! » vociféra-t-il en faisant un pas menaçant vers le jeune homme dont l’expression narquoise le mettait véritablement hors de lui. Vieux ? Lui ? Quel culot ! Furieux, Valérian se détourna brusquement de l’équipe adverse. Il poussa une exclamation dépitée lorsque Isha marqua quelques minutes plus tard. « C’est pas vrai ! » se lamenta-t-il en écartant les bras.

À la provocation d’Isha, le grec attrapa la balle et se fendit d’un simple : « c’est ça ! » avant de faire signe à Jaren et s’élancer à son tour. Il progressait avec précaution, veillant à ne pas réitérer son erreur, et échangea à plusieurs reprises la balle avec Jaren. Il fut lui-même stupéfait de constater qu’ils se débrouillaient plutôt bien !

Petit à petit, ils s’approchèrent du panier. Valérian plia enfin les jambes, prit de l’élan, puis envoya le ballon en avant. À sa grande surprise, il passa à travers l'anneau. « VICTOIRE ! » rugit-il dans un geste triomphal, au comble de la félicité. Il adressa alors un sourire goguenard à Cesare et Isha : « allez vous rhabiller, les enfants ! Je crains que vos petits attributs ne soient bien moins impressionnants que vous ne l’imaginiez ! »

Spoiler: